poésies des saisons - automne - page 2/3
poésies des saisons - automne - page 2/3
PAGE 1 - de A à K (CLIC pour rejoindre la page)
7.Maurice Carême - L'écureuil et la feuille / Gare isolée / Étranges fleurs
19.Alphonse de Lamartine - L'automne / Rêve d'automne
PAGE 2 - de L à P (vous y êtes !) textes à venir
20.Philéas Lebesgue - La pomme
21.Michel Luneau - Une hirondelle en automne / À vol d'oiseau / Le lapin de septembre
22.Raïssa Maritain / Automne
23.Pierre Menanteau - Le vent d'automne
24.Jean Moréas - La feuille des forêts / autre passage des "Syrtes"
25.Jean-Luc Moreau - Septembre
26.Anna de Noailles - Automne / Les saisons et l'amour
27.Géo Norge / Petite pomme
28.Albert Pestour - Novembre
29.Henri Philibert / Automne
30.Jacques Prévert - Chanson des escargots qui vont à l'enterrement
PAGE 3 - de R à Y (CLIC pour rejoindre la page)
textes à venir
20. Philéas Lebesgue (1869-1958), poète-paysan a beaucoup écrit sur le Picardie (cf "Mon pays de Bray") où il est né.
On trouve d'autres poésies de cet auteur sur le site (catégories "le printemps" et "l'éloge de l'autre").
La pomme
Bel automne
À moi tes pommes,
Qui sont rougeaudes comme joues de jeune vierge !
J'y veux mordre à pleines dents ;
J'y veux boire à pleines lèvres :
Bel automne,
À moi tes pommes
Pour le pressoir qui les attend !
J'en veux faire éclater la fine chair
Entre les mâchoires de fer ;
J'en veux tirer la liqueur blonde ;
À grand effort de vis et de levier,
J'en veux faire jaillir une source de songe !
Pour défier
L'ennui de l'hiver et des mois sombres,
Rien ne vaut une cave pleine et froment au grenier.
Bel automne
À moi tes pommes !
Aux glèbes fraîches,
Mon blé germe :
Qu'importe le passé ? J'ai semé l'avenir.
Les feuilles sèches,
Au gré du vent peuvent courir
Dans la brume des soirs ternes ;
Si j'ai du cidre
En mon cellier,
Il m'est permis d'oublier
L'angoisse même de vivre,
L'angoisse de marcher ployé,
Et d'être si peu, si peu libre !
Philéas Lebesgue ("Les Servitudes" - 1913)
21. Michel Luneau (né en 1934) est écrivain ("Le Mémorial du sang", "Avis de passage") ... et poète.
Une hirondelle en automne
Une hirondelle, en automne,
Croyait qu'elle faisait le printemps.
Elle attend,
Elle s'étonne
Des couleurs si monotones,
Du mauvais temps,
Et de ne rencontrer personne
Que le vent...
Qui, soudain la désarçonne
Et la jette en avant
Dans la rivière qui moutonne.
Depuis ce temps,
Les hirondelles, qui n'aimaient pas l'automne,
Ne croient même plus au printemps.
Michel Luneau
Voici un deuxième texte, puisqu'il est question d'oiseaux et de voyages. Ce poème est déjà présent sur le blog (Poésies pour la classe - Cycles 2 et 3)
À vol d'oiseau
Où va-t-il, l'oiseau sur la mer ?
Il vole, il vole...
A-t-il au moins une boussole ?
Si un coup de vent
Lui rabat les ailes,
Il tombera dans l'eau
Et ne sait pas nager.
Et que va-t-il manger ?
Et si ses forces l'abandonnent,
Qui le secourra ? Personne.
Pourvu qu'il aperçoive à temps
Une petite crique !
C'est tellement loin, l'Amérique...
Michel Luneau
Et celui-ci, à proposer aux élèves quand les fusils reviennent :
Le lapin de septembre
En septembre,
Tous les ans,
Un petit lapin frappe à la porte de ma chambre.
- C'est l'ouverture de la chasse !
- Et tu crains que l'on te fricasse !
- Puis-je entrer dans ton potager .
- Oui, mais sans rien déranger !
Mais à chaque fin de saison,
C'est toujours la même chanson
Il a mangé mes salades,
Mes carottes, mon oseille…
J'en suis malade.
Je lui tire les oreilles
Il me regarde transi
De peur
Et me dit :
– Aurais-tu le cœur
D'acheter un fusil ? "
Michel Luneau (Collection "L'enfant et la poésie" - Le cherche midi éditeur)
22. Raïssa Maritain (1883-1960)
Automne
Une branche sur l'oiseau
Chantait en perdant ses feuilles
L'automne tenait l'archet
Du violon qui gémissait
Dans le vent venu de l'ouest
Murmurant des choses tristes
Et l'oiseau pleurait tout seul
Fleurissant le sombre ormeau
De ses larmes en corolles
De cristal et d'or nouveau
Et la branche et le moineau
Dans la brume pure et grise
Ont marié leur nostalgie
Au mystère de la nuit.
