poésies des saisons - printemps 1/2
poésies des saisons - printemps 1/2
poésies de printemps - page 1
Voici le printemps, pour les poètes,
c'est-à-dire pour tout le monde ...
TEXTES DE LA PAGE 2 EN ATTENTE
PAGE 1 (c’est cette page) - A à J
ci-dessous
1.Marc Alyn : Un printemps tout neuf
2.Auguste Angellier : Le printemps
3.Albert Arzenwiler : Petit printemps
4.Jean-Antoine de Baïf : Du printemps
5.Théodore de Banville : Le Printemps
6.Rémy Belleau : Avril
7.Paul Bergèse : À l’aube du printemps
8.Luc Bérimont : La nuit d'aube
9.Aloysius Bertrand : Encore un printemps
10.Jacques Brenner : Chanson
11.Jean-Claude Brinette : La noce des oiseaux
12.René-Guy Cadou : Avant-printemps
13.Robert Calmels : Avril - Le papillon
14.Francis Carco : Printemps
suite dans la colonne de droite >>
15.Maurice Carême : Mars - Avril - Le printemps reviendra - À la rencontre du printemps - Le muguet
16.Anne-Marie Chapouton : Printemps
17.François-René de Chateaubriand : Nuit de printemps
18.Anne-Marie Chapouton : Printemps
19.André Chénier : Épigramme
20.Charles Cros : Les quatre saisons, le printemps
21.Lucie Delarue-Mardrus : Joie du printemps
22.Philippe Desportes : Le printemps gracieux
23.Mohammed Dib : Printemps
24.Paul Éluard : Printemps
25.Maurice Fombeure : C'est le joli printemps
26.Théophile Gautier : Premier sourire du printemps - Au printemps
27.Paul Géraldy : Bonjour
28.Émile Goudeau : Pour hâter le retour du Printemps
29.Victor Hugo : Printemps - Puisque mai tout en fleurs dans les prés nous réclame - Spectacle rassurant - L'hirondelle au printemps
TEXTES DE LA PAGE 2 EN ATTENTE
en attendant leur déménagement sur ce site, vous trouverez les poésies sur le thème du PRINTEMPS à leur ancienne adresse :
1. Marc Alyn
est né en 1937. Il est romancier (Le Déplacement, 1964) et poète (une vingtaine de recueils, dont Le Temps des autres, prix Max Jacob 1957 ; Les Alphabets de Feu, Grand Prix de Poésie de l'Académie Française, 1994) ...
Un printemps tout neuf
Un arbre sourit de toutes ses fleurs.
Des ramiers s'en vont, à deux, vers le fleuve.
Le coucou vivant au bois donne l'heure :
Voici le printemps dans sa robe neuve !
Quel joli printemps aux yeux de pervenche,
Aux lèvres de rose, aux doigts de lilas !
La vie sur l'hiver a pris sa revanche
Et danse en chantant un alléluia.
Marc Alyn
2. Auguste Angellier (1848-1911) a publié de nombreux poèmes, dont les recueils Le chemin des Saisons et À l'amie perdue.
On propose en général aux élèves les deux premières strophes de ce poème :
Le printemps
Les bourgeons verts, les bourgeons blancs
Percent déjà le bout des branches,
Et, près des ruisseaux, des étangs
Aux bords parsemés de pervenches,
Teintent les arbustes tremblants ;
Les bourgeons blancs, les bourgeons roses,
Sur les buissons, les espaliers,
Vont se changer en fleurs écloses ;
Et les oiseaux, dans les halliers,
Entre eux déjà parlent de roses ;
Les bourgeons verts, les bourgeons gris,
Reluisant de gomme et de sève
Recouvrent l’écorce qui crève
Le long des rameaux amoindris ;
Les bourgeons blancs, les bourgeons rouges,
Sèment l’éveil universel,
Depuis les cours noires des bouges
Jusqu’au pur sommet sur lequel,
O neige éclatante, tu bouges ;
Bourgeons laiteux des marronniers,
Bourgeons de bronze des vieux chênes,
Bourgeons mauves des amandiers,
Bourgeons glauques des jeunes frênes,
Bourgeons cramoisis des pommiers,
Bourgeons d’ambre pâle du saule,
Leur frisson se propage et court,
A travers tout, vers le froid pôle,
Et grandissant avec le jour
Qui lentement sort de sa geôle,
Jette sur le bois, le pré,
Le mont, le val, les champs , les sables,
Son immense réseau tout prêt
A s’ouvrir en fleurs innombrables
Sur le monde transfiguré.
