Printemps des Poètes 2010 - couleur femme - page textes A B C
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TEXTES ÉCRITS PAR DES FEMMES 

Comptines et auteurs A - B - C

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colonne gauche

COMPTINES - HAÏKUS - CHANSONS - Marie Tenaille / Anne Froissard / Françoise Naudin / Emmanuelle Parrenin

  1. Joëlle Abed - Le chat

  2. Etel Adnan - Je suis femme

  3. Claudia Adrover - La Loire au plus près 

  4. Corinne Albaut - Les trois classes / Sept jours sur sept [+ CRÉATION] / Avoir un dragon chez soi / Le jour et la nuit

  5. Huguette Amundsen - J'ai vu ...

    colonne centre

  6. Marie-Claire Bancquart - Il pleut / Au début mars

  7. Colette Bonin-Gevers - Cathédrale 

  8. Marie Botturi - L'absence / Le rêve de la Lune

  9. Joëlle Brière - La fille de l'épicier

  10. Renée Brock - Îles de Lérins / Jamais ...

  11. Claude de Burine - Je me transformerai

  12. Marguerite Burnat-Provins - Le Livre pour toi, plusieurs passages

  13. Hélène Cadou - Je sais ... / Plus d'avenir / Le temps réconcilié / L'arbre / La feuille blanche / Encore un dimanche à rêver ... / Il faut laver ce que tu dis ...

  14. Odile Caradec - La capucine / Petits travaux / Capitale de sang / Les poèmes

  15. Marie-Magdeleine Carbet - Le ruisseau / L'acacia

    colonne droite

  16. Rolande Causse - Un coin champêtre / Je vois ces rues

  17. Pernette Chaponnière - La neige / Le sapin de Noël / Les feuilles mortes / L'hirondelle

  18. Anne-Marie Chapouton : Tortue / Quand on est tortue / La pluie / Il pleut / Rêve 4

  19. Andrée Chedid - les textes d'Andrée Chedid sont ici :

  20. Marie Chevallier - Je verse quelques pauvres larmes ... / Insouciance

  21. Andrée Clair - ABRACADABRA / Le hérisson et l'oursin / Le perce-oreilles / Le kangourou

  22. Christine Clairmont - Le pays

  23. Alice Cluchier - La bulle / Tristesse / Pluie printanière / Le petit monde des enfants

  24. Chantal Couliou : Caresses / Crayons de couleur

  25. Anne Creuchet - Depuis que la lumière ...

  26. Jocelyne Curtil - Petites maisons basses  / Je me cache dans les bagages du soleil / Le jour de mon anniversaire

sélection de COMPTINES, CHANSONS, HAÏKUS
et petits poèmes


écrits par des femmes (Les textes de Corinne Albaut sont placés à la suite dans cette page), tous thèmes confondus  - on trouvera des comptines et haïkus sur le thème du féminin dans la catégorie PRINT POÈTES 2010 : LE FÉMININ EN POÉSIE 

COMPTINES 

Hirondelles

Cinq hirondelles,
Dix hirondelles,
Quinze hirondelles ...
Qu'attendent-elles ?
D'autres hirondelles !
Combien seront-elles ?
Des dizaines
Et des dizaines d'hirondelles !

Marie Tenaille

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Les âges de la femme, caricaturés par une femme :

La bavarde

Ell'gigote
Ell'zozote
Babille babillant
Elle a trois ans.
Ell'papote
Ell'parlote
Jacasse jacassant
Elle a treize ans.
Ell'jabote
Ell'marmotte
Bavarde bavardant
Elle a trente ans.
Ell'radote
Ell'tricote
Bredouille bredouillant
Elle a cent ans.

Anne Froissard

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Le carnaval

Un éléphant
En tutu,
Un ours
En chapeau pointu,
Un Zorro
Et deux Indiens,
Une fée
Et un magicien
Ont traversé mon jardin.
Je crois bien que vous rêvez.
Pas du tout,
Ils vont au bal
Pour fêter le carnaval.

Sophie Arnould


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HAÏKUS 

  Françoise Naudin est née en 1949, elle est l'auteure de recueils de haïkus, poèmes courts :

La petite fille
A enjambé la chenille
D'un pas de géante

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Le soleil couchant
A germé
Dans les citrouilles

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Les haïkus Françoise Naudin qui suivent sont empruntés à  http://brestetmoi.blogs.letelegramme.com/

L’eau a toujours
la lumière
à la bouche

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Les oiseaux
chantent
quand on les écoute
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A travers les pins
le bleu du ciel
tiré à quatre épingles
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Dans la cruche
l’eau
a le ventre rond
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Le silence
est peut-être
le parfum des pierres

Françoise Naudin

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CHANSON

Emmanuelle Parrenin, interprète elle aussi (album "Maison Rose"), a écrit le texte de cette chanson, reprise par Anne Sylvestre et Manick :

La chanson des 12 mois

C'est janvier le premier né,
sa couronne sur la tête,
il dévore une galette!

Février c'est le second,
qui s'enrhume et qui grelotte,
qui réclame une bouillotte.

Regardez le mois de mars,
il dessine sur les branches
des pétales de soie blanche.

Le suivant s'appelle avril
et c'est le mois qui réveille
les oiseaux et les abeilles.

