Poésies par thèmes : la Seine, le fleuve
MATERNELLE, CYCLE 2 et CYCLE 3 et COLLÈGE

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L’EAU COURANTE  -  LE FLEUVE  -  LA SEINE

textes pour L’ÉCOLE PRIMAIRE

pour le Cycle 3, voir aussi  cette page :

La Seine, l’eau  -  textes pour le collège

CHANSONS

  1. 1.Le bateau-Lavoir - Corni

  2. 2.La Seine - Matthieu Chedid

  3. 3.L’Île Saint-Louis -  Léo Ferré

  4. 4.Paris-blessure - Jacques Brel

  5. 5.La Seine et la Tamise - Pétula Clark


COMPTINES SUR L’EAU COURANTE


  1. 6.plusieurs comptines anonymes ou d’auteurs cités


POÈMES SUR LA SEINE


  1. 7.Chanson de la Seine - Jacques Prévert

  2. 8.La Seine a rencontré Paris - Jacques Prévert

  3. 9.L’hippopotame - Jean-Luc Moreau

  4. 10.La Tour Eiffel - Maurice Carême

  5. 11.La souris de Paris - Maurice Carême

  6. 12.Il pleut sur la Seine- Maurice Carême

  7. 13.Suppositions - Jacques Charpentreau

  8. 14.Front de Seine - Jacques Charpentreau

  9. 15.Dans le regard d’un enfant - Claude Haller

  10. 16.Congés payés - Jean L’Anselme

  11. 17.Barcarolle dans la ville - Pierre Gamarra

  12. 18.Le crapaud - Robert Desnos

  13. 19.Paris blanc - Pierre Coran

  14. 20.L’Enfant et le Maître d’école - Jean de La Fontaine

  15. 21.La Seine - Patrick Huet

CHANSONS


  1. 1.Le bateau-Lavoir (chanson), début


Il était un bateau lavoir

Amarré au bord de la Seine

Dont le patron rêvait de voir

La mer comme un vrai capitaine

Un jour devenant fou soudain

Du bateau il brise les amarres

Puis vers les océans lointains

V'là l'bateau lavoir qui démarre

Avec ses lavandières, le patron, le linge, le sel et le savon.


(...)


Corni


texte de Corni, musique de Guy Lafarge (1951), interprétation des Frères Jacques


2. La Seine (chanson)


Elle sort de son lit

Tellement sûre d'elle

La Seine, la Seine, la Seine

Tellement jolie, elle m’ensorcelle

La Seine, la Seine, la Seine

Extralucide, la lune est sûre

La Seine, la Seine, la Seine

Tu n'es pas saoul

Paris est sous

La Seine, la Seine, la Seine


Je ne sais, ne sais, ne sais pas pourquoi

On s'aime comme ça, la Seine et moi

Je ne sais, ne sais, ne sais pas pourquoi

On s'aime comme ça la Seine et moi


Extra Lucille* quand tu es sur

La scène, la scène, la scène

Extravagante quand l'ange est sur

La scène, la scène, la scène


Je ne sais, ne sais, ne sais pas pourquoi

On s'aime comme ça, la Seine et moi

Je ne sais, ne sais, ne sais pas pourquoi

On s'aime comme ça la Seine et moi


Sur le pont des arts

Mon cœur vacille

Entre deux eaux

L'air est si bon


Cet air si pur

Je le respire

Nos reflets perchés

Sur ce pont


[...] On s'aime comme ça, la Seine et moi (4 fois)


Paroles et musique de Matthieu Chedid

Interprétation : en duo par Vanessa Paradis et Matthieu Chedid
* Vanessa Paradis, qui est la voix du personnage Lucille

Un monstre à Paris est un dessin animé en images de synthèse réalisé par Bibo Bergeron (2011).

L'intrigue se déroule à Paris durant la crue de la Seine de 1910.

lien vers la video : http://www.dailymotion.com/video/xjn9k5_un-monstre-a-paris-la-seine_shortfilms


3. L´île Saint-Louis (chanson)


L´île Saint-Louis en ayant marre

D´être à côté de la Cité

Un jour a rompu ses amarres

Elle avait soif de liberté

Avec ses joies, avec ses peines

Qui s´en allaient au fil de l´eau

On la vit descendre la Seine

Ell´ se prenait pour un bateau.

Quand on est une île

On reste tranquille

Au cœur de la ville

C´est ce que l´on dit,

Mais un jour arrive

On quitte la rive

En douce on s´esquive

Pour voir du pays.


{Refrain:}

Pour les îles sages

Point de grands voyages

Point de grands voyages

Tra la la,

Les livres d´images

Tra la la,

Se font à Paris

Tra la la la la,

Se font à Paris.


De la Mer Noire à la Mer Rouge

Des îles blanches, aux îles d´or

Vers l´horizon où rien ne bouge

Point n´a trouvé l´île au trésor,

Mais tout au bout de son voyage

Dans un endroit peu fréquenté

On lui raconta le naufrage

L´île au trésor s´était noyée.

Quand on est une île

On vogue tranquille

Trop loin de la ville

Malgré c´que l´on dit,

Mais un jour arrive

Où l´âme en dérive,

On songe à la rive

Du bon vieux Paris


{Refrain}


L´Ile Saint-Louis a de la peine

Du pôle Sud au pôle Nord

L´océan ne vaut pas la Seine

Le large ne vaut pas le port

Si l´on a trop de vague à l´âme

Mourir un peu n´est pas partir

Quand on est île à Notre-Dame

On prend le temps de réfléchir.

Quand on est une île

On reste tranquille

Au cœur de la ville

Moi je vous le dit,

Pour les îles sages

Point de grands voyages

Les livres d´images

Se font à Paris


{Refrain}


paroles de Léo Ferré et  Francis Claude,
musique de Léo Ferré - interprétations Léo Ferré, Michèle Arnaud ...


4. Paris-blessure (début de la chanson - pour le texte intégral, voir la colonne de droite)


Le soleil qui se lève

Et caresse les toits

Et c’est Paris le jour

La Seine qui se promène

Et me guide du doigt

Et c’est Paris toujours

Et mon cœur qui s’arrête

Sur ton cœur qui sourit

Et c’est Paris bonjour

Et ta main dans ma main

Qui me dit déjà oui

Et c’est Paris l’amour

...


Jacques Brel


5. La Seine et la Tamise (chanson)


Elles ont toutes deux

La Seine et la Tamise

Les mêmes rives grises

Où l´on va pour rêver

Où l´on va s´embrasser


Elles ont toutes deux

La Seine et la Tamise

Vers le temps des cerises

Des bateaux de badauds

De badauds sur le dos


Elles ne sont pas trop pressées

D´aller mourir en mer

Elles parcourent émerveillées

La France et l´Angleterre


C´est bien vrai qu'elles ont

La Seine et la Tamise

Des grâces de marquises

Quand le vent de l´été

Les invite à danser


Et je mélange dans mon cœur

Le cours de ces rivières

Ici ou là, c´est le bonheur

C´est la même lumière


Car elles ont, c´est vrai,

La Seine et la Tamise

Les mêmes rives grises

Qui seront pour toujours

Mes amours, mes amours

Oui, mes amours (2X)


paroles de Pierre Delanoë, musique de Petula Clark, 1961

interprétation : Petula Clark


COMPTINES


  1. Puce  Espèces de comptines
    en «ote»et en «otte» (passage 3. choisi pour le thème)


La rivière ravigote

Elle est entrée dans mes bottes

Avec huile et échalote

Et vinaigre de carottes

Et mes pieds sont dans la flotte

Dans la flotte ravigote

Lorsque j’enfile mes bottes

Pour jouer avec mes potes !


Georges Jean


  1. Puce  Le voyage de l'eau

(source de ce texte : http://www.chansonsfutees.com/chanson-educative-comptine-le-voyage-de-l-eau-mp3-1-1.html)


L’eau c’est l’océan, la mer,

La neige, la pluie, les rivières

C’est l’eau qui permet la vie

Des hommes et des plantes aussi


L’eau voyage tout le temps

De rivières en océan,

Elle s’évapore au soleil

Et forme les nuages du ciel


L’eau c’est les ruisseaux, les lacs

La grêle, la brume et la glace

L’homme ne peut vivre sans eau

Comme les fleurs, les animaux


L’eau voyage tout le temps

De rivières en océan,

Elle s’évapore au soleil

Et forme les nuages du ciel


L’eau est dans tous ses états

Liquide, solide ou gazeuse

Sensible aux divers climats

C’est une grande voyageuse


L’eau voyage tout le temps

De rivières en océan,

Elle s’évapore au soleil

Et forme les nuages du ciel


  1. Puce  Do ré mi, la perdrix


Do ré mi, la perdrix

mi fa sol, elle s'envole

fa mi ré, dans le pré

mi ré do, tombe à l'eau.


