textes par auteurs D E F G H I J K
textes par auteurs D E F G H I J K
D
19.François David : Mon ours
20.Lucie Delarue-Mardrus : Petite souris - L'automne - L'avion
21.Robert Desnos : Les hiboux - L'oiseau du Colorado - La grenouille aux souliers percés - La fourmi - Le pélican - Le zèbre - L'escargot
22.Mohammed Dib : L’échelle
23.Mimy Doinet : Sept couleurs magiques
E
24.Paul Éluard : Dans Paris
F
25.Paul Fort : La mer
G
26.Pierre Gamarra : La pendule
27.Martine Gehin : L'escargot
28.Robert Gélis : Mon stylo
29.Luce Guilbaud : Je jouais - Dans ma boîte
30.Louis Guillaume : Soir - J'aime ma maison – Cavalcade
I
31.Solange Innocent : Pluie
J
32.Jean-Louis Jacob : La pluie
33.Georges Jean : Il y a des mots
K
34.Tristan Klingsor : Chanson du chat - Les noisettes
19. Mon ours
Il n’a plus de bouton
À son pantalon.
Il a perdu la ficelle
Qui lui servait de bretelle.
On voit dépasser la paille
Au niveau de sa taille.
Et on aperçoit de la mousse
Sur sa jolie frimousse.
Mais moi je l’aime pourtant
Au moins autant qu’avant.
Je l’aimerai toujours
Mon ours.
François David
("Premiers poèmes pour tous les jours"
édit Milan)
20. Petite souris
C’est la petite souris grise,
Dans sa cachette elle est assise.
Quand elle n’est pas dans son trou,
C’est qu’elle galope partout.
C’est la petite souris blanche
Qui ronge le pain sur la planche.
Aussitôt qu’elle entend du bruit,
Dans sa maison elle s’enfuit.
C’est la petite souris brune
Qui se promène au clair de lune,
Si le chat miaule en dormant,
Elle se sauve prestement.
C’est la petite souris rouge,
Elle a peur aussitôt qu’on bouge !
Mais, lorsque personne n’est là,
Elle mange tout ce qu’on a.
Lucie Delarue-Mardrus
21. Les hiboux
(On propose souvent ce texte sans les deux dernières strophes)
Ce sont les mères des hiboux
Qui désiraient chercher les poux
De leurs enfants, leurs petits choux,
En les tenant sur les genoux.
Leurs yeux d'or valent des bijoux
Leur bec est dur comme cailloux,
Ils sont doux comme des joujoux,
Mais aux hiboux point de genoux !
Votre histoire se passait où ?
Chez les Zoulous ? Les Andalous ?
Ou dans la cabane bambou ?
A Moscou ? Ou à Tombouctou ?
En Anjou ou dans le Poitou ?
Au Pérou ou chez les Mandchous ?
Hou ! Hou !
Pas du tout, c'était chez les fous.
Robert Desnos
L'oiseau du Colorado
L'oiseau du Colorado
Mange du miel et des gâteaux
Du chocolat et des mandarines
Des dragées des nougatines
Des framboises des roudoudous
De la glace et du caramel mou.
L'oiseau du Colorado
Boit du champagne et du sirop
Suc de fraise et lait d'autruche
Jus d'ananas glacé en cruche
Sang de pêche et navet
Whisky menthe et café.
L'oiseau du Colorado
Dans un grand lit fait dodo
Puis il s'envole dans les nuages
Pour regarder les images
Et jouer un bon moment
Avec la pluie et le beau temps.
Robert Desnos
La grenouille aux souliers percés
La grenouille aux souliers percés
A demandé la charité
Les arbres lui ont donné
Des feuilles mortes et tombées
Les champignons lui ont donné
Le duvet de leur grand chapeau
L'écureuil lui a donné
Quatre poils de son manteau
L'herbe lui a donné
Trois petites graines.
Le ciel lui a donné
Sa plus douce haleine
Mais la grenouille demande toujours,
Demande encore la charité
Car ses souliers sont toujours,
Sont toujours percés.
Robert Desnos
La fourmi
Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête
Ça n'existe pas ça n'existe pas
Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards
Ça n'existe pas ça n'existe pas
Une fourmi parlant français
Parlant latin et javanais
Ça n'existe pas ça n'existe pas
Et pourquoi pas ?
