1. 1.Huguette Amundsen J’ai vu…

  2. 2.Charles Baudelaire L’albatros

  3. 3.Pierre Béarn Araignée

  4. 4.Julos Beaucarne Parfois on ne sait plus rien

  5. 5.Alain Bosquet Arbre

  6. 6.René-Guy Cadou Avant-printemps

  7. 7.Francis Carco L’averse

  8. 8.Maurice Carême Caillou, Le cheval

  9. 9.Blaise Cendrars Îles

  10. 10.Jacques Charpentreau
    En voyage, Balançoire, L'air en conserve, La clé des champs, La chevauchée, La lessive, la fuyante

  11. 11.Robert Desnos Il était une feuille

  12. 12.Jean-Pierre Develle Autocritique

  13. 13.Raymond Devos Je hais les haies

  14. 14.Guy Foissy Il s’en passe des choses dans ma cité

  15. 15.Pierre Gamarra Le cosmonaute et son hôte, La pomme

  16. 16.Philippe Garnier Le vendeur de murmures

  17. 17.Théophile Gautier Tout près du lac

  18. 18.Louis Guillaume Ulysse

  19. 19.Guillevic
    J’ai vu le menuisier, Triangles, suivi de Parallèles et Perpendiculaire

textes par auteurs A à G

1.  J’ai vu…

J'ai appelé le terrassier
il marchait à cloche-pied
j'ai appelé le moissonneur
il jurait comme un voleur
j'ai appelé le cordonnier
il jetait tous ses souliers 
alors je m'en suis allée 
j'ai vu des hannetons 
tâtonnant en rond 
j'ai vu des limaces 
faire la grimace 
j'ai vu une libellule 
très crédule 
puis me penchant encore 
j'ai vu un chou-fleur 
chercher l'heure 
j'ai vu un artichaut 
qui rêvait d'être au chaud 
chemin faisant 
j'ai vu un lampadaire 
le nez en l'air 
j'ai vu un vélo 
près de l'eau 
j'ai vu un canard 
en retard
j'ai vu un lapin 
jouer au crincrin 
puis j'ai vu des gens 
mécontents 
car ils ne voyaient rien

Huguette Amundsen

2.  L’albatros

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boîtant, l’infirme qui volait !

Le poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

Charles Baudelaire
3.  Araignée

Araignée du matin: chagrin,
pensait un bébé coccinelle
cherchant à libérer ses ailes.
Araignée du midi: souci
grognait un rat dans son chagrin
de voir un chat près de sa belle.
Araignée du soir: espoir,
disait au briquet l'étincelle
mourant dans le vent du jardin.
Mais l'araignée dans sa nacelle
prisonnière à vie de sa faim
rêvait qu'elle était hirondelle.

Pierre Béarn

4.  Parfois on ne sait plus rien

Parfois on ne sait plus rien,
Comme si on n’avait plus de mémoire,
Comme si le soleil s’était noyé dans la mer,
Comme si le livre des « peut-être », ce très gros volume
Avait brûlé entre les doigts si fins du feu.
                             
Julos Beaucarne.

5.  Arbre

Tu es plus souple que le zèbre.
Tu sautes mieux que l’équateur.
Sous ton écorce les vertèbres
font un concert d’oiseaux moqueurs.
J’avertirai tous les poètes:
il ne faut pas toucher aux fruits; 
c’est là que dorment les comètes, 
et l’océan s’y reconstruit.
Tu es léger comme un tropique.
Tu es plus sage qu’un poisson.
Dans chaque feuille une réplique
est réservée pour ma chanson.
Dès qu’on t’adresse la parole,
autour de toi s’élève un mur. 
Tu bats des branches, tu t’envoles:
c’est toi qui puniras l’azur.

Alain Bosquet

6.  Avant-printemps

Des oeufs dans la haie
Fleurit l’aubépin
Voici le retour
Des marchands forains.

Et qu’un gai soleil
Pailleté d’or fin
Eveille les bois
Du pays voisin !

Est-ce le printemps
Qui cherche son nid
Sur la haute branche
Où niche la pie ?

C’est mon coeur marqué
Par d’anciennes pluies
Et ce lent cortège
D’aubes qui le suit.

