PRINTEMPS DES POÈTES 2009   -  En rires
textes en français et création poétique
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PRINTEMPS DES POÈTES 2009 - L’HUMOUR - textes en français avec suggestions de CRÉATION POÉTIQUE

par auteurs A / B

les textes accompagnés de fiches de création poétique
sont indiqués par [+ CRÉATION]


et cette vignette signale des exploitations possibles


TEXTES D’AUTEURS  A B


Corinne Albaut : Les trois classes / Sept jours sur sept [+ CRÉATION] / Un dragon chez soi

Pierre Albert-Birot : Le jardin suspendu (calligramme) / Poème à crier et à danser / L'oreille fine / Chatterie / Poème-pancarte 1 / Poème-pancarte 2

Alphonse Allais : Complainte amoureuse [+ CRÉATION] / distiques et vers holorimes / Fables-express  [+ CRÉATION]

Marc Alyn : On dit...  [+ CRÉATION]

Guillaume Apollinaire : Le paon / La cravate / il pleut  [+ CRÉATION]

Jean Arp : Bestiaire sans prénom / Firi

Roland Bacri : Le petit somnambule / Histoire salée [+ CRÉATION]  / L'Odyssée / Science-fiction / Intermède zoo / Mon petit bonhomme de chemin

Pierre Béarn : Un rectangle / Balle arithmétique [+ CRÉATION] / Une mouette et le printemps / La lionne et la mouche / Les araignées et les dictons

Michel Beau : voir COMPTINES et PETITS POÈMES ALPHABÉTIQUES,avec les JOURS, les MOIS, et avec les NOTES de MUSIQUE  (page 1)

Luc Bérimont : Quel mic-mac ! / Les points sur les i / Bientôt je n'aurai plus de voix  [+ CRÉATION]  / Les pâtés / Que faire ? / Conjugaison de l'oiseau [+ CRÉATION] / Fête aux fous / Haut les mains [+ CRÉATION] / Je donne pour Paris / Il va pleuvoir / Pomme et poire [+ CRÉATION]  / J'ai geigné la pirafe [+ CRÉATION] / Emploi du temps  [+ CRÉATION) / La clé des temps

Michel Besnier : Mon KDI n'est pas un KDO / Le rap des rats (deux textes) / Un oiseau / Mes résidences / Deux pigeons

Gérard Bialestowski : L'oiseau rare / Les rennes / Le mille-pattes / La pomme de terre / Au chien !

Alain Bosquet : Les mois de l'année (voir COMPTINES et PETITS POÈMES avec les MOIS de l'année  / Le cheval chante / La trompe de l'éléphant [+ CRÉATION]

André Breton et le Surréalisme  [+ CRÉATION textes et arts plastiques ]: le poème-objet : Îles / Cadavre exquis [+ CRÉATION poétique et ARTS PLASTIQUES]

 

- Corinne Albaut -



Corinne Albaut écrit, publie, interprète des comptines pour les petits.
Elle dirige aussi la collection "Les Romans Bleus" (Gulf Stream éditeur - 2006), pour les ados de 11 à 14 ans, dans laquelle elle a écrit Chicago Blues. D'autres romans sont parus chez Acte Sud junior.
Dans la jolie collection "Les Petits Bonheurs", toujours chez Acte Sud junior, on trouvera plusieurs petits recueils intitulés "Comptines pour ...", à commander et à recommander aussi aux parents (6,50 € chacun en librairie).

Les trois classes

Dans la classe
de Monsieur Leblond,
On cultive des potirons.

Dans la classe
de Madame Levert,
On cultive des primevères.

Dans la classe
de Mademoiselle Legris,
On cultive des radis.

Dans son bureau
La directrice, elle
fait pousser des myosotis.

Corinne Albaut ("Comptines pour la rentrée des classes" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1997)

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Une autre comptine, trouvée dans le recueil "Comptines pour compter" :
 

Sept jours sur sept 

Sept jours, dans la semaine,
    Pour porter tout ce que j'aime.
Lundi, mon tee-shirt canari,
    Mardi, mon pull gris souris,
    Mercredi, mon short kaki,
    Jeudi, mon bermuda fleuri,
    Vendredi, ma chemise bleu nuit,
    Samedi, mon polo cramoisi,
    Dimanche, ma casquette blanche.

Chic, des pieds à la tête,
    Sept jours sur sept.

Corinne Albaut ("Comptines pour compter" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1997)


À la manière de Corinne Albaut : " Dans la classe de ... "

On trouve dans le recueil cité deux autres variantes de cette comptine. Leur structure peut être reprise et adaptée au cours d'une séance de création poétique orale en maternelle. L'occasion de jouer avec les sons, les rimes. Voyez ICI un exemple de ce travail dans une classe de CP.

À la manière de " Sept jours sur sept ... "

Cette comptine se prête également à l'humour, et pas uniquement avec les vêtements :

Exemple proposé par le blog, avec des rimes  ou assonances diverses :

Une semaine de vacances

Sept jours, dans la semaine,
Pour faire tout ce que j'aime.
Lundi, gagner à la loterie
Mardi, acheter un hélicoptère
Mercredi, faire le tour de la Terre
Jeudi, acheter un paquebot
Vendredi, voyager jusqu'à Rio
Samedi, ouf la semaine s'achève,
Dimanche, me reposer de mes rêves.

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Et ce dernier texte, bien dans le thème de l'humour dans le recueil "Comptines pour jouer à avoir peur" :

Avoir un dragon chez soi 

Avoir un dragon chez soi
Ce n'est pas si mal que ça,
Surtout lorsqu'il fait très froid.

Quand on lui tire la queue
Ça le rend tellement furieux
Que sa gueule crache du feu.

Il réchauffe l'appartement,
Il sèche les vêtements,
Les parents sont tout contents.

Corinne Albaut ("Comptines pour jouer à avoir peur" - collection "Les Petits Bonheurs", Actes Sud Junior, 1996)


- Pierre Albert-Birot -


Pierre Albert-Birot (1876-1967), est un écrivain, poète, metteur en scène et dramaturge de théâtre. Sculpteur aussi avec "La veuve", oeuvre monumentale commandée par l'état.
Il a côtoyé, dans la revue SIC (Sons, Idées, Couleurs et Formes) dont il est le fondateur, Guillaume Apollinaire, Louis Aragon, Max Jacob, Pierre Reverdy, Philippe Soupault, Tristan Tzara ...

Proche des surréalistes, sans vraiment appartenir à ce mouvement, il joue avec les mots, les sons et les graphies.

"Que vas-tu peindre, ami ?
- L'invisible.
- Que vas-tu dire, ami ?
- L'indicible, Monsieur,
car mes yeux sont dans ma tête".

N'ayez pas peur, c'est un poète.

Pierre Albert-Birot

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Le jardin suspendu (calligramme)


Pierre Albert-Birot ("Les amusements naturels" - éditions Rougerie, 1985)
 

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Poème à crier et à danser

êêêê    èèè     éé
a   ouou        a   ouou        êê
(1) Bing - - - - - - - - - bing - - - - - - - -
(1) brrrrrrr  - - - - brrrrrrrr         tzinnn
(1) ô - - - - ô - - - - ôôô
a  iii     a  iii     a  iii        i   i   i
âo     âo     âo     âo     âo     âo      tzinnn
âo     âo     âo     âo     âo     âo      tzinnn
rrrrrrrrr          rrrrrrrrr
rrrrrrrr
(2) ououououououououououou
(3) uuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu
i

notes de l'auteur : (1) prolonger le son - (2) mettre la main en soupape sur la bouche - (3) mettre la main en porte-voix
Pierre Albert-Birot ("Poème à crier et à danser" - chant 3 - ces poèmes sont parus en 1917 dans la revue SIC).

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L'oreille fine (titre proposé)

L'herbe dites-vous
Ne fait aucun bruit pour pousser
L'enfant pour grandir
Le temps pour passer
Vous n'avez vraiment pas l'oreille fine.

