poésies des saisons - automne - page 1/3
poésies des saisons - automne - page 1/3
PAGE 1 - de A à K (vous y êtes !)
1.Guillaume Apollinaire - Automne / Automne malade
2.Charles Baudelaire - Chant d'automne
3.Michel Beau - Jour pluvieux d'automne
4.Marguerite Brunat-Provins - Sur l'arbre rouge
5.Marie-Magdeleine Carbet - L'acacia
6.Francis Carco - Un arbre
7.Maurice Carême - L'écureuil et la feuille / Gare isolée / Étranges fleurs
8.Pernette Chaponnière - Les feuilles mortes / L'hirondelle
9.Anne-Marie Chapouton - Il pleut
10.Pierre Coran - Automne
11.Alain Debroise - Villanelle
12.Lucie Delarue-Mardrus - L'automne / Les feuilles tombent
13.Luce Fillol - Feuille rousse, feuille folle
14.Isabelle Jaccard - Feuilles d'automne
15.Rémy de Gourmont - Les feuilles mortes
16.Fernand Gregh - Silence d'automne
17.Georges Jean - L'automne
18.Tristan Klingsor - Le rouge-gorge
19.Alphonse de Lamartine - L'automne / Rêve d'automne
PAGE 2 - de L à P (CLIC pour rejoindre la page)
textes à venir
21.Michel Luneau - Une hirondelle en automne / À vol d'oiseau / Le lapin de septembre
24.Jean Moréas - La feuille des forêts / autre passage des "Syrtes"
30.Jacques Prévert - Chanson des escargots qui vont à l'enterrement
PAGE 3 - de R à Y (CLIC pour rejoindre la page)
textes à venir
1. L'automne de Guillaume Apollinaire (1880-1918) est une saison de brouillard et de tristesse.
Automne
Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux
Et son bœuf lentement dans le brouillard d’automne
Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux
Et s’en allant là-bas le paysan chantonne
Une chanson d’amour et d’infidélité
Qui parle d’une bague et d’un cœur que l’on brise
Oh !* l’automne l’automne a fait mourir l’été
Dans le brouillard s’en vont deux silhouettes grises.
*pas d'autre ponctuation mis à part le point final
Guillaume Apollinaire ("Alcools" - Mercure de France 1913 - réédité en poche Poésie/Gallimard)
Et ce poème difficile et tout aussi triste :
Automne malade
Automne malade et adoré
Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers
Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes* aux cheveux verts et naines
Qui n'ont jamais aimé
Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé
Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu'on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu'on foule
Un train
Qui roule
La vie
S'écoule
Guillaume Apollinaire ("Alcools")
Aucune ponctuation dans ce texte
*Dans la mythologie germanique et scandinave les nixes sont des nymphes aquatiques qu'affectionne l'auteur (cf la Lorelei, qu'il évoque dans un autre poème). Apollinaire les qualifie de "nicettes", de l'ancien français "nice" : niais, mignon.
2. Charles Baudelaire (1821-1867) peut-il être qualifié de poète maudit ? Certainement, lui à qui Les Fleurs du Mal ont valu un procès pour outrage à la morale publique et à la morale religieuse. Aujourd'hui, Les Fleurs du Mal sont le recueil de poésies qui se vend et s'est le plus vendu en France.
Chant d'Automne
Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.
Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé.
J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe
L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.
II me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? - C'était hier l'été; voici l'automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.
Charles Baudelaire ("Les Fleurs du Mal" - 1857)
3. Michel Beau
Voici quelques rares éléments de la biographie du poète Michel Beau, trouvés sur le site : http://membres.lycos.fr/crcrosnier/mur2/pfpr2/listepfpr2.htm.
[Michel Beau a publié de nombreux livres de poésie : « Du cœur aux lèvres » aux éditions Rougerie, « C’est donc cela l’amour » aux éditions Grassin, « Quand paraît l’arc-en-ciel » aux éditions Nouvelle Pléiade, « La farandole des saisons » à l’Académie du Disque de Poésie, « Scriptoformes » aux éditions Graph2000, « La mieux-aimée » aux éditions Denoël, « Jonglerimes » aux éditions Nathan.]
... auteur de ce poème triste sur l'automne :
Jour pluvieux d'automne
Une feuille rousse
que le grand vent pousse
dans le ciel gris-bleu,
l'arbre nu qui tremble
et dans le bois semble
un homme frileux,
une gouttelette
comme une fléchette
qui tape au carreau,
une fleur jaunie
qui traîne sans vie
dans la flaque d'eau,
sur toutes les choses
des notes moroses,
des pleurs, des frissons,
des pas qui résonnent :
c'est déjà l'automne
qui marche en sifflant sa triste chanson.
