Marguerite de Navarre (1492-1549). Elle est la soeur du roi François 1er et la mère du futur Henri IV.
J'aime une amie entièrement parfaite ...
J'aime une amie entièrement parfaite,
Tant que j'en sens satisfait mon désir.
Nature l'a, quant à la beauté, faite
Pour à tout oeil donner parfait plaisir ;
Grâce y a fait son chef d'oeuvre à loisir,
Et les vertus y ont mis leur pouvoir,
Tant que l'ouïr, la hanter et la voir
Sont soeurs témoins de sa perfection :
Un mal y a, c'est qu'elle peut avoir
En corps parfait coeur sans affection.
Marguerite de Navarre
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Le temps est bref et ma volonté grande ...
Le temps est bref et ma volonté grande,
Qui ne me veut permettre le penser ;
Ma passion me contraint et commande,
Selon le temps, le parler compenser.
Jusques ici j'ai craint de m'avancer,
En attendant un temps de long loisir,
Mais il n'est pas en moi de le choisir ;
Par quoi du peu faut que mon profit fasse :
En peu de mots vous dirai mon désir,
C'est que je n'ai volonté ni plaisir
Que d'être sûr de votre bonne grâce.
Marguerite de Navarre
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Anna de Noailles (1876-1933). La Comtesse Anna de Noailles est une romancière française, mais c'est surtout par sa poésie sensible et lyrique qu'elle est connue.
On propose souvent le texte suivant aux élèves du Cycle 2, sans la dernière strophe.
Chaleur
Tout luit, tout bleuit, tout bruit,
Le jour est brûlant comme un fruit
Que le soleil fendille et cuit.
Chaque petite feuille est chaude
Et miroite dans l’air où rôde
Comme un parfum de reine-claude.
Du soleil comme de l’eau pleut
Sur tout le pays jaune et bleu
Qui grésille et oscille un peu.
Un infini plaisir de vivre
S’élance de la forêt ivre,
Des blés roses comme du cuivre.
Anna de Noailles ("L'ombre des jours" - Editions Calmann-Lévy, 1902)
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Autre poème, plus long, du même recueil, ici, on ne propose généralement à la classe que les strophes colorées :
Le jardin et la maison (parfois intitulé Crépuscule)
Voici l’heure où le pré, les arbres et les fleurs
Dans l’air dolent et doux soupirent leurs odeurs.
Les baies du lierre obscur où l’ombre se recueille
Sentant venir le soir se couchent sur leurs feuilles,
Le jet d’eau du jardin, qui monte et redescend,
Fait dans le bassin clair son bruit rafraîchissant;
La paisible maison respire au jour qui baisse
Les petits orangers fleurissent dans leurs caisses.
Le feuillage qui boit les vapeurs de l’étang
Lassé des feux du jour s’apaise et se détend.
Peu à peu la maison entr’ouvre ses fenêtres
Où tout le soir vivant et parfumé pénètre,
Et comme elle, penché sur l’horizon, mon coeur
S’emplit d'ombre, de paix, de rêve et de fraîcheur …
Anna de Noailles ("L'ombre des jours" - Editions Calmann-Lévy, 1902)
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J'écris pour que le jour où je ne serai plus ...
J'écris pour que le jour où je ne serai plus
On sache comme l'air et le plaisir m'ont plu,
Et que mon livre porte à la foule future
Comme j'aimais la vie et l'heureuse Nature.
Attentive aux travaux des champs et des maisons,
J'ai marqué chaque jour la forme des saisons,
Parce que l'eau, la terre et la montagne flamme
En nul endroit ne sont si belles qu'en mon âme !
J'ai dit ce que j'ai vu et ce que j'ai senti,
D'un cœur pour qui le vrai ne fut point trop hardi,
Et j'ai eu cette ardeur, par l'amour intimée,
Pour être, après la mort, parfois encore aimée,
Et qu'un jeune homme, alors, lisant ce que j'écris,
Sentant par moi son cœur ému, troublé, surpris,
Ayant tout oublié des épouses réelles,
M'accueille dans son âme et me préfère à elles.
Anna de Noailles ("L'ombre des jours" - Editions Calmann-Lévy, 1902)
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Chatte persane
La chambre, où l’été monotone
Confine les ors de sa gloire.
Une brise tiède frissonne
Et creuse d’argentines moires
Sur la chatte aux yeux de démone
Qui, sournoise et longue, vient boire
Dans le vase des anémones …
Anna de Noailles ("Derniers vers" - Éditions Grasset, 1934)
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Il fera longtemps clair ce soir ...
Il fera longtemps clair ce soir, les jours allongent,
La rumeur du jour vif se disperse et s'enfuit,
Et les arbres, surpris de ne pas voir la nuit,
Demeurent éveillés dans le soir blanc, et songent...