Pierre Albert-Birot (Poème 88 à lire dans "Cent dix gouttes de poésie" - éditions Seghers, 1952)

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Chatterie

Chat chat chatte
Noir et blanc
Jour couchant
Prends ma patte
Dans ta main
Trop humain
Trop humain
Trop félin
Trop félin
Ton nez rose
Me repose
Des maisons
Des raisons
Mes prisons
Tu t'en fiches
Tu te niches
Sur mon cou
Ton miaou
Me câline
Dodeline
Ton ronron
Me fait rond
Le coeur blond
Amoureuse
Et frileuse
Tu me dis
Mon ami
L'heure sonne
Mais personne
Que nous deux
Poil soyeux
Qui se joue
Sur ma joue
L'allumeur
Le bruit meurt
Chatte et homme
Font un somme
Plus un bruit
C'est la nuit

Pierre Albert-Birot ("Les amusements naturels" - éditions Rougerie, 1985)

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Poème-pancarte 1


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Poème-pancarte 2


Pierre Albert-Birot (poèmes-pancarte dans "La Lune ou le Livre des poèmes" - éditions Burdy, 1924) Ce recueil a été réédité aux éditions Rougerie, 1992 dans la trilogie intitulée "La Triloterie", volume 2 : "Poésie II, 1916-1924)

- Alphonse Allais -

Alphonse Allais (1854-1905) est un poète, nouvelliste, journaliste, humoriste français, plus connu par ses nouvelles et ses facéties de journaliste (entre autres un pseudo-courrier des lecteurs et des compte-rendus de soi-disants faits divers loufoques), que par ses poésies.



C'est au cabaret du Chat noir, avec d'autres humoristes, écrivains et poètes, qu'Alphonse Allais a pratiqué divers jeux de poésie.
Alphonse Allais était né au Havre (Calvados), et bien que disparu, La Bibliothèque de Lisieux nous donne à cette adresse de bonnes nouvelles de l'écrivain :
http://www.bmlisieux.com/litterature/allais/allais.htm

"Le caoutchouc serait un matériau très précieux, n'était son élasticité
qui le rend impropre à de nombreux usages."
Alphonse Allais

Le texte qui suit est-il une lettre d'humour ou une  lettre d'amour ? Une excellente occasion en tous cas de "révisionner" votre subjonctif. On trouve ce texte souvent raccourci. Il est ici intégral et conforme à l'original :

Complainte amoureuse

Oui dès l'instant où je vous vis,
Beauté féroce, vous me plûtes ;
De l'amour qu'en vos yeux je pris
Sur-le-champ vous vous aperçûtes.
Mais de quel air froid vous reçûtes
Tous les soins que pour vous je pris !
Combien de soupirs je rendis ?
De quelle cruauté vous fûtes ?
Et quel profond dédain vous eûtes
Pour les vœux que je vous offris !
En vain je priai, je gémis,
Dans votre dureté vous sûtes
Mépriser tout ce que je fis ;
Même un jour je vous écrivis
Un billet tendre que vous lûtes,
Et je ne sais comment vous pûtes
De sang-froid, voir ce que je mis.
Ah ! Fallait-il que je vous visse
Fallait-il que vous me plussiez,
Qu'ingénument je vous le dise,
Qu'avec orgueil vous vous tussiez ;
Fallait-il que je vous aimasse,
Que vous me désespérassiez,
Et qu'en vain je m'opiniâtrasse
Et que je vous idolâtrasse
Pour que vous m'assassinassiez !

Alphonse Allais (texte publié dans "Le Journal")
C'est aussi une chanson, que Juliette Gréco a interprétée, sur une musique de Jean Spanos.

  1. Un internaute nous signale que la complainte amoureuse attribuée à Allais s'intitule "Romance subjonctive".Cette chanson (paroles de Briollet et Léo Lelièvre,musique de Gaston Maquis) a été interprétée par Dranem(entre autres).On peut trouver les paroles dans le livre d'Alain Boussière "le bar du subjonctif" page 55 et 56.On peut trouver ce livre au format PDF sur le site http://fr.groups.yahoo.com/group/ebooksgratuits.

note du blog : [Cette chanson date de 1905, année de la disparition d'Alphonse Allais. Alors ?]

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- Distiques -

Voici deux distiques (poèmes composés de deux vers), petites fantaisies, ceux-ci en vers holorimes, (sonorités quasi identiques), parmi les moins obscurs de l'auteur  :

Exhortation au pauvre Dante :

Ah ! vois au pont du Loing de là, vogue en mer, Dante
Have oiseau, pondu loin de la vogue ennuyeuse.
(La rime n'est pas très riche, mais j'aime mieux ça que la trivialité*.) *note d'A.Allais

Alphonse Allais d'la mer sort et pique un plongeon.
Ah ! l'fond salé d'la mer, sort épique. On plonge, on…

Alphonse Allais (paru dans le journal "Le Sourire",1900)

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et ce dialogue, en vers holorimes aussi, qui mérite une lecture (et relecture) attentive :

Le boeuf à la vache :

D'où te vint
L'air boulot ?
L'herbe ou l'eau ?
Doute vain

Elle sort là ? bas des menthes,
La belle Ève à l'âme hantée
Et le sort l'abat démente
L'abbé laid va lamenter.

O Seigneur !
Quelle panse!
Qu'elle pense
Au saigneur!

Réponse de la vache :

J'ai mi-saoule
Gémi sous le
Faix nouveau.
Aide ! Grâce !
Et de grasse
Fais-nous veau !

Alphonse Allais

 Ces poèmes holorimes sont empruntés au site http://www.fatrazie.com/Holo_Allais.htm

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Un autre distique, mais pas holorime, c'est fait exprès :

Distique d'un genre différent des précédents
pour démontrer l'inanité de la consonne d'appui

Les gens de la maison Dubois, à Bône, scient
Dans la froide saison du bois à bon escient.
(C'est vraiment triste, pour deux vers, d'avoir les vingt-deux dernières lettres pareilles, et de ne pas arriver à rimer.)*

Alphonse Allais (dans "Le Journal" du 15 février 1896, et dans le recueil "Par les bois du Djinn Parle et bois du gin" - Poésie-Gallimard, 1997)
* Cette conclusion est encore d'Alphonse Allais, qui se désolidarise ainsi de sa propre production... pour la forme.

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Un dernier distique, avec toujours un titre de présentation et un commentaire de l'auteur :

Conseils à un voyageur timoré qui s’apprêtait
à traverser une forêt hantée
par des êtres surnaturels


Par les bois du Djinn, où s’entasse de l’effroi,
Parle et bois du djinn ou cent tasses de lait froid

(le lait absorbé froid, en grande quantité est bien connu pour donner du courage aux plus pusillanimes).

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- Fables-express - (les titres des fables sont proposés)

Alphonse Allais est un adepte des fables-express. On en trouvera quelques-unes ainsi que d'autres petits chefs-d'oeuvres à cette adresse  : http://pedroiy.free.fr/piweb/gens/allais.htm

Un général anglais...

 

Un général anglais, dans une bataille,
Eut les deux fesses emportées par la mitraille.
Il en fit faire une autre paire en bois,
mais jamais il ne les paya.
Moralité : Fesses que dois !

Alphonse Allais (dans "Le Journal" en octobre 1899)

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La fille du vieux Peau Rouge

 

La brune Shemulpa, fille du vieux Peau Rouge,
Apprenait à danser avec que sa maman.
Or, sa maman lui dit : " Eh là, ma pauvre enfant,
Tu sautes bien fort.
C'est le ventre qui bouge,
Non tout le corps.
Danse avec moi et fais le pas très sagement."
Moralité : Le pas sage de la mère rouge

Alphonse Allais (dans "Le Journal" en novembre 1899)

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Le chat

Lorsque tu vois un chat de sa patte légère,
Laver son nez rosé, lisser son poil si fin,
Bien fraternellement embrasse ce félin.
Moralité :
S'il se nettoie, c'est donc ton frère.

Alphonse Allais

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Fables-express 

Voir aussi Gabriel Macé (fables de Jean de la Futaille), et Tristan Bernard ci-après.

Pour ces petits textes tordus, on peut imaginer qu'Alphonse Allais, spécialiste de l'exercice, a cherché une expression, un dicton ou un proverbe, qui se prête à l'écriture holorime d'une conclusion. La difficulté est de prendre en compte le double-sens (Ce n'est pas le cas dans "le passage de la Mer rouge / Le pas sage de la mère rouge"). On peut détourner une fable classique et en faire une fable-express, à la manière d'Alphonse Allais.

Un dernier exemple de fable-express, celui-ci est de l'humoriste Tristan Bernard, qui a emprunté les deux premiers vers de la fable de La Fontaine "les deux pigeons", dont voici le début ...

Les deux pigeons

Deux Pigeons s’aimaient d’amour tendre.
L’un d’eux s’ennuyant au logis
Fut assez fou pour entreprendre
Un voyage en lointain pays.
L’autre lui dit : « Qu’allez-vous faire ?
Voulez-vous quitter votre frère ? .....

