PRINTEMPS DES POÈTES 2009 - En rires
textes en français et création poétique
MATERNELLE, CYCLE 2, CYCLE 3, COLLÈGE, LYCÉE
PRINTEMPS DES POÈTES 2009 - En rires
textes en français et création poétique
MATERNELLE, CYCLE 2, CYCLE 3, COLLÈGE, LYCÉE
PRINTEMPS DES POÈTES 2009 - L’HUMOUR - textes en français avec suggestions de CRÉATION POÉTIQUE
par auteurs C
les textes accompagnés de fiches de création poétique
sont indiqués par [+ CRÉATION]
et cette vignette signale des exploitations possibles
TEXTES D’AUTEURS C
Maurice Carême : Avez-vous vu ? / Fantaisie / Mon petit chat / L'ogre / Trois escargots / Le hibou / Ce qui est comique [+ CRÉATION] / Deux petits éléphants / L'heure du crime
Blaise Cendrars : Nous ne voulons pas être tristes / Rire / L'oiseau bleu
Anne-Marie Chapouton : Tortue / Quand on est tortue / La pluie / Rêve 4
Jacques Charpentreau : Les beaux métiers / La chevauchée / La clé des champs / La lessive / L'île des rêves [+ CRÉATION] / la réunion de famille [+ CRÉATION] / Le laveur de carreaux [+ CRÉATION] / Le batteur-mixeur / La soupe de la sorcière / Au bois de Panama / Panne d'imagination / Le mille-pattes / La mer s'est retirée [+ CRÉATION] / Suppositions [+ CRÉATION] / JEUX : devinettes / acrostiche / rébus / jeux de mots : le blé - l'épouvantail
Malcolm de Chazal : La vitre / L'eau / L'auto / Les animaux
Andrée Chedid : Le rire / L'anniversaire / Le caillou / La cervelle de papa / Histoire de cou / La fringale / La fourmi et la cigale / L'éponge / La chèvre magique / L'onomatopée
Paul Claudel : La maison du marchand de sable / Cent phrases pour éventails / Courts poèmes japonais
Robert Clausard : La puce / Le petit pou (comptine) / Les petits lapins
Bernard Clavel : Comptine du pacha (comptine) : voir COMPTINES, CHANSONS et PETITS POÈMES DIVERS (page 1)
Jean Cocteau : Odile / L'hôtel
Pierre Coran : Si [+ CRÉATION] / Anagrammes [+ CRÉATION] / La grenouille / Les souris et le chat luthier / Un / Le o et la dactylo / Mon filet à papillons / Le dindon / Six escargots gris / Six-cents couteaux-scies / Le poisson rouge / Le chameau / Tic tac / K.K.O. [+ CRÉATION] / Le poisson doré / Orage / Les moustiques / Le chien de l'informaticien / Fakir bègue
Charles Cros : Le hareng saur / Moi je vis la vie à côté / Gagne-petit / Songe d'été / Morale
Guy-Charles Cros : Les petits lapins (comptine) : voir COMPTINES, CHANSONS et PETITS POÈMES DIVERS (page 1)
- Maurice Carême -
Merci à la Fondation Maurice Carême
À la suite du message reçu signalant de nombreuses erreurs, les textes ont été corrigés dans cette page (*les corrections sont signalées)
Maurice Carême, instituteur belge (1899-1978) est présent dans chaque cahier de poésie des élèves de France et de Navarre (et de Belgique bien sûr), et ses textes se baladent un peu partout sur le blog. Explorez les catégories !
Avez-vous vu ?
Avez-vous vu le dromadaire
Dont les pieds ne touchent pas terre ?
Avez-vous vu le léopard
Qui aime loger dans les gares ?
Avez-vous vu le vieux lion
Qui joue si bien du violon ?
Avez-vous vu le kangourou
Qui chante et n'a jamais le sou ?
Avez-vous vu l'hippopotame
Qui minaude comme une femme ?
Avez-vous vu le perroquet
Lançant très haut son bilboquet ?
Avez-vous vu la poule au pot
Voler en rassemblant ses os?
Mais moi, m'avez-vous bien vu, moi,
Que personne jamais ne croit ?
Maurice Carême
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Fantaisie
L'homme habitait un quart de pomme ;
La femme, un huitième de poire.
Leur vieille cousine Opportune
Vaquait dans une demi-prune.
Il y avait monsieur Léon
Qui débordait d'un gros citron
Et sa soeur, madame Émérence,
Qui emplissait toute une orange.
Quant à moi, chétive fillette,
Je tenais dans une noisette
Et, comme je n'étais pas grosse,
Il arrivait, les jours de fête,
Que je m'y déplace en carrosse.
Maurice Carême
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Mon petit chat
J’ai un petit chat,
Petit comme ça.
Je l’appelle Orange.
Je ne sais pourquoi
Jamais il ne mange
Ni souris ni rat.
C’est un chat étrange
Aimant le nougat
Et le chocolat.
Mais c’est pour cela,
Dit tante Solange,
Qu’il ne grandit pas !
Maurice Carême ("La lanterne magique" - éditions Ouvrières, 1947)
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L’ogre
J’ai mangé un œuf
Deux langues de bœuf
Trois rôtis de mouton
Quatre gros jambons
Cinq rognons de veau
Six couples d’oiseaux
Sept immenses tartes
Huit filets de carpe
Neuf kilos de pain
Et j’ai encore faim
Peut-être ce soir
Vais-je encore devoir
Manger mes deux mains
Pour avoir enfin
Le ventre bien plein.
Maurice Carême ("L'Arlequin" - éditions Fernand Nathan, 1970)
Voir aussi les comptines numériques plus bas.
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Trois escargots
J'ai rencontré trois escargots
Qui s'en allaient cartable au dos
Et dans le pré trois limaçons
Qui disaient par cœur leur leçon.
Puis dans un champ, quatre lézards
Qui écrivaient un long devoir.
Où peut se trouver leur école ?
Au milieu des avoines folles ?
Et leur maître est-il ce corbeau
Que je vois dessiner là-haut
De belles lettres au tableau ?
Maurice Carême
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Un poème pour mémoriser une règle d'orthographe en s'amusant :
Le hibou
Caillou, genou, chou, pou, joujou, bijou,
Répetait sans fin le petit hibou .
Joujou, bijou, pou, chou, caillou, genou
Non, se disait-il, non, ce n' est pas tout.
Il y en a sept pourtant, sept en tout :
Bijou, caillou, pou, genou, chou, joujou.
Ce n' est ni bambou, ni clou, ni filou
Quel est donc le septième ? Et le hibou,
La patte appuyée au creux de sa joue,
Se cachait de honte à l'ombre du houx.
Et il se désolait, si fatigué
Par tous ses* devoirs de jeune écolier
Qu' il oubliait, en regardant le ciel
Entre les branches épaisses du houx**
Que son nom, oui, son propre nom, hibou,
Prenait, lui aussi, un X au pluriel.
Maurice Carême / corrections : "des devoirs" (faute de frappe) remplacé par "ses devoirs - ** dernière strophe détachée
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Ce qui est comique
Savez-vous ce qui est comique ?
Une oie qui joue de la musique,
Un pou qui parle du Mexique,
Un bœuf retournant l'as de pique,
Un clown qui n'est pas dans un cirque,
Un âne chantant tout * un cantique,
Un loir champion olympique.
Mais ce qui est le plus comique,
C'est d'entendre un petit moustique
Répéter son arithmétique.
Maurice Carême / correction : *suppression de "tout"
"Savez-vous ce qui est comique...?"
Imaginer encore (les rimes en ique sont nombreuses), ce qui peut être comique.