Auguste Angellier ("Le chemin des Saisons")
3. Albert Atzenwiler
Poète suisse et directeur de l'enseignement à Genève, auteur de manuels scolaires ( Leçons et exercices de grammaire française, école primaire), et de contes pour enfants, Albert Atzenwiler (1898-1941) nous propose les images d'un petit printemps :
Petit printemps
Petit printemps fantasque,
Qui lance avec humeur
De violentes bourrasques
Sur les arbres en fleur ;
Petit printemps sauvage
Comme un chat hérissé,
Qui nous crache au visage
De gros flocons glacés ;
Petit printemps boudeur,
Pourquoi faire la moue ?
Laisse tes douces fleurs
Refleurir sur ta joue.
Albert Atzenwiler
4. Jean-Antoine de Baïf
(1532-1589)
Du printemps
La froidure paresseuse
De l'yver a fait son tems :
Voici la saison joyeuse
Du délicieux printems.
La terre est d'herbes ornée,
L'herbe de fleuretes l'est ;
La fueillure retournée
Fait ombre dans la forest.
De grand matin la pucelle
Va devancer la chaleur
Pour de la rose nouvelle
Cueillir l'odorante fleur ;
Pour avoir meilleure grace,
Soit qu'elle en pare son sein,
Soit que present elle en face
A son amy de sa main ;
Qui de sa main l'ayant ue
Pour souvenance d'amour,
Ne la perdra point de vue,
La baisant cent fois le jour.
Mais oyez dans le bocage
Le flageolet du berger,
Qui agace le ramage
Du rossignol bocager.
Voyez l'onde clere et pure
Se cresper dam les ruisseaux ;
Dedans voyez la verdure
De ces voisins arbrisseaux.
La mer est calme et bonasse ;
Le ciel est serein et cler ;
La nef jusqu'aux Indes passe ;
Un bon vent la fait voler.
Les messageres avètes
Font çà et là un doux bruit,
Voletant par les fleuretes
Pour cueillir ce qui leur duit.
En leur ruche elles amassent
Des meilleures fleurs la fleur :
C'est à fin qu'elles en facent
Du miel la douce liqueur.
Tout resonne des voix nettes
De toutes races d'oyseaux :
Par les chams des alouetes,
Des cygnes dessus les eaux.
Aux maisons les arondelles,
Aux rossignols dans les boys,
En gayes chansons nouvelles
Exercent leurs belles voix.
Doncques la douleur et l'aise
De l'amour je chanteray,
Comme sa flame ou mauvaise
Ou bonne je sentiray.
Et si le chanter m'agrée,
N'est ce pas avec raison,
Puisqu'ainsi tout se recrée
Avec la gaye saison ?
Jean-Antoine de Baïf dans le recueil "Les Passe-temps"
5. Théodore de Banville
(1823-1891)
Le Printemps
Te voilà, rire du Printemps !
Les thyrses des lilas fleurissent.
Les amantes qui te chérissent
Délivrent leurs cheveux flottants
Sous les rayons d'or éclatants
Les anciens lierres se flétrissent
- Te voilà, rire du Printemps !
Les thyrses de lilas fleurissent.
Couchons-nous au bord des étangs,
Que nos maux amers se guérissent !
Mille espoirs fabuleux nourrissent
Nos cœurs gonflés et palpitants.
- Te voilà, rire du Printemps !
Théodore de Banville (1823-1891) ("Les cariatides")
6. Rémy Belleau
(1528-1577)
Avril (début en français moderne)
Avril l'honneur et des bois
Et des mois,
Avril, la douce espérance
Des fruits qui sous le coton
Du bouton
Nourrissent leur jeune enfance.
Avril, l'honneur des prés verts,
Jaunes, pers,
Qui, d'une humeur bigarrée
Émaillent de mille fleurs
De couleurs,
Leur parure diaprée.
...
texte original intégral :
Avril
Avril, l'honneur et des bois
Et des mois,
Avril, la douce esperance
Des fruits qui soubs le coton
Du bouton
Nourrissent leur jeune enfance ;
Avril, l'honneur des prez verds,
Jaune, pers,
Qui d'une humeur bigarrée
Emaillent de mille fleurs
De couleurs
Leur parure diaprée ;
Avril, l'honneur des souspirs
Des zephyrs,
Qui, soubs le vent de leur aelle,
Dressent encore es forests
Des doux rets
Pour ravir Flore la belle ;
Avril, c'est ta douce main
Qui du sein
De la nature desserre
Une moisson de senteurs
Et de fleurs,
Embasmant l'aer et la terre.