Jean de La Fontaine

pour en faire ceci ... 

Les deux pigeons

Deux Pigeons s’aimaient d’amour tendre.
Moralité : L’un d’eux s’ennuyait au logis.

Tristan Bernard


- Marc Alyn -

Marc Alyn est né en 1937. Il est romancier (Le Déplacement, 1964) et poète (une vingtaine de recueils, dont Le Temps des autres, prix Max Jacob 1957 ; Les Alphabets de Feu, Grand Prix de Poésie de l'Académie Française, 1994).
Il est aussi critique d'art, essayiste (Le Piéton de Venise, "roman contemporain", prix Henri-de-Régnier 2005 de l'Académie française) et auteur d'un "opéra-verbe" (Le Grand Labyrinthe, 1971).

On dit... (titre proposé)

On dit : " bête comme une oie ",
Mais moi, j'en ai vu, des oies,
Qui parlaient latin, chinois !

On dit : " sournois comme un chat ",
Mais mon matou Attila
Tricote aux souris des bas !

On dit : " crier comme un veau ",
Mais celui de Marengo
Chantait mieux que Caruso !

On dit : " fort comme un taureau ",
Mais, à la ferme, Noirau
Pèse à peine trois kilos !

On dit : " sale comme un porc ",
Mais le cochon, dans le Nord,
Change de peau quand il sort !

On dit ci et on dit ça,
Tantôt couci, puis couça
Et patati et patata :
Vraiment, on dit n'importe quoi ! "

Marc Alyn ("L'Arche enchantée" - éditions Ouvrières, 1979)


Jouer avec les expressions

Sur le principe de ce poème, lister des expressions imagées (à l'aide par exemple d'un dictionnaire des expressions et des proverbes) et inventer une situation contradictoire. On pourra comme Marc Alyn privilégier le thème des animaux.

3 exemples de mise en phrase :

On dit "muet comme une carpe"
mais la carpe dans l'étang 
à côté de ma maison 
me fait la conversation.
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On dit "moche comme un pou"
Moi j'en ai un dans les cheveux
qui est plus joli que vous
quand il se maquille un peu.
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Je ne dirai plus jamais
"doux comme un agneau"
il a dévoré un loup
celui que j'ai adopté.

(exemples proposés par le blog)


- Guillaume Apollinaire -

Guillaume Apollinaire (1880-1918), poète français ami de Picasso et de Max Jacob écrit ses premiers poèmes à l'âge de 17 ans.

Le paon

En faisant la roue, cet oiseau,
Dont le pennage traîne à terre,
Apparaît encore plus beau,
Mais se découvre le derrière.

Guillaume Apollinaire ("Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée" - éditions de la Sirène, 1919)

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Deux calligrammes, pas vraiment dans le thème de l'humour pour le second, mais qui peuvent servir d'exemple pour la création poétique :

La cravate



Il pleut


transcription horizontale :

Il pleut des voix de femmes comme si elles étaient mortes même dans le souvenir.
c’est vous aussi qu’il pleut merveilleuses rencontres de ma vie ô gouttelettes !
et ces nuages cabrés se prennent à hennir tout un univers de villes auriculaires
écoute s’il pleut tandis que le regret et le dédain pleurent une ancienne musique
écoute tomber les liens qui te retiennent en haut et en bas

Guillaume Apollinaire ("Calligrammes", 1918 et éditions Gallimard, 1970, pour ces deux images)


Calligramme

Un calligramme est le tracé par l'écriture seule ou accompagnée d'éléments dessinés, de l'objet décrit dans le poème.
On fera varier la forme des lettres, leur taille et leur couleur. L'humour est souvent contenu dans le texte seul. On peut le renforcer par un effet de contraste entre le contenu textuel et sa forme graphique (par exemple un poème décrivant une jolie fée et dont le tracé dessine le visage d'une sorcière).

Une adresse (lien à copier-coller) où vous trouverez de nombreuses productions d'élèves, tous thèmes confondus :
http://www.csdm.qc.ca/SJdelaLande/lesclasses/5web/Projets%202003-2004/Calligramme/calligrammes.htm
et d'autres calligrammes dans les paragraphes Jeux poétiques, Madeleine le Floch et Max Jacob.


- Jean (Hans) Arp -


(image : collage de Jean Arp)  Jean (ou Hans) Arp (1886-1966), poète, sculpteur et peintre français (d'Alsace), a appartenu au Mouvement Dada, qu'il a contribué à fonder, et au Mouvement surréaliste. Un ouvrage est paru en 1966, posthume, réunissant son oeuvre écrite en français : Jours effeuillés  (éditions Gallimard). Arp a aussi écrit et édité en allamand ("Unsern täglichen Traum" [Nos rêves quotidiens], 1955). 

Un ouvrage est paru en 1966, posthume, réunissant son oeuvre écrite en français : Jours effeuillés  (Gallimard). Arp a aussi écrit et édité en allamand ("Unsern täglichen Traum", 1955).

"Nous ne voulons pas copier la nature. (...) Nous voulons produire comme une plante qui produit un fruit et ne pas reproduire. Nous voulons produire directement et non par truchement. Comme il n'y a pas la moindre  trace d'abstraction dans cet art nous le nommons : art concret."                   
                  
                  
"L'homme fait à tous les instants des déclarations définitives sur la vie, l'homme et l'art, et ne sait pas plus que le champignon ce qu'est la vie, l'homme et l'art."
Jean Arp

De ce "Bestiaire sans prénom" de Jean Arp, on a isolé chaque paragraphe, comme de petits poèmes. On trouve souvent le dernier paragraphe présenté seul et titré "La puce",  et plus rarement le paragraphe "le papillon".

Bestiaire sans prénom

l'éléphant est amoureux du millimètre
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l'escargot est fier
sous son chapeau d'or
son cuir est calme
avec un rire de flore
il porte son fusil de gélatine
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l'aigle a des gestes de vide présumé
son pis est rempli d'éclairs
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le lion porte une moustache
en pur gothique flamboyant
et des souliers pâles et purgés
comme un néo-soldat
après une défaite de lune
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la langouste descend du mât
échange sa canne contre une baguette
et remonte avec son bâton
le long du tronc d'arbre
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la mouche avec un regard ronflant
repose son nez sur un jet d'eau
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la vache prend le chemin de parchemin
qui se perd dans un livre de chair
chaque poil de ce livre
pèse une livre
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le serpent saute avec picotement et picotement
autour des cuvettes d'amour
remplies de cœurs percés de flèches
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le papillon empaillé
devient un papapillon empapaillé
le papapillon empapaillé
devient un grandpapapillon grandempapaillé

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le rossignol frère du sphinx
arrose des estomacs des cœurs des cerveaux des tripes
c'est-à-dire des lys des roses des œillets des lilas
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la puce porte son pied droit
derrière son oreille gauche
et sa main gauche
dans sa main droite
et saute sur son pied gauche
par-dessus son oreille droite


Jean Arp (écrit en 1940 et paru dans un recueil posthume : "Jours effeuillés", Poèmes, Essais, Souvenirs, 1920-1965 - éditions Gallimard, 1966)

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Firi

lion de nuit é pli
dépli ivri par pli
débranche si pi si pli
firi firi
i
gli
car rond ton son piri
tiu tiu en voute
ilion ti piri
lion signole ré mi
si illicide lyrie
inique isis si pli
son ton é rond enchante
invoute empli la nuit
tiu tiu é glu
supu tiu glu
glu supu
tulu

Jean Arp (écrit en 1924, mêmes références)

- Roland Bacri -

Roland Bacri est un humoriste, écrivain et poète né en Algérie, à Bab-el-Oued, en 1926. Arrivé en France en 1956, il entre au Canard Enchaîné. Il publie ses poèmes dans l'hebdomadaire satirique sous son nom ou sous deux pseudonymes : Le Petit Poète et Roro de Bab-el-Oued. Des textes, fables ou historiettes où s'exprime l'amour du pays natal, l'amour de la vie et de ses plaisirs, la parodie d'auteurs, mais souvent la critique et la moquerie sociales et politiques.
Les jeux de mots sont sa gymnastique quotidienne (et la gymnastique hebdomadaire des lecteurs du Canard).
Quelques titres d'ouvrages : Le Petit Poète (La Canardothèque, 1957 et Éditions Syros 1998 en édition réduite - photo), Et alors ! Et oilà ! (Edmond Nalis, 1968 et Balland 1972), Poèmes colère du temps (Denoël, 1970), La légende des siestes (Balland, 1973), L'obsédé textuel (Julliard, 1974).