Quand le mois de mai s'en vient,
il met tout le monde à l'aise
devant un panier de fraises.

Pour fêter le mois de juin,
il faut entrer dans la danse
du soleil et des vacances.

En juillet s'en va dormir
entre deux bottes de paille
la chevelure en bataille.

Le mois d'août n'est qu'un voyou,
il invente des orages
pour taquiner les nuages.

Et septembre tout doré
prend la route de l'école
sous les feuilles qui s'envolent.

C'est octobre le suivant
qui te fait une frimousse
parsemée de tâches rousses.

Et novembre tout en gris
se dépêche dans la brume
d'attraper son premier rhume.

C'est décembre le dernier
qui réclame à tous ses frères
des cadeaux d'anniversaire.

Emmanuelle Parrenin

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auteures A

de Abed à Amundsen


Joëlle Abed est née en 1949.

Le chat

Le chat ne tuait pas l'oiseau
Il en gobait le chant

Gisant sur l'herbe
la clé de la dernière portée

déformée innocemment
par le jeu des canines

Joëlle Abed (titré "L'ombre portée" dans la revue '"L'Atelier imaginaire" - recueil "Lieux du tremble", éditions "L'Age d'homme", 1990)

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Claudia Adrover (qui publie aussi sous le nom de Claudia Adrover-Sendra) est née en 1950. Elle a écrit de nombreux ouvrages, dont des recueils de poésie, et en particulier celui dont nous présentons des fragments, mais qu'il faudrait lire et dire entièrement. Il est tout entier consacré à la Loire : "La Loire au plus près", aux éditions "Donner à Voir", en 1999. Ce recueil de 29 pages est vendu à un prix modique, autour de 6 €, comme la plupart des ouvrages de cette collection, mais il est peut-être maintenant épuisé.

On pourra certainement en proposer des passages à la classe :

La Loire au plus près (fragments)

La Loire est une aïeule
qui se souvient
de son éternité liquide

Elle est l'eau millénaire
où l'arbre couche son ombre

et tu bois ton rêve
à ses rives vertes
pour préserver l'imaginaire.

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L'eau immobile
nous raconte des fonds imaginaires
où les racines feuillues
atteignent au centre de la terre. Miroir magique
qui enfante des arbres bicéphales
douce folie du printemps
née d'un ciel voilé
percé de mille boutons du jeune soleil.

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Loire reflet
tu témoignes du ciel
dans la liberté
d'une onde froissée, brisée
par un vent nomade.

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Le ciel de Loire
est descendu vers nous
mais quel limon
a volé sa lumière
au désarroi de l'eau ?

Claudia Adrover ("La Loire au plus près" - éditions Donner à Voir, 1999) 

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Etel Adnan est née au Liban en 1925. Après des études universitaires en France, elle a poursuivi son cursus et enseigné aux Etats-Unis, où elle vit aujourd'hui. Romancière, essayiste et poète, elle a écrit des ouvrages en anglais et en français.

"J'ai commencé à écrire en français, parce que je suis allé à l'école française au Liban." E. Adnan

Je suis femme

Je suis femme
suis-je la Mère-terre ?
Je suis la moitié de l'Univers
Serai-je jamais un être entier ?
Je suis le silence qui m'entoure
et le jardin vide
Plus éphémère que nuage
je suis un point.

Etel Adnan


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Corinne Albaut écrit, publie, interprète des comptines pour les petits.
La catégorie PRINT POÈTES 2010 : LE FÉMININ EN POÉSIE  rassemble d'autres comptines de Corinne Albaut.

Elle dirige également la collection "Les Romans Bleus" (Gulf Stream éditeur - 2006), pour les ados de 11 à 14 ans, dans laquelle elle a écrit Chicago Blues. D'autres romans sont parus chez Acte Sud junior.
Dans la jolie collection "Les Petits Bonheurs", toujours chez Acte Sud junior, on trouvera plusieurs petits recueils intitulés "Comptines pour ...".

Les trois classes

Dans la classe
de Monsieur Leblond,

On cultive des potirons.

 

Dans la classe de Madame Levert,

On cultive des primevères.


Dans la classe
de Mademoiselle Legris,

On cultive des radis.


Dans son bureau la directrice,

Elle fait pousser des myosotis.

Corinne Albaut ("Comptines pour la rentrée des classes" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1997)

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Une autre comptine, trouvée dans le recueil "Comptines pour compter" :
 

Sept jours sur sept 

Sept jours, dans la semaine,
    Pour porter tout ce que j'aime.
Lundi, mon tee-shirt canari,
    Mardi, mon pull gris souris,
    Mercredi, mon short kaki,
    Jeudi, mon bermuda fleuri,
    Vendredi, ma chemise bleu nuit,
    Samedi, mon polo cramoisi,
    Dimanche, ma casquette blanche.

Chic, des pieds à la tête,
    Sept jours sur sept.

Corinne Albaut ("Comptines pour compter" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1997)


À la manière de Corinne Albaut : " Dans la classe de ... "

On trouve dans le recueil cité deux autres variantes de cette comptine. Leur structure peut être reprise et adaptée au cours d'une séance de création poétique orale en maternelle. L'occasion de jouer avec les sons, les rimes. Voyez ICI un exemple de ce travail dans une classe de CP.