  1. Puce  Pollution


Poisson dans la rivière,

Poisson le ventre en l’air

Triste destin du poisson

Qui a mangé du poison


Hélas ! Hélas !

Pleurons ! Pleurons !


  1. Puce  Bateau sur l’eau

(comptine-chansonnette pour se balancer)


Bateau sur l’eau,

la rivière, la rivière, bateau, sur l’eau,

la rivière au bord de l’eau.


Poissons dans l’eau,

la baleine, la baleine, poissons dans l’eau,

la baleine au fond de l’eau.


Château nouveau,

roule vague, roule vague, château nouveau,

roule vague, château sous l’eau.


Oiseaux là-haut,

les nuages, les nuages, oiseaux, là-haut,

les nuages tombent dans l’eau.


Le bateau a chaviré

et les enfants sont tombés.

Plouf, dans l’eau !


(Comptine illustrée par Martine Bourré dans le livre "Bateau sur l'eau" - Didier jeunesse, collection Pirouette)

source et téléchargement du texte : http://www.cccconty.com/telecharger/1-20-chanson_bateau_sur_l_eau.pdf)


  1. Puce  Bateau sur l'eau 2 (variante courte parmi d'autres)


Bateau, sur l'eau,

La rivière, la rivière,

Bateau, sur l'eau

La rivière au bord de l'eau.

Le bateau a chaviré

Tous les enfants sont tombés

Dans l'eau


  1. Puce  J'aime l'eau


J'aime l'eau dans ma baignoire,

Et sur le carrelage de la cuisine, quand je* le nettoie.

*variantes : maman, papa


J'aime l'eau sur la plage,

J'aime les vagues,


Qui me chatouillent les doigts de pieds,

Et s'en vont avec la marée.


J'aime l'eau des flaques et des étangs,

Des lacs et des barrages où elle se heurte en écumant,


J'aime la pluie qui me mouille la langue,

Et qui fait pousser les plantes dans le jardin,


J'aime l'eau des fleuves,

L'eau où vivent les petits poissons.


J'aime l'eau quand elle est chaude,

Le matin dans mon lavabo,


J'aime l'eau quand elle est gelée,

Quand je peux patiner sur les mares glacées.


  1. Puce  Les petits poissons


Les petits poissons, dans l'eau,

Nagent, nagent, nagent, nagent, nagent,

Les petits poissons, dans l'eau,

Nagent aussi bien que les gros.


Les petits, les gros, nagent comme il faut,

Les gros, les petits, nagent bien aussi.


Serge Jaubert (la 2e strophe est souvent omise)


  1. Puce  Mon ami Arnaud


Mon ami Arnaud

A un grand bateau,

Un bateau très beau,

Avec un drapeau.


Quand il va sur l’eau,

Sur l’eau du ruisseau,

Tous les animaux

Applaudissent Arnaud.


  1. Puce  Tu m’aimes ?


Tu m’aimes ?

non !

tombe tombe tombe dans l’eau


Tu m’aimes

oui !

remonte remonte remonte dans mon bateau


  1. Puce  La mère Mirette


C’est la mère Mirette

Avec ses lunettes

C’est le père Mirot

Avec ses sabots

Qui prend sa brouette

Va au bord de l’eau

Ramasser trois escargots

Pour en faire trois grelots


("comptines formulettes et jeux dansés"  - École normale de la Loire)



POÈMES


7. Chanson de la Seine


La Seine a de la chance
Elle n'a pas de souci
Elle se la coule douce
Le jour comme la nuit
Et elle sort de sa source
Tout doucement, sans bruit...
Sans sortir de son lit
Et sans se faire de mousse,
Elle s'en va vers la mer
En passant par Paris.
La Seine a de la chance
Elle n'a pas de souci
Et quand elle se promène
Tout au long de ses quais
Avec sa belle robe verte
Et ses lumières dorées
Notre-Dame jalouse,
Immobile et sévère
Du haut de toutes ses pierres
La regarde de travers
Mais la Seine s'en balance
Elle n'a pas de souci
Elle se la coule douce
Le jour comme la nuit
Et s'en va vers le Havre
Et s'en va vers la mer
En passant comme un rêve
Au milieu des mystères
Des misères de Paris


Jacques Prévert



8. LA SEINE A RENCONTRÉ PARIS

(début de ce très long poème)


Qui est là

toujours là dans la ville

et qui pourtant sans cesse arrive

et qui pourtant sans cesse s’en va

C’est un fleuve répond un enfant

un devineur de devinettes

Et puis l’œil brillant il ajoute

Et le fleuve s’appelle la Seine

quand la ville s’appelle Paris

et la Seine c’est comme une personne

Des fois elle court elle va très vite

elle presse le pas quand tombe le soir

Des fois au printemps elle s’arrête

et vous regarde comme un miroir

et elle pleure si vous pleurez

ou sourit pour vous consoler

et toujours elle éclate de rire

quand arrive le soleil d’été

[...] voir une suite colonne de droite  >>


Jacques Prévert (recueil : "Choses et autres")


9. L'hippopotame


Par la Seine un hippopotame

S’en vint un jour jusqu’à Paname.

Il descendit dans le métro,

Changea même à Trocadéro

Mais quand il fut à la Concorde,

Il s’écria: «Miséricorde !»

Et par la Porte des Lilas

S’en alla.


Jean-Luc Moreau ("L'Arbre perché" - Collection Enfance heureuse, Éditions ouvrières, 1976)


10. La Tour Eiffel


Mais oui, je suis une girafe,

M'a raconté la tour Eiffel,

Et si ma tête est dans le ciel,

C'est pour mieux brouter les nuages,

Car ils me rendent éternelle.

Mais j'ai quatre pieds bien assis

Dans une courbe de la Seine.

On ne s'ennuie pas à Paris :

Les femmes, comme des phalènes,

Les hommes, comme des fourmis,

Glissent sans fin entre mes jambes


Et les plus fous, les plus ingambes

Montent et descendent le long

De mon cou comme des frelons

La nuit, je lèche les étoiles.

Et si l'on m'aperçoit de loin,

C'est que très souvent, j'en avale

Une sans avoir l'air de rien.


Maurice Carême


11. La souris de Paris


Sous un pont de Paris,

Il est une souris

Qui n'a pas de mari.

Elle n'a pas de nid

Et elle si vilaine

Que tout le monde en rit.

Elle pleure d'ennui,

Et jamais un ami

Ne console sa peine.

Elle file sans bruit

D'élégantes mitaines

Pour les autres souris

Qui, la nuit, se promènent

Sous les ponts de la Seine

Au bras de leur mari.


Maurice Carême


12. Il pleut sur la Seine


Il pleut sur la Seine

Depuis des semaines,

Il pleut sur la Seine.

Assis sur un banc,

Je chante pourtant

La faridondaine.

Pourquoi m'en ferais-je ?

Qu'il pleuve ou qu'il neige,

J'écoute mon coeur.

Comme moi, il aime

Chanter dans la pluie

De vieilles rengaines

Où il pleut ainsi

Depuis des semaines;

Où il pleut aussi

Au bord de la Seine.


Maurice Carême


13. Suppositions


Si la tour Eiffel montait

Moins haut le bout de son nez,

Si l’Arc de triomphe était

Un peu moins lourd à porter,

Si l’Opéra se pliait,

Si la Seine se roulait,

Si les ponts se dégonflaient,

Si tous les gens se tassaient

Un peu moins dans le métro,

Si l’on retirait des rues

Les guéridons des bistrots

Les porteurs de grands chapeaux,

Si l’on ôtait les autos,

Si l’on rasait les barbus,

Si l’on comptait les kilos

A deux cents grammes pas plus,

Si Montmartre se tassait,

Si les trop gros maigrissaient,

Si les tours rapetissaient,

Si le Louvre s’envolait,

Si l’on rentrait les oreilles,

Avec des Si on mettrait

Paris dans une bouteille.