  1. On trouvera dans cette même catégorie, des fables d'un autre auteur abonné au Canard : Gabriel Macé, sous le pseudonyme de Jean de la Futaille.

"Les hauts cris s'envolent,
les Bacri restent..."
Roland Bacri (devise familiale selon l'auteur)


Une charmante poésie pour rêver avec les mots. Ce texte avec d'autres de l'auteur, a été mis en musique par Jean Claudric et chanté par Denise Benoît dans un disque auquel Raymond Devos a participé (Fontana, 1960).

Le petit somnambule

Sa chemise de nuit
Flottant dans l'air du soir
Le petit somnambule
Déambule
Bras tendus devant lui
Dans le noir.

Il a laissé son lit,
Son drap tiède et ourlé,
sa femme en bigoudis
Pour mêler
Un songe à cette nuit
De l'été.

Le petit somnambule
Bavarde avec la nuit.
Les astres noctambules
Vont sans bruit
Et toutes les pendules
Font minuit.

Le monde naufragé
Dans un fond de décor
Est là, en bas, figé,
Qui dort
D'un sommeil allongé
Comme un mort.

N'est-il pas mieux luné
Mon poète un peu fou,
Rêveur du toit qui penche,
Ombre blanche
Qui près des cheminées
Dort debout ?

Il danse un pas léger
Sur un rayon de lune...
On entend tout là-haut
Les bravos
Des étoiles rangées
Une à une

Dans un ciel d'opéra.
Et la nuit tout entière
Le petit somnambule,
Funambule,
Fait de beaux entrechats
De gouttière.

Le Petit Poète (Roland Bacri - recueil Le Petit Poète - La Canardothèque, 1957)
Ce texte n'a hélas pas été repris dans le recueil paru aux Éditions Syros en 1998.

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Une belle rencontre :

Histoire salée

La douce rivière
Sortant de son lit
S'est jetée ma chère
Dans les bras mais oui
Du beau fleuve

L'eau coule sous les ponts
Et puis les flots s'émeuvent
- N' êtes-vous au courant ?
Il paraît que la rivière
Va devenir mer !...

Le Petit Poète (Roland Bacri - recueil Le Petit Poète - La Canardothèque, 1957 et Syros, 1998)


Jeux de mots

On pouvait choisir d'autres poèmes pour cette activité de jeu sur les mots, mais celui-ci en présente une variété intéressante. Un thème unique y est développé, avec le lexique qui s'y rattache.

  1. Observer, rechercher dans ce poème de Roland Bacri les jeux de langage, expressions détournées, sens figuré pris au sens propre, homonymies...

  2. Choisir un autre domaine, lister le lexique (peut-être en travail collectif pour au moins cette première recherche), puis les expressions, des homonymes, avec l'aide du dictionnaire, qui contiennent des éléments de ce lexique, significatifs.

  3. Construire de courtes phrases (un poème entier c'est difficile). Regrouper les productions, relier, améliorer l'ensemble.

Exemple : recherche autour du thème de la pluie, mais on sera amené à effectuer d'autres recherches (dans l'exemple du blog, sur les animaux)

lexique : soleil, orage, éclaircie, arc-en-ciel, ciel bleu, gris, pluie, neige, grêle, il pleut, il neige, pleuvoir à verse ... tomber des cordes, des seaux / être trempé / un parapluie, un paratonnerre...

expressions : passer entre les gouttes / être trempé jusqu'aux os... comme une soupe / ennuyeux comme la pluie / faire venir la pluie / ne pas être né, ou tombé, de la dernière pluie /parler de la pluie et du beau temps / faire la pluie et le beau temps / après la pluie vient... / laisser passer l'orage...

homonymies, doubles-sens : averse - à verse / plu (pp de pleuvoir) et plu (pp de plaire) / le temps (celui qui passe) et le temps (qu'il fait) / ...

exemple proposé par le blog, champ lexical de  la pluie entre-autres :

Le lézard et l'escargot

Le soleil, le lézard s'y dore
il adore
l'astre qui luit

L'escargot lui
ne prend son pied que sous la pluie,
il dit que le soleil c'est un désastre*
Or,
voici qu'il pleut, il pleut à verse.
Au début, ça lui a plu un peu beaucoup
à la folie
et comme il est un peu fêlé
l'eau est entrée
dans sa maison.

Il abandonne au courant
sa coquille de noix.

Devenu limace
il passe
maintenant son temps
à lézarder au soleil.

* jeu de mots un peu emprunté à Roland Bacri : "En France, le soleil c'est un des astres. À Alger, c'était l'astre du jour". (Roland Bacri dans "Et alors! et oilà!", ses chroniques de Bab-el-Oued publiées en 1968)

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Leçon d'Histoire rapide :

L'Odyssée

Ulysse ?
Que vouliez-vous qu'il fît
Contre Troie ?

Roland Bacri (Le Petit Lettré Illustré - éditions Balland, 1971)

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Science-fiction

La fusée vrombrissante
Troue
Le vide interstellaire.

L'homme de l'espace
Regarde défiler
Les astres galactiques.

Tout-à-coup
Il titube,
Se cramponne aux commandes

Comme
S'il avait reçu
Une gifle terrible...

Reprenant ses esprits :
"...Tiens,
Déjà
La calotte des cieux ? "

Le Petit Poète (Roland Bacri, dans Le Canard Enchaîné du 22 août 1956)

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La vie des bêtes et des hommes au temps de la vache folle et de la grippe aviaire, y a de quoi tourner en bourrique :

Intermède zoo

L'homme avait greffé
Une taille de guêpe
À la baleine
Il avait paré le geai
Avec les plumes du paon
Sorti le loup du boa
Le brochet de l'oie
Le dindon de la farce...

Un jour c'est la petite bête
Qui chercha l'homme

Le rat sortit de l'hôtel
Le loup du bois
Le dindon de la farce
La grenouille du bénitier
L'âne se chargea des reliques
Le requin de la finance
Le petit oiseau du photographe
Et
La vache de nous tous.

Et en moins de temps
Qu'il en faut à l'homme
Pour dire ouf
Grande bouffe
Des fourmis dans les jambes
La puce à l'oreille,
Un chat dans la gorge
Tout fut consommé

Et ce re-fut
- vraiment pas de refus -
l'âge bête
où les bêtes parlaient
et l'homme pouvait
appeler un chat un chat.

Roland Bacri (Le 25 février 2006 sur son site Internet dont il annonce la fermeture : http://www.rolandbacri.com

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Roro de Bab-el-Oued sur les chemins blancs et bleus de sa nostalgie :

Mon petit bonhomme de chemin (début du poème)

Mon petit bonhomme
De chemin
Ne menait pas à Rome
Comme
Tous ces chemins
Qui partent
Pour arriver
Et que l'on peut trouver
Sur les cartes.

Ce n'était pas
Un de ces sentiers battus
Comme il y en a
Tant
Un de ces sentiers battus
Et pas contents
Qui se font tout le temps
Marcher dessus.

C'était un sentier
De jeunesse,
Le chemin des écoliers,
De l'occasion, de l'herbe tendre
Des cailloux blancs

Et des feuilles mortes
Qui ne se ramassent pas à la pelle.

Il aimait échanger
Des propos en l'air
Avec le vent léger,
Faire
De charmants saluts
Aux primevères
Des talus.

Les écureuils
Lui faisaient de l'œil,
Les escargots en bavaient
Et les hirondeaux
Y jouaient
Au rondeau.
[...]

Roland Bacri (Le Petit Poète - La Canardothèque, 1957 et Syros, 1998)
Ce texte n'a hélas pas été repris dans le recueil paru aux Éditions Syros en 1998.

- Pierre Béarn -

Pierre Béarn (1902-2004), poète et romancier français, a traversé le XXe siècle entier. Il est connu des écoliers pour ses recueils de fables, où même les objets mathématiques ne sont pas raisonnables.

Homme,
qui que tu sois
tu n’emporteras rien
avec toi.

Pierre Béarn

Ce rectangle personnalisé rappelle la géométrie de Guillevic, qu"on trouvera plus loin dans cette catégorie.