À la manière de " Sept jours sur sept ... "

Exemple proposé par le blog, avec des rimes  ou assonances diverses :

Une semaine de vacances

Sept jours, dans la semaine,
Pour faire tout ce que j'aime.
Lundi, gagner à la loterie
Mardi, acheter un hélicoptère
Mercredi, faire le tour de la Terre
Jeudi, acheter un paquebot
Vendredi, voyager jusqu'à Rio
Samedi, ouf la semaine s'achève,
Dimanche, me reposer de mes rêves.

(proposé par lieucommun)
(Voir l
a catégorie PRINT POÈTES 2010 : LE FÉMININ EN POÉSIE  >>  pour d'autres idées de création poétique)

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Et ce dernier texte, qu'on trouvera dans le recueil "Comptines pour jouer à avoir peur" :

Avoir un dragon chez soi 

Avoir un dragon chez soi
Ce n'est pas si mal que ça,
Surtout lorsqu'il fait très froid.

Quand on lui tire la queue
Ça le rend tellement furieux
Que sa gueule crache du feu.

Il réchauffe l'appartement,
Il sèche les vêtements,
Les parents sont tout contents.

Corinne Albaut ("Comptines pour jouer à avoir peur" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1996)

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Le jour et la nuit

Quand on dit "bonjour",
Que les enfants courent
Vers l'école pour
Jouer dans la cour,
C'est le jour.

Quand la lune luit
Que les chats sont gris,
Qu'on est dans son lit
Au calme et sans bruit,
C'est la nuit.

Corinne Albaut ("Comptines en pyjama" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1997)


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Huguette Amundsen

J’ai vu …

J'ai appelé le terrassier
il marchait à cloche-pied
j'ai appelé le moissonneur
il jurait comme un voleur
j'ai appelé le cordonnier
il jetait tous ses souliers
alors je m'en suis allée
j'ai vu des hannetons
tâtonnant en rond
j'ai vu des limaces
faire la grimace
j'ai vu une libellule
très crédule
puis me penchant encore
j'ai vu un chou-fleur
chercher l'heure
j'ai vu un artichaut
qui rêvait d'être au chaud
chemin faisant
j'ai vu un lampadaire
le nez en l'air
j'ai vu un vélo
près de l'eau
j'ai vu un canard
en retard
j'ai vu un lapin
jouer au crincrin
puis j'ai vu des gens
mécontents
car ils ne voyaient rien.

Huguette Amundsen

auteures B - C

de Bancquart à Carbet


Marie-Claire Bancquart est une romancière et poète contemporaine.

Les textes ne portent pas de titre

Il pleut ... (extrait)

Il pleut. Tu entends les mots résonner ?
Tu vois leur trace ?
Tissée
dans le contour fugacement donné aux fleurs ?

Au moins le temps d'une plantation d'anémones
ils survivront aux calices, aux mains qui tâtent
de tache aveugle en tache aveugle.

Arrête-toi près de la pluie ...

Marie-Claire Bancquart ("Rituel d'emportement, Poèmes 1969-2001" - éditions Obsidiane et Le Temps qu'il fait, 2002)

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Je suis quant à moi très attirée par les « choses de rien », couleur de légumes tombés sous les étals du marché ; flaques-miroirs ; odeurs d'un porte-monnaie ; détail de sculpture, très soigné malgré la grande improbabilité qu'on le regarde, tout en haut d'une colonne d'église ; insectes fragiles et de structure complexe qui vous tombent sur un doigt, l'été. Tout cela vit fort, à la dérobée, et nous fait crier : Terre !

Marie-Claire Bancquart

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Au début mars ...

Au début mars
les racines fendent la peau des graines

la fenêtre
libère
une mouche engourdie.

Nous recommençons
comme si nous n'avions pas été moulus jusqu'aux os

comme si le matin servait toujours
avec son fragment de ciel entre les maisons.

Nous ignorons une fois de plus l'autrefois
pour croire ces heures
à l'aventure.

 Marie-Claire Bancquart ("Rituel d'emportement")


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Colette Bonin-Gevers est une poète contemporaine. 

Cathédrale

Sombre forêt des yeux lumineux
Solides hauteurs unes et unies
Tu es et sais l’Éternel sans mots
Mystère pierre à pierre tu bruis au coeur
Des éclats rouges et verts et bleus
Comme les chants des oiseaux des arbres
Dans la somptuosité du silence

Plus profond que l’eau et la nuit
Plus vibrant que le ciel vivant
J’ai bu aux vitraux de Chagall
La couleur absolue le Bleu
Où se perdre et renaître. 

Colette Bonin-Gevers ("La ville des poètes" - poèmes réunis par Jacques Charpentreau, Hachette, 1997)

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Marie Botturi est une romancière et poète contemporaine.

Chant deuxième (passage)

[...]
On ne peut s'avouer l'absence.
Revoir une brosse à dents,
un peigne, un rasoir,
un stylo, quelques lignes qui traînent,
trop déjà.
Et que dire du livre
dont la page est marquée,
pensées où bruissent des pas ?
Que dire d'une photographie
où le regard cherche les mains ?

Marie Botturi ("Les mains de la terre" - La Bartavelle, 2000)

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Le rêve de la lune

Si la lune brille
Quand tu dors,
C'est pour planter
Des milliers de soleils pour demain.