Jacques Charpentreau



14. Front de Seine


La Seine a mal au front

Ah ! Ce n'est pas de veine

Il lui vient des bétons

De Javel à Grenelle

C'est comme une éruption

Une fièvre malsaine

C'est bête le béton

Ça entête la Seine

Car ses démangeaisons

Lui donne la migraine

Bêtise du béton

Malaise de la Seine

Dans son lit de son long

Elle cache sa peine

Sa honte des bétons

Soyez bon avec elle

La sSeine a mal au front.


Jacques Charpentreau


15. Dans le regard d’un enfant


J'ai vu des continents

Des îles lointaines

De fabuleux océans

Des rives incertaines

Dans le regard d'un enfant.


J'ai vu des châteaux

Des jardins à la française

Des bois des coteaux

De blancs rochers sous la falaise

Dans le regard d'un enfant.


J'ai vu les Champs-Elysées

L'Arc de Triomphe, la Tour Eiffel

Le Louvre et la Seine irisée

Comme un arc-en-ciel

Dans le regard d'un enfant.


Claude Haller


16. Congés payés


Moi dit la cathédrale je voudrais être coureur à pied pour

pouvoir lâcher mes béquilles

Moi dit le pont je voudrais être suspendu pour pouvoir sauter

À la corde

Moi dit l’imagination je voudrais être riche pour pouvoir

emmener L’Anselme en vacances

Moi dit la Seine je voudrais être mer pour avoir des enfants

qui jouent dans le sable


Jean L'Anselme ("Il fera beau demain" - Éditions Caractères / Imprimerie de poètes, 1952)


17. Barcarolle dans la ville


Ecoute, écoute la nuit claire

Glisse derrière les rideaux,

Ronflent des autos des velours

Du coté du périphérique


Autour de la poissonnerie

Des chats parlent de colin frais

Personne n’entre au Prisunic

Un caddy dort, seul, sous la lune.


Personne à l’arrêt de bus car

C’est la très fine et tiède nuit

De caramel et de violette,

Autour des lampadaires d’or.


Le H.L.M. se balancent

Dans le brouillard léger, léger,

Toutes les fenêtres sont noires

Jusqu’au bout des hautes tours.


Nuit caramel, nuit violette,

Nuit violon, nuit caravane,

Les chalands dorment sur la Seine

Toutes les fenêtres sont noires.


Sauf une. Regarde là-haut.

Au coin du vingtième étage,

Une lampe orange qui nage

Et qui songe au cœur de la nuit.


Pierre Gamarra


18. Le crapaud


Sur les bords de la Marne,

Un crapaud il y a,

Qui pleure à chaudes larmes

Sous un acacia.


- Dis-moi pourquoi tu pleures

Mon joli crapaud ?

- C'est que j'ai le malheur

De n'être pas beau.


Sur les bords de la Seine

Un crapaud il y a,

Qui chante à perdre haleine

Dans son charabia.


- Dis-moi pourquoi tu chantes

Mon vilain crapaud ?

- Je chante à voix plaisante,

Car je suis très beau,

Des bords de la Marne aux bords de la Seine

Avec les sirènes.


Robert Desnos


19. Paris blanc


La neige et la nuit

Tombent sur Paris,

À pas de fourmi.


Et la ville au vent

Peint l'hiver en blanc,

À pas de géant.


La Seine sans bruit

Prend couleur d'encens

Et de tabac gris.


À l'hiver en blanc,

Le temps se suspend,

À pas de fourmi.


À pas de géant

Tombent sur Paris

La neige et la nuit.


Pierre Coran


20. L'Enfant et le Maître d'école


Dans ce récit je prétends faire voir

D'un certain sot la remontrance vaine.

Un jeune enfant dans l'eau se laissa choir,

En badinant sur les bords de la Seine.

Le Ciel permit qu'un saule se trouva,

Dont le branchage, après Dieu, le sauva.

S'étant pris, dis-je, aux branches de ce saule,

Par cet endroit passe un Maître d'école.

L'Enfant lui crie : "Au secours ! je péris. "

Le Magister, se tournant à ses cris,

D'un ton fort grave à contre-temps s'avise

De le tancer : "Ah! le petit babouin !

Voyez, dit-il, où l'a mis sa sottise !

Et puis, prenez de tels fripons le soin.

Que les parents sont malheureux qu'il faille

Toujours veiller à semblable canaille !

Qu'ils ont de maux ! et que je plains leur sort ! "

Ayant tout dit, il mit l'enfant à bord.

Je blâme ici plus de gens qu'on ne pense.

Tout babillard, tout censeur, tout pédant,

Se peut connaître au discours que j'avance :

Chacun des trois fait un peuple fort grand ;

Le Créateur en a béni l'engeance.

En toute affaire ils ne font que songer

Aux moyens d'exercer leur langue.

Hé ! mon ami, tire-moi de danger :

Tu feras après ta harangue.


Jean de La Fontaine (Fables - Livre I)


21. La Seine

(poème acrostiche*)

Lentement, goutte à goutte, une source se glisse

Au reflet ondoyant d'un feuillage qui plisse.


Sur le clair de ses eaux se promène un soupir

Et la course fragile d'un fleuve à venir.

Imprégnée du désir de toucher l'horizon,

Notre Seine dès lors traverse les vallons

Et atteint l'embouchure aux confins des saisons.


Patrick Huet

auteur de Publication du livre : "La Seine à pied de la source à la mer"  aux éditions BoD ("Books on Demand")

site personnel : http://www.patrickhuet.fr

*acrostiche : poème dont la première lettre ou les premiers mots d'une suite de vers composent un mot ou une expression, comme dans ce poème, LA SEINE.



D’AUTRES EAUX COURANTES



22. Au bord de l'eau verte


Au bord de l'eau verte, les sauterelles

sautent ou se traînent,

ou bien sur les fleurs des carottes frêles

grimpent avec peine.


Dans l'eau tiède filent les poissons blancs

auprès d'arbres noirs

dont l'ombre sur l'eau tremble doucement

au soleil du soir.


Deux pies qui crient s'envolent loin, très loin,

loin de la prairie,

et vont se poser sur des tas de foin

pleins d'herbes fleuries.


Trois paysans assis lisent un journal

en gardant les bœufs

près de râteaux aux manches luisants

que touchent leurs doigts calleux.


Les moucherons minces volent sur l'eau,

sans changer de place.

En se croisant ils passent, puis repassent,

vont de bas en haut.


Je tape les herbes avec une gaule

en réfléchissant

et le duvet des pissenlits s'envole

en suivant le vent.


Saint-John Perse ("Oeuvre poétique, 1960 - éditions Galllimard)


DES VOYAGES SUR L’EAU


23. Les bateaux

Les bateaux sont des animaux

Qui ne vont jamais en voyage

Ce sont des animaux sauvages

Qui n’aiment pas marcher dans l’eau.


Sur les bateaux de sauvetage

On voit fleurir des cerisiers

Quand s’embarquent les menuisiers

Les matelots vont à la nage.


La gondole descend la Tamise

Le paquebot vogue au ruisseau

Le batelier sur son chameau

Navigue droit sur la banquise.


Me voici parvenu au port

Où jettent l’ancre des navires

Et c’est vous qui devez me dire

Si j’ai raison ou si j’ai tort.


Bernard Clavel ("Rouge Pomme" - éditions de l'Ecole)


24. Le beau navire

Je l’ai construit le beau navire,

Pour voyager où je voudrai.

Il file, tangue, roule et vire,

Et vers l’horizon disparaît.

La coque, les mâts et les voiles

Et les cordages bien serrés

Vont fièrement sous les étoiles

Vers les pays inexplorés.

Tangue, roule et vire ! Il est si beau

Mon fin navire !

Il est si beau

Voguant sur l’eau

Oh ! Oh !

Mon fin navire de bouleau.

J’ai suivi sur la mappemonde

Les grands courants qui l’ont porté ;

Et s’il fait bien le tour du monde,

Il sera navire enchanté,

Car il me parlera des îles,

Des golfes et des rois de l’air,

Quand au gré des brises dociles

Louvoyait un pavillon clair.

Tangue, roule et vire ! Il est si beau

Mon fin navire !

Il est si beau

Voguant sur l’eau

Oh ! Oh !

Mon fin navire de bouleau.


Edmond Rocher


D’AUTRES EAUX COURANTES


25. La poésie du fleuve


Dans le fleuve se trouvent

Le ciel, le nuage, et le doux soleil.

