poésies des saisons - automne - page 3/3
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PAGE 1 - de A à K (CLIC pour rejoindre la page)
7.Maurice Carême - L'écureuil et la feuille / Gare isolée / Étranges fleurs
19.Alphonse de Lamartine - L'automne / Rêve d'automne
PAGE 2 - de L à P (CLIC pour rejoindre la page) textes à venir
21.Michel Luneau - Une hirondelle en automne / À vol d'oiseau / Le lapin de septembre
24.Jean Moréas - La feuille des forêts / autre passage des "Syrtes"
30.Jacques Prévert - Chanson des escargots qui vont à l'enterrement
PAGE 3 - de R à Y (vous y êtes !)
31. Henri de Régnier - Soir d'automne
32.Raymond Richard - Le bel automne est revenu / Trois feuilles mortes
33.Claude Roy - Météorologie
34.Albert Samain - Mélancolie
35.Samivel - Quand automne en saison revient
36.Charlotte Serre - La feuille d'automne
37.Alain Serres - La graine
38.Émile Verhaeren - Automne / Le vent de novembre
39.Paul Verlaine - Chanson d'automne
40.Francis Vielé-Griffin - L'automne / Feuilles d'automne
41.Francis Yard - La danseuse aux mille pieds
31. Henri de Régnier
Voici un poème d'Henri de Régnier (1864-1936) rempli de la tristesse mélancolique de l'automne finissant.
Soir d'automne
Il est doux, ô mes yeux, lorsque le vent d'automne
Cesse de s'acharner à l'arbre dont frissonne
Le spectre dépouillé qui craque et tremble encor,
De voir, dans l'air muet, où son vol se balance,
Tomber en tournoyant à travers le silence,
Une dernière feuille d'or.
Quand au jour éclatant qui se voile succède
Le crépuscule lent, humide, mol et tiède,
Qui fait perler la mousse au dos des bancs velus,
Il est doux, au jardin mystérieux, d'entendre
Résonner dans le soir le rire obscur et tendre
Des visages qu'on ne voit plus.
Henri de Régnier ("Le Miroir des heures" - Mercure de France, 1910)
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L'automne de Raymond Richard
32. Raymond Richard, auteur contemporain :
Le bel automne est revenu
A pas menus, menus,
Le bel automne est revenu
Dans le brouillard, sans qu'on s'en doute,
Il est venu par la grand'route
Habillé d'or et de carmin.
Et tout le long de son chemin,
Le vent bondit, les pommes roulent,
Il pleut des noix, les feuilles croulent.
Ne l'avez-vous pas reconnu ?
Le bel automne est revenu.
Raymond Richard ("À petits pas")
Trois feuilles mortes
Ce matin devant ma porte,
J'ai trouvé trois feuilles mortes.
La première aux tons de sang
M'a dit bonjour en passant
Puis au vent s'en est allée.
La seconde dans l'allée,
Au creux d'une flaque d'eau
A sombré comme un bateau.
J'ai conservé dans ma chambre
La troisième couleur d'ambre.
Quand l'hiver sera venu,
Quand les arbres seront nus,
Cette feuille desséchée,
Contre le mur accrochée
Me parlera des beaux jours
Dont j'attends le gai retour.
Raymond Richard ("À petits pas" - Editions du Cep Beaujolais)
33. Claude Roy (1915-1997) est déjà présent sur le blog (voir poésies Cycle 2 et 3). C'était un journaliste engagé, un romancier et un poète :
... Le poète n'est pas celui qui dit Je n'y suis pour personne
Le poète dit J'y suis pour tout le monde ...
(Extrait du poème "Jamais je ne pourrai" ("Les Circonstances" Ed Gallimard - 1970)
Météorologie
L'oiseau vêtu de noir et vert
m'a apporté un papier vert
qui prévoit le temps qu'il va faire.
Le printemps a de belles manières.