Si tout devient silence
Quand tu dors,
C'est pour préparer
Le chant des milliers d'oiseaux
Et dorer les ailes des libellules.

Si la lune tombe dans tes bras
Quand tu dors,
C'est pour rêver avec toi
Des milliers d'étoiles.

Marie Botturi



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Joëlle Brière est une poète contemporaine. 

La fille de l'épicier*  (* erreur de titre corrigée)

La fille de l'épicier
a des yeux de réglisse
et des dents comme des petites
dragées.

Mademoiselle... euh mademoiselle ! Je
voudrais quatre caramels, six berlingots à
la groseille, huit souris en chocolat, dix sucres
d'orge, pas un pareil ! douze barres de nougat
tendre et un gros malabar.

La fille de l'épicier
avec ses lèvres de soleil
me met toujours en retard !

Joëlle Brière ("Une baleine, deux baleines, trois baleines, six cachalots ..." - éditions La Renarde Rouge 1998)




Renée Brock (1912-1980) est une poète belge de langue française. 

Îles de Lérins

L’île est une main d’or qui serre mon bonheur…
Moi l’allongée en l’étroite calanque
J’ouvre les yeux aux romarins en fleurs.
Ma bouche touche aux voiles des felouques.

Île très sainte, île Saint-Honorat
C'est mon amant que je tiens dans mes bras
Quand je te tiens, île de pierre et fleur.

Renée Brock ("Solaires" - éditions GLM, 1950) 

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Jamais ...

Jamais ce qui me consume
Ne me laisse de répit
A chaque instant se reforme
La flamme qui me bâtit
 
Feu sans âtre, bois ni vent
Brasier sans douceur de cendres,
Flamboiement que n'alimente
Qu'un don de soi violent.

Renée Brock ("Les Hommes sans épaules" - revue de Poésie, 1997)

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Claude de Burine (1931-2005). 

Je me transformerai (première moitié du texte)

Je me transformerai
En femme de sang
En femme de larmes

Je serai le givre
le sable
le feuillage du buis
Pour que tu m'écrases
j'embrasserai tes jambes
Et tes genoux
Je serai
la Forêt première
l'Algue des origines

...

Claude de Burine

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Montagne 

Peut-être
Qu'en se mettant
En face
En face du soleil
Dans la merveille du sang
Pourrons-nous
Traverser la nuit
Pourrons-nous écrire
Les mots les plus simples
Comme quelqu'un
Qui met ses sandales
Pour aller dans l'herbe.

Claude de Burine

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Marguerite Burnat-Provins (1872-1952) écrivaine et poète suisse de langue française était également peintre.

Voici des passages de son ouvrage poétique en prose, "Le Livre pour toi", édité en 1909 :

I

Je t'aime
Personne ne m'a appris ce mot. je l'ai senti venir des profondeurs de ma chair, monter de mon sang à mes lèvres et s'envoler vers ta jeunesse et la force féconde qui est en toi.
Je l'ai entendu sortir de ta bouche avec ivresse.
C'est un oiseau doré qui s'est posé sur mes yeux, si doucement d'abord, et puis si lourdement que tout mon être en a chancelé.
Et je me suis abattue dans tes bras, tes grands bras où je me sens fragile et protégée.
La parole qui promet et qui livre, la parole sacrée jaillie de notre vie ardente, planait sur nos têtes dans un clair rayon.

...

LXIII

Je veux regarder en toi comme dans le ruisseau découvert, qui n'a jamais eu de secrets.
Tu te mettras à mes pieds, tes bras sur mes genoux et tes yeux dans les miens.
Alors, tu me diras ta vie, au bord de tes lèvres sincères, je la verrai.
Ensemble nous tuerons la jalousie rongeuse qui jamais ne s'endort et je jetterai sa dépouille comme celle d'une chienne errante, dont j'aurais la morsure au coeur.

...

XCVIII

La nuit.
Une ville dont je ne sais rien, un bruit d'eau qui coule, le pas d'un inconnu qui s'en va... Où ?
Le temps qui pleure dans mon coeur et le mène...
Où ?

...

XCIX

Ma maison abandonnée s'est engourdie dans la froidure.
L'ombre et le gel habitent la chambre où les colchiques mauves s'épanouissaient, en automne, dans le vase que tu m'as donné.
Comme des doigts de squelettes, les branches des noyers heurtent la fenêtre qui ne s'ouvre plus, le sentier est effacé, la chatte est peut-être morte.
Mais notre amour survit comme un éclatant perce-neige ; éternel, il sourit quand tout est désolé ...

Marguerite Burnat-Provins ("Le Livre pour toi" - Bibliothèque Nationale d'Édition, 1909 et éditions de La Différence, 1994)

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Hélène Cadou est née en 1922. René Guy Cadou avait écrit, comme une prémonition : "Je ne ferai jamais que quelques pas sur cette terre". À partir de 1943, Hélène Cadou, poète comme lui, l'accompagne pour ce court séjour. C'est pour elle qu'il écrit "Hélène ou le règne végétal", publié en février 1951. Il meurt de maladie en mars de la même année, à l'âge de 31 ans. Hélène Cadou a écrit et continue à écrire de nombreux recueils de poésie ("Le Prince des Lisières" - Rougerie, 2007), et à faire vivre la poésie et la mémoire de Guy Cadou. dans la catégorie PRINT POÈTES 2010 : LE FÉMININ EN POÉSIE. Voir les textes de Guy Cadou pour Hélène

Pour la présence de Guy Cadou :

Je sais ...