Michel Beau
4. Marguerite Burnat-Provins
Marguerite Burnat-Provins (1872-1952) est une écrivaine, dessinatrice et peintre française (qui a vécu une grande partie de sa vie en Suisse). Elle trouve sa source principale d'inspiration dans l'observation de la nature.
Sur l'arbre rouge
Sur l'arbre rouge, as-tu vu
Le corbeau noir ?
L'as-tu entendu ?
En claquant du bec, il a dit
Que tout est fini ;
Les fossés sont froids,
La terre est mouillée.
Nous n'irons plus rire et nous cacher,
Dans la bonne chaleur du blé.
Le corbeau noir a dit cela,
En passant,
Dans l'arbre rouge couleur de sang.
Marguerite Burnat-Provins ("Chansons rustiques" - Säuberlin et Pfeiffer, 1905)
5. Marie-Magdeleine Carbet
Romancière, auteur de contes pour enfants, et de poèmes ("Mini-poèmes sur trois méridiens" - 1977), Marie-Magdeleine Carbet, est née en 1902 aux Antilles.
L’acacia
Le vent
Passait, pleurant.
L’acacia dit :
Vent d’automne
Au front gris,
Tu t’ennuies :
Je te donne
Mes feuilles.
Prends, cueille
Et va jouer au volant*
Avec ton amie
La pluie.
Le printemps,
En son temps,
M’en fera de plus jolies !
Marie-Magdeleine Carbet
*allusion peut-être au jeu du volant, ancêtre du badminton.
6. Francis Carco (1886-1958) est un romancier, auteur de Jésus la Caille, L'Homme traqué... et le poète de Premiers vers, La Bohème et mon cœur, Chansons aigre-douces... Il fréquente les milieux artistiques parisiens, où il rencontre les poètes Guillaume Apollinaire et Max Jacob.
Un arbre
Un arbre tremble sous le vent,
Les volets claquent.
Comme il a plu, l'eau fait des flaques.
Des feuilles volent sous le vent
Qui les disperse
Et, brusquement, il pleut à verse.
Francis Carco
7. Maurice Carême
Merci à la Fondation Maurice Carême
L'écureuil et la feuille
Un écureuil, sur la bruyère,
Se lave avec de la lumière.
Une feuille morte descend,
Doucement portée par le vent.
Et le vent balance la feuille
Juste au-dessus de l'écureuil ;
Le vent attend, pour la poser
Légèrement sur la bruyère,
Que l'écureuil soit remonté
Sur le chêne de la clairière
Où il aime à se balancer
Comme une feuille de lumière.
Maurice Carême
Gare isolée
On allume les lampes.
Un dernier pinson chante.
La gare est émouvante.
En ce soir de septembre.
Elle reste si seule
À l’écart des maisons,
Si seule à regarder
L’étoile du berger
Qui pleure à l’horizon
Entre deux vieux tilleuls.
Parfois un voyageur
S’arrête sur le quai,
Mais si las, si distrait,
Qu’il ne voit ni les lampes,
Ni le pinson qui chante,
Ni l’étoile qui pleure
En ce soir de septembre.
Et la "banlieue" le cueille,
Morne comme le vent
Qui disperse les feuilles
Sur la gare émouvante
Et plus seule qu’avant.
Maurice Carême
Étranges fleurs
L'automne met dans les lilas
D'étranges fleurs que nul ne voit,
Des fleurs aux tons si transparents
Qu'il faut avoir gardé longtemps
Son âme de petit enfant
Pour les voir le long des sentiers
Et pour pouvoir les assembler
En un seul bouquet de clarté
Comme font, à l'aube, les anges,
Les mains pleines d'étoiles blanches...
Maurice Carême
8. Pernette Chaponnière, de son vrai nom Pernette Dunant est née en 1915 en Suisse (Genève). Elle est auteure de romans, de livres pour enfants et de pièces de théâtre.
Les feuilles mortes
Tombent, tombent les feuilles rousses,
J'entends la pluie sur la mousse.
Tombent, tombent les feuilles molles,
J'entends le vent qui s'envole.
Tombent, tombent les feuilles d'or,
J'entends l'été qui s'endort.
Tombent, tombent les feuilles mortes,
J'entends l'hiver à ma porte.
Pernette Chaponnière ("L'écharpe d'iris" - Ed Hachette)
Un poème pour attendre le retour des hirondelles :
L'hirondelle
On m'a dit qu'une hirondelle
ne faisait pas le printemps
et moi je dis que c'est elle
sinon, qui le ferait donc ?
Je l'ai vue avec son aile
qui taillait dans le ciel blanc
un grand morceau de dentelle
où venait jouer le vent.