Construire d'autres poèmes avec ce qui est amusant (rimes simples encore plus nombreuses) ; ce qui est drôle, et puis toujours avec humour, ce qui est agaçant, énervant, insupportable, étonnant, possible ou impossible, incroyable, inadmissible, etc.
Ici encore on pourrait imaginer un genre de Cadavre exquis (voir André Breton plus haut) en deux étapes pour les vers du poème (dans l'exemple, la séparation est indiquée par / ), en respectant la rime dans la seconde partie du vers (avec les élèves plus grands on peut même décider du nombre de syllabes de chaque partie). On gardera le maximum de productions correctes en réorganisant peut-être le poème et on imaginera collectivement la chute, si chute il y a ("Mais ce qui est le plus agaçant... c'est ...")
ex : Ici, avec "Ce qui est agaçant", on a essayé d'imaginer, sans savoir quel serait le sujet, des situations en rapport avec le thème. Dans la consigne, si on ne décide pas du singulier ou du pluriel (ça laisse plus de champ), on accordera grammaticalement lors de la mise au point, dans chaque doublette de Cadavre exquis ou en grand groupe :
Un kangourou / qui vous fait perdre votre temps
Une tortue / qui ne se lave pas les dents
Une fleur fanée / qui prend son bain en chantant ...
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Deux petits éléphants
C’était deux éléphants
Deux petits éléphants tout blancs.
Lorsqu’ils mangeaient de la tomate
Ils devenaient tout écarlates.
Dégustaient-ils un peu d’oseille,
On les retrouvait vert bouteille.
Suçaient-ils une mirabelle,
Ils passaient au jaune de miel.
On leur donnait alors du lait,
Ils redevenaient d’un blanc frais*.
Mais on les gava, près d’Angkor,
Pour le mariage d’un raja,
D’un grand** sachet de poudre d’or.
Et ils brillèrent, ce jour-là,
D’un tel éclat que plus jamais,
Même en buvant des seaux de lait,***
Ils ne redevinrent tout blancs,
Ces jolis petits éléphants.
Maurice Carême ("Pomme de reinette" - Fondation Maurice Carême, 1962) / corrections : * ce vers remplace le vers erroné : "ils devenaient d'un blanc tout frais" ** le mot "grand" avait été oublié - *** il faut une virgule en fin de vers.
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L'heure du crime
Minuit. Voici l'heure du crime.
Sortant d'une chambre voisine,
Un homme surgit dans le noir.
Il ôte ses souliers,
S'approche de l'armoire
Sur la pointe des pieds
Et saisit un couteau
Dont l'acier luit, bien aiguisé.
Puis, masquant ses yeux de fouine
Avec un pan de son manteau,
Il pénètre dans la cuisine
Et, d'un seul coup, comme un bourreau
Avant que ne crie la victime,
Ouvre le cœur d'un artichaut.
Maurice Carême ("Au clair de la lune" - éditions Hachette, Le Livre de Poche jeunesse, 2003)
- Blaise Cendrars -
Blaise Cendrars (1887-1961), poète suisse, puis français, "fut le poète de la Fête et de l'Aventure" (JP Rosnay).
Nous ne voulons pas être tristes
Nous ne voulons pas être tristes
C'est trop facile
C'est trop bête
C'est trop commode
On en a trop souvent l'occasion
C'est pas malin
Tout le monde est triste
Nous ne voulons plus être tristes.
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Rire
Je ris
Je ris
Nous rions
Plus rien ne compte
Sauf ce rire que nous aimons
Il faut savoir être bête et content.
Blaise Cendrars ("Sud-américaines", 1924 et "Poésies complètes" - Denoël, 2001)
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L’oiseau bleu
Mon oiseau bleu a le ventre tout bleu
Sa tête est d’un vert mordoré
Il a une tache noire sous la gorge
Ses ailes sont bleues avec des touffes de petites plumes jaune doré
Au bout de la queue il y a des traces de vermillon
Son dos est zébré de noir et de vert
Il a le bec noir, les pattes incarnat et deux petits yeux de jais
Il adore faire trempette, se nourrit de bananes et pousse un cri
Qui ressemble au sifflement d’un petit jet de vapeur
On le nomme le septicolore.
Blaise Cendrars (première parution dans le recueil "Feuilles de route", Au Sans Pareil, 1924 / puis aux éditions Denoël, 1970 / et ce poème constitue le texte de "L'oiseau bleu" - Rue du Monde, collection "Petits Géants", 2001, illustrations de Nathalie Novi - voir image ci-dessus)
- Anne-Marie Chapouton -
Anne-Marie Chapouton (1939-2000) est une auteure de poésies, de contes, d'ouvrages pédagogiques et de romans pour les enfants et la jeunesse ("Poèmes petits", "1, 2, 3, comptines à compter", "La vache Amélie", " Méthode de lecture CP-CE1", etc).
Deux poèmes dans deux recueils différents d'Anne-marie Chapouton, pour le même animal, la tortue :
Tortue (sans titre, ce titre est proposé par le blog)
Tortue, je t'observe.
Tu restes tapie
sous ta carapace,
puis, timidement,
tu sors ta tête.
Et tu attends
que les fruits mûrs
tombent tranquillement
sous l'arbre fruitier.
Tu es gourmande !
Le sais-tu, tortue ?
Anne-Marie Chapouton (Mon ABC en comptines - Père Castor - Flammarion, 1999)
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Quand on est tortue
Quand on est tortue,
On peut rentrer la tête
Sous sa carapace
Quand vient la pluie.
Alors on peut rêver
À l'abri,
Et repartir
À petits pas
Jusqu'à l'herbe prochaine
Qu'on atteindra
Ce soir...
Demain...
Ou même un peu plus tard...
Pas de problème
De retard !
Quand on est tortue,
On a toujours le temps
De vivre lentement !
Anne-Marie Chapouton ("Comptines pour les enfants bavards" - Père Castor, Flammarion)
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La pluie
Gouttelette
rondelette
tombée
sur mon nez
piquelette
sur ma tête
voici mon amie
la pluie
chansonnette
doucelette
trottinant
chante la pluie
dans le vent.
Anne Marie Chapouton
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Rêve 4 (c'est sous ce titre qu'il apparaît dans le recueil, il y a 3 autres poèmes-rêves qui précèdent)
J'ai vu
trois châteaux
se promenant
lalaire
se promenant
dans les airs
puis je n'ai
plus rien vu
lalaire
plus rien vu
car ils étaient
redescendus
Anne-Marie Chapouton ("Poèmes petits" - Delagrave, 1999)
- Jacques Charpentreau -
Jacques Charpentreau (né en 1928), est un poète français. Il est l'auteur d'anthologies, aux éditions Ouvrières, qui ont fait connaître beaucoup de poètes pour la jeunesse, et il a publié de nombreux recueils. Quelques-unes de ses poésies sont présentes sur le blog.
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Dans son recueil "Poèmes pour peigner la girafe", Jacques Charpentreau présente avec fantaisie et humour des poèmes à base d'expressions communes. Il y en a 20 en tout dans ce beau livre grand format illustré par Florence Koenig. En voici quelques uns.
Les beaux métiers (expression : peigner la girafe)
Certains veulent être marins,
D'autres ramasseurs de bruyère,
Explorateurs de souterrains,
Perceurs de trous dans le gruyère,
Cosmonautes, ou, pourquoi pas,
Goûteurs de tartes à la crème,
De chocolat et de babas :
Les beaux métiers sont ceux qu'on aime.
L'un veut nourrir un petit faon,
Apprendre aux singes l'orthographe,
Un autre bercer l'éléphant...