Avril, l'honneur verdissant,
Florissant
Sur les tresses blondelettes
De ma dame, et de son sein
Tousjours plein
De mille et mille fleurettes ;
Avril, la grace et le ris
De Cypris,
Le flair et la douce haleine ;
Avril, le parfum des dieux
Qui des cieux
Sentent l'odeur de la plaine.
C'est toy courtois et gentil
Qui d'exil
Retire ces passageres,
Ces arondelles qui vont
Et qui sont
Du printemps les messageres.
L'aubespine et l'aiglantin,
Et le thin,
L'oeillet, le lis et les roses,
En ceste belle saison,
A foison,
Monstrent leurs robes écloses.
Le gentil rossignolet,
Doucelet,
Decoupe dessoubs l'ombrage
Mille fredons babillars,
Fretillars
Au doux chant de son ramage.
C'est à ton heureux retour
Que l'amour
Souffle à doucettes haleines
Un feu croupi et couvert
Que l'hyver
Receloit dedans nos veines.
Tu vois en ce temps nouveau
L'essaim beau
De ces pillardes avettes
Volleter de fleur en fleur
Pour l'odeur
Qu'ils mussent en leurs cuissettes.
May vantera ses fraischeurs,
Ses fruicts meurs
Et sa feconde rosée,
La manne et le sucre doux,
Le miel roux,
Dont sa grace est arrosée.
Mais moy je donne ma voix
A ce mois,
Qui prend le surnom de celle
Qui de l'escumeuse mer
Veit germer
Sa naissance maternelle.
Rémy Belleau (1528-1577) ("La Bergerie")
7. Paul Bergèse
poète et enseignant, est un auteur contemporain pour la jeunesse.
À l’aube du printemps
À l’aube du printemps,
Comme un coucou malin,
Dans le douillet du nid
D’une grive insouciante,
Entre les œufs bleutés,
J’ai glissé mon poème
Pour qu’il sache chanter.
Et maintenant j’attends
L’éclosion avec hâte
Pour savoir si mes mots
Sauront aussi voler.
Paul Bergèse
8. Luc Bérimont
1915 -1983) "(...) passe une enfance heureuse dans Les Ardennes. Sa rencontre avec Jean Bouhier, fondateur de l'Ecole de Rochefort sera décisive. Il s'installe à Rochefort et se reconnaît pleinement dans ce cercle poétique où se nouent de profondes amitiés. Parallèlement à son œuvre de poète et de romancier il devient producteur d'émissions littéraires et musicales. Sa poésie, puisant sa force dans la nature traduit un rêve d'unité avec une allégresse traversée cependant par une certaine inquiétude". source : http://www.printempsdespoetes.com (poéthèque)
La nuit d'aube (extrait)
Une rose a percé la pierre de la neige
Une rose a percé la pierre de l’hiver
Galopez dans le ciel, chevaux blancs des cortèges
Une rose a percé la pierre de la neige.
Une rose a tremblé sur la paille, à l’auberge
L’ange au gantelet noir roule sous les sapins
Une rose a tremblé, plus frileuse qu’un cierge
La neige lacérait le ciel ultramontain.
Édifice du temps un enfant vous renverse
Une rose, une lampe, une larme au matin.
Il suffit d’un baiser qui réchauffe la neige
Et notre rose à nous brûle déjà ta main.
Luc Bérimont ("C'était hier et c'est demain" - éditions Pierre Seghers, 2004)
9. Aloysius Bertrand
(1807-1841)
Encore un printemps
(attention, poème en prose, renvois à la ligne en fin de paragraphe seulement)
Encore un printemps, encore une goutte de rosée, qui se bercera un moment dans mon calice amer, et qui s'en échappera comme une larme !
Ô ma jeunesse, tes joies ont été glacées par les baisers du temps, mais tes douleurs ont survécu au temps qu'elles ont étouffé sur leur sein.
Et vous qui avez parfilé la soie de ma vie, ô femmes ! s'il y a eu dans mon roman d'amour quelqu'un de trompeur, ce n'est pas moi, quelqu'un de trompé, ce n'est pas vous !
Ô printemps ! petit oiseau de passage, notre hôte d'une saison qui chante mélancoliquement dans le coeur du poète et dans la ramée du chêne !