Un rectangle

Un rectangle se voulait carré
ce qui l'obligeait à maigrir
il se mit à réfléchir
pour découvrir un procédé
capable de réajuster
la démesure de ses flancs...
Et le voilà glissant glissant
se retournant de droite à gauche
tant et tant, tant et tant et tant
qu'il ne parvint qu'à s'arrondir!
En découvrant qu'il était rond
le rectangle voulut mourir.
C'est pourtant beau d'être un ballon
lorsqu'on s'envole vers le ciel
mais s'il faut être honoré
par de violents coups de pieds
il vaut mieux rester carré.

Pierre Béarn ("300 Fables d'aujourd'hui" - éditions EDITINTER, 1999)

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Balle arithmétique (titre et texte corrigés, maintenant conformes au texte du recueil)

À la une, on m'offre la Lune
À la deux, je la coupe en deux
À la trois, je la donne aux oies
À la quatre, on veut me combattre
À la cinq, je rencontre un prince
À la six, j'aime une écrevisse
À la sept, je deviens trompette
À la huit, on me déshérite
À la neuf, j'ai des souliers neufs
À la dix, j'ai du bénéfice !

Pierre Béarn ("300 Fables d'aujourd'hui" - éditions EDITINTER, 1999)


Comptines et actions de jeux

Voir ci-dessus les comptines numériques. Les jeux de balle au mur*, entre-autres, s'accompagnent souvent de comptines rythmées :
"Je joue à la balle / contre la muraille / un peu plus haut / je casse un carreau / un peu plus bas / je tue mon chat..." ("pour de faux" bien entendu).

 Sur le modèle du texte de Pierre Béarn, construire une comptine en liaison avec les lancers de balle contre le mur. * On peut y écrire, sur le mur ou y tracer des motifs à la craie, matérialisant les étapes à passer.

Autre exemple, les fils tendus :

Succession de 4 ou 5 actions à effectuer avec deux fils parallèles tendus, jeu pratiqué surtout par les filles dans les cours de récréation  (une occasion pour les garçons de le découvrir). Les deux fils limitent le cours de la rivière, rive gauche, rive droite, en amont, en aval, la source, la mer, bateau, nager, se noyer ... D'autres jeux peuvent se mettre en comptine rythmée : les jeux de corde à sauter, la marelle ...

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Une mouette et le printemps

Une mouette sans vergogne
s'imaginait une cigogne
Sur la cheminée d'un cargo.

- C'est moi le printemps ! criait-elle
mais elle avait bu trop de vent
car sur le baleinier dolent
Les matelots fêtaient Noël.

Pierre Béarn ("300 Fables d'aujourd'hui" - éditions EDITINTER, 1999)

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La lionne et la mouche

Une mouche en vagabondage
pique ici pique là
agaçait d'un dard innocent
le museau douillet d'une lionne
tant et tant qu'elle éternua
si bien que la mouche importune
fut projetée sur un lézard
pique ici pique là
qui la goba.

Pierre Béarn ("300 Fables d'aujourd'hui" - éditions EDITINTER, 1999)

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Les araignées et les dictons

Araignée du matin : chagrin
pensait un bébé coccinelle
cherchant à libérer ses ailes

Araignée du midi : souci
grognait un rat dans son chagrin
de voir un chat près de sa belle

Araignée du soir : espoir
disait au briquet l'étincelle
mourant dans le vent du jardin.

Mais l'araignée dans sa nacelle
Prisonnière à vie de sa faim
rêvait qu'elle était hirondelle.

Pierre Béarn ("Fables" - éditions Saint-Germain-des-Prés, 1999)

 

- Luc Bérimont -

Luc Bérimont (1915 -1983), poète et romancier, de son vrai nom André Leclercq, a été un poète engagé. Dans la Résistance pendant la deuxième guerre mondiale, dans ses écrits poétiques, et dans la défense et la promotion de la poésie et de la chanson nouvelles, à l'image du poète-éditeur Pierre Seghers, qu'il a côtoyé.
Il a animé des émissions de radio pour faire connaître chanteurs et poètes (La Fine Fleur).
Des textes de  Luc Bérimont ont été chantés par Léo Ferré, Marc Ogeret ("Madame à minuit, croyez-vous qu'on rêve ?...") ou Pierre Bertin. Ses poésies complètes sont en cours de parution (on attend le second tome) au Cherche midi Éditeur.
Sa poésie est intense et passionnée ("Un feu vivant", à découvrir peut-être d'abord pour entrer dans son univers). Il a écrit des recueils de poésies pour les enfants, en particulier les Comptines pour les enfants d'ici et les canards sauvages (Librairie Saint-Germain-des-Prés, 1974).
On peut  retrouver de magnifiques textes de Luc Bérimont, et un intéressant éclairage sur l'auteur ici : http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/berimont/berimont.html

Quel mic-mac !

Cric et crac
Des ours dans mon parc
Flic et flac
La pluie sur un lac
Tic et tac
L’horloge est patraque
Flic et flac
Trois tours dans mon sac
Mic et mac
Voyez quel micmac !

Luc Bérimont ("Comptines pour les enfants d'ici et les canards sauvages" - Librairie Saint-Germain-des-Prés, 1974)

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Les points sur les i

Je te promets qu' il n' y aura pas d' i verts
Il y aura des i bleus
Des i blancs
Des i rouges
Des i violets, des i marron
Des i guanes, des i guanodons
Des i grecs et des i mages
Des i cônes, des i nattentions
Mais il n' y aura pas d' i verts

Luc Bérimont ("La poésie comme elle s'écrit" - textes réunis par Jacques Charpentreau - Editions Ouvrières 1979)

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Bientôt je n'aurai plus de voix

Bientôt je n'aurai plus de voix
Disait le voiturier
Bientôt je n'aurai plus de chats
Disait le châtaignier
Bientôt je n'aurai plus de rats
Disait le râtelier
Bientôt je n'aurai plus de poux
Disait le poulailler
Bientôt je n'aurai plus de rampe
Disait le rempailleur
Mais tous ceux qui ne disaient rien
Tous ceux-là n'en pensaient pas moins.

Luc Bérimont ("L'esprit d'enfance" - Enfance heureuse, Éditions Ouvrières et éditions de l'Atelier, 1980)


Les métiers (voir aussi le paragraphe Jacques Charpentreau)

Un peu à la manière de Luc Bérimont, choisir un nom commun concret et expérimenter la transformation du mot en animal ou en métier, existant ou imaginaire (le mot qui le désigne sera un mot réel) en "er","ier", plus difficilement en "iste" ou en "eur"... puis imaginer un lien entre les deux, amusant si possible pour une mise en phrase.
exemple :
pseudo-métier : C'est pas une hirondelle, non, c'est moi qui fais le printemps,  se vantait le printanier
pseudo-métier ou arbre : J'en ai assez de payer des amendes pour les autres, protestait l'amandier
animal : Tout le temps des fourmis dans les pattes, ça gratte, se plaignait le fourmilier   

Ici des productions d'élèves en CE2 et CM1 : http://classe-godard-paulbert.com/po%E8mes.htm

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Les pâtés

J’ai fait des pâtés
pour vous épater :

Dans mon château
un pâté d’veau

Dans mon étable
un pâté d’sable

Dans ma campagne
un pâté d’âne

Dans ma province
un pâté d’prince

Dans mon Paris
un pâté d’riz

Dans ma cambuse
un pâté d’buse

Dans ma fermette
un pâté d’tête

Dans ma chaumière
un pâté d’pierres

Dans mon grenier
un pâté d’clés

Et dans ma cave
un pâté d’raves.

Ah ! les beaux pâtés tout chauds
À cuire avec des grelots.

Luc Bérimont ("Comptines pour les enfants d'ici et les canards sauvages" - Librairie Saint-Germain-des-Prés, 1974)

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Que faire ?

Que faire ?
dit la mère
à son petit enfant
qui est un éléphant.

Mais l'éléphant d'enfance
a du poil à sa trompe
et rit quand il se trompe.

On se console comme on peut
De ne pas être un oiseau bleu.

Luc Bérimont ("Comptines pour les enfants d'ici et les canards sauvages" - Librairie Saint-Germain-des-Prés, 1974)

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Conjugaison de l’oiseau

J’écris (à la pie)
J’écrivais (au geai)
J’écrivis (au courlis)
J’écrirai (au pluvier)
J’écrirais (au roitelet)
Écris ! (au sirli)
Que j’écrive (à la grive)
Que j’écrivisse (à l’ibis)
Écrivant (au bruant)
Écrit (au pipit)

Luc Bérimont ("La poésie comme elle s'écrit" - 
textes réunis par Jacques Charpentreau - Editions Ouvrières 1979)


Conjugaison ludique

Exercice à expérimenter en utilisant les temps et les modes qui correspondent au niveau de la classe. Indicatif et impératif pour l'élémentaire sans doute.
Choisir une action,  la mettre en scène (amusante) dans une phrase simple, composée ou complexe (toujours suivant les compétences), au présent, avant de la décliner à d'autres temps en gardant la structure mais en modifiant certains des éléments qui la composent. Le sujet n'est pas forcément un pronom, ni la première personne du singulier, comme dans le texte de Luc Bérimont (trois des conjugaisons seulement, par nécessité, ne sont pas à la première personne).