L'oiseau vêtu de noir et de blond
m'a apporté un papier blond
qui fait bourdonner les frelons.
L'été sera brûlant et long.
L'oiseau vêtu de noir et et jaune
m'a apporté un papier jaune
qui sent la forêt en automne.
L'oiseau vêtu de noir et blanc
m'a apporté un flocon blanc.
L'oiseau du temps que m'apportera-t-il ?
Claude Roy
34. Albert Samain
Ce texte du grand poète symboliste Albert Samain (1858-1900), est en général, pour la classe, privé de sa dernière strophe.
Mélancolie
Le vent tourbillonnant, qui rabat les volets,
Là-bas tord la forêt comme une chevelure.
Des troncs entrechoqués monte un puissant murmure,
Pareil au bruit des mers, rouleuses de galets.
L'automne qui descend des collines voilées
Fait, sous ses pas profonds, tressaillir notre cœur
Et voici que s'afflige avec plus de ferveur
Le tendre désespoir des roses envolées.
Le vol des guêpes d'or qui vibrait sans repos
S'est tu : le pêne grince à la grille rouillée ;
La tonnelle grelotte et la terre est mouillée,
Et le linge blanc claque, éperdu, dans l'enclos.
Le jardin nu sourit comme une face aimée
Qui vous dit longuement adieu, quand la mort vient ;
Seul le son d'une enclume ou l'aboiement d'un chien
Monte, mélancolique, à la vitre fermée.
Albert Samain ("Le Chariot d'Or" - Mercure de France, 1900)
35. Samivel (1907-1992) est difficile à étiqueter : écrivain, poète, humoriste et illustrateur, explorateur, cinéaste ... son talent est reconnu dans toutes ces activités. Il s'appelait pour l'état civil Paul Gayet-Tancrède.
Son nom d'auteur est emprunté à Charles Dickens (Samivel est Sam Weller dans "Les Aventures de Mr Pickwick").
Voici une poésie pour les petites classes.
Quand automne en saison revient ...
Quand automne en saison revient,
La forêt met sa robe rousse
Et les glands tombent sur la mousse
Où dansent les petits lapins.
Les souris font de grands festins
Pendant que les champignons poussent.
Ah ! que la vie est douce, douce,
Quand l'automne en saison revient.
Samivel
36. Charlotte Serre Patachon (1914-2000) signe ses textes Charlotte Serre.
Elle a d'abord écrit des recueils de poèmes ("Élans d'amour" en 1973 est le premier), dans sa Dordogne natale (autre recueil : "Saint Jory de Chalais, pays de mon enfance"). Résistante (en Dordogne) et déportée pendant la Deuxième Guerre mondiale, elle a publié des livres-témoignages, ("Rescapé de la nuit ", "de Fresnes à Ravensbrück").
On propose à la classe, très souvent la première, ou les deux ou trois premières strophes de ce texte :
Feuille d'automne
Feuille d'automne
Bijou vermeil
Qui tourbillonne
Dans le soleil,
Flambe l'automne
Pourpres et ors
Qui vermillonnent
Tel un trésor.
Feuille dansante
Dans le vent fou
Qui, frissonnante
Tombe à genoux
En la supplique
Des feux mourants,
Mélancoliques
Dans leurs tourments.
Sème l'automne
Sur les étangs
Combien s'étonne
Le cygne blanc
Qui, sous les aunes
S'en va glissant.
L'air monotone
Va s'imprégnant.
Dans les vallées
Au cœur saignant
Taches rouillées
Feuilles de sang,
Les feuilles mortes,
Les souvenirs
Vont en cohorte
Semblant s'unir.
Ces fleurs du rêve
Tombent en pleurs
Avec la sève
D'anciens bonheurs.
Les feuilles mortes,
Leurs parfums lourds
Ferment la porte
De nos amours.