Je sais que tu m'as inventée
Que je suis née de ton regard
Toi qui donnais la lumière aux arbres
Mais depuis que tu m'as quittée
Pour un sommeil qui te dévore
Je m'applique à te redonner
Dans le nid tremblant de mes mains
Une part de jour assez douce
Pour t'obliger à vivre encore

Hélène Cadou ("Le Bonheur du jour" - Seghers, 1956, et dans " Mise à jour", Librairie bleue, 1989)

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Plus d’avenir

Et le dos au mur
que sauveras tu ?

Un seul arbre
pour le regard
avec des volées d’oiseaux.

Un nuage aussi
pour croire au soleil
et son reflet contre la vitre

la mer encore
pour le voyage
j’entends son souffle à mes pieds

le monde enfin
avec des femmes et ses hommes
toute la vie contre sa joue

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Le Temps réconcilié

1.

Entre deux toits
Le bleu
Comme un appel de colombe

La lucarne

Seul regard
Pour toute une vie

Qui rêve de sa vacance

2.

C'était une demeure
D'ici et maintenant

Bousculée par le ciel
Et les erreurs
Du vent

Qui emportait
Nos rêves
Avec fruits et moissons

Qui emportait
Nos rêves
Avec fruits et moissons

C'était une demeure
Du ciel sans frontières

Les murs étaient d'ici
Le ciel était chez lui

Nous y vivions le jour
Connaissions le mot fin

Le temps réconcilié
A sa perte éternelle.

Hélène Cadou ("De la poussière et de la grâce" - éditions Rougerie, 2000) - source de l'extrait présenté ci-dessus : http://www.printempsdespoetes.com/

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L’arbre

Il me suffit d’un arbre
Pour approuver le vent

Il me suffit d’une herbe

D’un souvenir
Pour que le ciel s’éclaire

De ton regard
Pour donner sens au monde.

Hélène Cadou ("Retour à l'été" - Maison de Poésie, éditions Serpenoise - Presses Universitaires de Nancy, 1993)

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Encore un dimanche à rêver ...

Encore
Un dimanche à rêver
Sur les collines

Encore
Au jardin
L'ombre du frêne

Et la longue lecture
Des riches heures
De l'été

Quand le monde à notre porte
Nous verse en milliers d'éclats

Sa beauté.

Hélène Cadou ("Si nous allions vers les plages" - éditions Rougerie, 2003)

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Il faut laver ce que tu dis ...

Il faut laver
Ce que tu dis

les galets blancs
Les planètes

Il faudrait laver
Le ciel et la pluie

Pour que l'amour
rutile sous l'averse

Il faut laver ton regard
Laver le jour à grande eau

Laver ton coeur
De tes larmes

Si tu veux lire enfin
Le monde en clair
dans la fenêtre.

Hélène Cadou ("La mémoire de l'eau" - éditions Rougerie, 1993)


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Odile Caradec est née en 1925.

On pourra proposer aux élèves des passages des poèmes les plus difficiles. 

La capucine

La capucine du silence
ouvre le feu
mais dans la main en friche
une grenouille saute

c’est un savon
sur la poitrine folle

Odile Caradec

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Petits travaux

Je suis porteuse de poèmes
façonnière en poésie
Je suis le socle de la torche
le clair-obscur de mon logis

Le pur métier de la modiste
fleurs, oiseaux, plumes sur chapeaux
je l'exerce en faisant chanter
de la musique dans mes os

Au plus secret de mon squelette
sous toute la peau de ma tête
il y a des rubans de sons

Ma tête de mort est inquiète
quand serai-je en pleine raison ?

Odile Caradec 

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Capitale de sang

J'en ai assez qu'on analyse mon sang
sans crier gare
On pourrait y trouver des marqueurs inconnus
mais connus de moi seule
de ces marqueurs qui sont griffes de poésie

Laissez-moi m'ébaudir dans mes étincelles
laissez mon sang tranquille
Que personne n'aille pêcher à la ligne
dans mon corps intangible

Je suis capitale de sang

Odile Caradec

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Les poèmes

Les poèmes sont des pigeons étouffés
Les poèmes sont des mains tremblantes issues de l’eau
Les gouttelettes des poèmes sont des torches marines
et j’ai plaisir à les faire rouler sur les chemins
incandescents des poèmes dénudés

Ils sont pleins d’air bleu
ils martyrisent ceux qui les utilisent
car ils s’insinuent dans la tourbe des âmes
et y perdurent
Les poèmes raclent un sol rouillé
ils illuminent et soulèvent la plante des pieds
ils ont une parenté profonde avec le gerbier des âmes
les sources les étiers
les belles notes noires
des instruments désaccordés.

Odile Caradec


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Marie-Magdeleine Carbet est née en 1902 en Martinique. Elle était romancière, auteur de contes pour enfants, et poète ("Mini-poèmes sur trois méridiens" - 1977).