Ce n'était qu'une hirondelle
un oiseau noir et blanc
et pourtant je n'ai vu qu'elle
et j'ai le coeur tout content.
On dit que les demoiselles
font la pluie et le beau temps ;
moi je dis qu'une hirondelle
fait l'avril et le printemps.
Pernette Chaponnière
9. Anne-Marie Chapouton
Il pleut
Il pleut
des feuilles jaunes
il pleut
des feuilles rouges
L’été va s’endormir
et l’hiver
va venir
sur la pointe
de ses souliers
gelés
Anne-Marie Chapouton ("Poèmes petits" - Delagrave, 1999) - poème remis dans sa forme d'origine : pas de ponctuation ni de majuscules. 10. Pierre Coran
Pierre Coran est né en 1934
Automne
Quand les bois ont les cheveux courts,
La lune ceint son abat-jour
De brume pâle
Et le vent vole et le vent court
En tournoyant comme un vautour
Sous les étoiles.
Pourquoi mon coeur es-tu si lourd
Quand les bois ont les cheveux courts ?
Rivé aux cailloux de la cour
Le lierre étreint dans ses doigts gourds
Une hirondelle.
Entends-tu dans le petit jour,
Le gel affûter ses tambours
Et ses chandelles ?
Quand les bois ont les cheveux courts
Pourquoi mon coeur es-tu si lourd ?
Pierre Coran (dans "La Poésie comme elle s'écrit" - Jacques Charpentreau - Éd Ouvrières 1979)
11. Alain Debroise
Alain Debroise (1911-1999), est auteur de poésies et de comptines.
Villanelle*
Une feuille d'or,
une feuille rousse,
un frisson de mousse,
sous le vent du nord.
Quatre feuilles rousses,
quatre feuilles d'or,
le soleil s'endort
dans la brume douce.
Mille feuilles rousses,
que le vent retrousse.
Mille feuilles d'or
sous mes arbres morts.
Alain Debroise ("Deux sous d'oubliettes")
*villanelle : à partir du XVIe siècle, chanson pastorale et populaire ancienne sous la forme d'un poème.
12. Lucie Delarue-Mardrus
Plus coloré, voici l'automne de Lucie Delarue-Mardrus (1874-1945), suivi d’une courte poésie pour les petits.
L'automne
On voit tout le temps, en automne
Quelque chose qui vous étonne,
C'est une branche tout à coup,
Qui s'effeuille dans votre cou ;
C'est un petit arbre tout rouge,
Un, d'une autre couleur encor,
Et puis partout, ces feuilles d'or
Qui tombent sans que rien ne bouge.
Nous aimons bien cette saison,
Mais la nuit si tôt va descendre !
Retournons vite à la maison
Rôtir nos marrons dans la cendre.
Lucie Delarue-Mardrus
Les feuilles tombent
Les feuilles tombent peu à peu
Les feuilles sont déjà par terre
En grand silence, en grand mystère
Les feuilles tombent peu à peu .
Lucie Delarue-Mardrus
13. Luce Fillol
Luce Fillol est née en 1918. Poète et romancière pour la jeunesse, "Le 47 bis de la rue des trembles" (son premier roman), et "Prune" (Édit Flammarion collection Castor Poche), sont ses oeuvres les plus connues.
Feuille rousse, feuille folle
Feuille rousse, feuille folle
Tourne, tourne, tourne et vole !
Tu voltiges au vent léger
Comme un oiseau apeuré.
Feuille rousse, feuille folle !
Sur le chemin de l’école,
J’ai rempli tout mon panier
Des jolies feuilles du sentier.
Feuille rousse, feuille folle !
Dans le vent qui vole, vole,
J’ai cueilli pour mon cahier la feuille qui dansait.
Luce Fillol (dans "Musi-Musou raconte" - éditions Magnard, 1969)
14. Rémy de Gourmont
Ce poème de Rémy de Gourmont (1858-1915) est proposé sans la dernière strophe.
Les feuilles mortes
Simone, allons au bois, les feuilles sont tombées,
Elles recouvrent la mousse, les pierres et les sentiers.
Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ?
Elles ont les couleurs si douces, des tons si graves,
Elles sont sur la terre si frêles épaves !
Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ?
Elles ont l'air si dolent à l'heure du crépuscule,
Elles crient si tendrement, quand le vent les bouscule !
Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ?
Quand le pied les écrase elles pleurent comme des âmes,
Elles font un bruit d'ailes ou de robes de femmes.
Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ?
Viens : nous serons un jour de pauvres feuilles mortes.
Viens : déjà la nuit tombe et le vent nous emporte.
Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ?
Rémy de Gourmont ("Simone, poème champêtre"- Mercure de France, 1901)
15. Fernand Gregh
Fernand Gregh (1873-1960) était, comme il se définissait lui-même pour se démarquer des symbolistes, un poète "humaniste".