Encore un printemps, encore un rayon du soleil de mai au front du jeune poète, parmi le monde, au front du vieux chêne, parmi les bois !
Aloysius Bertrand ("Gaspard de la nuit")
10. Jacques Brenner
(1922-2001) est un romancier, essayiste et poète français.
Chanson
Toute la nature
frémit et murmure
dans les roseaux
au renouveau.
Musique divine
où l’on devine
le parfait accord
du Sud et du Nord.
Le bonheur vient
tends les mains,
le bonheur passe
suis sa trace.
Jacques Brenner ("La Minute heureuse" - éditions Gallimard,1947)
11. Jean-Claude Brinette
est un auteur contemporain.
La noce des oiseaux
Les arbres se sont habillés de couleurs pastels,
Jonquilles, crocus ont bravé la fraîcheur du temps,
Que déjà, les oiseaux publient leurs noces dans le ciel.
Neiges et froidures sont parties : " vive le Printemps ! "
Immense symphonie, où des millions de fleurs,
Se mélangent en un jour, aux bourgeons de velours
D'un coup de baguette magique : le ciel sort ses couleurs
Pour éblouir nos yeux, il devient troubadour.
Dans un ballet de cabrioles fantastiques
Les oiseaux dansent, s'accouplent et préparent leur nid,
Guidés par une force invisible et mystique,
Leur chant monte en hommage : au Maître de Symphonie.
Les oiseaux se sont embrassés sur les branches,
Et des angelots coquins ont ajusté leurs flèches...
Etrange ! tout ce que le Printemps en un jour change !
Les arbres se sont habillés de couleurs pastels,
Tandis que sous leurs branches les amoureux de mèche,
Se content fleurette quand roucoulent les tourterelles.
Jean-Claude Brinette
René-Guy Cadou
Avant-printemps
Des oeufs dans la haie
Fleurit l'aubépin
Voici le retour
Des marchands forains.
Et qu'un gai soleil
Pailleté d'or fin
Eveille les bois
Du pays voisin
Est-ce le printemps
Qui cherche son nid
Sur la haute branche
Où niche la pie ?
C'est mon coeur marqué
Par d'anciennes pluies
Et ce lent cortège
D'aubes qui le suit.
René-Guy Cadou
Robert Calmels
Né en 1926, Robert Calmels est l'auteur de nombreuses poésies (recueils "Bouquet d'espérances et " Pétales d'or").
Avril
Avril mois du printemps
Est celui des averses
Jour après jour le vent
Sur le sol les déverse.
Les prés sont verdoyants
et les arbres s'habillent
D'un feuillage ondoyant
Que la brise brandille.
S'il commence à pleuvoir
Dès lors sous la pluie fine
Pataugent les canards
Dont le corps se dandine.
Puis le soleil revient
Les gouttes cristallines
De pluie dans les jardins
Sur les fleurs s'illuminent.
Sans l'éclaircie du ciel
Comme un heureux présage
Surgit un arc-en-ciel
Irisant les nuages.
Robert Calmels
Le papillon
Le papillon qui s’éveille
Et sort de sa chrysalide
Aux rayons qui l’ensoleille
Chauffe ses ailes humides.
En les déployant ses ailes
Brillent de teintes variées
Qui au soleil étincèlent
En ocelles colorées.
Puis insouciant il volète
Visitant chaque corolle
Pour y butiner des miettes
De pollen dont il raffole.
Il inspecte ainsi la flore
Arrive en valses légères
Au buddleia (1) qu’il adore
Pour ses senteurs printanières.
En voltigeant il explore
Chaque espèce florifère.
Heureusement il ignore
Sa destinée éphémère
(1) Le buddleia, appelé également "arbre à papillons" et "lilas d'été" est un buisson d'ornement qui se couvre de fleurs colorées.
Robert Calmels
Francis Carco
(1886-1958)
est un écrivain, auteur des romans connus Jésus la Caille (1914) et L'homme traqué (1922, Grand Prix du roman de l'Académie française). C'est un poète (La Bohème et mon cœur, 1913), un journaliste et un parolier de chansons (Le doux caboulot, Chanson tendre ...)
C'est la première strophe de ce poème, la plus simple, qu'on propose aux classes élémentaires :
Printemps
C'est dans le ciel clair
Un sifflement d'ailes,
Les roses nouvelles
Frissonnent à l'air
Bourdonnant d'abeilles.