Raïssa Maritain
23. Pierre Menanteau, est plusieurs fois proposé sur le site et le blog :
Le vent d'automne
Ah! Ce grand vent, l'entends-tu pas ?
L'entends-tu pas heurter la porte ?
A plein cabas il nous apporte
Les marrons fous, les feuilles mortes.
Ah ! Ce grand vent, l'entends-tu pas ?
Ah ! Ce grand vent, l'entends-tu pas ?
L'entends-tu pas à la fenêtre ?
Par la moindre fente il pénètre
Et s'enfle et crache comme un chat.
Ah ! Ce grand vent, l'entends-tu pas ?
- J'entends les cris des laboureurs,
La terre se fend, se soulève.
Je vois déjà le grain qui meurt,
Je vois déjà le blé qui lève.
Voici le temps des laboureurs.
Pierre Menanteau
24. Jean Moréas (1856-1910), à l'état civil Ioannis Papadiamantopoulos, est un poète grec d'expression française.
C'est un poète symboliste, qui définit joliment ce genre poétique : "la poésie symbolique cherche à vêtir l'Idée d'une forme sensible... » .
Les Syrtes composent un très long poème découpé en paragraphes. "La feuille des forêts" en est un passage.
La feuille des forêts
La feuille des forêts
Qui tourne dans la bise
Là-bas, par les guérets,
La feuille des forêts
Qui tourne dans la bise,
Va-t-elle revenir
Verdir* la même tige ?
L'eau claire des ruisseaux
Qui passe claire et vive
A l'ombre des berceaux,
L'eau claire des ruisseaux
Qui passe claire et vive,
Va-t-elle retourner
Baigner* la même rive ?
Jean Moréas ("Les Syrtes - conte d'amour XI")
* Le tiret (Verdir - la même tige ?... Baigner - la ...) a été supprimé par commodité, on peut le restituer au texte original de Moréas.
Un autre beau passage sans titre, des Syrtes :
Dans l'âtre brûlent les tisons,
les tisons noirs aux flammes roses ;
dehors hurlent les vents moroses,
les vents des vilaines saisons.
Contre les chenets roux de rouille,
mon chat frotte son maigre dos.
En les ramages des rideaux,
on dirait un essaim qui grouille :
c'est le passé, c'est le passé
qui pleure la tendresse morte ;
c'est le bonheur que l'heure emporte
qui chante sur un ton lassé.
Jean Moréas ("Les Syrtes - Remembrances")
25. Jean-Luc Moreau
Retrouvez Jean-Luc Moreau dans POÉSIES pour la CLASSE - CYCLES 2 et 3 et dans POÉSIES PAR THÈME : l'école
Septembre
Un lièvre effaré
fuit dans les fourrés
la meute qui jappe...
Le vent maraudeur
apporte l'odeur
des pesantes grappes...
Un chœur d'écoliers
aux noirs tabliers
chante une comptine...
Au creux du sillon
le dernier grillon
doucement s'obstine...
Jean-Luc Moreau
26. Anna de Noailles (1876-1933), appelée à juste titre :-) Comtesse de Noailles, est une écrivaine et une poétesse, au féminin total, romantique et passionnée.
... "Je me suis appuyée à la beauté du Monde
Et j'ai tenu l'odeur des saisons dans mes mains" ...
[extrait du poème L'offrande à la Nature, recueil "Le Cœur innombrable"].
Les deux textes suivants se trouvent dans Le Cœur innombrable, son premier recueil, publié en 1901.
(ci-contre, dessin de Jean Cocteau dans "La Comtesse de Noailles, oui et non"-1963)
Automne
Voici venu le froid radieux de septembre :
Le vent voudrait entrer et jouer dans les chambres ;
Mais la maison a l'air sévère, ce matin.
Et le laisse dehors qui sanglote au jardin,
Comme toutes les voix de l'été se sont tues !
Pourquoi ne met-on pas de mantes aux statues !
Tout est transi, tout tremble et tout a peur ; je crois
Que la bise grelotte et que l'eau même a froid.
Les feuilles dans le vent courent comme des folles ;
Elle voudraient aller où les oiseaux s'envolent,
Mais le vent les reprend et barre leur chemin :
Elles iront mourir sur les étangs, demain.
Le silence est léger et calme ; par minute,
Le vent passe au travers comme un joueur de flûte,
Et puis tout redevient encor silencieux,
Et l'Amour, qui jouait sous la bonté des cieux,
S'en revient pour chauffer, devant le feu qui flambe,
Ses mains pleines de froid et frileuses jambes,
Et le vieille maison qu'il va transfigurer,
Tressaille et s'attendrit de le sentir entrer.
Anna de Noailles ("Le Cœur innombrable")
Les saisons et l'amour
Le gazon soleilleux est plein
De campanules violettes,
Le jour las et brûlé halette
Et pend aux ailes des moulins.
La nature, comme une abeille,
Est lourde de miel et d'odeur,
Le vent se berce dans les fleurs
Et tout l'été luisant sommeille.