Il est aussi l'auteur d'essais et de nombreuses critiques littéraires.
"Après l'école de la beauté pour la beauté, après l'école de la beauté pour le rêve, il est temps de constituer l'école de la beauté pour la vie." F. Gregh
Silence d'automne
C'est le silence de l'automne
Où vibre un soleil, monotone
Dans la profondeur des cieux blancs ...
Voici qu'à l'approche du givre
Les grands bois s'arrêtent de vivre
Et retiennent leurs cœurs tremblants.
Vois, le ciel vibre, monotone ;
C'est le silence de l'automne.
O forêt ! qu'ils sont loin les oiseaux d'autrefois
Et les murmures d'or des guêpes dans les bois !
Adieu, la vie immense et folle qui bourdonne !
Entends, dans cette paix qui comme toi frissonne,
Combien s'est ralenti le cœurs fougueux des bois
Et comme il bat, à coups dolents et monotones
Dans le silence de l'automne !
Fernand Gregh ("La Beauté de vivre" - Calmann-Lévy éditeur, 1900)
16. Isabelle Jaccard
Feuilles d'automne
J'ai regardé les feuilles rouges
Elles tombaient.
J'ai regardé les feuilles jaunes
Elles volaient.
J'ai regardé les feuilles brunes
Que le vent poussait.
Rouges, jaunes, brunes,
Chacune dansait.
Isabelle Jaccard
17. Georges Jean
Georges Jean, né en 1920, est un poète enseignant (enseignant-poète ?). Il a publié de nombreux recueils de poésie et des anthologies pour les enfants, dont le Nouveau trésor de la poésie pour enfants en 2003 au Cherche midi éditeur.
L'automne
Quand s'annonce l'automne
La marmotte marmonne
Rentre dans sa maison
Et dit : "C'est la saison
Où mon lit a du bon
Dormons."
Et elle attend le temps
Du soleil, le printemps
En dormant.
Georges Jean
18. Tristan Klingsor
Tristan Klingsor (1874-1966) est malgré son nom (c'est un pseudonyme), un poète français.
Il était aussi musicien et peintre reconnu. Voici sa jolie contribution à l'automne, avec un texte particulièrement adapté aux élèves d'élémentaire :
Le rouge-gorge
Le rouge-gorge est au verger ;
Ah ! qu'il est joli, le voleur ;
Il ne pèse pas plus que plume
Et le vent le balance à son gré
Comme une fleur ;
Ah ! qu'il est joli, le voleur de prunes.
Oiseau, bel oiseau d'automne,
Voici l'oseille qui rougit
Dans l'herbe,
Et la feuille du poirier jaune ;
Tout se couvre de pourpre et de vieil or superbe
Avant l'hiver gris.
Tristan Klingsor
19. Alphonse de Lamartine
Alphonse de Lamartine (1790-1869), grand poète romantique et lyrique, écrivain et homme politique, a publié Harmonies poétiques et religieuses en 1830.
L'automne* (titre proposé pour la classe élémentaire) - extrait*
Voilà les feuilles sans sève
Qui tombent sur le gazon,
Voilà le vent qui s'élève
Et gémit dans le vallon,
Voilà l'errante hirondelle
Qui rase du bout de l'aile
L'eau dormante des marais,
Voilà l'enfant des chaumières
Qui glane sur les bruyères
Le bois tombé des forêts.
L'onde n'a plus le murmure,
Dont elle enchantait les bois;
Sous des rameaux sans verdure
Les oiseaux n'ont plus de voix;
Le soir est près de l'aurore,
L'astre à peine vient d'éclore
Qu'il va terminer son tour,
Il jette par intervalle
Une heure de clarté pâle
Qu'on appelle encore un jour.
Alphonse de Lamartine ("Harmonies poétiques et religieuses" - 1830)
*titre original : Pensée des Morts.
On n'a gardé pour l'école élémentaire que les 2 premières strophes de ce long poème.
On pourra en retrouver l'intégralité dans page du site actuellement en travaux : BRASSENS chante les poètes.
Une deuxième poésie, dans la même tonalité :
Rêve d'automne
Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !
Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire,
J'aime à revoir encore, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois !
Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,
A ses regards voilés, je trouve plus d'attraits,
C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !
Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui
Je me retourne encore et d'un regard d'envie
Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui !
Peut-être l'avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu ?
Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore
Aurait compris mon âme et m'aurait répondu ? ...
La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphyr ;
A la vie, au soleil, ce sont là mes adieux ;
Moi, je meurs et mon âme au moment qu'elle expire,
S'exhale comme un son triste et mélodieux.
Alphonse de Lamartine ("Méditations poétiques" - 1920)