Charlotte Serre (Poèmes publiés aux éditions du Centre)
37. Alain Serres
Alain Serres est né en 1956. Il a publié et publie de nombreux albums, recueils de poésie, romans, pièces de théâtre pour les enfants et la jeunesse, notamment aux éditions Rue du Monde, dont il est le créateur.
La graine
Au clair de l'automne
Mon ami Pierrot ,
La petite feuille est morte ;
Ouvrez -lui la porte ;
Au clair de la laine
Est rangée sa graine.
Chut !
Fermez bien vos mains
Comme une boîte à bijoux ;
Il va pleuvoir jusqu'aux mois doux.
Alain Serres ("N’écoute pas celui qui répète" - poèmes pour grandir - 1986, éditions Cheyne)
38. Émile Verhaeren (1855-1916) est un écrivain et poète belge. On propose aux élèves, en élémentaire, un extrait de ce long poème (le début), mis ici en couleur (on le trouve aussi sur le blog dans la catégorie POÉSIES pour la CLASSE - CYCLE 3 et COLLÈGE).
Le vent
Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre,
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds battant les bourgs,
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent.
Aux citernes des fermes,
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort dans leurs mélancolies.
Le vent rafle, le long de l'eau,
Les feuilles vertes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre;
Le vent mord dans les branches
Des nids d'oiseaux;
Le vent râpe du fer,
Et peigne au loin les avalanches,
- Rageusement - du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Dans les étables lamentables
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitre et de papier.
- Le vent sauvage de Novembre! -
Sur sa hutte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d'éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Les vieux chaumes à cropetons,
Autour de leurs clochers d'église,
Sont soulevés sur leurs bâtons;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.
Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L'avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes ;
L'avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes;
L'avez-vous vu cette nuit-là
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n'en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient comme des bêtes
Sous la tempête?
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant.
Voici le vent cornant Novembre.
Émile Verhaeren ("Les villages illusoires")
Automne
Matins frileux
Le vent se vêt de brume ;
Le vent retrousse au cou des pigeons bleus
Les plumes.
La poule appelle
Le pépiant fretin de ses poussins
Sous l’aile.
Panache au clair et glaive nu
Les lansquenets des girouettes
Pirouettent.
L’air est rugueux et cru ;
Un chat près du foyer se pelotonne ;
Et tout à coup, du coin du bois résonne,
Monotone et discord,
L’appel tintamarrant des cors
D’automne.
Émile Verhaeren
39. De Paul Verlaine (1844-1896), ce poème très connu(1844-1896)
Chanson d'automne
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.
Paul Verlaine ("Poèmes saturniens")
40. Francis Vielé-Griffin
Même s'il est né en Virginie pendant la guerre de Sécession, Francis Vielé-Griffin (1864-1937) est un poète symboliste français, poète de la nature et de sa terre d'élection : la Touraine.
..."J'ai regardé fleurir dans sa lumière d'or
La fine majesté des plus naïves choses"...
Francis Vielé-Griffin
Voici les bords de Loire en saison :
L’automne
Lâche comme le froid et la pluie,
Brutal et sourd comme le vent,
Louche et faux comme le ciel bas,
L’automne rôde par ici ;
Son bâton heurte aux contrevents ;
Ouvre la porte, car il est là.
Ouvre la porte et fais-lui honte…
Car je le connais bien, c’est lui
Qui vint l’autan avec des phrases,
Avec des sourires et des grappes,
Parlant du bon soleil qui luit,
Du vent d’été qui bruit et jase,
Du bon repos après l’étape ;
Il a soupé à notre table
- Je le reconnais bien, te dis-je,
Il a goûté au vin nouveau,
Puis on l’a couché dans l’étable
Entre la jument et le veau :
Le lendemain, l’eau était prise ;
Les feuilles avaient plu sous la gelée.
- Ferme la porte et les volets.
Qu’il passe son chemin, au moins,
Qu’il couche ailleurs que dans mon foin,
Qu’il aille mendier plus loin.