Moi, je veux peigner la girafe !
Jacques Charpentreau ("Poèmes pour peigner la girafe" - Éditions Gautier-Languereau, 1996)
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La chevauchée (expression : monter sur ses grands chevaux)
Certains, quand ils sont en colère,
Crient, trépignent, cassent des verres...
Moi, je n'ai pas tous ces défauts :
Je monte sur mes grands chevaux.
Et je galope, et je voltige,
Bride abattue, jusqu'au vertige
Des étincelles sous leurs fers,
Mes chevaux vont un train d'enfer.
Je parcours ainsi l'univers,
Monts, forêts, campagnes, déserts...
Quand mes chevaux sont fatigués,
Je rentre à l'écurie calmé.
Jacques Charpentreau ("Poèmes pour peigner la girafe" - Éditions Gautier-Languereau, 1996)
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La clé des champs (expression : prendre la clé des champs)
On a perdu la clé des champs!
Les arbres, libres, se promènent,
Le chêne marche en trébuchant,
Le sapin boit à la fontaine.
Les buissons jouent à chat perché,
Les vaches dans les airs s'envolent,
La rivière monte au clocher
Et les collines cabriolent.
J'ai retrouvé la clé des champs
Volée par la pie qui jacasse.
Et ce soir au soleil couchant
J'aurai tout remis à sa place.
Jacques Charpentreau ("Poèmes pour peigner la girafe" - Éditions Gautier-Languereau, 1996)
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La lessive (expression : laver son linge sale en famille)
Chaque semaine, mes parents,
Cinq tantes, dix oncles, vingt nièces,
Cent cousins, des petits, des grands,
Se pressent dans la même pièce.
Dans la machine, ils introduisent
Mille corsages et chemises,
Cent mille slips et pyjamas,
Un million de paires de draps.
Nylon, dentelles ou guenilles,
Chaque semaine nous avons
Cette habitude : nous lavons
Notre linge sale en famille.
Jacques Charpentreau ("Poèmes pour peigner la girafe" - Éditions Gautier-Languereau, 1996)
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L'île des rêves (expression : nager dans ses vêtements)
Il a mis le veston du père,
Les chaussures de la maman
Et le pantalon du grand frère
Il nage dans ses vêtements.
Il nage, il nage à perdre haleine.
Il croise des poissons volants,
Des thons, des dauphins, des baleines...
Que de monde, dans l'océan!
Écume blanche et coquillages,
Il nage depuis si longtemps
Qu'il aborde enfin au rivage
Du pays des rêves d'enfants.
Jacques Charpentreau ("Poèmes pour peigner la girafe" - Éditions Gautier-Languereau, 1996)
Avec les expressions populaires :
On cherchera toutes les expressions populaires imagées possibles (dictionnaires, recueils). À l'exemple de Jacques Charpentreau, mais sans livrer aux élèves tout l'éventail poétique (le livre sera intéressant à présenter après coup), on construira une poésie, racontant une petite histoire si possible tordue.
Expressions imagées : rire sous cape, manger au lance-pierres, sauter un repas, dévorer un livre, dormir debout, le silence est d'or (la parole est d'argent, mais...), tomber des nues ...
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La réunion de famille
Ma tante Agathe
Vient des Carpates
À quatre pattes
Mon oncle André
Vient de Niamey
À cloche-pied
Mon frère Tchou
Vient de Moscou
Sur les genoux
Ma sœur Loulou
Vient de Padoue
À pas de loup
Grand-mère Ursule
Vient d’Ashtabule
Sur les rotules
Grand-père Armand
Vient de Ceylan
En sautillant
Ma nièce Ada
Vient de Java
À petits pas
Mon neveu Jean
Vient d’Abidjan
Clopin-clopant
Oncle Firmin
Vient de Pékin
Sur les deux mains
Mais tante Henriette
Vient à la fête
En bicyclette
Jacques Charpentreau (dans son anthologie "La nouvelle Guirlande de Julie"- éditions Ouvrières,1976)
Avec les prénoms:
En s'inspirant du poème ci-dessus, associer les prénoms de la classe à des noms de lieux (villes, pays) connus des élèves, à diverses activités ou occupations, ou encore comme dans l'exemple 3, imaginer un texte sur un thème (cadeaux, collections ...)
Exemple 1 :
Mes projets de voyage
Je partirai au Sahara sur mon chameau* avec Emma
Je visiterai l'Australie en kangourou avec Lucie,
etc.
* D'accord, il n'y a pas de chameaux mais des dromadaires au Sahara, mais bon, pour une fois ...
Exemple 2 :
Le métier de mes amis
Dimitri découpe les confettis
Mariam tricote des bananes
etc.
Exemple 3 :
Le Père Noël bizarre
(bien entendu, c'est lui qui raconte)
J'ai cueilli des radis pour Annie
des rideaux et des radeaux pour Anna
J'ai trouvé un pantin persan pour Marie
un tapis percé pour Myriam.
J'ai acheté un lapin de Noël pour Ali
un sapin de soleil pour Célia
J'ai cherché les étoiles pour des prunes
mais j'ai décroché la lune
pour toi ...
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Le laveur de carreaux
Suspendu comme une araignée
Au bout de son fil argenté
Le laveur de carreaux descend
Du haut de la tour. En passant,
Il dit bonjour aux habitants :
30 Le monsieur du trentième étage
Qui ne mange que du fromage.
29 Celui de l’étage au-dessous
Qui n'aime que la soupe aux choux.
28 Les gens qui viennent de Pluton
Et marchent les pieds au plafond
27 Le baryton de l’opéra
Qui se fait des oeufs sur le plat.
26 Ceux qui ont semé du gazon
Pour rendre plus gai leur béton.
25 Ceux qui élèvent des lapins
Sur l’herbe d’un salon de jardin.
24 Ceux qui ont mis dans leur baignoire
Un bébé phoque blanc et noir.
23 Le chat qui vit seul, noir et blanc,
(Il a dû louer l’appartement).
22 Le vieil Auvergnat à moustaches
Qui che regarde dans la glache.
21 Le militaire en permission
Qui compte ses décorations.
20 La foule du vingtième étage
C'est la réception d'un mariage.
19 La receveuse de la poste
Qui ne grignote que des toasts.
18 L’académicien nostalgique
Qui s'amuse au train électrique.
17 L'élève de Napoléon
Qui range ses soldats de plomb.
16 Le collectionneur de timbales
Qui joue du violon à pédales.
15 Un abbé qui fait du trapèze
Sur un bâton entre deux chaises.
14 L’amateur de scie musicale
Qui coupe l’Internationale
13 Le passionné d’exploration
Qui chasse le tigre au salon
12 Deux bustes de marbre au nez grec
Qui contemplent un jeu d’échecs.
11Un athlète en maillot de corps
Qui s'est allongé et qui dort .
10 La dame du dixième étage
Qui garde un sapajou en cage.
9 Plus bas une belle famille
Les parents et quatorze filles.
8 Des campeurs chantant à mi-voix
En rond autour d’un feu de bois
7 Un grand polytechnicien morne
Qui ne porte que son bicorne.
6 Un peu plus bas un éléphant
Prisonnier dans l’appartement.
5 Un couple se bat au cinquième
À coup de tartes à la crème.
4 La petite fille aux yeux bleus
Qui a les yeux verts quand il pleut.
3 La jeune fille du piano,
Qui se tricote un allegro.
2 La dentiste qui vient d’extraire
Une redoutable molaire.
1 Le petit garçon du premier
Qui fourre ses doigts dans son nez.