Robert Desnos
Le pélican
Le capitaine Jonathan,
Étant âgé de dix-huit ans,
Capture un jour un pélican
Dans une île d'Extrême-Orient.
Le pélican de Jonathan,
Au matin, pond un oeuf tout blanc
Et il sort un pélican
Lui ressemblant étonnamment.
Et ce deuxième pélican
Pond, à son tour, un oeuf tout blanc
D'où sort, inévitablement,
Un autre qui en fait autant.
Cela peut durer pendant
très longtemps
Si l'on ne fait pas d'omelette avant.
Robert Desnos
Le zèbre
Le zèbre,
cheval des ténèbres
Lève le pied, ferme les yeux,
Et fait résonner ses vertèbres
En hennissant d'un air joyeux.
Au clair soleil de Barbarie,
Il sort alors de l'écurie
Et va brouter dans la prairie
Les herbes de sorcellerie.
Mais la prison sur son pelage,
A laissé l'ombre du grillage.
Robert Desnos
L'escargot
Est-ce que le temps est beau ?
Se demandait l'escargot
Car, pour moi, s'il faisait beau,
C'est qu'il ferait vilain temps.
J'aime qu'il tombe de l'eau.
Voilà mon tempérament.
Combien de gens, et sans coquille,
N'aiment pas que le soleil brille.
Il est caché ? Il reviendra !
L'escargot ? On le mangera.
Robert Desnos
22. L’échelle
Il mit le premier pied
Sur le premier barreau.
Il mit le second pied
Sur le second barreau.
J’y suis arrivé,
Dit-il. Il monta encore.
Le soleil se fit proche.
Il continua de monter.
Ses jambes tremblaient.
Lentement il montait.
Il n’avait pas peur.
Aller plus haut, dit-il.
Mohammed Dib
23. Sept couleurs magiques
Rouge comme un fruit du Mexique
Orangé comme le sable d'Afrique
Jaune comme les girafes chics
Vert comme un sorbet de Jamaïque
Bleu comme les vagues du Pacifique
Indigo comme un papillon des Tropiques
Violet comme les volcans de Martinique
Qui donc est aussi fantastique ?
Est-ce un rêve ou est-ce véridique ?
C'est dans le ciel magnifique
L'arc aux sept couleurs magiques.
Mymi Doinet
24. Dans Paris
Dans Paris il y a une rue;
Dans cette rue il y a une maison;
Dans cette maison il y a un escalier;
Dans cet escalier il y a une chambre;
Dans cette chambre il y a une table;
Sur cette table il y a un tapis;
Sur ce tapis il y a une cage;
Dans cette cage il y a un nid;
Dans ce nid il y a un œuf,
Dans cet œuf il y a un oiseau.
L'oiseau renversa l'œuf;
L'œuf renversa le nid;
Le nid renversa la cage;
La cage renversa le tapis;
Le tapis renversa la table;
La table renversa la chambre;
La chambre renversa l'escalier;
L'escalier renversa la maison;
La maison renversa la rue;
La rue renversa la ville de Paris.
Paul Éluard
25. La mer
La mer brille comme une coquille
on a envie de la pécher
la mer est verte,
elle est d'azur,
elle est d'argent
et de dentelle
Paul Fort
26. La pendule
Je suis la pendule, tic !
je suis la pendule, tac !
On dirait que je mastique
du mastic et des moustiques
quand je sonne et quand je craque,
je suis la pendule, tic !
je suis la pendule, tac !
J'avance ou bien je recule,
tic-tac, je suis la pendule,
je brille quand on m'astique,
je ne suis pas fantastique
mais je sais l'arithmétique,
j'ai plus d'un tour dans mon sac,
je suis la pendule, tic !
je suis la pendule, tac !
Pierre Gamarra
27. L’escargot
l'escargot perdu dans la nuit
cherche sa maison sans bruit
il ne trouve plus son chemin
mais dans les champs la lune luit
et il voit dans les sapins
qu'il a pris sa maison sur lui.
Martine Gehin
28. Mon stylo
Si mon stylo était magique,
Avec des mots en herbe,
J’écrirais des poèmes superbes,
Avec des mots en cage,
J’écrirais des poèmes sauvages.
Si mon stylo était artiste,
Avec les mots les plus bêtes,
J’écrirais des poèmes en fête,
Avec des mots de tous les jours,
J’écrirais des poèmes d’amour.