Avec des feuilles dans sa barbe
Et ses yeux creux qui vous regardent
Et sa voix rauque et doucereuse ;
À d’autres ! moi, je le reconnais,
Qu’il s’attife d’or ou qu’il gueuse.
- Rentre la cloche : s’il sonnait !
Prépare une flambée : j’attends
Le vieil hiver au regard franc.
Francis Vielé-Griffin ("La Clarté de vie" - Mercure de France, 1897)
Ces passages, dans l'ordre original des strophes, sont extraits d'un des poèmes du recueil "La partenza" (le départ), élégie du poète à la Loire :
Feuilles d'automne (titre proposé)
[...]
Le rêve de la vallée,
Toute d'or et d'ombre au loin,
M'a pris et bercé et roulé
Dans un parfum de vigne et de foin;
[...]
J'ai choisi l'automne attendri
Et cette heure des ombres longues ;
Je cueille une rose flétrie ;
On marche et les feuilles tombent.
Je regarde, feuille à feuille,
S'éparpiller dans le soir
Le manteau d'or et d'orgueil
De ces grands arbres noirs;
Je regarde, goutte à goutte,
Tomber comme du sang,
Les feuilles... et le soir en déroute
Tourne et fuit dans le couchant ...
[...]
Francis Vielé-Griffin ("La partenza" - Mercure de France, 1899)
41. Francis Yard (1876-1947), de son vrai nom Athanase François Yard, instituteur, était surnommé "le poète des Chaumes", pour ses écrits, poèmes, contes, récits, et ses descriptions et études linguistiques de sa région, la Normandie.
On trouvera une autre poésie du même auteur dans la catégorie "Hiver" : La neige au village.
La danseuse aux mille pieds
La danseuse aux mille pieds
Qui revient quand on s'ennuie,
Lorsque les rondins mouillés,
Sur les deux chenets rouillés,
Pleurent noir comme la suie,
C'est la pluie,
C'est la pluie.
La danseuse aux mille pieds
Qui revient quand on s'ennuie,
Quand les beaux jours oubliés,
Dans les bois et les sentiers,
Pleurent l'hirondelle enfuie,
C'est la pluie,
C'est la pluie.
La danseuse aux mille pieds
Qui revient quand on s'ennuie,
Qui danse des jours entiers,
Dans nos âmes, sans pitié,
Le ballet des songeries,
C'est la pluie,
C'est la pluie.
La danseuse aux mille pieds
Qui revient quand on s'ennuie,
Quand les cœurs humiliés,
À l'automne résignés,
Se souviennent de la vie,
C'est la pluie,
C'est la pluie.
Francis Yard ("Le roi octobre et la danseuse aux mille pieds" - Henri Defontaine éditeur, 1930)
On trouve aussi ce poème dans "L'Arc-en-Fleur", recueil anthologique de poésies d'Armand Got ("poésies modernes choisies pour la jeunesse") paru en 1933 chez Bourrelier et dans le recueil de récitations "Le sentier fleuri", destiné aux élèves "de 10 à 15 ans", édité par Les Presses du Massif Central en 1950 (A. Auneveux et L Roussillat)
texte supplémentaire : Alexandre Vialatte
Automne d’autrefois (titre suggéré)
Les premiers marrons d'Inde tombent le long du trottoir.
Tombent comme des plombs, roulent comme des billes. Autrefois c'était la rentrée.
On les chassait à coups de souliers. Ils avaient une couleur brûlée, brune et brillante.
On discernait dans le brouillard gris la silhouette du kiosque à musique vide comme l'épave d'un bateau naufragé, comme une salle après le bal, comme un lendemain de fête.
Les grands marronniers étaient roux et le sol couvert de coques vertes.
On récitait Rosa la rose...
Alexandre Vialatte (Et c'est ainsi qu'Allah est grand, Julliard, 1979 et en poche chez Presses Pocket))