0 Tout est vide au rez-de-chaussée
La concierge est dans l’escalier.
On voit les secrets de la ville
Quand on descend au bout d’un fil.
Jacques Charpentreau ("La ville enchantée" - éditions de l'École, 1976)
Poèmes à la manière de "Le Laveur de carreaux"
La structure répétitive de ce texte découpé en paires de vers rimés suscite des expériences intéressantes. Par exemple ici :
http://alain.digiovanni.free.fr/print1.htm
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Le batteur-mixeur
Mixe mixe rage
pour faire du fromage
Mixe mixe à l'aise
pour la mayonnaise
Mixe mixe au net
pour la vinaigrette
Mixe mixe reine
pour faire de la crème
Mixe mixe tout
pour la pâte à choux
Mais pour faire une omelette
je la bats à la fourchette.
Jacques Charpentreau ("La ville enchantée" - éditions de l'École, 1976) - Ce texte, récité, existe aussi en livret-CD ("Poèmes de la ville enchantée Vol 1" - Benjamins Media, 2000) avec d'autres poèmes de l'auteur.
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La soupe de la sorcière
Dans son chaudron la sorcière
Avait mis quatre vipères
Quatre crapauds pustuleux
Quatre poils de barbe-bleue
Quatre rats, quatre souris
Quatre cruches d’eau croupies
Pour donner un peu de goût
Elle ajouta quatre clous
Sur le feu pendant quatre heures
Ça chauffait dans la vapeur
Elle tourne sa tambouille
Et touille et touille et ratatouille
Quand on put passer à table
Hélas c’était immangeable
La sorcière par malheur
Avait oublié le beurre
Jacques Charpentreau
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Une poésie-comptine avec les notes de la gamme (voir aussi plus haut les COMPTINES)
Au bois de Panama
Chaque jour à midi,
do, ré, mi,
Au bois de Panama
ré, mi, fa,
En sortant de l'école,
mi, fa, sol,
Sur un grand acacia,
fa, sol, la,
Sans cesse et sans souci,
sol, la, si,
Chante un petit oiseau,
do, ré, mi, fa, sol, la, si, do !
Jacques Charpentreau ("Poésie en jeu" - éditions Ouvrières, 1981)
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Panne d'imagination
Que voulez-vous que je vous dise ?
Moi, je ne sais pas inventer.
Je vous propose, sans surprise,
Quelques vieilles banalités:
L'arbre à chansons qui chaque été
Fredonne pour vous dans la brise,
L'auto à vent, l'avion à thé,
Le stylo spécial pour dictées
Qui sait écrire sans sottises
(Ou cent sottises entêtées),
Le sèche-océan breveté
Pour vous baigner à votre guise
(L'eau sèche est bonne à la santé),
La chaise en noyaux de cerises,
La Tour Eiffel à tricoter,
Le chauffage de la banquise,
Le prie-dieu pour Mont-de-Piété,
Un manège à chevaux de frise,
Du beurre à l'électricité,
Le soleil couchant en chemise,
La bicyclette à barboter,
Un diplôme de gourmandise,
Le cordonnier du Chat botté,
La bouée chantante de Venise...
Moi, je ne sais pas inventer.
Que voulez-vous que je vous dise ?
Moi, je ne sais pas raconter,
Au lieu d'écrire des sottises,
Je dis ce que j'ai constaté,
Car il suffit de regarder:
Le kangourou prend sa valise,
Sa pipe, sa corde à sauter,
Il part pour l'Université
Apprendre à parler le kirghize,
Ca peut servir en société
Autant qu'un bon piano-forte.
Il rencontre près de l'église
Une puce bien cravatée
Qui lui déclare : Je t'avise
Que je bondis, en vérité,
Plus haut que toi et ta valise.
Quand le kangourou, irrité,
Sauta comme un furieux en crise,
La puce, avec vivacité
Sur son bout de nez s'étant mise,
N'eut pas de mal à ressauter
Plus haut que lui. Quelle suprise !
Mais vois, vous l'aviez deviné,
Que voulez-vous que je vous dise ?
Moi, je ne sais pas inventer.
Jacques Charpentreau (autre anthologie : "La poésie comme elle s'écrit" - éditions Ouvrières, 1979)
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Le mille-pattes
Chez le plus grand chausseur se fournit le mille-pattes,
Un excellent client : cinq cent paires de souliers,
Des blancs, des bleus, des noirs, des chaussures disparates.
Hélas il n'a pas pu en trouver pour tous ses pieds,
Car il restait quatre cent quatre-ving-dix-neuf paires.
En allant chez sa belle, il pleure et se désespère,
Le mille-pattes qui boite, boite, boite, boite ...
Jacques Charpentreau ("La poésie dans tous ses états" - éditions Ouvrières, 1984)
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La mer s'est retirée
La mer s’est retirée,
Qui la ramènera ?
La mer s’est démontée,
Qui l’a remontera ?
La mer s’est emportée,
Qui la rapportera ?
La mer est déchaînée,
Qui la rattachera ?
Un enfant qui joue sur la plage
Avec un collier de coquillages.
Jacques Charpentreau (encore une anthologie : "Poèmes d'aujourd'hui pour les enfants de maintenant" - éditions Ouvrières, 1958)
À la manière de "La mer s'est retirée, qui..." :
Des productions d'élèves ici à partir de ce poème et d'autres poèmes (copier-coller l'adresse):
http://www.ac-nancy-metz.fr/petitspoetes/HTML/SALLESDEJEUX/JEUALAMA.html
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Suppositions
Si la Tour Eiffel montait
Moins haut le bout de son nez,
Si l'Arc de Triomphe était
Un peu moins lourd à porter,
Si l'Opéra se pliait,
Si la Seine se roulait,
Si les ponts se dégonflaient,
Si tous les gens se tassaient
Un peu plus dans le métro,
Si l'on retirait des rues
Les guéridons des bistrots,
Les obèses, les ventrus,
Les porteurs de grands chapeaux,
Si l'on ôtait les autos,
Si l'on rasait les barbus,
Si l'on comptait les kilos
À deux cents grammes pas plus,
Si Montmartre se tassait,
Si les trop gros maigrissaient,
Si les tours rapetissaient,
Si le Louvre s'envolait,
Si l'on rentrait les oreilles,
Avec des SI on mettrait
Paris dans une bouteille.
Jacques Charpentreau ("Mots et merveilles" - Éditions SGPP, 1981)
À la manière de "Si la Tour Eiffel..." :
Beaucoup d'autres poèmes sont construits sur ce modèle, voir le sommaire. Des exemples de création poétique à partir de ce texte ici, dans une classe de 5e (fichier pdf, copier-coller l'adresse) :
http://www.ac-nice.fr/college-dufy/file/DOC_FORMULAIRES/Printemps_poetes_08.pdf
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Dans son recueil "POÉSIE EN JEU", Jacques Charpentreau propose différents types de textes poétiques. On trouvera déjà plus haut dans cette catégorie, au paragrahe "JEUX", d'autres amusements littéraires et poétiques de divers auteurs.
- Devinettes - (réponses en lecture inversée)
Devinette 1
J'ai des dents, mais ne mange rien
J'ai dos, manche, et n'ai pas d'habit.
Je tiens, je pique, je conduis,
En bas, en haut, je vais, je viens.
Qui suis-je ?
réponse (ettehcruof al)
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Devinette 2
Je passe
J'efface
La trace
Je recrée
L'espace
Qui suis-je ?
réponse (emmog al)
Jacques Charpentreau ("Poésie en jeu" - éditions Ouvrières, 1981)
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- Acrostiche -
Prénom
Je viens de perdre mon prénom
Au bord d'une page nouvelle,
Ce plaisantin, ce vagabond
Qui se sauve quand je l'appelle.