Dans le creux de ma main, le fleuve.


Si je jette mes mains en l’air,

Le fleuve rejaillit en gouttes, et

éclabousse

Le ciel, le nuage, et le soleil, tous sur

moi


Du creux de ma main, si je bois

Le fleuve, alors dans moi,

Le soleil, le nuage et le ciel.


Dites-moi, qui se trouve dans qui ?


Mamta Sagar, contemporaine (Traduit de la langue kannada par Uma Sridhar)
La langue kannada est la langue officielle du Karnataka, l'un des quatre États du Sud de l'Inde, d’où est originaire l’auteure (elle enseigne à l’Université de Bangalore, capitale de l'État du Karnataka).


26. La petite Seine


L'humble rivière de chez nous

Ne mène pas un grand tapage ;

Avec un bruit paisible et doux

Elle fait le tour du village.


Des saules et des peupliers

Qui sont à peu près du même âge,

Comme des voisins familiers,

Bruissent le long du rivage ;

Et le chuchotement des eaux

Accompagne la voix légère

De la fauvette des roseaux

Qui fait son nid sur la rivière.


Ainsi coule de son air doux,

Sans aventure et sans tapage,

En faisant le tour du village,

L'humble rivière de chez nous.


Henri Chantavoine (1850-1918) ("Aux Champs", 1911 - éd Hachette)


27. La rivière

La rivière,claire et sage,

Les grands arbres assoupis ...

Achevant le Paysage,

Quelque pêcheur, accroupi.


Bleues et vertes demoiselles

Grésillent dans le soleil,

La rivière fait la belle,

S’imagine être le ciel !


Fraîche bise se faufile,

Sifflotant comme un oiseau.

Le pêcheur est immobile,

Au milieu de ses roseaux.


À la barbe du bonhomme,

Brochet danse et fait des ronds,

Dame carpe fanfaronne,

Miroite autour du bouchon ...


  1. -Prétentieuse ironie !

C’est bien perdre votre temps,

Car pêcheur ne s’en soucie :

Pêcheur dort depuis longtemps.


Edgar Droyerre («Les Heures provinciales, poésies», Imprimerie artistique de l'Ouest, 1925)


28. Le chant de l'eau (début de ce très long poème)


L'entendez-vous, l'entendez-vous

Le menu flot sur les cailloux ?

Il passe et court et glisse

Et doucement dédie aux branches,

Qui sur son cours se penchent,

Sa chanson lisse.


Là-bas,

Le petit bois de cornouillers

Où l'on disait que Mélusine

Jadis, sur un tapis de perles fines,

Au clair de lune, en blancs souliers,

Dansa ;

Le petit bois de cornouillers

Et tous ses hôtes familiers

Et les putois et les fouines

Et les souris et les mulots

Écoutent

Loin des sentes et loin des routes

Le bruit de l'eau.


Émile Verhaeren («Les blés mouvants», Mercure de France, 1925)


29. La rivière

Simone, la rivière chante un air ingénu,

Viens, nous irons parmi les joncs et la cigüe ;

Il est midi : les hommes ont quitté leur charrue,

Et moi, je verrai dans l’eau claire ton pied nu.

 

La rivière est la mère des poissons et des fleurs,

Des arbres, des oiseaux, des parfums, des couleurs ;

 

Elle abreuve les oiseaux qui ont mangé leur grain

Et qui vont s’envoler pour un pays lointain ;

 

Elle abreuve les mouches bleues dont le ventre est vert

Et les araignées d’eau qui rament comme aux galères.

 

La rivière est la mère des poissons : elle leur donne

Des vermisseaux, de l’herbe, de l’air et de l’ozone ;

 

Elle leur donne l’amour ; elle leur donne les ailes

Pour suivre au bout du monde l’ombre de leurs femelles.

 

La rivière est la mère des fleurs, des arcs-en-ciel,

De tout ce qui est fait d’eau et d’un peu de soleil :

 

Elle nourrit le sainfoin et le foin, et les reines

Des prés qui ont l’odeur du miel, et les molènes

 

Qui ont des feuilles douces comme un duvet d’oiseaux ;

Elle nourrit le blé, le trèfle et les roseaux ;

 

Elle nourrit le chanvre ; elle nourrit le lin ;

Elle nourrit l’avoine, l’orge et le sarrasin ;

 

Elle nourrit le seigle, l’osier et les pommiers ;

Elle nourrit les saules et les grands peupliers.

 

La rivière est la mère des forêts : les beaux chênes

Ont puisé dans son lit l’eau pure de leurs veines.

 

La rivière féconde le ciel : quand la pluie tombe,

C’est la rivière qui monte au ciel et qui retombe ;

 

La rivière est une mère très puissante et très pure,

La rivière est la mère de toute la nature.

 

Simone, la rivière chante un air ingénu,

Viens, nous irons parmi les joncs et la ciguë ;

Il est midi : les hommes ont quitté leur charrue,

Et moi, je verrai dans l’eau claire ton pied nu.


Rémy de Gourmont


30. Rivière-miroir


Tranquillement elle suit son trajet,

Là une ride, ici un reflet —

Ô la belle rivière !

Ô le sable clair !


Tourbillons d’eau qui nous emporteraient,

Fleurs à la dérive ou poissons d’or —

Comme un enfant voudraiit

Vivre en ce décor !


Robert-Louis Stevenson («Au jardin des poèmes d’enfance, 1996 - éditions Casterman)


31. Le moulin de Milly

(les deux premiers passages en bleu et le quatrième passage en bleu sont  le plus souvent proposés aux élèves de Cycle 3)


Le chaume et la mousse
Verdissent le toit ;
La colombe y glousse,
L'hirondelle y boit ;
Le bras d'un platane
Et le lierre épais
Couvrent la cabane
D'une ombre de paix.

Ma sœur, que de charmes !...
Et devant cela
Tu n'as que des larmes ?
— Ah ! s'il était là !...

(ce quatrain se répète entre chacune des strophes de huit vers)

Une verte pente
Trace les sentiers
Du flot qui serpente
Sous les noisetiers ;
L'écluse champêtre
L'arrête au niveau,
Et de la fenêtre
La main touche l'eau.


[...]


Le soir, qui s'épanche
D'en haut sur les prés,
Du coteau qui penche
Descend par degrés ;
Sur le vert plus sombre,
Chaque arbre à son tour
Couche sa grande ombre
A la fin du jour.


[...]


De sa sombre base,
Le blanc peuplier
Elève son vase
Au ciel sans plier ;
De sa flèche il plonge
Dans l'éther bruni,
Comme un divin songe
Monte à l'Infini.


[...]


La rosée en pluie
Brille à tout rameau ;
Le rayon essuie
La poussière d'eau ;
Le vent, qui secoue
Les vergers flottants,
Fait sur notre joue
Neiger le printemps.


[...]


Sous la feuille morte
Le brun rossignol
Niche vers la porte,
Au niveau du sol ;
L'enfant qui se penche
Voit dans le jasmin
Ses œufs sur la branche,
Et retient sa main.


[...]


L'onde qui s'élance,
Égale et sans fin,
Fait battre en cadence
Le pont du moulin ;
A chaque mesure
On croit écouter
Sous cette nature
Un cœur palpiter.


[...]


Alphonse de Lamartine, 1845 (extrait de "Harmonies poétiques et religieuses")


32. Le ruisseau


L'avez-vous entendu jaser ?

On dirait que pour s'amuser

Il chante comme une rivière,


C'est un joli petit ruisseau

Qui s'en va, comme un grand cours d'eau,

A travers la campagne claire !


Dans un sillage préparé,

Son lit est de sable doré ;

Mignonnes, ses vagues clapotent.


Ami de l'herbe et des roseaux,

Il connaît de nombreux oiseaux

Et tous les garçons qui barbotent.


C'est un joli petit ruisseau

Qui passe, comme un grand cours d'eau,

A travers la campagne claire !


Suzanne Birster-Bellenot ("Jardin fleuri, des récitations pour chaque saison" - dessins d'Edmond Rocher, Hachette, 1936)



33. La source

(air d'un Noël français)


Dis- nous, petite source

Qui nais dans les roseaux

Pour les oiseaux,

Dis- nous, petite source

Aux fraîches eaux,

Pourquoi prends-tu ta course ?


— J'ai l'âme vagabonde ;

Je veux, hors des taillis,

Voir le pays.

J'ai l'âme vagabonde.