René-Guy Cadou

7.  L’averse

Un arbre tremble sous le vent
Les volets claquent.
Comme il a plu, l’eau fait des flaques.

Des feuilles volent sous le vent
Qui les disperse.
Et, brusquement, il pleut à verse.

Le jour décroît.
Sur l’horizon qui diminue 
je vois la silhouette nue
D’un clocher mince avec sa croix.

Dans le silence,
J’entends la cloche d’un couvent.
Elle s’élève, elle s’élance
Et puis retombe avec le vent.

Un arbre que le vent traverse
Geint doucement
Comme une floue et molle averse
Qui s’enfle et tombe à tout moment.

Francis Carco

8.  Caillou

Caillou noir,
Pas d'espoir.
Caillou rouge,
Rien ne bouge.
Caillou rond,
Pas un rond.
Caillou gris,
Rien de pris.
Caillou vert,
On le perd.
Caillou rose,
Peu de chose.
Caillou jaune,
On le prône,
Caillou blanc,
Vif argent.
Caillou d'or,
Quel trésor !
Caillou bleu,
Qui dit mieux ?
Moi, moi, moi,
Dit le fou :
Caillou plat
Et sans trou.

Maurice Carême

Le cheval
     
Et le cheval longea ma page.
Il était seul, sans cavalier,
Mais je venais de dessiner
Une mer immense et sa plage.
Comment aurais-je pu savoir
D'où il venait, où il allait ? 
Il était grand, il était noir, 
Il ombrait ce que j'écrivais.

J'aurais pourtant dû deviner 
Qu'il ne fallait pas l'appeler. 
Il tourna lentement la tête 
Et, comme s'il avait eu peur 
Que je lise en son coeur de bête, 
Il redevint simple blancheur.

Maurice Carême
Nos remerciements à la Fondation Maurice Carême

9.  Îles

Îles
Îles où l’on ne prendra jamais terre
Îles où l’on ne descendra jamais
Îles couvertes de végétation
Îles tapies comme des jaguars
Îles muettes
Îles immobiles
Îles inoubliables et sans nom
Je lance mes chaussures par-dessus bord
car je voudrais bien aller jusqu’à vous

Blaise Cendrars
10.  En voyage

Quand vous m’ennuyez, je m’éclipse,
Et, loin de votre apocalypse,
Je navigue, pour visiter
La Mer de la Tranquillité.

Vous tempêtez ? Je n’entends rien.
Sans bruit, au fond du ciel je glisse.
Les étoiles sont mes complices.
Je mange un croissant. Je suis bien.

Vous pouvez toujours vous fâcher,
Je suis si loin de vos rancunes !
Inutile de me chercher :
Je suis encore dans la lune.

Jacques Charpentreau

Balançoire

Quand tu parles bien, tu me berces, 
Et je m'envole avec ta voix. 
Les étoiles à la renverse, 
Je m'élance au ciel, un, deux, trois !

Si tu bégaies, je me balance 
A petits coups secs, cahoté, 
Quand tu déclames, la cadence 
Me fait descendre et remonter.

Tu accélères ton effort, 
Je fais des bonds comme une chèvre. 
Attention ! Ne crie pas trop fort 
Je suis suspendu à tes lèvres.

Jacques Charpentreau

L'air en conserve

Dans une boîte, je rapporte
Un peu de l'air de mes vacances
Que j'ai enfermé par prudence.
Je l'ouvre ! Fermez bien la porte

Respirez à fond ! Quelle force !
La campagne en ma boîte enclose
Nous redonne l'odeur des roses,
Le parfum puissant des écorces,

Les arômes de la forêt... 
Mais couvrez vous bien, je vous prie, 
Car la boîte est presque finie : 
C'est que le fond de l'air est frais.

Jacques Charpentreau

La clé des champs

On a perdu la clé des champs! 
Les arbres, libres, se promènent, 
Le chêne marche en trébuchant, 
Le sapin boit à la fontaine.

Les buissons jouent à chat perché, 
Les vaches dans les airs s'envolent, 
La rivière monte au clocher 
Et les collines cabriolent.