Les marronniers, dans l'air plein d'or et de splendeur,
Répandent leurs parfums et semblent les étendre;
On n'ose pas marcher ni remuer l'air tendre
De peur de déranger le sommeil des odeurs.
De lointains roulements arrivent de la ville...
La poussière, qu'un peu de brise soulevait,
Quittant l'arbre mouvant et las qu'elle revêt,
Redescend doucement sur les chemins tranquilles.
Nous avons tous les jours l'habitude de voir
Cette route si simple et si souvent suivie,
Et pourtant quelque chose est changé dans la vie,
Nous n'aurons plus jamais notre âme de ce soir.
Anna de Noailles ("L'offrande lyrique", 1912)
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Marie Noël (1883-1967).
Ronde
Mon père me veut marier,
Sauvons-nous, sauvons-nous par les bois et la plaine,
Mon père me veut marier,
Petit oiseau te laisseras-tu lier ?
L'affaire est sûre : il a du bien.
Sauvons-nous, sauvons-nous bouchons-nous les oreilles
L'affaire est sûre : il a du bien...
C'est un mari : courons, le meilleur ne vaut rien !
Quand il vaudrait son pesant d'or,
Qu'il est lourd, qu'il est lourd et que je suis légère !
Quand il vaudrait son pesant d'or,
Il aura beau courir, il ne m'aura pas encor !
Malgré ses louis, ses écus,
Ses sacs de blé, ses sacs de noix, ses sacs de laine,
Malgré ses louis, ses écus,
Il ne m'aura jamais, ni moins, ni pour plus.
Qu'il achète s'il a de quoi,
Les bois, la mer, le ciel, les plaines, les montagnes,
Qu'il achète s'il a de quoi,
Le monde entier plutôt qu'un seul cheveu de moi !
Laissez-vous mettre à la raison
Et garder au clapier, hérissons, chats sauvages,
Laissez-vous mettre à la raison
Avant qu’un sot d’époux m’enferme en sa maison.
Engraissez-vous au potager,
Bruyères, houx, myrtils des bois, genêts des landes,
Engraissez-vous au potager
Avant qu’un sot d’époux ne me donne à manger.
Je suis l’alouette de Mai
Qui s’élance dans le matin à tire d’ailes,
Je suis l’alouette de Mai
Qui court après son cœur jusqu’au bout du ciel gai !
J’y volerai si haut, si haut,
Que les coqs, les dindons et toute la volaille,
J’y volerai si haut, si haut,
S’ils veulent m’attraper en seront pour leur saut.
Si haut, si haut dans la chaleur,
J’ai peur du ciel, j’ai peur, j’ai peur… les dieux sont proches
Si haut, si haut dans la chaleur,
Qu’un éclair tout à coup me brûlera le cœur.
Et, brusque, du désert vermeil,
Il vient, il vient, il vient !... Hui ! l’alouette est prise !
Et, brusque, du désert vermeil
Un aigle fou m’emportera dans le soleil.
Marie Noël ("Les chansons et les heures" - Editions Crès Et Cie, 1930 et Stock, 1948)
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Chanson
Quand il est entré dans mon logis clos,
J'ourlais un drap lourd près de la fenêtre,
L'hiver dans les doigts, l'ombre sur le dos…
Sais-je depuis quand j'étais là sans être ?
Et je cousais, je cousais, je cousais …
Mon cœur, qu'est-ce que tu faisais ?
Il m'a demandé des outils à nous.
Mes pieds ont couru, si vifs, dans la salle,
Qu'ils semblaient si gais, si légers, si doux,
Deux petits oiseaux caressant la dalle.
De-ci, de-là, j'allais, j'allais, j'allais…
Mon cœur, qu'est-ce que tu voulais ?
Il m'a demandé du beurre, du pain,
Ma main en l'ouvrant caressait la huche
Du cidre nouveau, j'allais et ma main
Caressait les bols, la table, la cruche.
Deux fois, dix fois, vingt fois je les touchais …
Mon cœur, qu'est-ce que tu cherchais ?
Il m'a fait sur tout trente-six pourquoi.
J'ai parlé de tout, des poules, des chèvres,
Du froid et du chaud, des gens, et ma voix
En sortant de moi caressait mes lèvres …
Et je causais, je causais, je causais …
Mon cœur, qu'est-ce que tu disais ?
Quand il est parti, pour finir l'ourlet
Que j'avais laissé, je me suis assise …
L'aiguille chantait, l'aiguille volait,
Mes doigts caressaient notre toile bise …
Et je cousais, je cousais, je cousais …
Mon cœur, qu'est-ce que tu faisais ?