Un lecteur peut-il le chercher
Et me dire où il s'est caché ?
Saurez-vous me le retrouver ?
Jacques Charpentreau ("Poésie en jeu" - éditions Ouvrières, 1981)
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- Jeux de mots -
Le blé
Au plus fort de l'été,
Dans la chaleur de midi,
J'épie,
Disait le blé.
Le fermier
L'estima
Coupable.
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L'épouvantail
L'épouvantail
Se levant tôt
Met son chandail
Dans les champs d'aulx*.
* Un ail > des aulx
Jacques Charpentreau ("Poésie en jeu" - éditions Ouvrières, 1981)
- Malcolm de Chazal -
Malcolm de Chazal (1902-1981), écrivain, essayiste, poète surréaliste et peintre, a vécu sur l'Île Maurice où il est né.
Les poèmes en forme d'aphorismes du recueil "Sens magique", sont de courts textes imagés et surréalistes. En voici un aperçu :
La vitre (titre proposé)
La vitre
Ne sait
Par
Quel côté
Se regarder
Pour se reconnaître.
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L'eau (titre proposé)
L'eau dit à la vague :
"Tu me bois.
-Comment le pourrais-je ?
Reprit la vague,
Je suis ta bouche."
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L'auto (titre proposé)
L'auto
N'atteindra
Jamais
La vitesse
de la route.
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Les animaux (titre proposé)
Tous les animaux
Sourient
Quand
Ils boivent.
Malcolm de Chazal ("Sens magique" 1957 - dans Oeuvres, tome 14, éditions Léo Scheer, 2004)
- Andrée Chedid -
Andrée Chedid ( pas d'accent sur le "e"") est une poétesse française aux racines multiples.
Née en 1920 en Égypte (Le Caire) de parents libanais, elle vit au Liban de 1942 à 1946 puis vient s'installer en France (où elle avait séjourné enfant) et adopte la nationalité française.
Auteure de nombreux romans, récits, pièces de théâtre, recueils de poésies, ainsi que des contes et comptines pour les enfants, elle écrit aussi des textes de chansons pour son petit-fils Matthieu Chedid ("M"), le fils de Louis Chedid.
Le rire
Le rire
Pour rire
Quitta les hommes
Ce fut navrant
Fallait voir comme
Mais le rire
Bonhomme
Regagna son "home"
Riant riant
De voir comment
Un homme sans rire
N'est plus un homme
Andrée Chedid ("Le Cœur et le temps" - éditions de l'École des Loisirs, 1976) - et sur le site du Printemps des Poètes
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L’anniversaire
J’ai neuf ans
Salut les vétérans !
J’aime l’élan
Mais pas les caïmans
J’ai neuf ans
Salut les descendants !
J’aime Laurent
Un peu plus que maman
Andrée Chedid
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Le caillou
Le caillou
Passe-partout
Sans froufrou
Sans bagout
Est jaloux, très jaloux
De Nicéphore, le Pou
Ce casse-cou
Vent-debout
Qui court le guilledou !
Andrée Chedid ("Le Cœur et le temps" - éditions de l'École des Loisirs, 1976)
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La cervelle de papa
La sardine a des arêtes,
Papa n'en a pas !
Papa, lui, a un squelette,
Que la sardine n'a pas !
La machine a des ailes,
Papa n'en a pas !
Papa, lui, a de la cervelle,
Il dit que la machine, pas !
Andrée Chedid ("Fêtes et lubies" - éditions Guy Levis et l'École des Loisirs, chanterimes, 1979)
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Histoire de cou
Un jour, le kangourou
Se fit gourou
Pour se monter le cou
Et la girafe
Dut faire gaffe
De peur de tomber
En carafe !
Andrée Chedid
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La fringale
Holà ! Holà !
Tous, garez-vous !
Les durs les doux
Les secs les mous
Holà ! Holà !
Je donne le signal :
Voilà que Dame Noix
A sa FRINGALE !
Les petits gâteaux
Font le gros dos
Les Cochonailles
De peur, défaillent
Les Confitures
Se claquemurent
Tous les Anchois
Sont aux abois
Mais rien rien Rien
Ne résistera
À la FRINGALE
De Dame Noix !
Andrée Chedid ("Le Cœur et le temps" - éditions de l'École des Loisirs, 1976)
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La fourmi et la cigale
"Fini, fini !"
Dit la fourmi.
"Au diable la parcimonie ! Dès aujourd’hui
Je convie
Toutes cigales affranchies
A me chanter leurs mélodies,
Et nous fêterons, en compagnie,
La vie qui bouge,
La vie qui fuit !"
"Holà, holà !"
Fit la cigale
Poussant un cri très vertical.
"Pour moi, adieu le carnaval !
L’hiver, l’hiver m’a tant appris,
Et le souci tant rétrécie,
Que j’ai rangé toutes mes rêveries
Pour m’établir
En Bourgeoisie !"
Andrée Chedid
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L'éponge
Une éponge
Songe
Songe
Songe aux songes
D'une éponge
Qui songe
Andrée Chedid ("Fêtes et lubies" - éditions Guy Levis et l'École des Loisirs, chanterimes, 1979)
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La chèvre magique
La chèvre magique
A des tiques
Dans l'oreille gauche
Dans l'oreille droite
Et tic et tac
Et gratte et gratte
La chèvre magique
Se détraque
Andrée Chedid
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L'onomatopée
Lolo, nono,
Mama, topée !
C'est pas possible
A prononcer !
Glou-glou, tic-tac
Do-do, pé-pé,
Tout ça
C''est de l'O
NOMATOPÉE !
Lolo, nono
Mama, topée !
Un mot
A vous rendre toqué !
Cui-cui, chut-chut
Boum-Boum, yé-yé
Voilà des O
NOMATOPÉE ! *
Lolo, nono
Mama, topée!
Pourquoi vouloir
Tout compliquer !
Andrée Chedid [* écrit sans S]
- Paul Claudel -
Paul Claudel (1868-1955) est connu pour ses pièces de théâtre ("Le soulier de satin") et son oeuvre poétique, marquée par sa foi catholique. Il a été aussi diplomate.
On trouvera ci-dessous quelques textes moins attendus.
La maison du marchand de sable (extrait)
Petit bout, le monde est parti.
On a roulé les tapis.
Moi aussi, parti, hélas !
Mais je sais ce qui se passe.
J'ai dans l'oreille un cricri
Qui me conte ce qu'on lui dit.
J'ai vendu au marchand de sable
Ce château considérable.
On a fermé les volets.
Entrez, Madame ! s'il vous plaît !
Entrez, Madame la souris !
Serviteur, Monsieur le rat gris !
Grigna grigno grigna gris !
Il fait bon, il fait noir et gris.
Personne pour nous déranger.
Allons voir le garde-manger.
On m'a parlé d'une tartine
Là-dedans qui se ratatine.
La lune coule un oeil d'or
À travers le corridor.
Il y a un bonhomme gris
Qui taquine le rat gris.
[...]
Dans sa boutique l'araignée
Tourne son moulin à café.
Quelqu'un tire la sonnette.
Bonjour donc, Mam'zelle Annette !
Ma robe est trouée par derrière.
C'est-i vous la couturière ?
Si vous me la raccomodez,
Aussitôt je vous paierai,
Je vous réglerai la note
Avec une petite crotte.
[...]