Le ruisseau

Le ruisseau qui glisse
Son filet d'eau claire
Parmi l'herbe lisse
En sait long
La lon laire
En sait long
Laire lon

Marie-Magdeleine Carbet

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L’acacia

Le vent
Passait, pleurant.
L’acacia dit :
Vent d’automne
Au front gris,
Tu t’ennuies :
Je te donne
Mes feuilles.
Prends, cueille
Et va jouer au volant
Avec ton amie
La pluie.
Le printemps,
En son temps,
M’en fera de plus jolies !

Marie-Magdeleine Carbet 

auteures C

de Causse à Curtil


Rolande Causse est née en 1937. C'est une romancière et poète, auteure de nombreux ouvrages pour la jeunesse.

Un coin champêtre

Dans la ville, une rue égarée.
Une façade d'anges encadrée,
De vigne vierge tapissée.
Un escalier, sa rampe rouillée,
Au centre, un réverbère penché.
Les feuilles lasses craquent sous les pieds
D'un garçon courant derrière son ballon.
À l'autre coin de ce jardin sauvage,
Une fille chante sous les nuages.

Rolande Causse ("Poésies" - éditions Actes Sud, 2003)

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Je vois ces rues

Je vois ces rues closes aux murs blancs
croulant sous les bougainvilliers
Je vois ces jardins ombragés aux gais
chuchotements
Je vois cette rivière paisible où nous nous
promenions dans une longue barque
Je vois ces perroquets bavards
Je vois ce garçon qui se cachait derrière
un masque
Je vois cette ville lointaine aux parfums
de violettes.

Rolande Causse ("J'habite un poème" - éditions du Seuil, 1993)



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Pernette Chaponnière est née en 1915 en Suisse. Elle est auteure de romans, de livres pour enfants et de pièces de théâtre.

 

La neige

Regardez la neige qui danse
Derrière le carreau fermé.
Qui là-haut peut bien s'amuser
A déchirer le ciel immense
En petits morceaux de papier ?

Pernette Chaponnière ("L'Écharpe d'Iris" - éditions Hachette, 1990)

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 Le sapin de noël (ou le petit sapin sous la neige)

Le petit sapin sous la neige
Rêvait aux beaux étés fleuris.
Bel été quand te reverrai-je ?
Soupirait-il sous le ciel gris.

Dis moi quand reviendra l’été !
Demandait-il au vent qui vente
Mais le vent sans jamais parler
S’enfuyait avec la tourmente.

Vint à passer sur le chemin
Un gaillard à grandes moustaches
Hop là ! en deux coups de sa hache,
A coupé le petit sapin.

Il ne reverra plus l’été ,
Le petit sapin des montagnes,
Il ne verra plus la gentiane,
L’anémone et le foin coupé.

Mais on l’a paré de bougies,
Saupoudré de neiges d’argent.
Des clochettes de féerie
Pendent à ses beaux rameaux blancs.

Le petit sapin de noël
Ne regrette plus sa clairière
Car il rêve qu’il est au ciel
Tout vêtu d’or et de lumière.

Pernette Chaponnière ("Vingt Noëls pour les enfants" - Éditions de la Baconnière, 1985)

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Les feuilles mortes

Tombent, tombent les feuilles rousses,
J'entends la pluie sur la mousse.

Tombent, tombent les feuilles molles,
J'entends le vent qui s'envole.

Tombent, tombent les feuilles d'or,
J'entends l'été qui s'endort.

Tombent, tombent les feuilles mortes,
J'entends l'hiver à ma porte.

Pernette Chaponnière ("L'écharpe d'iris" - Ed Hachette)

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Un poème pour attendre le retour des hirondelles, et le Printemps des Poètes (voir la catégorie PRINT POÈTES 2010 : LE FÉMININ EN POÉSIE où on retrouvera Pernette Chaponnière, avec cet oiseau au féminin)

L'hirondelle

On m'a dit qu'une hirondelle
ne faisait pas le printemps
et moi je dis que c'est elle
sinon, qui le ferait donc ?

Je l'ai vue avec son aile
qui taillait dans le ciel blanc
un grand morceau de dentelle
où venait jouer le vent.

Ce n'était qu'une hirondelle
un oiseau noir et blanc
et pourtant je n'ai vu qu'elle
et j'ai le coeur tout content.

On dit que les demoiselles
font la pluie et le beau temps ;
moi je dis qu'une hirondelle
fait l'avril et le printemps.

Pernette Chaponnière



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Anne-Marie Chapouton (1939-2000) est une auteure de poésies, de contes, d'ouvrages pédagogiques et de romans pour les enfants et la jeunesse ("Poèmes petits", "1, 2, 3, comptines à compter", "La vache Amélie", " Méthode de lecture CP-CE1", etc).

Ces deux poèmes sur la tortue, animal féminin, sont aussi dans la catégorie PRINT POÈTES 2010 : LE FÉMININ EN POÉSIE :

Tortue  (sans titre, ce titre est proposé par le blog) 

Tortue, je t'observe.
Tu restes tapie
sous ta carapace,
puis, timidement,
tu sors ta tête.
Et tu attends
que les fruits mûrs
tombent tranquillement
sous l'arbre fruitier.
Tu es gourmande !
Le sais-tu, tortue ?

Anne-Marie Chapouton (Mon ABC en comptines - Père Castor - Flammarion, 1999)

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Quand on est tortue

Quand on est tortue,
On peut rentrer la tête
Sous sa carapace
Quand vient la pluie.