J'ai retrouvé la clé des champs 
Volée par la pie qui jacasse. 
Et ce soir au soleil couchant 
J'aurai tout remis à sa place.

Jacques Charpentreau

La chevauchée

Certains, quand ils sont en colère, 
Crient, trépignent, cassent des verres... 
Moi, je n'ai pas tous ces défauts : 
Je monte sur mes grands chevaux.

Et je galope, et je voltige, 
Bride abattue, jusqu'au vertige 
Des étincelles sous leurs fers, 
Mes chevaux vont un train d'enfer.

Je parcours ainsi l'univers, 
Monts, forêts, campagnes, déserts... 
Quand mes chevaux sont fatigués, 
Je rentre à l'écurie calmé.

Jacques Charpentreau

La lessive

Chaque semaine, mes parents,
Cinq tantes, dix oncles, vingt nièces,
Cent cousins, des petits, des grands,
Se pressent dans la même pièce.

Dans la machine, ils introduisent 
Mille corsages et chemises, 
Cent mille slips et pyjamas, 
Un million de paires de draps.

Nylon, dentelles ou guenilles, 
Chaque semaine nous avons 
Cette habitude : nous lavons 
Notre linge sale en famille.

Jacques Charpentreauhttp://www.mauricecareme.beshapeimage_1_link_0

A  B  C  D  E  F G



  1. La fuyante


  2. Vous me croyez douce et soumise

  3. Mais malgré vos yeux grands ouverts,

  4. Moi, je vous échappe à ma guise

  5. Et je joue la fille de l'air.


  6. Fille de l'air, enfant du songe,

  7. Je pars au gré de mon caprice,

  8. Sur une brise je m'allonge,

  9. Dans un courant d'air je me glisse.


  10. Quand je suis lasse, je repose

  11. Sur un blanc coussin de nuage,

  12. Avec le parfum de la rose

  13. Sur l'aile du vent je voyage.


  14. Jacques Charpentreau


  1. 11.  Il était une feuille


  2. Il était une feuille avec ses lignes

  3. Ligne de vie

  4. Ligne de chance

  5. Ligne de coeur

  6. Il était une branche au bout de la feuille

  7. Ligne fourchue signe de vie

  8. Signe de chance

  9. Signe de coeur

  10. Il était un arbre au bout de la branche

  11. Un arbre digne de vie

  12. Digne de chance

  13. Digne de coeur

  14. Coeur gravé, percé, transpercé,

  15. Un arbre que nul jamais ne vit.

  16. Il était des racines au bout de l’arbre

  17. Racines dignes de vie

  18. Vigne de chance

  19. Vignes de coeur

  20. Au bout des racines il était la Terre

  21. La Terre tout court

  22. La Terre toute ronde

  23. La Terre toute ronde au travers du ciel

  24. La Terre.


  25. Robert Desnos


  26. 12.  Autocritique


  27. Qu’est-ce qui ne va pas sur Terre?

  28. C’est le chat dit la souris

  29. C’est le lion dit la gazelle

  30. C’est le loup dit l’agneau

  31. C’est l’homme dit l’homme.


  32. Jean-Pierre Develle


  33. 13.  Je hais les haies


  34. Je hais les haies

  35. Qui sont des murs.

  36. Je hais les haies

  37. Et les mûriers

  38. Qui font la haie

  39. Le long des murs.

  40. Je hais les haies

  41. Qui sont de houx.

  42. Je hais les haies

  43. Qu’elles soient de mûres

  44. Qu’elles soient de houx !

  45. Je hais les murs

  46. Qu’ils soient en dur

  47. Qu’ils soient en mou !

  48. Je hais les haies

  49. Qui nous emmurent.

  50. Je hais les murs

  51. Qui sont en nous.


  52. Raymond Devos


  53. 14.  Il s’en passe des choses dans ma cité


  54. Il s’en passe des choses dans ma cité.

  55. Il n’y a qu’à regarder.