Bonsoir ! Je fuis ;

À moi la plaine blonde.


Je veux porter des voiles

Sur mon azur changeant,

Teinté d'argent,

Je veux porter des voiles,

Tout en songeant,

La nuit, sous les étoiles."


— Prends garde. source aimée!

Derrière ce grand mur,

Adieu l'azur!

Prends garde, source aimée.

D'un bleu si pur :

Tu cours vers la fumée!


— Je fus assez tranquille ;

Depuis longtemps je ris

Aux prés fleuris.

Je fus assez tranquille,

Je veux Paris,

Paris, la grande ville!


Paris sera ma gloire.

Vers lui, hâtant mon cours,

J'irai toujours.

Paris sera ma gloire.

Chantez, faubourgs :

Je vous apporte à boire !


Maurice Bouchor ("Chants populaires pour les écoles. - Poésies", Hachette, 1909)


34. Le fleuve


Avec midi,

Solitaire, tu resplendis ;

le silence à tes bords gagne jusqu'aux oiseaux. 

J'ai surpris ton frémissement

quand la lune vient se baigner à tes roseaux.       

Mais dans le matin tournoyant

peut-être encore es-tu plus beau !


Parmi les chênes,

les pins

Et les dunes mouvantes,

jamais il ne s'achève, ton destin :

la source chante

là-haut, dans la montagne,

sans fin.


André Castagnou ("Les Quatre Saisons", Éditions Spolète, 1923)


35. Le ruisseau


Au bassin ou s'endort la marche de ses eaux ,

La rivière calmée écoute les ruisseaux :

L'un, coureur, a beaucoup appris sur son passage ;

Les vieux arbres du mont l'ont chargé de feuillage.

L'autre apporte avec lui le murmure câlin

Des joncs, et le plain-champ des canards du moulin.

Son mince filet clair,et pur de toute boue,

S'est écrémé longtemps sous les dents de la roue ;

Et l'autre tremble encor, pris d'un excès de toux,

Tout essoufflé d'avoir tant sauté de cailloux.


Jules Renard ("Pointes sèches", Mercure de France, 1890 et Bernouard éditeur, 1923)


36. Le ruisseau


Ce n'est qu'un tout petit ruisseau,

Un peu d'eau vive qui glougloute,

Une vasque fut son berceau,

On ne le voit pas, on l'écoute.


Il a des façons de gamin

Pour sautiller de pierre en pierre,

On y puise au creux de la main

En écartant un brin de lierre.


Il a des franges de roseaux

Sur ses bords fleuris de pervenches

Et des aulnes où les oiseaux

Font du trapèze sur les branches.


Si, dans son lit, le vent brutal

Penche un brin d'osier qui le borde,

Le petit ruisseau de cristal

S'amuse à sauter à la corde.


Puis sous les aulnes chevelus,

Caressant le cresson et l'ache,

Il s'enfonce...On ne l'entend plus...

Sans doute il joue à cache-cache.


Petit ruisseau, je voudrais bien,

Moi qui suis un rêve qui passe,

Que dans mon cœur ainsi qu'au tien

Se mirent le ciel et l'espace !


Jeanne Marvig ("Le jardin d'Isabélou", édité par l'auteure, 1947) et dans l'anthologie d'Armand Got * et de Charles Vildrac , "La Poèmeraie", Armand-Colin, 1963) - * On le trouve aussi dans la précédente anthologie d'Armand Got : "La Poèmeraie", première partie, La Souris verte" (Librairie Gedalge, 1928)


37. Rivière


La rive était fraîche encore

Ce matin quand nous passions.

Nous aurons vu bien des herbes

Renoncer à suivre l'eau.


Guillevic ("Terraqué" - Gallimard, 1945)


38. Les peupliers


Les grands peupliers longent le ruisseau

Et vont, d’un air grave,

Reverdis à neuf par le renouveau

Qui fait l’air suave.


Un par un, faisant un tremblant rideau

Au torrent qui bave,

Les grands peupliers longent le ruisseau,

Et vont, d’un air grave.


Fiers de tout ce qui se passe là-haut,

Et qu’eux seuls ils savent,

Hochant sur le ciel leur léger plumeau,

Avec des airs graves,


Les grands peupliers longent le ruisseau.


Rosemonde Gérard ("Les pipeaux" éditions Lemerre, 1889 - Fasquelle éditeur, 1923)



39. Le chant bleu du ruisseau


L'eau d'un ruisseau vert

Courant vers la mer

Disait ce chant dans la lumière.


Plus pure qu'une voix automnale d'oiseau,

Plus fraîche qu'un soupir des flûtes de roseau

M'a semblé la chanson rapide de cette eau

Qui voyageait  vivante et claire :


"je suis lasse d'avoir changé plus de cent fois,

Vapeur ou rosée, averse ou nuage,

D'être le miroir flou du paysage,

De bondir, de heurter les racines ds bois,


Je suis lasse parmi les forêts monotones,

D'être toujours en plein exil ;

Je fus aux nuits d'hiver le givre au pâle fil

Et la pluie aux soirs de l'automne.


Serpent vert des prés lumineux,

Blanche crinière des cascades,

Je descend vers les golfes bleus

Où sont les thons et les dorades *.


J'ai jailli d'une source en face du matin,

J'ai coulé sous des noirs ombrages,

J'ai traversé mille villages,

Je suis au bout de mon destin.


Encore un effort vers les beaux rivages,

Encore quelques heurts, encore quelques bonds

Et ce sera la plaine unie,

La grande plaine infinie.


Par un matin vibrant et léger, loin des monts,

Où j'ai gémi durant d'inexorables lieues,

Je verrai tout à coup mon grand pays : la mer ;

Et joyeuse, mirant ta coupole, ciel clair,

Vague je danserai parmi les vagues bleues !"


Daniel Thaly ("L'Ile et le voyage : petite odyssée d'un poète lointain" - éditions du Divan, 1923)

Daniel Thaly (1879-1950), est un poète martiniquais, qu'on a qualifié de « Prince des Poètes antillais »


* La dorade, qui peut s'écrire aussi "daurade", est un poisson originaire des zones tropicales, comme les Antilles de l'auteur.


TEXTES EN PROSE


Un texte à proposer aux grands élèves, à partir du CM2 :

40. L’enfant et la rivière (passage du livre)


Tout à coup devant moi se leva une digue. C'était un haut remblai de terre couronné de peupliers. Je le gravis et je découvris la rivière.

Elle était large et coulait vers l'ouest. Gonflées par la fonte des neiges, ses eaux puissantes descendaient en entraînant des arbres. Elles étaient lourdes et grises et parfois sans raison de grands tourbillons s'y formaient qui engloutissaient une épave, arrachée en amont. Quand elles rencontraient un obstacle à leur course, elles grondaient. Sur cinq cents mètres de largeur, leur masse énorme, d'un seul bloc, s'avançait vers la rive. Au milieu, un courant plus sauvage glissait, visible à une crête sombre qui tranchait le limon des eaux. Et il me parut si terrible que je frissonnai.

En aval, divisant le flot, s'élevait une île. Des berges abruptes couvertes de saulaies épaisses en rendaient l'approche difficile. C'était une île vaste où poussaient en abondance des bouleaux et des peupliers. A sa pointe venaient s'échouer les troncs d'arbres que la rivière charriait.

Quand je ramenai mes regards vers le rivage, je m'aperçus que, juste à mes pieds, sous la digue, une petite anse abritait une plage de sable fin. Là les eaux s'apaisaient. C'était un point mort. J'y descendis. Des troènes, des osiers géants et des aulnes glauques formaient une voûte au-dessus de ce refuge.

Dans la pénombre mille insectes bourdonnaient.


Henri Bosco («L'enfant et la rivière», 1953 - Gallimard)


41. Eau, tu n’as ni goût, ni couleur  ...

Eau, tu n’as ni goût, ni couleur, ni arôme, on ne peut pas te définir, on te goûte, sans te connaître. Tu n’es pas nécessaire à la vie : tu es la vie. Tu nous pénètres d’un plaisir qui ne s’explique point par les sens. Avec toi rentrent en nous tous les pouvoirs auxquels nous avions renoncé. Par ta grâce, s’ouvrent en nous toutes les sources taries de notre cœur.
   Tu es la plus grande richesse qui soit au monde, et tu es aussi la plus délicate, toi si pure au ventre de la terre. On peut mourir sur une source d’eau magnésienne. On peut mourir à deux pas d’un lac d’eau salée. On peut mourir malgré deux litres de rosée qui retiennent en suspens quelques sels. Tu n’acceptes point de mélange, tu ne supportes point d’altération, tu es une ombrageuse divinité ...
   Mais tu répands en nous un bonheur infiniment simple.