Exemple, avec le verbe faire :

Je fais ce qu'il me plaît

Je fis des salsifis confits
Je faisais des salades décomposées
Je ferai des conserves de purée
Que je fasse une tarte à la mélasse
En faisant de la soupe d'éléphant
J'ai fait bouillir le café
Je fais ce qu'il me plaît 


Remarque : les verbes du 3e groupe et les verbes irréguliers sont plus intéressants que ceux du premier groupe, pour la diversité des rimes en terminaisons.

Voir aussi le paragraphe consacré à Alphonse Allais plus haut, avec une conjugaison au subjonctif non réglementaire.

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Fête aux fous

Fête aux fous
Dis-moi tout

Fête aux sages
Dis ton âge

Fête aux chiens
Ne dis rien

La fête est chez les cigales
Ça prend feu sous les étoiles.

Luc Bérimont (publié initialement dans la revue Poésie 1, n° 28-29 de mai-juin 1973 :  "L'enfant et la poésie")

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Haut les mains

Haut les mains
Peau d'lapin

Haut les bras
Peau d'pacha

Haut les pieds
Peau d'soulier

Haut les têtes
Peau d'ancêtre

Haut les yeux
Peau d'heureux

Haut les cœurs
Peau d'menteur

Haut les dents
Peau d'serpent

Haut les cuisses
Peau d'iris

Haut les cous
Peau d'filou

Haut les nez
Peau d'osier

La peau du marchand de peaux
Je la vends contre un bon mot.

Luc Bérimont (publié initialement dans la revue Poésie 1, n° 28-29 de mai-juin 1973 :  "L'enfant et la poésie")


Une fiche pédagogique pour jouer avec les rimes à l'image de ce poème, ici :
http://membres.lycos.fr/bareiv/tiens/peda/fiche111.htm

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Je donne pour Paris

Je donne pour Paris
Un peu tabac gris

Je donne pour Bruxelles
Un morceau de ficelle

Je donne pour London
Un paquet d'amidon

Je donne pour Genève
Une poignée de fèves

Je donne pour Tokyo
Un guidon de vélo

Je donne pour Moscou
Un petit sapajou

Je donne pour Madrid
Un envol de perdrix

Je donne à Copenhague
La mer et ses vagues

Je donne à Washington
Tontaine et puis tonton

Luc Bérimont ("Comptines pour les enfants d'ici et les canards sauvages" - Librairie Saint-Germain-des-Prés, 1974)


Un texte créé par de jeunes élèves à partir de ce poème, à l'adresse du Réveil  de notre ami  Alain L, un site toujours aussi agréable à visiter, qui se définit maintenant comme "ancien journal électronique des élèves de l'Unité d'Enseignement de l'IME l'Eveil et de leur enseignant ... et aujourd'hui peut-être simplement un blog pas pareil ...)"

Alain nous donne le nouveau lien actif de ce texte :
http://www.lereveil.info/article-2113790.html

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Il va pleuvoir

Il va pleuvoir
Les marronniers sont noirs.

S'il tombe de l'eau, bernique
Je pars pour la Martinique.

S'il tombe du vin, c'est bien
J'en remplis un cruchon plein.

S'il arrive de la grêle
C'est tant pis pour nos ombrelles

Mais s'il tombe de la neige ?
S'il en tombe, alors, que fais-je ?…

Luc Bérimont ("Comptines pour les enfants d'ici et les canards sauvages" - Librairie Saint-Germain-des-Prés, 1974)

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Pomme et poire

Pomme et poire
Dans l'armoire

Fraise et noix
Dans les bois

Sucre et pain
Dans ma main

Plume et colle
Dans l'école

Et le faiseur de bêtises
Bien au chaud dans ma chemise.

Luc Bérimont (publié initialement dans la revue Poésie 1, n° 28-29 de mai-juin 1973 :  "L'enfant et la poésie" et dans "Comptines pour les enfants d'ici et les canards sauvages" - Librairie Saint-Germain-des-Prés, 1974)


Des exemples de création poétique en CP à partir de ce poème ici :
http://ecl.ac-orleans-tours.fr/ec-emile-zola-mainvilliers/ecole/langue/poesie/divpoesie.htm

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J'ai geigné la pirafe

J'ai geigné la pirafe
J'ai cattu la bampagne
J'ai pordu la moussière
J'ai tarcouru la perre
J'ai mourru les contagnes
J'ai esité l'Vispagne
Barcouru la Pretagne
J'ai lo mon vieux vépris
Je suis allit au lé
J'égué bien fatitais

Luc Bérimont ("L'esprit d'enfance" - Enfance heureuse, Éditions Ouvrières et éditions de l'Atelier, 1980)



Deux idées pour la création poétique :

Il ne s'agit pas dans le texte ci-dessus de contrepéteries, puisque, sauf exception, les échanges de consonnes ou de voyelles ne créent pas de sens. Voyez ici deux exemples de création poétique  à partir de ce poème :
http://www.ac-nancy-metz.fr/petitspoetes/HTML/SALLESDEJEUX/JEUALAMANIERE/JEUALAMALETTR.html

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Emploi du temps

A onze heures
Chez l’Ambassadeur
A midi
Rue Garibaldi
A une heure
Aller voir ma sœur
A deux heures
Bloquer l’ascenseur
A trois heures
Chez mon directeur
A quatre heures
Je mange des p’tits-beurre
A cinq heures
Je change de secteur
A six heures
Envoyer des fleurs
A sept heures
Je file en douceur
A huit heures
Je consulte l’heure
Que faire à vingt et une heure* ?

Luc Bérimont ("Comptines pour les enfants d'ici et les canards sauvages" - Librairie Saint-Germain-des-Prés, 1974)

(* Note por les enfants : l'heure ne s'écrit au pluriel que quand il s'agit de l'heure exacte).
On trouve ce poème trans (dé)formé, les heures de l'après-midi sont transcrites "quatorze heures", ... "dix-neuf heures", et aussi par ex :
"À vingt heures :
Éviter les heurts."


Inventer un emploi du temps

L'emploi du temps de la journée, de la semaine, le calendrier des mois, celui des saisons, sont des grilles solides pour construire un poème en renforçant les connaissances lexicales et le repérage temporel, non ?

Exemple pour une petite classe, avec des repères supposés réels mais des situations fantaisistes :

À huit heures je déjeune de six tartines de beurre
À huit heures et demie, à l'école en bigoudis
À dix heures à la récré,  danse avec un chimpanzé
À  midi à la cantine, je n'avale que des sardines
À quatre heures et demie,  flûte !  l'école est finie.

  1. Variante : On pourrait imaginer avec un découpage similaire un itinéraire local, de la maison à l'école, ou plus généralement un trajet habituel, marqué de plusieurs étapes réelles ou imaginaires, associées à des actions.

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La clé des temps

La clé des temps
La clé des vents
La clé des champs
La clé des gens
La clé des songes
Et des éponges
La clé des clés
Le serrurier
En fait assez
Qui vont sur toutes les serrures

N'enfermez pas les confitures.

Luc Bérimont ("Le besoin d'exprimer" dans "L'esprit d'enfance" - Enfance heureuse, Éditions Ouvrières et éditions de l'Atelier, 1980)

- Michel Besnier -

Michel Besnier (né en 1945) , enseignant, romancier et poète, écrit pour la jeunesse. Un de ses derniers recueils en date : " Mon KDI n’est pas un KDO ", est une succession d'images poétiques et loufoques dans un supermarché. Il est paru en 2008 aux éditions Motus (au prix de 9,50 €, mais on ne le trouve pas en supermarché).

