Antoine  Bial

[obsessions textuelles]

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bial s’amuse

Big-bang

Je reviens
du Big Bang
J'ai vu comment
sans rien faire
on fait de rien
toute matière

La nature

de l'homme
s'explique

Pas de doute
nous sommes
en somme
tous et toutes
d'authentiques
faits néant

Antoine Bial

Au Chat qui pète


Dédié à mon larfeuil, perdu  "un soir de demi-brume", entre le "Chat qui pète" et le reste du monde.


De mes profondes, mon larfeuil s'est fait la malle,

Au Chat qui pète, maintenant, je suis tricard,

Ce peigne-derche de bougnat m'a dit : "Quedale,

Aligne la ferraille ou lâche le comptoir".


Quand t'as paumé ton morniflard, c'est la gamberge

Qui te rend dingue, tu t'en vas du ciboulot,

T'es à deux doigts de sacrifier ton casier vierge

Pour le bonheur d’rincer la dalle à tes poteaux.


Et c'est ainsi, vous le lirez dans les gazettes,

Que j'ai braqué le chat qui pète ce matin;

Mais le taulier, au lieu d'allonger la galette

M'a balancé une bouteille de rouquin.


Du Beaujolpif ! moi je déteste qu'on salope

La marchandise, alors j'ai sorti mon surin

Pour découper cet animal en escalopes,

Ils ont r'trouvé la viande froide sur le zinc.


Fini l'ardoise, les tracas, les mauvais comptes,

Mon babillard m'a dégoté une carrée,

Nourri, logé, pour pas un rond, tu te rends compte !

Le Chat qui pète, j'en ai plus rien à péter.


© antoine bial

Cheveux plus rien


Au début

cheveux noirs

cheveux noirs

cheveux fous

j‘ai longtemps galopé

crinière au vent


on l’apprend

avec le temps

les cheveux sauvages

n’en font qu’à leur tête


aujourd’hui

cheveux gris

cheveux gris

cheveux couper court

aux regards noirs

couper court

aux cheveux repoussants


la coupe est pleine

mais quoi faire

coiffeur ?


demain

cheveux blancs

cheveux blancs

cheveux indomptables,

galoperont partout

me feront la tête

sens dessus dessous


cheveux

couper court

à tout ça

cheveux qu’ils ne repoussent

plus personne


© AB

l’argot du «Chat qui pète» pour les caves *


* les caves : les non initiés, les sots
(avec tout mon respect pour toi lecteur, «mon semblable, mon frère»)


les profondes : les poches
le larfeuil ou le morniflard : le portefeuille

se faire la malle : se barrer, décamper, s’enfuir quoi

être tricard : avoir l’interdiction de pénétrer dans un territoire défini (par une autorité)
un bougnat : un patron de bar (à l’origine Auvergnat vendant du vin et du charbon)

quedale : rien du tout

la ferraille : la monnaie

le morniflard ou le larfeuil : le portefeuille

la gamberge, gamberger : réfléchir à s’en prendre la tête

le ciboulot : la tête, le cerveau, la cervelle

le casier vierge : le casier judiciaire sans aucune infraction

rincer la dalle aux poteaux : payer la tournée aux potes, aux copains

les gazettes : les journaux

braquer : attaquer une banque, un commerce, pour s’emparer de la caisse, des fonds

le taulier : le patron
la galette : la recette

le rouquin : le vin (rouge)

le Beaujolpif : le Beaujolais
saloper : gâcher, abîmer, salir

un surin : un couteau

le zinc : le comptoir

l’ardoise : les impayés dans un commerce

mon babillard : mon avocat

une carrée : une piaule, une chambre, ici une cellule

en avoir rien à péter : rien à b..., rien à faire

La tête de l'emploi


Tête en l'air,

moi je poussais la chansonnette

et mon chariot dans les allées,

c'est là que les chasseurs de tête

de l'hyper, m'ont repéré.


Ils se gondolent, m'interpellent :

"Vous avez ce qu'on appelle,

monsieur, la tête de l'emploi,

on va mettre en avant

vos talents naturels" ...

alors, j'ai signé le contrat


Si la formule fait recette

ça n’est pas drôle tous les jours,

les clients se payent ma tête :

je suis tête de gondole

à Carrefour


© AB

À l'oeil nu


Sous la torture,

Galilée garde son point de vue :


" La Lune est plate comme un écu,

je le jure,

d'ailleurs on le constate à l'œil nu ! "

hurle-t-il,

doigt tendu vers le disque céleste.