Antoine de Saint Exupéry  («Terre des hommes», Gallimard, 1939)

texte vérifié dont on trouve sur Internet de nombreuses versions non conformes

Printemps des Poètes 2014 en français 
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Où se jetterait la Seine si elle prenait sa source dans les Pyrénées ?

Jean Tardieu

Fleuve paisible, rives fleuries.

proverbe chinois

haïku

Le fleuve est large et gris,

Et calme comme un lac,

Et des hérons au loin ont enneigé une île.

Guy Boucher («Haïkus»)

Le retour à la mer


Usinées

tamisées

usées

rapiécées

égouttées

dégoûtées

les eaux se jettent à l’eau


Jacques Prévert («Soleil de nuit»)

Sous le vieux pont


L’eau sous le vieux pont,

coule, coule et chante.
L’eau sous le vieux pont,

berce de son chant

Les poissons d’argent


Max Jacob

Petit ruisseau qui cours après toi-même ...

Marc-Antoine Girard de Saint-Amant

Dans le ruisseau il y a une chanson qui coule

Pierre Reverdy

Pour la liberté


Laissez chanter

l’eau qui chante


Laissez courir

l’eau qui court


Laissez vivre

l’eau qui vit

l’eau qui bondit

l’eau qui jaillit


Laissez dormir

l’eau qui dort


Laissez mourir

l’eau qui meurt.


Philippe Soupault

textes ÉCOLE PRIMAIRE

Le torrent prend sa course en sabots de cristal.

Jeanne Marvig

L’eau qui glousse en glissant et qui lisse les saules.

Francis Jammes

Fleuve : veines striant de vert les mains pâles des plaines

Guy Lavaud

quelques images et reflets sonores de l’eau qui court

- Je désire, dit l’anguille,

Un dé, du fil, des aiguilles

Pour recoudre l’eau qui file.

Marc Alyn

La source où l’eau, goutte à goutte, sur l’eau s’égoutte ...

Jean Berthet

La rivière sans se dépêcher

Arrive au fond de la vallée


Assez large pour qu’un pont

La traverse d’un seul bond


Paul Claudel

D’AUTRES EAUX COURANTES


  1. 22.Au bord de l’eau verte - Saint-John Perse

  2. 23.Les bateaux - Bernard Clavel

  3. 24.Le beau navire - Edmond Rocher

  4. 25.La poésie de fleuve - Mamta Sagar

  5. 26.La petite Seine - Henri Chantavoine

  6. 27.La rivière - Edgar Droyerre

  7. 28.Le chant de l’eau - Émile Verhaeren

  8. 29.La rivière - Rémy de Gourmont

  9. 30.Rivière-miroir - Robert-Louis Stevenson

  10. 31.Le moulin de Milly - Alphonse de Lamartine

  11. 32.Le ruisseau - Suzanne Birster-Bellenot

  12. 33.La source - Maurice Bouchor

  13. 34.Le fleuve - André Castagnou

  14. 35.Le ruisseau - Jules Renard

  15. 36.Le ruisseau - Jeanne Marvig

  16. 37.La rivière - Guillevic

  17. 38.Les peupliers - Rosemonde Gérard

  18. 39.Le chant bleu du ruisseau - Daniel Thaly


TEXTES EN PROSE SUR L’EAU, LA RIVIÈRE


  1. 40.L’enfant et la rivière - Henri Bosco

  2. 41.Eau, tu n’as ni goût, ni couleur ... - Antoine de Saint-Exupéry


Dans certains textes, les passages qui semblent les plus adaptés
pour l’école primaire ont été mis en bleu

D’AUTRES EAUX COURANTES



22. Au bord de l'eau verte


Au bord de l'eau verte, les sauterelles

sautent ou se traînent,

ou bien sur les fleurs des carottes frêles

grimpent avec peine.


Dans l'eau tiède filent les poissons blancs

auprès d'arbres noirs

dont l'ombre sur l'eau tremble doucement

au soleil du soir.


Deux pies qui crient s'envolent loin, très loin,

loin de la prairie,

et vont se poser sur des tas de foin

pleins d'herbes fleuries.


Trois paysans assis lisent un journal

en gardant les bœufs

près de râteaux aux manches luisants

que touchent leurs doigts calleux.


Les moucherons minces volent sur l'eau,

sans changer de place.

En se croisant ils passent, puis repassent,

vont de bas en haut.


Je tape les herbes avec une gaule

en réfléchissant

et le duvet des pissenlits s'envole

en suivant le vent.


Saint-John Perse ("Oeuvre poétique, 1960 - éditions Galllimard)


DES VOYAGES SUR L’EAU


23. Les bateaux

Les bateaux sont des animaux

Qui ne vont jamais en voyage

Ce sont des animaux sauvages

Qui n’aiment pas marcher dans l’eau.


Sur les bateaux de sauvetage

On voit fleurir des cerisiers

Quand s’embarquent les menuisiers

Les matelots vont à la nage.


La gondole descend la Tamise

Le paquebot vogue au ruisseau

Le batelier sur son chameau

Navigue droit sur la banquise.


Me voici parvenu au port

Où jettent l’ancre des navires

Et c’est vous qui devez me dire

Si j’ai raison ou si j’ai tort.


Bernard Clavel ("Rouge Pomme" - éditions de l'Ecole)


24. Le beau navire

Je l’ai construit le beau navire,

Pour voyager où je voudrai.

Il file, tangue, roule et vire,

Et vers l’horizon disparaît.

La coque, les mâts et les voiles

Et les cordages bien serrés

Vont fièrement sous les étoiles

Vers les pays inexplorés.

Tangue, roule et vire ! Il est si beau

Mon fin navire !

Il est si beau

Voguant sur l’eau

Oh ! Oh !

Mon fin navire de bouleau.

J’ai suivi sur la mappemonde

Les grands courants qui l’ont porté ;

Et s’il fait bien le tour du monde,

Il sera navire enchanté,

Car il me parlera des îles,

Des golfes et des rois de l’air,

Quand au gré des brises dociles

Louvoyait un pavillon clair.

Tangue, roule et vire ! Il est si beau

Mon fin navire !

Il est si beau

Voguant sur l’eau

Oh ! Oh !

Mon fin navire de bouleau.


Edmond Rocher


25. La poésie du fleuve


Dans le fleuve se trouvent

Le ciel, le nuage, et le doux soleil.

Dans le creux de ma main, le fleuve.


Si je jette mes mains en l’air,

Le fleuve rejaillit en gouttes, et

éclabousse

Le ciel, le nuage, et le soleil, tous sur

moi


Du creux de ma main, si je bois

Le fleuve, alors dans moi,

Le soleil, le nuage et le ciel.


Dites-moi, qui se trouve dans qui ?


Mamta Sagar, contemporaine (Traduit de la langue kannada par Uma Sridhar)
La langue kannada est la langue officielle du Karnataka, l'un des quatre États du Sud de l'Inde, d’où est originaire l’auteure (elle enseigne à l’Université de Bangalore, capitale de l'État du Karnataka).


26. La petite Seine


L'humble rivière de chez nous

Ne mène pas un grand tapage ;

Avec un bruit paisible et doux

Elle fait le tour du village.


Des saules et des peupliers

Qui sont à peu près du même âge,

Comme des voisins familiers,

Bruissent le long du rivage ;

Et le chuchotement des eaux

Accompagne la voix légère

De la fauvette des roseaux

Qui fait son nid sur la rivière.


Ainsi coule de son air doux,

Sans aventure et sans tapage,

En faisant le tour du village,

L'humble rivière de chez nous.


Henri Chantavoine (1850-1918) ("Aux Champs", 1911 - éd Hachette)


27. La rivière

La rivière,claire et sage,

Les grands arbres assoupis ...

Achevant le Paysage,

Quelque pêcheur, accroupi.


Bleues et vertes demoiselles

Grésillent dans le soleil,

La rivière fait la belle,

S’imagine être le ciel !


Fraîche bise se faufile,

Sifflotant comme un oiseau.

Le pêcheur est immobile,

Au milieu de ses roseaux.