C'est le titre proposé par le blog pour le premier poème de ce recueil (les poèmes n'ont pas de titre particulier) :

Mon KDI n’est pas un KDO

Ingouvernable
ça tangue
ça couine
ça coince
tire à droite
tire à gauche
bloque
et accélère
cogne un mollet
file un collant
pardon madame

Mon KDI
n’est pas un
KDO

Michel Besnier (" Mon KDI n’est pas un KDO " illustré par Henri Galeron, éditions Motus, Collection Pommes Pirates Papillons, 2008)

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Un autre recueil : "Le rap des rats" :


Le rap des rats (ces deux poèmes n'ont pas de titre particulier)
 
1

C’est le rap des rats
qui rasent les murs
qui dérapent
qui se cachent
qui apachent
C’est le rap des rats
des durs des rapaces
qui rapinent
qui ravinent
qui ratinent
C’est le rap des rats
les rois des parias
qui travaillent
qui creusaillent
boustifaillent
C’est le rap des rats
qui grignotent
qui papotent
avec leurs potes
C'est le rap des rats
des rongeurs
des râleurs
des rôdeurs
renifleurs
C'est le rap des rats
qu'on n'aime pas
connaît pas
attire a-
vec des appâts
C'est le rap des rats
pas méchants
ou pas plus
que les gens
qui les tuent


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2

On en a ras le bol nous les rats
On en a ras le bol
nous les rats
d’être symboles
du choléra
de la peste et du reste
Hiroshima
c’est pas nous
le Rwanda
c’est pas nous
la vache fada
c’est pas nous
la grippe poulaga
c’est pas nous
l’air cracra
c’est pas nous.

Michel Besnier (" Le rap des rats " illustré par Henri Galeron, éditions Motus, Collection Pommes Pirates Papillons, 1999)

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Trois poèmes pour un troisième recueil : "Le Verlan des oiseaux et autres jeux de plumes" :

Un oiseau

Un oiseau
qui mange
trop
de granulés
devient
gras
nul
et laid

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Mes résidences

Je n’habite pas du côté de l’océan
mais du côté de la goutte d’eau

Je n’habite pas du côté de la forêt
mais du côté du brin d’herbe

Je n’habite pas du côté de l’ouragan
mais du côté du courant d’air

Je n’habite pas du côté de l’aigle
mais du côté du pingouin

Dites-moi où vous habitez
si vous habitez mon quartier

Je viendrai un de ces jours
vous dire un petit bonjour

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Deux pigeons


Deux pigeons s’aimaient d’amour tendre,

Deux corbeaux s’aimaient d’amour noir,

Deux mésanges s’aimaient d’amour bleu,

Deux pies s’aimaient d’amour bavard,

Deux autruches s’aimaient d’amour lourd,

Deux pinsons s’aimaient d’amour gai,

Deux vautours s’aimaient eux aussi.
Michel Besnier ("Le verlan des oiseaux et autres jeux de plumes")

Michel Besnier ("Le Verlan des oiseaux et autres jeux de plumes" illustré par Henri Galeron, éditions Motus, Collection Pommes Pirates Papillons, 1995)

- Gérard Bialestowski  -

Gérard Bialestowski (1946-2007), enseignant et auteur pour la jeunesse, a quitté définitivement l'écriture en 2007.
Parmi les ouvrages qu'il a laissés : La Vélocomotive (1986),  Le Prince du château fou (1992), La taupe et la taupe (1996),  Ma langue au tigre (2002), et les recueils cités ci-dessous.



L'oiseau rare

Sur un banc devant la gare
du Nord
j'ai trouvé un oiseau rare
pas un ara en or
un oiseau de parade
ou de paradis
mais un oiseau de Paris
un pi un pi
un pigeon pardi

Gérard Bialestowski ("La pieuvre bricole et autres poèmes" - Milan - Poche cadet, 2000)

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Les rennes

allons enfants de la toundra
voir passer le roi des rennes
il nous apprendra la polka
que l'on danse en Alaska
quand sept jours font une semaine

Gérard Bialestowski (dans le recueil de poèmes de divers auteurs, réunis par Jean-Hugues Malineau, illustrations de Sylvie Selig : "Il était une fois... les animaux" - éditions Messidor La Farandole, 1978)

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le mille-pattes

Même au singulier
je suis au pluriel,
ça épate,
ça épate !
et tandis qu'on s'étonne
je me pelotonne,
ou me carapate
dans le peuplier
ou sous l'arc en ciel,
même au singulier
je suis au pluriel !
 

Gérard Bialestowski ("Au bout de mon râteau" avec des illustrations de Frédéric Rébéna - éditions Albin Michel Jeunesse, 1978)

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La pomme de terre

Quand il fait très froid
à Noël
quand ça exagèle
la pomme de terre
met sa robe décembre
et la tête sous la cendre
alors je me décide
je la pique au bide
je la croque au sel
je lui fais la peau
sans dire un mot
la pomme de s'taire
se mange en silence
même chichécho

Gérard Bialestowski ("Au bout de mon râteau")

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Au chien !

À moi !
À toi !
Aboie !

Tais-toi
toutou têtu !
C'est la l'ouah !

Gérard Bialestowski ("Au bout de mon râteau")


- Alain Bosquet -

Alain Bosquet  (1919-1998) est le pseudonyme d'Anatole Bisk. C'est un écrivain et poète français d'origine russe.

Le cheval chante

Le cheval chante.
Le hibou miaule.
L'âne gazouille.
Le ruisseau hennit.

- C'est bien, mon enfant : joue avec les mots.

- Le triangle est rond.
La neige est chaude.
Le soleil est bleu.
La maison voyage.

- Tu as de la chance :

les mots sont amicaux
et généreux.

- Le poisson plane.
La baleine court.
La fourchette a des oreilles.
Le train se gratte.

- Je t'avais prévenu :
maintenant les mots te mordent.


Alain Bosquet ("Le cheval applaudit" - Enfance heureuse, éditions Ouvrières, 1977)

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La trompe de l'éléphant

La trompe de l'éléphant,
c'est pour ramasser les pistaches :
pas besoin de se baisser.

Le cou de la girafe,
c'est pour brouter les astres :
pas besoin de voler.

La peau du caméléon,
verte, bleue, mauve, blanche,
selon sa volonté,
c'est pour se cacher des animaux voraces :
pas besoin de fuir.

La carapace de la tortue,
c'est pour dormir à l'intérieur,
même l'hiver :
pas besoin de maison.

Le poème du poète,
c'est pour dire tout cela
et mille et mille et mille autres choses :
pas besoin de comprendre.

Alain Bosquet ("Le cheval applaudit" - Enfance heureuse, éditions Ouvrières, 1977)


Le... c'est ... (c'est pour) ...

En s'inspirant librement de la structure de ce joli poème réaliste d'Alain Bosquet,  jouons avec les particularités des animaux en glissant un peu vers le fabuleux, le facétieux, l'invraisemblable. On obtiendra certainement quelques sourires :
La trompe de l'éléphant, c'est pour que les singes fassent de la balançoire.
La poche du kangourou, c'est pour ranger son pyjama.

Les dents du requin  c'est ... / La langue du serpent ... / Les griffes du chat / La bosse du chameau /Les plumes du paon, etc.

André Breton et le Surréalisme -



<< portrait du poète par Victor Brauner (1934) - André Breton (1896-1966) définit ainsi le mouvement surréaliste : "Automatisme psychique pur par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée ". (Manifeste du surréalisme de 1924).

Même s'il n'est pas directement le créateur du cadavre exquis, Breton est l'un des inspirateurs et des pratiquants de cette forme de création surréaliste "classique", très représentative de l'esprit du mouvement et qu'il définit plus bas.

André Breton est l'inventeur d'une autre forme de création littéraire surréaliste : l'écriture automatique.
"Écrivez vite sans sujet préconçu, assez vite pour ne pas retenir et ne pas être tenté de vous relire. La première phrase viendra toute seule, tant il est vrai qu'à chaque seconde il est une phrase étrangère à notre pensée consciente qui ne demande qu'à s'extérioriser. ". (A. Breton - Manifeste du Surréalisme - 1924).

Il est l'auteur de l’Anthologie de l’Humour noir (écrit en 1940, édité en 1945, 1950 et 1966, avec des modifications de contenu, et réédité au Livre de Poche). D'autres oeuvres : Nadja (1928), Les Vases communicants (1932), L'Amour fou (1937).


<< Île

André Breton

Île est un poème-titre, ou un titre-poème, constitué de ce seul mot qui apparaît pleine page en vertical, comme sur l'image, dans le recueil "Clair de terre" (1923, réédition 1978 en Poésie-Gallimard).