  56. Moi, un jour, j’ai dit: “J’arrête, je regarde.”

  57. J’ai posé par terre mes deux sacs.

  58. Je me suis assis. J’ai regardé.


  59. Les gens venaient

  60. Les gens marchaient

  61. Les gens passaient

  62. Les gens tournaient

  63. Les gens filaient

  64. Les gens glissaient

  65. Les gens dansaient

  66. Les gens parlaient

  67. Gesticulaient

  68. Les gens criaient

  69. Les gens riaient

  70. Les gens pleuraient

  71. Disparaissaient.


  72. Il s’en passe des choses dans ma cité.

  73. Il n’y a qu’à regarder.

  74. On voit de tout, on peut tout voir.

  75. Mais ce qu’on ne voit jamais dans ma cité, c’est un regard.

  76. Un regard qui vous regarde et qui s’attarde.


  77. Les gens naissaient

  78. Les gens vivaient

  79. Les gens mourraient.


  80. Et moi, je restais sur mon banc de pierre, encadré par mes deux sacs.

  81. Je regardais.

  82. C’est merveilleux: partout où il y a des femmes, partout où il y a des hommes,

  83. Partout il y a la vie.

  84. J’aurai dû me lever. Leur tendre la main.

  85. Leur dire: “Salut. Bonjour! J’existe.

  86. Et vous? Vous existez?”

  87. Je suis resté assis.

  88. Le plus souvent, c’est ainsi que les choses se passent.


  89. Guy Foissy


  90. 15.  Le cosmonaute et son hôte


  91. Sur une planète inconnue,

  92. un cosmonaute rencontra

  93. un étrange animal;

  94. il avait le poil ras,

  95. une tête trois fois cornue,

  96. trois yeux, trois pattes et trois bras !

  97. « Est il vilain! pensa le cosmonaute

  98. en s'approchant prudemment de son hôte.

  99. Son teint a la couleur d'une vieille échalote,

  100. son nez a l'air d'une carotte.

  101. Est ce un ruminant? Un rongeur? »

  102. Soudain, une vive rougeur

  103. colora plus encor le visage tricorne.

  104. Une surprise sans bornes

  105. fit chavirer ses trois yeux.

  106. << Quoi! Rêvé je? dit il. D'où nous vient, justes cieux,

  107. ce personnage si bizarre sans crier gare !

  108. Il n'a que deux mains et deux pieds,

  109. il n'est pas tout à fait entier.

  110. Regardez comme. il a l'air bête,

  111. il n'a que deux yeux dans la tête !

  112. Sans cornes, comme il a l'air sot ! »

  113. C'était du voyageur arrivé de la Terre

  114. que parlait l'être planétaire.

  115. Se croyant seul parfait et digne du pinceau,

  116. il trouvait au Terrien un bien vilain museau.

  117. Nous croyons trop souvent que, seule, notre tête

  118. est de toutes la plus parfaite!


  119. Pierre Gamarra


  120. La pomme


  121. Une pomme rubiconde

  122. Se pavanait, proclamant

  123. Qu’elle était le plus beau

  124. de tous les fruits du monde,

  125. Le plus tendre, le plus charmant,

  126. Le plus sucré, le plus suave,

  127. Ni la mangue, ni l’agave,

  128. Le melon délicieux,

  129. Ni l’ananas, ni l’orange,

  130. Aucun des fruits que l’on mange

  131. Sous l’un ou l’autre des cieux,

  132. Ni la rouge sapotille,

  133. La fraise, ni la myrtille

  134. N’avait sa chair exquise et sa vive couleur.

  135. On ne pourrait jamais lui trouver une soeur.

  136. La brise répandait alentour son arôme

  137. Et sa pourpre éclatait sur le feuillage vert.

  138. - "Oui, c’est vrai, c’est bien vrai!"