À la barbe du bonhomme,

Brochet danse et fait des ronds,

Dame carpe fanfaronne,

Miroite autour du bouchon ...


  1. -Prétentieuse ironie !

C’est bien perdre votre temps,

Car pêcheur ne s’en soucie :

Pêcheur dort depuis longtemps.


Edgar Droyerre («Les Heures provinciales, poésies», Imprimerie artistique de l'Ouest, 1925)


28. Le chant de l'eau (début de ce très long poème)


L'entendez-vous, l'entendez-vous

Le menu flot sur les cailloux ?

Il passe et court et glisse

Et doucement dédie aux branches,

Qui sur son cours se penchent,

Sa chanson lisse.


Là-bas,

Le petit bois de cornouillers

Où l'on disait que Mélusine

Jadis, sur un tapis de perles fines,

Au clair de lune, en blancs souliers,

Dansa ;

Le petit bois de cornouillers

Et tous ses hôtes familiers

Et les putois et les fouines

Et les souris et les mulots

Écoutent

Loin des sentes et loin des routes

Le bruit de l'eau.


Émile Verhaeren («Les blés mouvants», Mercure de France, 1925)


29. La rivière

Simone, la rivière chante un air ingénu,

Viens, nous irons parmi les joncs et la cigüe ;

Il est midi : les hommes ont quitté leur charrue,

Et moi, je verrai dans l’eau claire ton pied nu.

 

La rivière est la mère des poissons et des fleurs,

Des arbres, des oiseaux, des parfums, des couleurs ;

 

Elle abreuve les oiseaux qui ont mangé leur grain

Et qui vont s’envoler pour un pays lointain ;

 

Elle abreuve les mouches bleues dont le ventre est vert

Et les araignées d’eau qui rament comme aux galères.

 

La rivière est la mère des poissons : elle leur donne

Des vermisseaux, de l’herbe, de l’air et de l’ozone ;

 

Elle leur donne l’amour ; elle leur donne les ailes

Pour suivre au bout du monde l’ombre de leurs femelles.

 

La rivière est la mère des fleurs, des arcs-en-ciel,

De tout ce qui est fait d’eau et d’un peu de soleil :

 

Elle nourrit le sainfoin et le foin, et les reines

Des prés qui ont l’odeur du miel, et les molènes

 

Qui ont des feuilles douces comme un duvet d’oiseaux ;

Elle nourrit le blé, le trèfle et les roseaux ;

 

Elle nourrit le chanvre ; elle nourrit le lin ;

Elle nourrit l’avoine, l’orge et le sarrasin ;

 

Elle nourrit le seigle, l’osier et les pommiers ;

Elle nourrit les saules et les grands peupliers.

 

La rivière est la mère des forêts : les beaux chênes

Ont puisé dans son lit l’eau pure de leurs veines.

 

La rivière féconde le ciel : quand la pluie tombe,

C’est la rivière qui monte au ciel et qui retombe ;

 

La rivière est une mère très puissante et très pure,

La rivière est la mère de toute la nature.

 

Simone, la rivière chante un air ingénu,

Viens, nous irons parmi les joncs et la ciguë ;

Il est midi : les hommes ont quitté leur charrue,

Et moi, je verrai dans l’eau claire ton pied nu.


Rémy de Gourmont


30. Rivière-miroir


Tranquillement elle suit son trajet,

Là une ride, ici un reflet —

Ô la belle rivière !

Ô le sable clair !


Tourbillons d’eau qui nous emporteraient,

Fleurs à la dérive ou poissons d’or —

Comme un enfant voudraiit

Vivre en ce décor !


Robert-Louis Stevenson («Au jardin des poèmes d’enfance, 1996 - éditions Casterman)


31. Le moulin de Milly

(les deux premiers passages en bleu et le quatrième passage en bleu sont  le plus souvent proposés aux élèves de Cycle 3)


Le chaume et la mousse
Verdissent le toit ;
La colombe y glousse,
L'hirondelle y boit ;
Le bras d'un platane
Et le lierre épais
Couvrent la cabane
D'une ombre de paix.

Ma sœur, que de charmes !...
Et devant cela
Tu n'as que des larmes ?
— Ah ! s'il était là !...

(ce quatrain se répète entre chacune des strophes de huit vers)

Une verte pente
Trace les sentiers
Du flot qui serpente
Sous les noisetiers ;
L'écluse champêtre
L'arrête au niveau,
Et de la fenêtre
La main touche l'eau.


[...]


Le soir, qui s'épanche
D'en haut sur les prés,
Du coteau qui penche
Descend par degrés ;
Sur le vert plus sombre,
Chaque arbre à son tour
Couche sa grande ombre
A la fin du jour.


[...]


De sa sombre base,
Le blanc peuplier
Elève son vase
Au ciel sans plier ;
De sa flèche il plonge
Dans l'éther bruni,
Comme un divin songe
Monte à l'Infini.


[...]


La rosée en pluie
Brille à tout rameau ;
Le rayon essuie
La poussière d'eau ;
Le vent, qui secoue
Les vergers flottants,
Fait sur notre joue
Neiger le printemps.


[...]


Sous la feuille morte
Le brun rossignol
Niche vers la porte,
Au niveau du sol ;
L'enfant qui se penche
Voit dans le jasmin
Ses œufs sur la branche,
Et retient sa main.


[...]


L'onde qui s'élance,
Égale et sans fin,
Fait battre en cadence
Le pont du moulin ;
A chaque mesure
On croit écouter
Sous cette nature
Un cœur palpiter.


[...]


Alphonse de Lamartine, 1845 (extrait de "Harmonies poétiques et religieuses")


32. Le ruisseau


L'avez-vous entendu jaser ?

On dirait que pour s'amuser

Il chante comme une rivière,


C'est un joli petit ruisseau

Qui s'en va, comme un grand cours d'eau,

A travers la campagne claire !


Dans un sillage préparé,

Son lit est de sable doré ;

Mignonnes, ses vagues clapotent.


Ami de l'herbe et des roseaux,

Il connaît de nombreux oiseaux

Et tous les garçons qui barbotent.


C'est un joli petit ruisseau

Qui passe, comme un grand cours d'eau,

A travers la campagne claire !


Suzanne Birster-Bellenot ("Jardin fleuri, des récitations pour chaque saison" - dessins d'Edmond Rocher, Hachette, 1936)



33. La source

(air d'un Noël français)


Dis- nous, petite source

Qui nais dans les roseaux

Pour les oiseaux,

Dis- nous, petite source

Aux fraîches eaux,

Pourquoi prends-tu ta course ?


— J'ai l'âme vagabonde ;

Je veux, hors des taillis,

Voir le pays.

J'ai l'âme vagabonde.

Bonsoir ! Je fuis ;

À moi la plaine blonde.


Je veux porter des voiles

Sur mon azur changeant,

Teinté d'argent,

Je veux porter des voiles,

Tout en songeant,

La nuit, sous les étoiles."


— Prends garde. source aimée!

Derrière ce grand mur,

Adieu l'azur!

Prends garde, source aimée.

D'un bleu si pur :

Tu cours vers la fumée!


— Je fus assez tranquille ;

Depuis longtemps je ris

Aux prés fleuris.

Je fus assez tranquille,

Je veux Paris,

Paris, la grande ville!


Paris sera ma gloire.

Vers lui, hâtant mon cours,

J'irai toujours.

Paris sera ma gloire.

Chantez, faubourgs :

Je vous apporte à boire !


Maurice Bouchor ("Chants populaires pour les écoles. - Poésies", Hachette, 1909)


34. Le fleuve


Avec midi,

Solitaire, tu resplendis ;

le silence à tes bords gagne jusqu'aux oiseaux. 

J'ai surpris ton frémissement

quand la lune vient se baigner à tes roseaux.       

Mais dans le matin tournoyant

peut-être encore es-tu plus beau !


Parmi les chênes,

les pins

Et les dunes mouvantes,

jamais il ne s'achève, ton destin :

la source chante

là-haut, dans la montagne,

sans fin.


André Castagnou ("Les Quatre Saisons", Éditions Spolète, 1923)


35. Le ruisseau


Au bassin ou s'endort la marche de ses eaux ,

La rivière calmée écoute les ruisseaux :

L'un, coureur, a beaucoup appris sur son passage ;

Les vieux arbres du mont l'ont chargé de feuillage.

L'autre apporte avec lui le murmure câlin

Des joncs, et le plain-champ des canards du moulin.