Le soleil léger
Caresse les feuilles.
Ah ! que tu le veuilles
Ou non, va, chargé,
Du fruit de tes veilles.
Mais sois ingénu
Comme cette brise
Qui souffle et te grise
D'un philtre inconnu !
Francis Carco, 1913 ("La Bohème et mon cœur" - Éditions Albin Michel)
Maurice Carême
instituteur belge (1899-1978) est présent dans chaque cahier de poésie des élèves de France et de Navarre (et de Belgique bien sûr).
Il nous propose deux poésies mensuelles pour débuter le printemps :
Mars
Il tombe encore des grêlons,
Mais on sait bien que c'est pour rire.
Quand les nuages se déchirent,
Le ciel écume de rayons.
Le vent caresse les bourgeons
Si longuement qu'il les fait luire.
Il tombe encore des grêlons,
Mais on sait bien que c'est pour rire.
Les fauvettes et les pinsons
Ont tant de choses à se dire
Que dans les jardins en délire
On oublie les premiers bourdons.
Il tombe encore des grêlons …
Maurice Carême ("La lanterne magique")
Avril
J'ai crié. " Avril ! "
À travers la pluie,
Le soleil a ri.
J'ai crié. " Avril ! "
Et des hirondelles
Ont bleui le ciel.
J'ai crié. " Avril ! "
Et le vert des prés
S'est tout étoilé.
J'ai crié. " Avril !
Veux-tu me donner
Un beau fiancé ? "
Mais, turlututu,
Il n 'a rien répondu.
Maurice Carême ("La lanterne magique")
Le printemps reviendra
Hé oui , je sais bien qu'il fait froid,
Que le ciel est tout de travers ;
Je sais que ni la primevère
Ni l'agneau ne sont encore là .
La terre tourne ; il reviendra ,
Le printemps , sur son cheval vert .
Que ferait le bois sans pivert ,
Le petit jardin sans lilas ?
Oui , tout passe , même l'hiver ,
Je le sais par mon petit doigt
Que je garde toujours en l'air ...
Maurice Carême ("En sourdine")
À la rencontre du printemps
Cheveux au vent
Tambour battant,
Allons-nous-en,
A la rencontre du printemps.
Des arbres, des toits, des auvents,
Il pleut des milliers d'hirondelles.
Le soleil verse sur les champs,
De pleins paniers de fleurs nouvelles.
Cheveux au vent,
Tambour battant,
Allons-nous-en,
A la rencontre du printemps.
Prenons nos trompettes gaiement
Et sonnons la mort de l'hiver.
La terre est comme un agneau blanc
Dans les bras nus de l'univers.
Cheveux au vent,
Tambour battant,
Allons-nous-en,
A la rencontre du printemps.
Maurice Carême
Un poème pour un peu plus tard :
Le muguet
Cloches naïves du muguet,
Carillonnez ! car voici Mai !
Sous une averse de lumière,
Les arbres chantent au verger,
Et les graines du potager
Sortent en riant de la terre.
Carillonnez ! car voici Mai !
Cloches naïves du muguet !
Les yeux brillants, l'âme légère,
Les fillettes s'en vont au bois
Rejoindre les fées qui, déjà,
Dansent en rond sur la bruyère.
Carillonnez ! car voici Mai !
Cloches naïves du muguet !
Maurice Carême
Anne-Marie Chapouton
Printemps
Chante Printemps
L'oiseau batifole
L'herbe folle sourit
La fleur endormie
s'étire gaiement
Chante Printemps
Anne-Marie Chapouton
François-René de Chateaubriand
(1768-1848)
Nuit de printemps
Le ciel est pur, la lune est sans nuage :
Déjà la nuit au calice des fleurs
Verse la perle et l'ambre de ses pleurs ;
Aucun zéphyr n'agite le feuillage.
Sous un berceau, tranquillement assis,
Où le lilas flotte et pend sur ma tête,
Je sens couler mes pensers rafraîchis
Dans les parfums que la nature apprête.
Des bois dont l'ombre, en ces prés blanchissants,
Avec lenteur se dessine et repose,
Deux rossignols, jaloux de leurs accents,
Vont tour à tour réveiller le printemps
Qui sommeillait sous ces touffes de rose.
Mélodieux, solitaire Ségrais,
Jusqu'à mon cœur vous portez votre paix !
Des prés aussi traversant le silence,
J'entends au loin, vers ce riant séjour,
La voix du chien qui gronde et veille autour
De l'humble toit qu'habite l'innocence.