Marie Noël ("Les chansons et les heures" - Editions Crès Et Cie, 1930 et Stock, 1948)
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Chant de rouge-gorge
Au mois de mai j’avais le cœur si grand
Que pour l’emplir je me suis en allée
Cherchant l’amour sans savoir quelle allée,
Pour le rencontrer, quel chemin on prend …
Rouge-gorge, au fond du bois incolore,
Au bout des sentiers dont il te souvient,
Du printemps, sais-tu s’il en reste encore ?
L’hiver vient …
J’allais, j’allais. Où trouver de l’amour ?
Au bas de la côte, au faîte, derrière ?
Au fond du bois, au bout de la rivière ?
Ici, là-bas, à ce prochain détour ? ...
Rouge-gorge, au fond du bois incolore,
Au bout des sentiers dont il te souvient,
De l’été, sais-tu s’il en reste encore ?
L’hiver vient …
Quand je le vis, je n’osai pas à temps
M’en approcher ou lui faire une avance ;
Je l’attendais ouvrant mon cœur immense …
Il n’est tombé qu’une goutte dedans …
Rouge-gorge, au fond du bois incolore,
Au bout des sentiers dont il te souvient,
Du soleil, sais-tu s’il en reste encore ?
L’hiver vient …
Est-ce là tout, cette goutte, est-ce tout ?
Je voudrais bien recommencer l’année,
La goutte d’eau qui m’était destinée,
Je voudrais bien la boire encore un coup …
Rouge-gorge, au fond du bois incolore,
Au bout des sentiers dont il te souvient,
Des feuilles, sais-tu s’il en reste encore ?
L’hiver vient …
Est-ce bien tout ? ... Peut-être, dans un coin
Que j’oubliai, peut-être avant la neige,
Un peu d’amour encor le trouverai-je,
Peut-être ici, peut-être un peu plus loin…
Rouge-gorge, au fond du bois incolore,
Au bout des sentiers dont il te souvient,
Du bonheur, sais-tu s’il en reste encore ?
L’hiver vient ...
Marie Noël ("Les chansons et les heures" - Editions Crès Et Cie, 1930 et Stock, 1948)
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L'île
Solitude au vent, ô sans pays, mon Île,
Que les barques de loin entourent d’élans
Et d’appels, sous l’essor gris des goélands,
Mon Île, mon lieu sans port, ni quai, ni ville,
Mon Île où s’élance en secret la montagne
La plus haute que Dieu heurte du talon
Et repousse… Ô Seule entre les aquilons
Qui n’a que la mer farouche pour compagne.
Temps où se plaint l’air en éternels préludes,
Mon Île où l’Amour me héla sur le bord
D’un chemin de cieux qui descendait à mort,
Espace où les vols se brisent, Solitude.
Solitude, Aire en émoi de Cœur immense
Qui sans cesse jette au large ses oiseaux,
Sans cesse au-dessus d’infranchissables eaux,
Sans cesse les perd, sans cesse recommence.
Désolation royale, terre folle
Que berce l’abîme entre ses bras massifs,
Mon Île, tu tiens un Silence captif
Qu’interroge en vain la houle des paroles.
Marie Noël ("Chants et Psaumes d'automne" - Éditions Stock, 1947)
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Chant de nourrice
pour endormir Madeleine
Dors, mon petit, pour qu’aujourd’hui finisse.
Si tu ne dors pas, si c’est un caprice,
Aujourd’hui, ce vieux long jour,
Ce soir durera toujours.
Dors, mon petit, pour que demain arrive.
Si tu ne dors pas, petite âme vive,
Demain, le jour le plus gai,
Demain ne viendra jamais.
Dors, mon petit, afin que l’herbe pousse,
Ferme les yeux, les herbes et la mousse
N’aiment pas dans le fossé
Qu’on les regarde pousser.
Dors, mon petit, pour que les fleurs fleurissent.
Les fleurs qui, la nuit, se parent, se lissent,
Si l’enfant reste éveillé,
N’oseront pas s’habiller.
Mais s’il dort, les fleurs en la nuit profonde,
N’entendant plus du tout bouger le monde,
Tout doucement, à tâtons,
Sortiront de leurs boutons.
Quand il dormira, toutes les racines
Descendront sous terre au fond de leurs mines
Chercher pour toutes les fleurs
Des parfums et des couleurs.
Les roses alors et les églantines,
Vite, fronceront avec leurs épines
Leurs beaux jupons à volants
Rouges, roses, jaunes, blancs.
Les nielles feront en secret des pinces
À leur jupe étroite et les bleuets minces
Serreront leur vert corset
Avec un petit lacet.