Alors on peut rêver
À l'abri,
Et repartir
À petits pas
Jusqu'à l'herbe prochaine
Qu'on atteindra
Ce soir...
Demain...
Ou même un peu plus tard...

Pas de problème
De retard !
Quand on est tortue,
On a toujours le temps
De vivre lentement !

Anne-Marie Chapouton ("Comptines pour les enfants bavards" - Père Castor, Flammarion)

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On trouve aussi ce texte dans la catégorie PRINT POÈTES 2010 : LE FÉMININ EN POÉSIE :

La pluie

Gouttelette
rondelette
tombée
sur mon nez
piquelette
sur ma tête
voici mon amie
la pluie
chansonnette
doucelette
trottinant
chante la pluie
dans le vent.

Anne Marie Chapouton

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Il pleut

Il pleut
des feuilles jaunes
il pleut
des feuilles rouges

L’été va s’endormir
et l’hiver
va venir
sur la pointe
de ses souliers
gelés

Anne-Marie Chapouton ("Poèmes petits" - Delagrave, 1999) - poème remis dans sa forme d'origine : pas de ponctuation ni de majuscules.

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Rêve 4 (c'est sous ce titre qu'il apparaît dans le recueil, il y a 3 autres poèmes-rêves qui précèdent)

J'ai vu
trois châteaux
se promenant
lalaire
se promenant
dans les airs

puis je n'ai
plus rien vu
lalaire
plus rien vu
car ils étaient
redescendus

Anne-Marie Chapouton ("Poèmes petits" - Delagrave, 1999)



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Marie Chevallier est née en 1926. Elle a créé la revue Cahiers de poésie et de poétique ibérique et ibéro-américaine et publié de nombreux recueils de poèmes (Le Reste du temps,1976, La Part du feu,1981, Pour une même gerbe, 1990, Au plein air de la vie brève, 2001).

Je verse quelques pauvres larmes
refroidies.

Incubation du silence.

Lorca vampirisé
dort au fond d’un barranco,
chien andalou.

À cinq heures du soir.
À cinq heures du soir.

Il y eut des jours
serrés comme des poings.
En vrac de solitude.

Aggravée.

Marie Chevallier (source : site du printemps des Poètes)

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Insouciance (passage au début du poème)
....

Dans la lune je vois une
araignée éberluée :
l'étoile vient de filer.

Le mille-patte a des souliers,
tous ses souliers sont troués.

Mais l'étoile et l'araignée
lui fileront cache-nez
autant que de cache-pieds,
il ne va pas s'enrhumer.
....

Marie Chevallier (source : site du printemps des Poètes)



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Andrée Clair est née en 1916. Elle a voyagé et vécu longtemps en Afrique.

ABRACADABRA

ABRACADABRA s'exclame l'ara
ABRACADABRANT, barrit l'éléphant
ABRACADABRÉ*, chante l'araignée
ABRACADABRI, bêle le cabri
ABRACADABRO, flûte le crapaud
ABRACADABRU conclut l'urubu

Andrée Clair - * l'accent, indispensable , avait été oublié

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Le hérisson et l'oursin

Le hérisson
s'en est allé à la mer
pour se baigner.
Il a rencontré son cousin
l'oursin.
Ils se sont jetés
dans les piquants l'un de l'autre
les deux petits cousins
ils se sont bien embrassés
et piquants dessus
piquants dessous
ils sont partis se baigner
dans la Méditerranée.

Andrée Clair

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Le perce-oreilles

Le tout petit perce-oreilles
ne perce pas du tout
nos oreilles

mais il perce
tous nos secrets

méfiez-vous du perce-oreilles

Andrée Clair

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Le kangourou

Le kangourou
n'a pas les yeux dans sa poche

 du reste
le kangourou
n'a pas froid aux yeux

alors pourquoi
les mettrait-il
dans sa poche
ses yeux ?

Andrée Clair


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Christine Clairmont est une romancière et poète contemporaine.

Le pays

Le pays que je préfère
Est à l'intérieur de moi
La montagne des chimères
Plantée d'arbres à pourquoi.

Il faut tracer un chemin
Dans un bois impénétrable
Sous l'écorce du destin
Chercher le sens de la fable.

Trouver l'harmonie du Temps
Dans les branches du mélèze
Pour que la peine d'antan
Au vif du printemps se taise.

Découvrir sous la fougère
La pervenche aux yeux d'enfant
Qui dans le feu de la guerre
Gardait son contentement.

Aboutir dans la clairière
Où dort l'étang du futur
Tandis que la pensée mère
Monte sans frein vers l'Azur.

Christine Clairmont ("Sur un air d'éternité" - Maison Rhodanienne de Poésie, 1986)



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Alice Cluchier, contemporaine, est l'auteur de plusieurs recueils de poésie. 

La bulle

Cette transparence irisée,
Dans laquelle le ciel se mire,
Flotte sur l'aile du zéphire
Où, gracile, elle s'est posée.

Bulle ! ballon en miniature,
Seul mon regard peut te frôler ;
Tu n'existes que pour voler
Et te briser d'une éraflure.

Je t'adore, bulle légère,
Poussière d'eau, cristal d'embrun,
Mousseline de l'éphémère
Sur la nacelle d'un parfum.