Mais quoi ! déjà, belle nuit, je te perds !
Parmi les cieux à l'aurore entrouverts,
Phébé n'a plus que des clartés mourantes,
Et le zéphyr, en rasant le verger,
De l'orient, avec un bruit léger,
Se vient poser sur ces tiges tremblantes.
François-René de Chateaubriand ("Tableaux de la nature")
André Chénier
de son vrai nom André Marie de Chénier (1762-1794) est considéré comme le précurseur des Romantiques.
Épigrammes
(deux strophes extraites du poème, qui en compte trente-quatre !)
XVII
On dit que l’on a vu, de roses couronné,
Le jeune et beau Printemps sur nos bords ramené.
C’est aux autres amants dont l’amante est fidèle
De chanter les douceurs de la saison nouvelle.
Thestilis m’abandonne ; elle a trahi sa foi.
Il n’est plus de printemps ni de roses pour moi.
XVIII
L’hiver sous ses frimas tient la terre enchaînée ;
Le printemps les dissipe, et lui-même il s’enfuit ;
L’été vient ; il s’écoule, et Pomone le suit ;
Et bientôt aux frimas ils ramènent l’année.
André Chénier
Charles Cros
1842-1888)
Les quatre saisons - Le printemps
Au printemps, c'est dans les bois nus
Qu'un jour nous nous sommes connus.
Les bourgeons poussaient vapeur verte.
L'amour fut une découverte.
Grâce aux lilas, grâce aux muguets,
De rêveurs nous devînmes gais.
Sous la glycine et le cytise,
Tous deux seuls, que faut-il qu'on dise ?
Nous n'aurions rien dit, réséda,
Sans ton parfum qui nous aida.
Charles Cros (1842-1888) ("Le coffret de santal")
Lucie Delarue-Mardrus
(1874-1945) a écrit de nombreux poèmes, romans, contes et nouvelles ...
Elle était aussi dessinatrice, sculptrice et historienne.
Joie du printemps
Au printemps, on est un peu fou,
Toutes les fenêtres sont claires,
Les prés sont pleins de primevères,
On voit des nouveautés partout.
Oh! regarde, une branche verte!
Ses feuilles sortent de l'étui!
Une tulipe s'est ouverte...
Ce soir, il ne fera pas nuit,
Les oiseaux chantent à tue-tête,
Et tous les enfants sont contents
On dirait que c'est une fête...
Ah! que c'est joli le printemps!
Lucie Delarue-Mardrus
Philippe Desportes
(1546-1606)
Le printemps gracieux
Celui qui n'a point vu le printemps gracieux
Quand il étale au ciel sa richesse prisée,
Remplissant l'air d'odeurs, les herbes de rosée,
Les coeurs d'affections, et de larmes les yeux :
Celui qui n'a point vu par un temps furieux
La tourmente cesser et la mer apaisée,
Et qui ne sait quand l'âme est du corps divisée
Comme on peut réjouir de la clarté des cieux :
Qu'il s'arrête pour voir la céleste lumière
Des yeux de ma Déesse, une Vénus première.
Mais que dis-je ? ah ! mon Dieu qu'il ne s'arrête pas :
S'il s'arrête à la voir pour une saison neuve,
Un temps calme, une vie, il pourrait faire épreuve
De glaçons, de tempête, et de mille trépas.
Philippe Desportes
Mohammed Dib
(1920-2003) est un grand romancier et poète algérien de langue française, dont on peut retrouver d'autres textes sur ce blog
Bien sûr, ce Printemps n'est classique que dans sa forme :
Printemps
Il flotte sur les quais une haleine d'abîmes,
L'air sent la violette entre de lourds poisons,
Des odeurs de goudron, de varech, de poisson ;
Le printemps envahit les chantiers maritimes.
Ce jour de pluie oblique a doucement poncé
Les gréements noirs et gris qui festonnent le port ;
Eaux, docks et ciel unis par un subtil accord
Inscrivent dans l'espace une sourde pensée.
En cale sèche on voit des épaves ouvertes;
En elles l'âme vit peut-être... Oiseau têtu,
Oiseau perdu, de l'aube au soir reviendras-tu
Rêver rie haute mer, d'embruns et d'îles vertes ?
Je rôde aussi, le coeur vide et comme aux abois,
Un navire qui part hurle au loin sous la brume ;
Je tourne dans la ville où les usines fument,
Je cherche obstinément à me rappeler, quoi ?