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Paul Claudel a été en poste d'ambassadeur au Japon de 1921 à 1927. Les courts poèmes qui suivent s'apparentent à des haïkus ou des tankas japonais. Certains se retrouvent dans le recueil Dodoitzu et l’escargot alpiniste (Gallimard, 1945), réédité en 2005 sous ce même titre dans la collection Enfance en Poésie (Gallimard).
Ceux-ci ont été empruntés à l'adresse (fichier PDF) : http://dspace.wul.waseda.ac.jp/dspace/bitstream/2065/493/11/Honbun-3749-09.pdf
Obscurité
Votre voix, je l’entends bien ; mais
Votre silhouette, je ne la vois :
Vous êtes comme dans un trou
Le grillon !
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Coucou
On vous entend bien
Vous voir pas moyen
Ainsi dans son trou
Le grillon
Coucou !
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Ma figure dans le puits
Pas moyen que je me l’ôte
Ma figure dans le puits
Pas moyen que je me l’ôte
Et que j’en mette une autre
Et si l’on me trouve jolie
Tant pis ! c’est pas ma faute !
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Ténacité
Escargot,
Tout doux, tout doux, va, monte
Le Fuji !
L’escargot alpiniste
L’escargot à l’escalade
Sac au dos s’est mis en campagne
L’escargot à l’escalade
Va digérer la montagne !
Paul Claudel ("Dodoitzu et l’escargot alpiniste", 1945 et Enfance en Poésie - Gallimard, 2005)
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Cent phrases pour éventails
"Qui m'aurait permis de résister à la tentation, là-bas partout ambiante, de la calligraphie ?"
La dernière version originale en 1927 de cette oeuvre de Paul Claudel (avant la réédition en 1942 et celle de 1996 en Poésie-Gallimard) est composée de "trois accordéons de papier, qu'on feuillette de droite à gauche, réunis dans un emboîtage. Elle reproduit cent soixante-douze phrases manuscrites, et des idéogrammes calligraphiés par Ikuma Arishima, et porte pour la première fois le titre de "Cent phrases pour éventails". Deux poèmes (sans titre), haïkus au sens large (voir la catégorie du blog consacrée aux haîkus), choisis pour l'image :
Accroupi
près
du
bocal
Monsieur le Chat
les yeux à demi fermés
dit :
Je n’aime pas
le poisson
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Dans
la lune
morte
Il y a
un lapin
vivant !
Paul Claudel ("Cent phrases pour éventails", Gallimard 1942 et Poésie- Gallimard, 1996)
Poème court
Voir la catégorie haïkus
- Robert Clausard -
Robert Clausard est un poète contemporain.
Recueils : Poèmes de la marguerite et du bouton d'or (Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1973) ; Lisière de nuages (Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1978) ; Les Berceuses de la marmotte (Éditions de l'OCDL,1979).
La puce
Une puce prit le chien
pour aller de la ville
au hameau voisin.
À la station du marronnier
elle descendit
"Vos papiers !" dit l'âne
coiffé d'un képi.
"Je n'en ai pas
.
- Alors que faites-vous ici ?
- Je suis infirmière
et je fais des piqûres
à domicile."
Robert Clausard
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Le petit pou (Comptine)
Assis
sur le genou
d’un hibou
le petit pou
cherchant son joujou
jette le bijou
comme un caillou
dans le chou.
Robert Clausard
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Les petits lapins
Quatre petits lapins couraient
Trois petits lapins sautaient
Deux petits lapins dansaient
Un petit lapin chantait:
Quatre carottes pour mon grand-père
Trois carottes pour ma grand-mère
Deux carottes pour mon grand frère
Une carotte pour Roudoudou
Je la croque d'un seul coup
Robert Clausard ("Poèmes de la marguerite et du bouton d'or" - Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1973)
- Jean Cocteau -
Jean Cocteau (1889-1963) auteur de théâtre, poète et cinéaste français, était aussi sculpteur, céramiste, peintre, dessinateur...
Le théâtre lui doit en particulier La Machine infernale, Les Parents terribles, Antigone.
image : livre "Choix de poèmes" - Gallimard, Folio junior poésie, 2004)
Les deux textes présentés ici ne sont certainement pas représentatifs de l'oeuvre poétique de jean Cocteau, à découvrir. Ils sont une illustration du travail sur la phonétique et les jeux de mots dont on peut sinon s'inspirer, du moins s'amuser comme lui un peu.
Odile
Odile rêve au bord de l'île,
Lorsqu'un crocodile surgit;
Odile a peur du crocodile
Et, lui évitant un "ci-gît",
Le crocodile croque Odile.
Caï raconte ce roman,
Mais, sans doute, Caï l'invente
Odile alors serait vivante
Et, dans ce cas-là, Caï ment.
Un autre ami d'Odile, Alligue
Pour faire croire à cette mort
Se démène, paye et intrigue
D'aucuns disent qu'Alligue à tort.
Jean Cocteau ("Le Potomak", 1919, 1924 et réédition Passage du Marais, 1999)
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L'hôtel
La mer veille. Le coq dort.
La rue meurt de la mer. Île faite en corps noirs.
Fenêtres sur la rue meurent de jalousies.
La chambre avec balcon sans volets sur la mer
Voit les fenêtres sur la mer,
Voile et feux naître sur la mer,
Le bal qu'on donne sur la mer.
Le balcon donne sur la mer.
La chambre avec balcon s'envolait sur la mer.
Dans la rue les rats de boue meurent
(le 14 que j'eus y est);
Sur la mer les rameurs debout.
La fenêtre devant hait celles des rues ;
Sel de vent, aisselle des rues,
Aux bals du quatorze Juillet.
Jean Cocteau ("Opéra" dans "Oeuvres Poétiques 1925-1927 - Édition Stock 1927)
- Pierre Coran -
Pierre Coran, auteur belge de langue française, est né en 1934. Instituteur, poète et romancier pour la jeunesse, la liste de ses écrits est longue.
Quelques titres :
Comptines en Mots d'Ici et d'Ailleurs (éditions Casterman, collection Direlire, à paraître). Autour de 6 € le livre.
<< Comptines pour ne pas zozoter, avec Gabriel Lefebvre (éditions Casterman, collection Direlire, 1993).
Pierre Coran a publié de nombreux recueils de comptines et de jeux de langage aux éditions Casterman dans la même collection Direlire : Comptines pour jongler avec les rimes (2007), Comptines pour délier les langues à noeuds (2007), Comptines pour garder la cadence (1993), Comptines pour ne pas bredouiller (1993), Comptines pour nasiller comme un canard (1993),etc.
À parcourir aussi : Jaffabules ( Hachette Jeunesse, 1983) et Comptines et poèmes pour jouer avec la langue >> (avec Irène Coran, et Anne Letuffe, illustratrice - éditions Casterman, Les Grands livres, 2005). Ce beau livre est vendu 16 €.
Des textes sont présents sur ce blog : Paris blanc, Le chameau (poésies cycle 2), Le poisson rouge (poésies par thème : l'école, p 3).
Le poème qui suit est à rapprocher de ceux de Claude Roy (Avec des si...) et de Jean-Luc Moreau (Si).
Si
Si les mille-pattes
Chaussaient des savates,
Si les girouettes
Portaient des lunettes,
Si les gelinottes
Mettaient des culottes,
Si les escargots
Se grattaient le dos,
Si les écrevisses
Avaient la jaunisse
Si tante Héloïse
Perdait sa chemise,
Si d’une patate
Sortait un zébu,
Toi que rien n’épate,
T’épaterais-tu ?