Dans  La poésie (Armand Colin éditeur, 1988), Jean-Louis Joubert explique : "Ce n'est pas tellement le mot en lui-même que sa situation dans un poème qui possède une valeur poétique. Rien n'empêche qu'un poème soit composé d'un seul mot. C'est le cas du poème "Île" [...] Mais le choix d'un corps de caractères géants, leur recherche typographique, la disposition du mot verticale et de bas en haut, arrache "Île" à la langue commune pour en faire un mot-objet mystérieux [...] "


Poème objet :

Pour les élèves, le sens de ce poème objet d'André Breton n'apparaît pas évident.

On peut proposer à la classe un exercice dérivé plus abordable, parent du calligramme. L'élève choisit un mot objet qui lui plaît et le représente pour en exprimer sa perception personnelle (par graphisme, typo ordinateur, collage, peinture, modelage, sculpture...) en deux ou trois dimensions en jouant sur les formes, tailles, couleurs  des caractères, et leur disposition (les lettres ne seront pas forcément alignées et de même format).

  1. Variantes :

  2. 1.Même démarche avec une courte phrase, un haïku.  Illustrer éventuellement l'environnement de l'écrit. 

  3. 2.Proposer aux élèves d'élémentaire le dessin du mot dans une forme qui le représente.

Exemples à venir avec d'autres auteurs, voir le sommaire de la création poétique en haut de page.

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Le Cadavre exquis

À l'initiative de Jacques Prévert, Marcel Duhamel et Yves Tanguy et avec André Breton, c'est l'un des exercices de création spontanée auquel se sont livrés les surréalistes. André Breton le définit ainsi dans son "Dictionnaire abrégé du surréalisme" :
"jeu de papier plié qui consiste à faire composer une phrase ou un dessin par plusieurs personnes, sans qu’aucune d’elles puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes".
L’exemple qui a donné son nom au jeu, tient dans la première phrase obtenue de cette manière : "Le cadavre/exquis/boira/le vin/nouveau".
L'exercice s'appliquera au texte, au dessin, et plus tard au cinéma, et connaît actuellement une nouvelle évolution  avec Internet.


Le "Cadavre exquis" (sous sa forme écrite)
Principe : Le matériel : une feuille A4 pliée en autant de parties que d'intervenants, de manière à empêcher la lecture directe des éléments, mais à permettre une lecture (linéaire) de la production finale une fois dépliée.

Le jeu du Cadavre exquis suppose une maîtrise par les élèves de la structure de la phrase.
On décidera du type de phrase à créer, suivant le niveau de difficulté souhaité :
Phrase déclarative minimale Sujet + Verbe ou phrase simple S+V+ Complément(s).

1.   Le groupe nominal sujet est singulier ou pluriel et le groupe verbal s'accordera en conséquence.

  1. groupe sujet minimal, avec nom seul ou déterminant + nom  ex : Anna*,  l'oiseau - mon vélo

  2. enrichi d'un qualificatif, ex : l'oiseau bleu - mon vieux vélo

  3. d'un complément du nom, ex : un ballon de rugby - la table à repasser

  4. ou d'un ensemble, ex : un vieux ballon de rugby en bois* (encourager déjà le décalage interne du groupe)

2.   Le groupe verbal sera conjugué au singulier ou au pluriel, selon le choix précédent.

  1. Le verbe sera un verbe d'action, non pronominal, conjugué à la voix active, au passé ou au futur simple de préférence, plutôt qu'au présent.

  2. Les verbes les plus intéressants sont les verbes transitifs (trouver - manger - regarder) qu'on peut ou qu'on doit faire suivre d'un groupe COD et d'un ou de plusieurs groupes Compléments Circonstanciels  (temps, lieu, manière...). Les verbes intransitifs (dormir,  seront bannis

3.   Le groupe complément

  1. Le COD qui suit le verbe transitif direct est un groupe nominal qui peut être enrichi, comme le groupe nominal sujet, et par conséquent interchangeable :

ex : l'oiseau bleu / construira / la pluie de novembre ou la pluie de novembre / construira / l'oiseau bleu 

  1. Les groupes Compléments Circonstanciels  (temps, lieu, manière, conséquence, cause, but...). Il peut y en avoir plusieurs, à se répartir dans le groupe de travail selon le nombre d'élèves.

ex : l'oiseau bleu / construira / la pluie de novembre /  à Noël / parce qu'il* (elle) a perdu ses clés

* l'accord en genre et en nombre et les corrections se feront collectivemant dans la phrase définitive retenue.

La forme poétique de la création apparaîtra avec le choix des productions (retenir les plus amusantes, les plus originales, les plus étonnantes ...)
On pourra proposer l'association des phrases créées, pour une mise en texte.

  1. Variantes :

  2. 3.Cadavre exquis minimum : Comme l'ont pratiqué les surréalistes, on peut scinder en unités minimum sur le schéma simple GS + V + COD, en séparant le nom de l'adjectif (le cadavre/exquis/ boira/le vin/nouveau)

  3. 4.Le dialogue surréaliste : Pratiqué par les surréalistes, il consiste à construire séparément (deux  intervenants seulement ici) un dialogue question-réponse sur le modèle "Qu'est-ce que .../c'est..." exemple surréaliste : "Qu'est-ce que la volupté de vivre / C'est une bille dans la main d'un écolier"). Au niveau collège ou lycée, un troisième intervenant pourrait ajouter une formule commençant par "puisque ... ex : "Qu'est-ce qu'un arc-en-ciel après la pluie ?/c'est un parking de supermarché désert,/puisqu'on a fermé les fenêtres." (essai Lieucommun). Il faudra certainement intervenir à postériori pour produire des phrases grammaticalement correctes.

  4. 5.On pourra inventer d'autres constructions : "Si les oiseaux ont des ailes/c'est parce qu'il n'y a plus de sable dans le désert". D'autres modèles sont possibles avec même si..., pourtant...etc.

"Cadavre exquis" en arts plastiques



Reprenons la définition d'André Breton : "jeu de papier plié qui consiste à faire composer [une phrase ou] un dessin par plusieurs personnes, sans qu’aucune d’elles puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes"...

<< Cadavre exquis vertical sur le thème de la maison bizarre. On repérera les pliures (expérience du groupe MSA).

 Principe : La feuille, format A2, A3 ou A4 suivant le projet, sera pliée en 3 ou en 4 parties égales. Le thème général est proposé, par exemple, pour rester dans le domaine qui nous intéresse : monstres,  véhicules bizarres, construction étonnantes... On précisera éventuellement s'il s'agit de créer un objet "unique" (exemple ci-contre) ou pluriel, au final. Le sujet pourra être libre. (l'exemple n°1  est une création récente empruntée au site ex-bones.com )


Le pliage sera horizontal si le thème  s'y prête, mais il est  en général vertical. Un personnage bizarre, par exemple, peut associer trois créations différentes : une pour la tête, une pour le "tronc" et les bras (ou ce qui en tient lieu s'il y en a) et une troisième pour les membres inférieurs.

Consignes de réalisation : produire, pour le premier intervenant, un dessin en prolongeant les tracés de manière qu'ils apparaissent un peu au-delà de la pliure, sans dévoiler la réalisation. Le deuxième élève devra utiliser cette arrivée de tracé comme départ pour sa propre production graphique, sans avoir pris connaissance de la précédente. Idem pour les intervenants suivants. Le dernier tient compte simplement du fait qu'il termine l'œuvre collective.


On obtiendra une fois la feuille dépliée une réalisation qui pourra faire l'objet d'un travail de mise en couleurs, surfaces, collages... Le passage d'une partie à l'autre, toujours difficile, pourra aussi  être repris pour la cohérence de l'ensemble, si c'est le but recherché.

NB : Les élèves travaillant sur un même projet seront séparés les uns des autres, pour ne pas avoir à se cacher des regards pendant la réalisation.

  1. Variantes : Le collage de papiers déchirés ou découpés se prête parfaitement à l'exercice (le modèle n°2 est un collage créé par André Breton, Jacqueline Lamba  et Yves Tanguy en 1938) . 

 

<< ci-contre

l’affiche officielle

et le projet en milieu scolaire à Mantes-la-Ville (Yvelines) >>

es textes proposés dans cette page ont déjà été mis en ligne en 2009 sur le blog lieucommun.canalblog.com où ils sont toujours :
PRINT POÈTES 2009 : L'HUMOUR des poètes - lieu commun
pour le PRINTEMPS DES POÈTES 2009, «EN RIRES»
La plupart visent une utilisation par les élèves d’ELEMENTAIRE, mais leur niveau va de la MATERNELLE au LYCÉE. Ce n’est pas indiqué faute de temps.