Mohammed Dib
Paul Éluard
Printemps
Il y a, sur la plage, quelques flaques d'eau.
Il y a, dans les bois, des arbres fous d'oiseaux.
La neige fond dans la montagne.
Les branches des pommiers brillent de tant de fleurs
Que le pâle soleil recule.
C'est par un soir d'hiver,
Dans un monde très dur,
Que tu vis ce printemps,
Près de moi, l'innocente.
Il n'y a pas de nuit pour nous.
Rien de ce qui périt, n'a de prise sur moi
Mais je ne veux pas avoir froid.
Notre printemps est un printemps qui a raison.
Paul Éluard
Maurice Fombeure
C'est le joli printemps
C'est le joli printemps
Qui fait sortir les filles,
C'est le joli printemps
Qui fait briller le temps.
J'y vais à la fontaine,
C'est le joli printemps,
Trouver celle qui m'aime,
Celle que j'aime tant.
C'est dans le mois d'avril
Qu'on promet pour longtemps,
C'est le joli printemps,
Qui fait sortir les filles,
La fille et le galant,
Pour danser le quadrille.
C'est le joli printemps
Qui fait briller le temps.
Aussi, profitez-en,
Jeunes gens, jeunes filles;
C'est le joli printemps
Qui fait briller le temps.
Car le joli printemps,
C'est le temps d'une aiguille.
Car le joli printemps
Ne dure pas longtemps.
Maurice Fombeure ("À dos d'oiseau" Gallimard - 1971)
Théophile Gautier
(1811-1872)
Premier sourire du printemps
Tandis qu'à leurs œuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.
Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement lorsque tout dort,
Il repasse des collerettes *
Et cisèle des boutons d'or*.
Dans le verger et dans la vigne,
Il s'en va, furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l'amandier.
La nature au lit se repose ;
Lui descend au jardin désert,
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.
Tout en composant des solfèges,
Qu'aux merles il siffle à mi-voix,
Il sème aux prés les perce-neiges
Et les violettes aux bois.
Sur le cresson de la fontaine
Où le cerf boit, l'oreille au guet,
De sa main cachée il égrène
Les grelots d'argent du muguet.
Sous l'herbe, pour que tu la cueilles,
Il met la fraise au teint vermeil,
Et te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil.
Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d'avril tournant la tête,
Il dit : " Printemps, tu peux venir ! "
Théophile Gautier ("Émaux et camées")
"Il repasse des collerettes * / Et cisèle des boutons d'or*". Il existe différentes versions, avec "des" et "les".
Après vérifications dans les anthologies, celle-ci est la bonne.
Au printemps
Regardez les branches
Comme elles sont blanches !
Il neige des fleurs.
Riant dans la pluie,
Le soleil essuie
Les saules en pleurs
Et le ciel reflète,
Dans la violette
Ses pures couleurs...
La mouche ouvre l'aile
Et la demoiselle
Aux prunelles d'or,
Au corset de guêpe
Dépliant son crêpe,
A repris l'essor.
L'eau gaîment babille,
Le goujon frétille ...
Un printemps encore !
Théophile Gautier ("Poésies" - éditions Fasquelle)
Paul Géraldy
(1885-1983)
Bonjour
Comme un diable au fond de sa boîte,
le bourgeon s'est tenu caché...
mais dans sa prison trop étroite
il baille et voudrait respirer.
Il entend des chants, des bruits d'ailes,
il a soif de grand jour et d'air...
il voudrait savoir les nouvelles,
il fait craquer son corset vert.
Puis, d'un geste brusque, il déchire
son habit étroit et trop court
"enfin, se dit-il, je respire,
je vis, je suis libre... bonjour !"
Paul Géraldy
Émile Goudeau
(1849-1906)
Pour hâter le retour du Printemps*
Voici revenir le Printemps,
Qui chasse les Frimas moroses.
J’ouvre mon cœur à deux battants
Au Roi-Soleil, père des Roses.
Je guette l’horizon vermeil,
Et faites-y de longues pauses,
Mon beau Soleil !
Déjà les oiseaux querelleurs
Sur les rameaux boivent les sèves.
Écoutons les merles siffleurs !
Les forêts s’emplissent de rêves.
Je veux me mettre à l’unisson:
Entrez chez moi, jeune Chanson ;
Faites sonner les heures brèves,
Douce Chanson !
Déjà fleurissent les lilas
En lourdes grappes violettes.