Mais mon stylo est un farceur
Qui n’en fait qu’à sa tête,
Et mes poèmes, sur mon cœur,
Font des pirouettes.
Robert Gélis
29. Je jouais
Je jouais à grimper à l'arc-en-ciel
comme à l'échelle
Sur le jaune
j'ai cueilli des boutons d'or
Sur l'orange
j'ai des clémentines
Sur le rouge
des framboises et des cerises
Plus haut, j'ai respiré les violettes
Dans le bleu
j'ai coupé une fenêtre de ciel
pour voir l'indigo
Et je suis tombé par la fenêtre
sur l'herbe verte.
Luce Guilbaud
Dans ma boîte
J’aurai une grande boîte
pleine de soleil
pour les jours de pluie
pleine de sourires
pour les jours de grogne
pleine de courage
pour les jours de flemme.
Et dans ma boîte j’aurai aussi
plein de coquillages
pour écouter la mer.
Luce Guilbaud
30. Soir
Les étoiles dorment.
Le soir a cueilli
Par tous les étages
Un bouquet de lampes.
Au ras du trottoir
Un petit enfant
Ecarte les doigts
vers tant de lumière.
La ville s’éteint
La main se referme.
A tous les étages
Grimpe le sommeil.
Louis Guillaume
J'aime ma maison
J'aime ma maison chaude
L'hiver quand le vent rôde.
Le printemps y pénètre
Par toutes les fenêtres
Sous le soleil qui sèche,
L'été, comme elle est fraîche !
Elle est douce en automne
Dans le parfum des pommes
Je t'aime bien, maison
Souriant aux saisons.
Louis Guillaume
Cavalcade
Un cheval de lune
Courait sur le sable
Un poulain d'écume
Trottait sur la grève,
Au trot, au trot, au galop.
Un cheval d'ivoire
Courait dans le soir,
Un cavalier rouge
Traversait l'automne,
Au trot, au trot, au galop.
Un cheval de pluie
Courait dans la nuit
Un coursier de verre
Labourait la mer,
Au trot, au trot, au galop.
Et tous les enfants
Poursuivaient en rêve
Toutes ces crinières
Libres dans le vent,
Au trot, au trot, au galop.
Louis Guillaume
31. Pluie
Pluie me mouille,
Feuille rouille,
Vent me fouette,
Vent tempête,
Feuilles folles
Je m’envole!
Solange Innocent
32. La pluie
Une petite pluie fine
Fertilise le sol
Do – Mi – Sol
Une petite pluie fine
Rafraîchit le pré
Do – Mi – Ré
Une petite pluie fine
Arrose les lilas
Do – Mi – La
Une petite pluie fine
Fait éclater les soucis
Do – Mi – Si
Une petite pluie fine
Abreuve les résédas
Do – Mi – Fa
Jean- Louis Jacob
33. Il y a des mots
Il y a des mots, c’est pour les dire,
c’est pour les faire frire,
c’est pour rire.
Il y a des mots, c’est pour les chanter,
c’est pour rêver,
c’est pour les manger.
Il y a des mots, que l’on ramasse;
des mots qui passent,
des mots qui se cassent.
Il y a des mots pour le matin,
des mots métropolitains,
ou lointains.
Il y a des mots épais et noirs,
des mots légers pour les histoires,
des mots à boire.
Il y a des mots pour toutes les choses,
pour les lèvres, pour les roses,
des mots pour les métamorphoses,
Si l’on ose...
Georges Jean
34. Chanson du chat
Chat, chat, chat,
Chat noir, chat blanc, chat gris
Charmant chat couché
Chat, chat, chat,
N'entends-tu pas les souris
Danser à trois des entrechats
Sur le plancher?
Le bourgeois ronfle dans son lit,
De son bonnet de coton coiffé,
Et la lune regarde à la vitre.
Dansez souris, dansez jolies,
Dansez vite
En remuant vos fines queues de fées.
Dansez sans musique tout à votre aise,
A pas menus et drus,
Au clair de lune qui vient de se lever,
Courez; les sergents de la ville dans la rue
Font les cent pas sur le pavé;
Et tous les chats du vieux Paris
Dorment sur leurs chaises
Chats blancs, chats noirs ou chats gris.
Tristan Klingsor
D E F G H I J K