  139. dit un tout petit vers

  140. Blotti dans le creux de la pomme.


  141. Pierre Gamarra


  142. 16.  Le vendeur de murmures


  143. Il était une fois

  144. Le vendeur de murmures.

  145. Il murmurait la nuit donc

  146. à la demande

  147. du bout des dents

  148. en une étrange litanie

  149. les phrases confiées la veille à son oreille

  150. et dont il avait la prudence

  151. professionnelle

  152. d'inscrire les commandes

  153. dans des carnets

  154. toujours petits

  155. et qu'il parfumait

  156. tantôt à la lavande

  157. tantôt au patchouli

  158. C'est qu'il n'avait jamais voulu user lui

  159. comme les vendeurs de cris

  160. de ces vastes camions d'amplification

  161. qui sillonnaient le pays à grand renfort de klaxons

  162. néons

  163. haut parleurs et enseignes

  164. ce qu'il vendait on l'entendait à peine


  165. Philippe Garnier


  166. 17.  Tout près du lac


  167. Tout près du lac filtre une source,

  168. Entre deux pierres, dans un coin;

  169. Allègrement l’eau prend sa course

  170. Comme pour s’en aller bien loin.


  171. Elle murmure: Oh!quelle joie!

  172. Sous la terre il faisait si noir!

  173. Maintenant ma rive verdoie,

  174. Le ciel se mire à mon miroir.


  175. Les myosotis aux fleurs bleues

  176. Me disent: Ne m’oubliez pas!

  177. Les libellules de leurs queues

  178. M’égratignent dans leurs ébats;


  179. A ma coupe l’oiseau s’abreuve;

  180. Qui sait? – Après quelques détours

  181. Peut-être deviendrai-je un fleuve

  182. Baignant vallons, rochers et tours.


  183. Je broderai de mon écume

  184. Ponts de pierre, quais de granit,

  185. Emportant le steamer qui fume à l’océan où tout finit.


  186. Théophile Gautier


  1. 18.  Ulysse


  2. - Ulysse, Ulysse, arrête-toi,

  3. Écoute la voix des sirènes

  4. Plonge, va trouver notre reine,

  5. Dans son palais, deviens le roi

  6. Mais Ulysse préfère au toit

  7. Des vagues celui des nuages,

  8. Dans la direction d'Ithaque

  9. Son regard reste fixé droit


  10. Et les filles aux longs cheveux

  11. Ont beau nager dans son sillage,

  12. Il demeure sourd, il ne veut


  13. Que la chanson, que le visage

  14. Conservé au fond de ses yeux,

  15. De Pénélope toujours sage.


  16. Louis Guillaume


  1. 19.  J’ai vu le menuisier


  2. J'ai vu le menuisier

  3. Tirer parti du bois.


  4. J'ai vu le menuisier

  5. Comparer plusieurs planches.


  6. J'ai vu le menuisier

  7. Caresser la plus belle.


  8. J'ai vu le menuisier

  9. Approcher le rabot.


  10. J'ai vu le menuisier

  11. Donner la juste forme.


  12. Tu chantais, menuisier,

  13. En assemblant l'armoire.


  14. Je garde ton image

  15. Avec l'odeur du bois.


  16. Moi, j'assemble des mots

  17. Et c'est un peu pareil.


  18. Guillevic


  19. Triangles


  20. Isocèle                                                                                        


  21. J'ai réussi à mettre                                                                          

  22. Un peu d'ordre en moi-même.


  23. J'ai tendance à me plaire.                                                           


  24. Equilatéral


  25. Je suis allé trop loin

  26. Avec mon souci d'ordre


  27. Rien ne peut plus venir


  28. Rectangle


  29. J'ai fermé l'angle droit

  30. Qui souffrait d'être ouvert

  31. En grand sur l'aventure.


  32. Je suis une demeure

  33. Où rêver est de droit.


  34. Guillevic


  35. Deux autres poèmes du même auteur, pour se réconcilier avec la géométrie :


  36. Parallèles


  37. On va, l’espace est grand,

  38. On se côtoie,

  39. On veut parler.

  40. Mais ce qu’on se raconte

  41. L’autre le sait déjà,

  42. Car depuis l’origine

  43. Effacée, oubliée,

  44. C’est la même aventure.

  45. En rêve on se rencontre,

  46. On s’aime, on se complète.

  47. On ne va plus loin

  48. Que dans l’autre et dans soi.


  49. Guillevic


  50. Perpendiculaire
    ("Perpendiculaire" est au singulier)


  51. Facile est de dire

  52. Que je tombe à pic.

  53. Mais c'est aussi sur moi

  54. Que l'autre tombe à pic.


  55. (Eugène)* Guillevic* 1907-1997 ("Euclidiennes" - 1967)
    *Guillevic ne souhaitait pas qu’on mentionne son prénom

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