Les charmeuses à falbalas
Jettent au zéphyr leurs voilettes :
Prenez le chemin le plus court,
Entrez chez moi, Seigneur Amour,
Rois des femmes et des athlètes,
Ô bel Amour !
Émile Goudeau
* majuscules originales respectées
Victor Hugo
(1802-1885)
Printemps
C'est la jeunesse et le matin.
Vois donc, ô ma belle farouche,
Partout des perles : dans le thym,
Dans les roses, et dans ta bouche.
L'infini n'a rien d'effrayant ;
L'azur sourit à la chaumière
Et la terre est heureuse, ayant
Confiance dans la lumière.
Quand le soir vient, le soir profond,
Les fleurs se ferment sous les branches ;
Ces petites âmes s'en vont
Au fond de leurs alcôves blanches.
Elles s'endorment, et la nuit
A beau tomber noire et glacée,
Tout ce monde des fleurs qui luit
Et qui ne vit que de rosée,
L'oeillet, le jasmin, le genêt,
Le trèfle incarnat qu'avril dore,
Est tranquille, car il connaît
L'exactitude de l'aurore.
Victor Hugo ("Les chansons des rues et des bois", 1865)
Puisque mai tout en fleurs dans les prés nous réclame
Puisque mai tout en fleurs dans les prés nous réclame,
Viens ! ne te lasse pas de mêler à ton âme
La campagne, les bois, les ombrages charmants,
Les larges clairs de lune au bord des flots dormants,
Le sentier qui finit où le chemin commence,
Et l'air et le printemps et l'horizon immense,
L'horizon que ce monde attache humble et joyeux
Comme une lèvre au bas de la robe des cieux !
Viens ! et que le regard des pudiques étoiles
Qui tombe sur la terre à travers tant de voiles,
Que l'arbre pénétré de parfums et de chants,
Que le souffle embrasé de midi dans les champs,
Et l'ombre et le soleil et l'onde et la verdure,
Et le rayonnement de toute la nature
Fassent épanouir, comme une double fleur,
La beauté sur ton front et l'amour dans ton coeur !
Victor Hugo ("Les chants du crépuscule")
Spectacle rassurant
Tout est lumière, tout est joie.
L'araignée au pied diligent
Attache aux tulipes de soie
Les rondes dentelles d'argent.
La frissonnante libellule
Mire les globes de ses yeux
Dans l'étang splendide où pullule
Tout un monde mystérieux.
La rose semble, rajeunie,
S'accoupler au bouton vermeil
L'oiseau chante plein d'harmonie
Dans les rameaux pleins de soleil.
Sous les bois, où tout bruit s'émousse,
Le faon craintif joue en rêvant :
Dans les verts écrins de la mousse,
Luit le scarabée, or vivant.
La lune au jour est tiède et pâle
Comme un joyeux convalescent ;
Tendre, elle ouvre ses yeux d'opale
D'où la douceur du ciel descend !
Tout vit et se pose avec grâce,
Le rayon sur le seuil ouvert,
L'ombre qui fuit sur l'eau qui passe,
Le ciel bleu sur le coteau vert !
La plaine brille, heureuse et pure;
Le bois jase ; l'herbe fleurit.
- Homme ! ne crains rien ! la nature
Sait le grand secret, et sourit.
Victor Hugo ("Les Rayons et les Ombres", 1840)
L'hirondelle au printemps
L'hirondelle au printemps cherche les vieilles tours,
Débris où n'est plus l'homme, où la vie est toujours ;
La fauvette en avril cherche, ô ma bien-aimée,
La forêt sombre et fraîche et l'épaisse ramée,
La mousse, et, dans les nœuds des branches, les doux toits
Qu'en se superposant font les feuilles des bois.
Ainsi fait l'oiseau. Nous, nous cherchons, dans la ville,
Le coin désert, l'abri solitaire et tranquille,
Le seuil qui n'a pas d'yeux obliques et méchants,
La rue où les volets sont fermés ; dans les champs,
Nous cherchons le sentier du pâtre et du poète ;
Dans les bois, la clairière inconnue et muette
Où le silence éteint les bruits lointains et sourds.
L'oiseau cache son nid, nous cachons nos amours.
Victor Hugo ("Les contemplations")
Premier sourire du printemps dans le Vexin français en fin de matinée (photo lieucommun)
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(l’automne est en attente)
Premiers pas dans le printemps 2014 - Vexin français en avril (photo lieucommun)