Alice Cluchier

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Tristesse

Déferlement gris de nuages,
L’esprit déserte ses mirages.
Sur le pré s’étend une mer
Que forme l’écharpe des brumes ;
Un voile cendre l’univers.
La nostalgie errante fume.
Rien n’est doux, plus rien n’est amer.
La tristesse en mon cœur s’allume.
Comme ils sont noirs mes cyprès verts !

Alice Cluchier ("Cris et tourments")

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Pluie printanière (extrait) 
...

Par l'échelle de la treille
L'escargot descend du mur
Pour grignoter une oseille
Ou quelque baie au goût sur.

Une humidité déferle
Sur l'herbe et sur le plantain ;
La pluie enfile ses perles
Au fil de fer du jardin.

Elle défripe, elle lisse
Une anémone aux longs cils.
Elle lustre la mélisse,
Rafraîchit le cœur d'avril.
...

Alice Cluchier

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Le petit monde des enfants

Le ciel enveloppe nos jeux ;
Nos cris sont ceux de l'hirondelle,
Un papillon nous rend heureux,
Nos bras battent comme des ailes.

En nous le soleil resplendit,
Tous les instants sont des arômes,
Le sol reflète un paradis :
Celui de la fée et des gnomes.
Le frais encens venu des tiges,
Du sang végétal et des troncs
Nous donne de joyeux vertiges,
Que les songes étoileront.

Nous sommes des rais de lumière
Pris à l'éclat de la beauté.
Notre regard reste fixé
Sur l'entrelacs de la chimère
Et le cristal des puretés.

Alice Cluchier ("Cris et tourments")


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Chantal Couliou est née en 1961.  

Caresses

Le vieux marronnier
N'aime
Ni les vacances
Ni les jours fériés
Il préfère
Les caresses
Des petites mains d'écoliers.

Chantal Couliou

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Crayons de couleur

Le vert pour les pommes et les prairies,
Le jaune pour le soleil et les canaris,
Le rouge pour les fraises et le feu,
Le noir pour la nuit et les corbeaux
Le gris pour les ânes et les nuages,
Le bleu pour la mer et le ciel
Et toutes les couleurs pour colorier
Le monde.

Chantal Couliou


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Anne Creuchet, contemporaine, est romancière ("Irène du Péloponnèse" - Encre bleue, 2001 et HB éditions, 2004), biographe et confidente de Jean Guitton ("Monsieur Chrétien, souvenirs de Jean Guitton - éditions Bayard Centurion, 2009) et poète.
Deux recueils parmi d'autres, celui dont est extrait le poème ci-dessous  : "Poèmes du cherche-midi" - Chambelland éditeur, 1972 et un recueil récent : Poèmes du clair-obscur - Sac à mots édition, 2009.

Le texte du poème "Depuis que la lumière" (titre proposé apr le blog), avait été présenté ci-dessous sans vérifications suffisantes, dans une mauvaise version, "tronqué et mutilé", comme nous l'a écrit l'auteure). Il s'agit d'une erreur de saisie, doublée il faut l'admettre, d'une absence coupable de vérification. Nous l'avions retiré après ce courrier. Après échanges de courriels avec l'auteure, Anne Creuchet a l'amabilité de nous autoriser à le publier dans sa version authentique. Nos excuses à l'auteure et aux lecteurs privés de ce beau poème pendant quelques mois. Le voici :

 Depuis que la lumière ...

Depuis que la lumière
A pris racine en ce jardin
Un oiseau invisible
Dans l’escalier des feuilles
Monte et descend
Et du cœur de l’érable
Je pousse les nuages
Au fur et à mesure
Pour dégager mon cœur.

Anne Creuchet ("Poèmes du cherche-midi")



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Jocelyne Curtil est une auteure contemporaine

Un premier texte, énigmatique :

Petites maisons basses

Petites maisons basses
en pantoufles de son.
Tout contre
un arbre cornu
poussé dans un écrou
échange avec les Dieux
d'insaisissables signes.
Personne aujourd'hui ne t'ouvrira la Barrière.

Jocelyne Curtil ("Le Point de non-retour" - éd Saint-Germain-des-Prés, 1975)

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Je me cache dans les bagages du soleil

Le soleil aujourd'hui,
Je me le suis donné.
J'en ai mis plein mes poches
Et dans d'autres endroits
Où mes mains ne vont pas.
Je peux escalader
Ce qui me séparait.
Je peux montrer aux gens
Comment c'est, la lumière.
Je me cache dans les bagages du soleil, à liserés de source,
à serrures de cigales.
Le soleil meurt : son sang ruisselle aux devantures.

Jocelyne Curtil ("Le soleil sous la peau" - éd Chambelland, 1967)

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Un poème plus accessible :

Le jour de mon anniversaire

Ne me dérangez pas.
Le jour de mon anniversaire
Je suis occupé à grandir.

Maman m’excuse :
"Toujours  dans la lune, ce petit"
dit-elle aux invités.

Moi, je sais que
Si je les regarde
Je deviendrai vieux.

Jocelyne Curtil

textes «couleur femme» - poèmes de femmes - de A à C
On trouvera des comptines et haïkus sur le thème du féminin
dans les pages sur LE FÉMININ EN POÉSIE

L’affiche officielle >>
et le projet scolaire à Mantes-la-Ville (Yvelines)