Son mince filet clair,et pur de toute boue,

S'est écrémé longtemps sous les dents de la roue ;

Et l'autre tremble encor, pris d'un excès de toux,

Tout essoufflé d'avoir tant sauté de cailloux.


Jules Renard ("Pointes sèches", Mercure de France, 1890 et Bernouard éditeur, 1923)


36. Le ruisseau


Ce n'est qu'un tout petit ruisseau,

Un peu d'eau vive qui glougloute,

Une vasque fut son berceau,

On ne le voit pas, on l'écoute.


Il a des façons de gamin

Pour sautiller de pierre en pierre,

On y puise au creux de la main

En écartant un brin de lierre.


Il a des franges de roseaux

Sur ses bords fleuris de pervenches

Et des aulnes où les oiseaux

Font du trapèze sur les branches.


Si, dans son lit, le vent brutal

Penche un brin d'osier qui le borde,

Le petit ruisseau de cristal

S'amuse à sauter à la corde.


Puis sous les aulnes chevelus,

Caressant le cresson et l'ache,

Il s'enfonce...On ne l'entend plus...

Sans doute il joue à cache-cache.


Petit ruisseau, je voudrais bien,

Moi qui suis un rêve qui passe,

Que dans mon cœur ainsi qu'au tien

Se mirent le ciel et l'espace !


Jeanne Marvig ("Le jardin d'Isabélou", édité par l'auteure, 1947) et dans l'anthologie d'Armand Got * et de Charles Vildrac , "La Poèmeraie", Armand-Colin, 1963) - * On le trouve aussi dans la précédente anthologie d'Armand Got : "La Poèmeraie", première partie, La Souris verte" (Librairie Gedalge, 1928)


37. Rivière


La rive était fraîche encore

Ce matin quand nous passions.

Nous aurons vu bien des herbes

Renoncer à suivre l'eau.


Guillevic ("Terraqué" - Gallimard, 1945)


38. Les peupliers


Les grands peupliers longent le ruisseau

Et vont, d’un air grave,

Reverdis à neuf par le renouveau

Qui fait l’air suave.


Un par un, faisant un tremblant rideau

Au torrent qui bave,

Les grands peupliers longent le ruisseau,

Et vont, d’un air grave.


Fiers de tout ce qui se passe là-haut,

Et qu’eux seuls ils savent,

Hochant sur le ciel leur léger plumeau,

Avec des airs graves,


Les grands peupliers longent le ruisseau.


Rosemonde Gérard ("Les pipeaux" éditions Lemerre, 1889 - Fasquelle éditeur, 1923)


39. Le chant bleu du ruisseau


L'eau d'un ruisseau vert

Courant vers la mer

Disait ce chant dans la lumière.


Plus pure qu'une voix automnale d'oiseau,

Plus fraîche qu'un soupir des flûtes de roseau

M'a semblé la chanson rapide de cette eau

Qui voyageait  vivante et claire :


"je suis lasse d'avoir changé plus de cent fois,

Vapeur ou rosée, averse ou nuage,

D'être le miroir flou du paysage,

De bondir, de heurter les racines ds bois,


Je suis lasse parmi les forêts monotones,

D'être toujours en plein exil ;

Je fus aux nuits d'hiver le givre au pâle fil

Et la pluie aux soirs de l'automne.


Serpent vert des prés lumineux,

Blanche crinière des cascades,

Je descend vers les golfes bleus

Où sont les thons et les dorades *.


J'ai jailli d'une source en face du matin,

J'ai coulé sous des noirs ombrages,

J'ai traversé mille villages,

Je suis au bout de mon destin.


Encore un effort vers les beaux rivages,

Encore quelques heurts, encore quelques bonds

Et ce sera la plaine unie,

La grande plaine infinie.


Par un matin vibrant et léger, loin des monts,

Où j'ai gémi durant d'inexorables lieues,

Je verrai tout à coup mon grand pays : la mer ;

Et joyeuse, mirant ta coupole, ciel clair,

Vague je danserai parmi les vagues bleues !"


Daniel Thaly ("L'Ile et le voyage : petite odyssée d'un poète lointain" - éditions du Divan, 1923)

Daniel Thaly (1879-1950), est un poète martiniquais, qu'on a qualifié de « Prince des Poètes antillais »


* La dorade, qui peut s'écrire aussi "daurade", est un poisson originaire des zones tropicales, comme les Antilles de l'auteur.


TEXTES EN PROSE


Un texte à proposer aux grands élèves, à partir du CM2 :

40. L’enfant et la rivière (passage du livre)


Tout à coup devant moi se leva une digue. C'était un haut remblai de terre couronné de peupliers. Je le gravis et je découvris la rivière.

Elle était large et coulait vers l'ouest. Gonflées par la fonte des neiges, ses eaux puissantes descendaient en entraînant des arbres. Elles étaient lourdes et grises et parfois sans raison de grands tourbillons s'y formaient qui engloutissaient une épave, arrachée en amont. Quand elles rencontraient un obstacle à leur course, elles grondaient. Sur cinq cents mètres de largeur, leur masse énorme, d'un seul bloc, s'avançait vers la rive. Au milieu, un courant plus sauvage glissait, visible à une crête sombre qui tranchait le limon des eaux. Et il me parut si terrible que je frissonnai.

En aval, divisant le flot, s'élevait une île. Des berges abruptes couvertes de saulaies épaisses en rendaient l'approche difficile. C'était une île vaste où poussaient en abondance des bouleaux et des peupliers. A sa pointe venaient s'échouer les troncs d'arbres que la rivière charriait.

Quand je ramenai mes regards vers le rivage, je m'aperçus que, juste à mes pieds, sous la digue, une petite anse abritait une plage de sable fin. Là les eaux s'apaisaient. C'était un point mort. J'y descendis. Des troènes, des osiers géants et des aulnes glauques formaient une voûte au-dessus de ce refuge.

Dans la pénombre mille insectes bourdonnaient.


Henri Bosco («L'enfant et la rivière», 1953 - Gallimard)


41. Eau, tu n’as ni goût, ni couleur  ...

Eau, tu n’as ni goût, ni couleur, ni arôme, on ne peut pas te définir, on te goûte, sans te connaître. Tu n’es pas nécessaire à la vie : tu es la vie. Tu nous pénètres d’un plaisir qui ne s’explique point par les sens. Avec toi rentrent en nous tous les pouvoirs auxquels nous avions renoncé. Par ta grâce, s’ouvrent en nous toutes les sources taries de notre cœur.
   Tu es la plus grande richesse qui soit au monde, et tu es aussi la plus délicate, toi si pure au ventre de la terre. On peut mourir sur une source d’eau magnésienne. On peut mourir à deux pas d’un lac d’eau salée. On peut mourir malgré deux litres de rosée qui retiennent en suspens quelques sels. Tu n’acceptes point de mélange, tu ne supportes point d’altération, tu es une ombrageuse divinité ...
   Mais tu répands en nous un bonheur infiniment simple.


Antoine de Saint Exupéry  («Terre des hommes», Gallimard, 1939)

texte vérifié dont on trouve sur Internet de nombreuses versions non conformes

Le ruisseau coule

Dans la terre fraîche

Il sait

Comme les pierres sont dures.

Il connaît le goût

De la terre

Guillevic

La source désapprouve presque toujours l'itinéraire du fleuve

Jean Cocteau

haïku

Au soleil du soir
un plein fleuve de feuilles rouges resplendit.

Liú Jī (1311 – 1375)

comptine de saut à la corde. Le comptage s’interrompt à la première faute du sauteur :


La Tour Eiffel a trois cents mètres

La Tour Eiffel a trois cents mètres

Du haut en bas on voit la Seine

Pour y monter il faut payer

Tous les millions qu'elle a coûté

1 sou, 2 sous, 3 sous ...

haïku

Au dessus du fleuve dans la brise d’automne, les oies sauvages passent et repassent.

Lĭ Mèng Yáng (1473 – 1530)

On trouvera à cette adresse de nombreux tableaux d’artistes sur le thème de la Seine de Paris au Havre :

http://www.sportnat.com/lapouneur/rando/seine/fil/fil.htm

Sous le vieux pont


L’eau sous le vieux pont,

coule, coule et chante.
L’eau sous le vieux pont,

berce de son chant

Les poissons d’argent


Max Jacob

Limay (Yvelines)

Le «Vieux pont» en août 2008