Pierre Coran ("Jaffabules" - Collection Hachette Jeunesse, 1983)
En imitation de ce texte
voyez des productions d'élèves en CP-CE1 (copier-coller les liens) : http://educ73.ac-grenoble.fr/nectar/nectar_enseignant/docs_pedas/bcu82_textes_enfants/index.php
et ici en collège : http://209.85.135.104/search?q=cache:nfpmcYQnCzIJ:www.seneffe.be/theme_commune/enseignement/e-com-petit-roeulx/archives-du-journal/2004-2005/correspondance-et-poesie/
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Anagrammes
Par le jeu des anagrammes,
Sans une lettre de trop,
Tu découvres le sésame
Des mots qui font d‘autres mots.
Me croiras-tu si je m‘écrie
Que toute neige a du génie ?
Vas-tu prétendre que je triche
Si je change ton chien en niche ?
Me traiteras-tu de vantard
Si une harpe devient phare ?
Tout est permis en poésie.
Grâce aux mots, l‘image est magie.
Pierre Coran ("L‘écharpe d‘Iris" - titre en recherche de références)
Anagrammes
La recherche d'anagrammes permet de collecter une grande quantité de couples de mots. La difficulté principale, pour les élèves est de construire une phrase, amusante pour le thème, avec ces associations.
niche > chien semble par exemple un couple trop familier, mais ...
Pour finalement, créer un texte imité du poème de Pierre Coran, on peut imaginer une histoire commune à quelques-uns des anagrammes formés.
•En cas de panne dans la recherche, vous trouverez ici un générateur d'anagrammes (copier-coller le lien) :
Un "petit dico" : http://www.barbery.net/anagram/index.htm ou un "gros dico" pour davantage de résultats : http://www.barbery.net/anagram/index2.htm
•A cette adresse, une démarche possible de travail (expérimentée ici en CM1) pour une création poétique à partir du poème de Pierre Coran et du livre "Les mots décollent" de Gildas Feré. La fiche de préparation présente les séquences, des exemples, des conseils et des productions d'élèves (NB : le texte s'ouvre dans un pdf protégé en copie) :
http://www.ecole-marianne-chauconin.ac-creteil.fr/ressources/prepspoesie/anagramprep_CM1.pdf
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La grenouille
Une grenouille
Qui fait surface,
Ça crie, ça grouille
Et ça agace.
Ça se barbouille,
Ça se prélasse,
Ça tripatouille
Dans la mélasse.
Puis ça rêvasse
Et ça coasse
Comme une contrebasse
Qui a la corde lasse.
Mais pour un héron à échasses,
Une grenouille grêle ou grasse
Qui se brochette ou se picore,
Ce n'est qu'un sandwich à ressorts.
Pierre Coran ("Jaffabules", Livre de poche Jeunesse - Hachette)
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Les souris et le chat luthier
Sur le pont d'un chalutier,
Un chat chic jouait du luth.
Il avait mis des souliers,
Une cravate de jute.
Pendant que le chat luthier
Amusait les marins soûls,
Les souris du chalutier
Rongeaient le chalut à trous.
Personne ne devina
Que les souris et le chat
S'étaient mis de connivence
Pour que les poissons distraits,
Désormais, nagent en paix
Dans leur monde de silence.
Pierre Coran ("Jaffabules" - Collection Hachette Jeunesse, 1983)
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Un
Un jour, 1 voulut
Jouer au cerceau
Avec le zéro.
Il courut, courut
À en perdre haleine
Jusqu'à la dizaine.
Alors, par caprice,
1 devenu 10
Dribbla la centaine,
Tripla le zéro
Et s'arrêta pile
En plein dans le 1000.
Pierre Coran ("Jaffabules" - Collection Hachette Jeunesse, 1983)
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Le o et la dactylo
Une dactylo
Tape, tape, tape.
Une dactylo
Tape, tape, trop.
Un de ses doigts dérape
Sur le mot oiseaux.
Il a tapé c
N’a pas tapé o.
Ciseaux s’envolent aussitôt,
S’envolent, s’affolent
Dans les mèches folles
De la dactylo
Qui sans hésiter,
En gommant le c,
A la tête sauve.
Si la dactylo
N’eût pu taper o,
Elle eût été chauve.
Pierre Coran ("Jaffabules" - Collection Hachette Jeunesse, 1983)
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Mon filet à papillons
Dans mon filet à papillons,
J'ai un criquet, dix pucerons,
Un limaçon
Qui fait des bulles,
Des libellules
Qui font des bonds,
Trois sauterelles
Et leur échelle,
Trois faux bourdons
Et leur bedon...
Quand verra-t-on dans les parages
Un papillon qui déménage ?
Pierre Coran ("Comptines pour jongler avec les rimes"- Casterman, collection Direlire, 2007)
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Le dindon
Le dindon dîne,
Le dindon dort.
Le dindon dort,
Le dindon dîne.
Mais quand il ne dort pas,
Le dindon,
Quand il ne dîne pas,
Le dindon,
Que fait-il donc ? Devine !
Le dindon se dandine.
Pierre Coran ("Comptines pour jongler avec les rimes"- Casterman, collection Direlire, 2007)
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Six escargots gris
Couci
Couça
Couci
Six gros escargots gris
Ho hisse
Et hisse
et hue
Grimpaient sur une grue
Arrivés tout en haut,
Ho hisse
Et hisse
Et ho
Les gros escargots las
Cahin
Cahin
Caha
Revinrent tout en bas
Couci
Couci
Couça.
Pierre Coran et Gabriel Lefebvre ("Comptines pour ne pas zozoter" - Casterman, collection Direlire, 1993)
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Encore avec des si...
Si six cents couteaux-scies
Si six cents couteaux-scies,
Si six cents couteaux-scies,
Scient, en six,
Si six cents couteaux-scies,
Scient, en six,
Six cents saucisses,
Si six cents couteaux-scies,
Scient, en six,
Six cents saucisses,
Qu’obtient-on au total ?
Une cuisine sale.
Pierre Coran et Gabriel Lefebvre ("Comptines pour ne pas zozoter" - Casterman, collection Direlire, 1993)
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Le poisson rouge
Le poisson rouge
De mon école
A la rougeole.
Il ne veut pas
Que chacun voit
Ses boutons rouges.
Dès que l'eau bouge
Le peureux plonge
Sous une éponge.
Moi je connais
La vérité
Mais je me tais.
Le poisson sait
Que dans l'école
Je cache et colle
Mon chewing-gum
Sous l'aquarium.
Pierre Coran et Gabriel Lefebvre ("Comptines pour ne pas zozoter" - Casterman, collection Direlire, 1993)
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Le chameau
Un chameau entra dans un sauna.
Il eut chaud,
Très chaud,
Trop chaud.
Il sua,
Sua,
Sua.
Une bosse s’usa, S’usa,
S’usa.
L’autre bosse ne s’usa pas.
Que crois-tu qu’il arriva ?
Le chameau dans le désert
Se retrouva dromadaire.
Pierre Coran ("La tête en fleurs" - Éditions Le Cyclope, 1979)
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Tic tac
Tic tac
Clic clac
Cric crac
Flic flac.
Tic clac
Clic tac
Cric flac
Flic crac.
Tic crac
Clic flac
Cric tac
Flic clac.
Tic tac
Clic clac
Flic flac
Cric crac.
Boum !
Pondu poème sans queue ni tête.
Réciter contre bonne récompense.
Pierre Coran ("La tête en fleurs" - Éditions Le Cyclope, 1979)
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Voici un poème en allitérations (voir le même procédé avec Boby Lapointe plus loin : "Ta Katie t'a quitté").
K.K.O.
Un kangourou
En kimono kaki
Faisait du karaté
Sur un kiosque de kermesse
Avec un koala
Et un kakatoès.