Toute retournée par l'injure,

la vieille Lune présente

à la Terre entière

sa fesse cachée,

geste involontaire

prouvant sans conteste

sa rotondité.


"Je ne suis pas celle que vous croyez",

dit-elle pour sa décence.


Un nuage passe,

elle reprend ses apparences et son mystère,

n'offrant plus aux voyeurs

qu'un sourire moqueur

sur sa face de lumière ...


Le lendemain,

réflexion faite,

Galilée inventa les lunettes*.


© AB

* Précisions pour le texte ci-dessous :
Galilée (1554-1642) est considéré comme l'inventeur de la lunette astronomique, destinée à l'observation de la Lune et des planètes. Menacé de torture par l'Église, il abjure sa théorie sur la rotation de la Terre. Évidemment, il n'a jamais mis en cause la rotondité de la Lune, ni vu sa face cachée, photographiée en 1959 par une sonde soviétique.

Ne passez pas à côté de l'ouvrage de l'atronome-poète >>>
Jean-Pierre Luminet, "L'oeil de Galilée" (éditions J Cl Lattès) paru en janvier 2009. C'est le tome 3 de la trilogie "Les bâtisseurs du ciel".

L’information est passée inaperçue.
Lieucommun vous la propose, avec la complicité involontaire d'un quotidien du soir dont nous ne révélerons donc pas le nom.

De l’emploi des voyelles


T'es à découvert ?

PULL EMPLOI


T'as le moral à plat ?

PILE EMPLOI


Ça te rend malade ?

PÂLE EMPLOI


On t'enterre vivant ?

PELLE EMPLOI


Tu fais la queue
dans le froid ?

PÔLE EMPLOI


© AB

titoizo

(chanson du titoizo)


Kicéti qui montre pas ses biscoteaux ?

Kicéti qui claque pas des castagnettes ?

Kicéti qui se prend pas les gros sabots

dans la moquette ?

Kicéti ? cétipa le titoizo ?


Kicéti qui traîne pas dans les bistrots ?

Kicéti qu'a pas au bec un' cigarette ?

Kicéti qui joue pas sa paye au loto

chez Marinette ?

Kicéti ? cétipa le titoizo ?


Mais ...

Kicéti qui fiente fort qui chante faux ?

Kicéti qui vient jouer les pique-assiettes ?

Kicéti qui dégueulasse les autos

la sale bête ?

Kicéti ? si c’est pas le titoizo ?

le titoizo


© AB

* l'oiseau photographié a été volontairement flouté - aucun animal n'a été humilié pour ce texte, et toute ressemblance avec un oiseau de votre connaissance ne pourrait être que le fruit du hasard

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La vie en kit


T’as pris la vie

la vie en kit
comme chez Ik-

éa


T’aurais choisi

la belle vie

ell’ n’était pas

pour toi

Alors tant pis

tu t’es servi

sur le rayon

du bas


La simple vie

sans garantie

et sans mode

d’emploi


Et puis et puis

tu t’es construit

un peu comm’ ci

comm’ ça


T’as fait ta vie

ta vie en kit

comme chez Ik-

éa ...


© AB

Le dernier mot


Autoniver et printété

C'est le bicycle des saisons

Oubliant toute gravité

La Terre ne tourne plus rond.


Les mots se percutent, s'encastrent

Au sens propre défigurés

Incommunicable désastre

Du langage dénaturé.


On économme l'écriture

On réductionne le dico

On taille, on jette aux dépodures

Les lettres usagées des vieux mots


Et nous passagers sages sages

Passifs dans nos canapéros

Irrésistants à l'élangage

Fini de se payer de mots


Ouvrons les yeux fermons la porte

Aux colporteurs du baragouin

Qu’il reste à jamais lettre morte

Donnons pas notre langue aux chiens


Il faut l’écrire en toutes lettres

et appeler un mot un mot

Prenons les au pied de la lettre

Ils n'auront pas le dernier mot.


© AB

La galaxie NGC 4921 - Image NASA - source : paperblog.fr

homonymies
du bonheur

(ou presque)


la vache :

le bonheur est dans le pré


la banque :

le bonheur est dans le prêt


toi et moi :

le bonheur est dans le près *


* tout près

© AB


D’AUTRES TEXTES ONT ÉTÉ SUPPRIMÉS PAR L’AUTEUR