Les lys du jardin si nul ne les gêne
Iront laver leur robe à la fontaine,
Et le lin qui fit un vœu
Passera la sienne au bleu.
Les gueules du loup et les clématites
Monteront leur coiffe et les marguerites
Habiles repasseront
Leurs bonnets et leur col rond.
Et quand à la fin toutes seront prêtes,
En robes de noce, en habits de fête,
Alors d’un pays lointain
Arrivera le matin.
Et saluant toute la confrérie,
Le matin pour voir la terre fleurie,
Du bout de son doigt vermeil
Rallumera le soleil.
Et pour que l’enfant, mon bel enfant sage,
Voie aussi la terre et son bel ouvrage,
Il enverra le soleil
Le chercher dans son sommeil.
Viens, mon petit, viens voir, chère prunelle,
Pendant ton somme, écoute la nouvelle,
Notre jardin s’est levé …
Aujourd’hui est arrivé !
Marie Noël ("Les chansons et les heures" - Editions Crès Et Cie, 1930 et Stock, 1948)
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Connais-moi ... (extrait)
Connais-moi si tu peux, ô passant, connais-moi !
Je suis ce que tu crois et suis tout le contraire :
La poussière sans nom que ton pied foule à terre
Et l'étoile sans nom qui peut guider ta foi.
Je suis et ne suis pas telle qu'en apparence :
Calme comme un grand lac où reposent les cieux,
Si calme qu'en plongeant tout au fond de mes yeux,
Tu te verras en leur fidèle transparence ...
Si calme, ô voyageur... Et si folle pourtant !
Flamme errante, fétu, petite feuille morte
Qui court, danse, tournoie et que la vie emporte
Je ne sais où mêlée aux vains chemins du vent.
Sauvage, repliée en ma blancheur craintive
Comme un cygne qui sort d'une île sur les eaux,
Un jour, et lentement à travers les roseaux
S'éloigne sans jamais approcher de la rive ...
Marie Noël ("Les chansons et les heures" - Editions Crès Et Cie, 1930 et Stock, 1948)
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Si j'étais plante ... (extrait)
Si j'étais plante, je ne voudrais pas être de ces plantes qui ont trop affaire à l'homme. Ni avoine, ni blé, ni orge parqués, sans pouvoir en sortir, dans un champ en règle (et on ne laisse même pas aux blés leurs bleuets pour se distraire) ni surtout ces légumes soumis et rangés, ces carottes alignées, ces haricots qu'on dirige à la baguette, ces salades qu'on force à pâlir en leur serrant le cœur quand il fait si beau alentour et qu'elles voudraient bien être grandes ouvertes.
J'accepterais encore d'être herbe à tisane, serpolet ou mauve, ou sauge, pourvu que ce fût dans un de ces hauts battus des vents où ne vont les cueillir que les bergers. Mais j'aimerais mieux être bruyère, gentiane bleue, ajonc, chardon au besoin, sur une lande abandonnée, ou même un champignon pas vénéneux, mais pas non plus trop comestible, qui naît dans la mousse, un matin, au creux le plus noir du bois, qui devient rose sans qu'on le voie et meurt tout seul le lendemain sans que personne s'en mêle ...
Marie Noël ("Notes intimes" - Éditions Stock, 1959)
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Marie-Claire d'Orbaix (1920 - 1990) est une auteure de Belgique (Wallonie).
Sirène
...
Fluide sirène
Sinueuse,
si nue,
Insinuée, ainsi née
Aux rives de la vie,
Aux ressacs du plaisir,
Tu n'es plus, cette aurore,
Nocturne nageuse d'or,
Solitaire échouée,
Solitaire sereine,
Que petite sirène ...
Marie-Claire d'Orbaix ("Érosion du silence", 1970 - dans "Huit siècles de Poésie Féminine", Jeanine Moulin, Seghers, 1963)
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Touffe de mots
Tu ne viens jamais
les mains vides
Tu poses sur mes genoux
des brassées de poèmes
des touffes de mots
jonquilles
qui ont allumé tes nuits
avant de fleurir
à l'aube dans ta bouche
je respire ces phrases de ta vie
halos sur mon corps et mon visage.
Marie-Claire d'Orbaix
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Les aînées
J'ai parlé, parlé
ivre de paroles
puis j'ai appris
la mort des mots
l'absence d'âme dite
emmurée
enlisée
en train de mourir
de silence étouffée
par manque d'écoute
par refus d'accord
par voix désaccordée.
Je respire petitement
dans un sous-sol mental
où la lumière est rare
et la chaleur minutée.
Mais quelqu'un va venir
et me hisser dans le soleil sonore.
Marie-Claire d'Orbaix