Les kilos du kangourou,
Les kilos du koala,
Le bec du kakatoès
Ont fini par faire un trou
Dans le kiosque de la kermesse.
Et quand le kiosque craqua,
Kakatoès, koala,
Kangourou en kimono
Furent tous trois mis K.O.
Pierre Coran ("Bédérimes" - poésie et BD pour les enfants - Casterman, 1985)
Allitérations
Voir Boby Lapointe, plus loin.
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Le poisson doré
Il a tant et tant pleuré,
Le poisson doré,
Que le vase a débordé.
Et l’eau a coulé, coulé
Vers le ruisseau du verger
Aujourd’hui dans la rivière,
Il promène, heureux et fier,
Ses écailles de lumière.
Pierre Coran ("L’atelier de poésie" - Casterman, 1999, 2000 et 2007)
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Dans le texte "Orage", la dernière strophe, est souvent "oubliée" pour les élèves d'élémentaire.
Orage
La pluie me mouille,
La pluie me cingle.
Sa pattemouille
Sort ses épingles.
Il pleut du vent
Et des éclairs.
Un zèbre blanc
Strie la lumière.
La pluie se rouille
Et se déglingue.
Sa pattemouille
Perd ses épingles.
Sous le ciel veuf
D'un soleil mort,
Je me sens neuf
Comme une aurore.
Pierre Coran
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Les moustiques
Les moustiques
Piquent, piquent
Les gens qui
Pique-niquent.
Ils attaquent
En oblique
Les hamacs
Élastiques
Et bivouaquent
Sans panique,
Dans les sacs
En plastique.
Les moustiques
Font la nique
Aux gens qui
Pique-niquent,
Et qu'ils piquent
Et repiquent
En musique.
C'est comique !
Pierre Coran ("Comptine pour que les consonnes sonnent" - collection Direlire, Casterman éditeur)
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Le chien de l’informaticien
Le chien
De l’informaticien
Ressemble à n’importe quel chien
Sauf sur un point.
Le chien
De l’informaticien
Retrouve tout ce qu’il enterre
Dans les parterres.
Le chien
De l’informaticien
Programme, selon leur odeur,
Ses os dans un ordinateur.
Pierre Coran
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Le texte qui suit est déjà dans l'éloge de l'Autre (Printemps des Poètes 2008) :
Fakir bègue
Un fakir
Bégayait,
Bégayait
Tant
Par mot
Par mot
Par moment
Qu'il changea
Un ser
Un ser
Un serpent
En mètre pliant.
Pierre Coran
- Charles Cros -
Charles Cros (1842–1888) est un poète français ("Le Collier de griffes", "Le Coffret de santal") méconnu de ses contemporains et quelque peu oublié aujourd'hui. Il reste quand même son hareng saur, sec, sec, sec, qui se balance aux murs des écoles. Charles Cros est aussi un inventeur dépossédé : qui sait ce qu'il a apporté à la photographie ? Et le phonographe, qu'il avait théorisé, a été réalisé par Thomas Edison.
Le hareng saur
à Guy *
Il était un grand mur blanc - nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle - haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur - sec, sec, sec.
Il vient, tenant dans ses mains - sales, sales, sales,
Un marteau lourd, un grand clou - pointu, pointu, pointu,
Un peloton de ficelle - gros, gros, gros.
Alors il monte à l’échelle - haute, haute, haute,
Et plante le clou pointu - toc, toc, toc,
Tout en haut du grand mur blanc - nu, nu, nu.
Il laisse aller le marteau - qui tombe, qui tombe, qui tombe,
Attache au clou la ficelle - longue, longue, longue,
Et, au bout, le hareng saur - sec, sec, sec.
Il redescend de l’échelle - haute, haute, haute,
L’emporte avec le marteau - lourd, lourd, lourd,
Et puis, il s’en va ailleurs, - loin, loin, loin.
Et, depuis, le hareng saur - sec, sec, sec,
Au bout de cette ficelle - longue, longue, longue,
Très lentement se balance - toujours, toujours, toujours.
J’ai composé cette histoire, - simple, simple, simple,
Pour mettre en fureur les gens - graves, graves, graves,
Et amuser les enfants - petits, petits, petits.
Charles Cros ("Le Coffret de santal", 1873 - Gallimard poésie 1972) - * Guy-Charles Cros, son fils, qui deviendra poète
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Quelques poèmes à l'humour sombre et désabusé :
Moi, je vis la vie à côté
Moi, je vis la vie à côté,
Pleurant alors que c'est la fête.
Les gens disent : Comme il est bête!
En somme, je suis mal coté.
J'allume du feu dans l'été,
Dans l'usine je suis poète ;
Pour les pitres je fais la quête.
Qu'importe ! J'aime la beauté.
Beauté des pays et des femmes,
Beauté des vers, beauté des flammes,
Beauté du bien, beauté du mal.
J'ai trop étudié les choses ;
Le temps marche d'un pas normal;
Des roses, des roses, des roses !
Charles Cros ("Le Collier de griffes", 1908 [recueil posthume] - Gallimard poésie 1972)
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Gagne-petit
Il a tout fait, tous les métiers. Sa simple vie
Se passe loin du bruit, loin des cris de l'envie
Et des ambitions vaines du boulevard.
Pour ce jour attendu, qui s'annonce blafard,
Les savants ont prédit, avant l'heure où se couche
Le soleil, une éclipse. Et sa maîtresse accouche,
Apportant un enfant parmi tant de soucis !
Il compte, pour dîner, sur ses verres noircis.
Carrières de Montmartre, en vos antres de gypse,
Abritez le marchand de verres pour éclipse !
Charles Cros ("Le Coffret de santal", 1873 - Gallimard poésie 1972)
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Songe d'été
À d’autres les ciels bleus ou les ciels tourmentés,
La neige des hivers, le parfum des étés,
Les monts où vous grimpez, fiertés aventurières
Des Anglaises. Mes yeux aiment mieux les clairières
Où la charcuterie a laissé ses papiers,
Les sentiers où l’on sent encor l’odeur des pieds
Des soldats avec leurs payses, la presqu’île
De Gennevilliers, où croît l’asperge tranquille
Sous l’irrigation puante des égouts...
On ne dispute pas des couleurs ni des goûts.
Charles Cros ("Le Coffret de santal", 1873 - Gallimard poésie 1972)
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Morale
Sur des chevaux de bois enfiler des anneaux,
Regarder un caniche expert aux dominos,
Essayer de gagner une oie avec des boules,
Respirer la poussière et la sueur des foules,
Boire du coco tiède au gobelet d'étain
De ce marchand miteux qui fait ter lin tin tin,
Rentrer se coucher seul, à la fin de la foire,
Dormir tranquillement en attendant la gloire
Dans un lit frais l'été, mais, l'hiver, bien chauffé
Tout cela vaut bien mieux que d'aller au café.
Charles Cros ("Le Coffret de santal", 1873 - Gallimard poésie 1972)
<< ci-contre
l’affiche officielle
et le projet en milieu scolaire à Mantes-la-Ville (Yvelines) >>
es textes proposés dans cette page ont déjà été mis en ligne en 2009 sur le blog lieucommun.canalblog.com où ils sont toujours :
PRINT POÈTES 2009 : L'HUMOUR des poètes - lieu commun
pour le PRINTEMPS DES POÈTES 2009, «EN RIRES»
La plupart visent une utilisation par les élèves d’ELEMENTAIRE, mais leur niveau va de la MATERNELLE au LYCÉE. Ce n’est pas indiqué faute de temps.