Ô gaieté claire du matin
Où l'âme, simple dans sa course,
Est dansante comme une source
Qu'ombragent des brins de plantain !
De lumineuses araignées
Glissent au long d'un fil vermeil,
Le coeur dévide du soleil
Dans la chaleur d'ombre baignée.
Ivresse des midis profonds,
Coteaux roux où grimpent des chèvres,
Vertige d'appuyer les lèvres
Au vent qui vient de l'horizon ;
Chaumières debout dans l'espace
Au milieu des seigles ployés,
Ayant des plants de groseilliers
Devant la porte large et basse ...
Soirs lourds où l'air est assoupi,
Où la moisson pleine est penchante,
Où l'âme, chaude et désirante,
Est lasse comme les épis.
Plaisir des aubes de l'automne,
Où, bondissant d'élans naïfs,
Le coeur est comme un buisson vif
Dont toutes les feuilles frissonnent !
Nuits molles de désirs humains,
Corps qui pliez comme des saules,
Mains qui s'attachent aux épaules,
Yeux qui pleurent au creux des mains.
Ô rêves des saisons heureuses,
Temps où la lune et le soleil
Écument en rayons vermeils
Au bord des âmes amoureuses ...
Anna de Noailles ("Le Cœur innombrable")
27. Géo Norge
Géo Norge est déjà présent sur le blog avec ce texte (poésies Cycles 2 et 3). En voici le texte intégral, dont on ne retient souvent pour la classe que les deux premières strophes.
Petite pomme
La petite pomme s'ennuie
De n'être pas encore cueillie.
Les autres pommes sont parties,
Petite pomme est sans amie.
Comme il fait froid dans cet automne !
Les jours sont courts ! Il va pleuvoir.
Comme on a peur au verger noir
Quand on est seule et qu'on est pomme.
Je n'en puis plus viens me cueillir,
Tu viens me cueillir Isabelle ?
Comme c'est triste de vieillir
Quand on est pomme et qu'on est belle.
Prends-moi doucement dans ta main,
Mais fais-moi vivre une journée,
Bien au chaud sur ta cheminée
Et tu me mangeras demain.
Géo Norge
28. Albert Pestour
Novembre
Aux taillis où ronronne
Déjà le vent frileux,
Les colchiques d'automne
Ont ouvert leurs yeux bleus,
Ont vu de tristes choses,
Les colchiques ont vu,
Dès l'heure où tout explose,
La mort rauque à l'affût,
Ont vu le long des sentes,
Ont vu passer la peur
Rampante ou bondissante
Dans la lumière en fleur,
Le duvet de la caille
Qui neige dans les airs
Et le sang qui se caille
Sur le thym encor vert,
Dans la forêt où tonne
La Mort volée aux dieux,
Les colchiques d'automne
Ont refermé leurs yeux.
Albert Pestour ("Petit calendrier poétique")
29. Henri Philibert
Poète, écrivain, rédacteur de la revue "La Classe", Henri Philibert est l'auteur de ce texte sur l'automne.
Automne
L’été se fait tirer l’oreille
Dans l’antichambre de septembre,
Et la forêt déjà s’honore,
D’un long tapis de haute feuille,
Frangé de pourpre
Et tissé d’or,
Pour pas feutrés en corridor.
Henri Philibert
30. Jacques Prévert
Un texte de Jacques Prévert sur l'automne (On retrouvera Prévert ailleurs sur le site et le blog).
Chanson des escargots qui vont à l'enterrement
À l'enterrement d'une feuille morte
Deux escargots s'en vont
Ils ont la coquille noire
Du crêpe autour des cornes
Ils s'en vont dans le soir
Un très beau soir d'automne
Hélas quand ils arrivent
C'est déjà le printemps
Les feuilles qui étaient mortes
Sont toutes ressuscitées
Et les deux escargots
Sont très désappointés
Mais voilà le soleil
Le soleil qui leur dit
Prenez prenez la peine
La peine de vous asseoir
Prenez un verre de bière
Si le coeur vous en dit
Prenez si ça vous plaît
L'autocar pour Paris
Il partira ce soir
Vous verrez du pays
Mais ne prenez pas le deuil
C'est moi qui vous le dit
Ça noircit le blanc de l'oeil
Et puis ça enlaidit
Les histoires de cercueils
C'est triste et pas joli
Reprenez vos couleurs
Les couleurs de la vie
Alors toutes les bêtes
Les arbres et les plantes
Se mettent à chanter
À chanter à tue-tête
La vraie chanson vivante
La chanson de l'été
Et tout le monde de boire
Tout le monde de trinquer
C'est un très joli soir
Un joli soir d'été
Et les deux escargots
S'en retournent chez eux
Ils s'en vont très émus
Ils s'en vont très heureux
Comme ils ont beaucoup bu
Ils titubent un petit peu
Mais là-haut dans le ciel
La Lune veille sur eux.
Jacques Prévert ("Paroles")
Respecter la ponctuation originale de ce texte, uniquement le point final.