poésies des saisons  -  hiver page 1

les textes sur le thème de Noël, du jour de l’an et du calendrier sont ICIthemes_-_Noel_-_calendrier_-_an.html
 

poésies sur le thème de l’hiver (page 1)

        PAGE 1  -  A à G (VOUS Y ÊTES)

  1. 1.    Corinne Albaut - Le bonhomme de neige

  2. 2.    Guillaume Apollinaire - Les sapins

  3. 3.    Paul Arène - Paysage

  4. 4.    Albert Atzenwiler - Le bonhomme de neige

  5. 5.    Théodore de Banville - L'hiver

  6. 6.    Patrick Bousquet - Bonjour monsieur l'hiver

  7. 7.    Marguerite Brunat-Provins - Sur l'arbre rouge

  8. 8.    Maurice Carême - La dernière pomme - Il a neigé - Le givre

  9. 9.    Pernette Chaponnière  - La neige / Le sapin de Noël

  10. 10.    Anne-Marie Chapouton  - L'hiver, la neige

  11. 11.    François Coppée - Il a neigé - La mort des oiseaux

  12. 12.    Guy-Charles Cros - Matin de décembre / Croquis de janvier

  13. 13.   Lucie Delarue-Mardrus - L'hiver

  14. 14.    Louis Delorme - Le flocon

  15. 15.    Hermin Dubus - La neige papillonne

  16. 16.    Micheline Dupray  - Les oiseaux de l'hiver

  17. 17.    Jason Émond - Le bonhomme de neige

  18. 18.    Jean de La Fontaine - La cigale et la fourmi

  19. 19.    Pierre Gamarra - Où est donc passé le feu ?

  20. 20.    Théophile Gautier - Décembre - Fantaisies d'hiver
         La dernière feuille - La bonne soirée

  21. 21.   Fernand Gregh - Un soir

  22. 22.    Eugène Guillevic - L'ennemi - Arbre l'hiver

    PAGE 2 - H à O (CLIC pour accéder à cette page)


  1. 23.    Franz Hellens - Manège d'hiver

  2. 24.    Victor Hugo - La bise (deux textes)

  3. 25.   Illberg - Toc ! Toc ! ouvrez-moi !

  4. 26.    Francis Jammes - Il va neiger

  5. 27.    Jules Laforgue - Couchant d'hiver - Pâle soleil d'hiver

  6. 28.    Annaïk Le Léard - Quand la neige tombe

  7. 29.    André Mary - Rondeau de la neige

  8. 30.    Guy de Maupassant - Nuit de neige

  9. 31.    Fernand Mazade - Attente

  10. 32.    Pierre Menanteau - Le vieux rosier

  11. 33.   Catulle Mendès - paysage de neige

  12. 34.    Louis Mercier - Psaume à la neige

  13. 35.    Jacqueline Mériot - Neige

  14. 36.    Jean-Luc Moreau - Chanson d'hiver

  15. 37.   Madeleine Morize - Chanson d'hiver

  16. 38.    Vincent Muselli - Décembre

  17. 39.    Alfred de Musset - Le premier frisson d'hiver

  18. 40.    Émile Nelligan - Soir d'hiver

  19. 41.    Gérard de Nerval - Les papillons

  20. 42.    Anna de Noailles (Comtesse) - L'hiver

  21. 43.    Jean Orizet - L'or sous le givre - Haute ponctuation du silence

  22. 44.    Charles d'Orléans - Hiver, vous n'êtes qu'un vilain
              Yver, vous n'estes qu'un villain

    PAGE 3 - P à Z (CLIC pour accéder à cette page)


  1. 45.    Louisa Paulin - Chant de neige

  2. 46.    Alexandre Pouchkine - Soir d''hiver

  3. 47.    Gisèle Prassinos - Neige

  4. 48.    Jacques Prévert - Chanson pour les enfants l'hiver
             Noël des ramasseurs de neige

  5. 49.    Raymond Radiguet - Vitres

  6. 50.    Pierre Reverdy - Souffle - Calme intérieur - Son de cloche
             La neige tombe - Temps couvert

  7. 51.    Jean Richepin - La neige tombe - Première gelée
             La neige est belle La neige est triste - La petite qui tousse

  8. 52.    Arthur Rimbaud - Les corbeaux

  9. 53.    Paul-Alexis Robic - Les douze lutins

  10. 54.    Georges Rodenbach - Ô neige, toi la douce endormeuse des bruits

  11. 55.    Jean Rousselot - La neige

  12. 56.    Jules Supervielle - Le pommier

  13. 57.    Frédéric-Jacques Temple - La blanche migration

  14. 58.    André Theuriet - La ferme (Les 4 premières strophes sur l'hiver)

  15. 59.    Georg Trakl - En hiver

  16. 60.    Émile Verhaeren - La neige - Neige

  17. 61.    Paul Verlaine  - Dans l'interminable ennui de la plaine

  18. 62.    Jules Verne - Quand par le dur hiver

  19. 63.    Théophile de Viau - Ode contre l'hiver

  20. 64.    Gabriel Vicaire - Matin de neige

  21. 65.    Alfred de Vigny - La neige

  22. 66.    Paul Vincensini - La boule de neige - Moi l'hiver je pense - Hiver

  23. 67.   Francis Yard - La neige au village

1. Corinne Albaut  écrit, publie, interprète des comptines pour les petits (Collection "Petits bonheurs" chez Actes Sud junior).

Ses "Comptines pour le temps de Noël", dont est extrait le texte ci-dessous, sont publiées chez Actes Sud junior, illustrées par Michel Boucher. Un beau cadeau pour le temps de Noël (10 € en librairie).


Le bonhomme de neige


Au nord de la Norvège

Vit un bonhomme de neige.

Il n'a pas peur de fondre,

Là-bas, la neige tombe

Pendant de très longs mois,

Il y fait toujours froid.


Et le bonhomme de neige,

Bien assis sur son siège,

Regarde les flocons

Voler en tourbillons.


Sais-tu ce que j'en pense ?

Il a bien de la chance

Pour un bonhomme de neige

D'habiter la Norvège.


Corinne Albaut ("Comptines pour le temps de Noël")

2. Les sapins


Les sapins en bonnets pointus

De longues robes revêtus

Comme des astrologues

Saluent leurs frères abattus

Les bateaux qui sur le Rhin voguent


Dans les sept arts endoctrinés

Par les vieux sapins leurs aînés

Qui sont de grands poètes

Ils se savent prédestinés

À briller plus que des planètes


À briller doucement changés

En étoiles et enneigés

Aux Noëls bienheureuses

Fêtes des sapins ensongés

Aux longues branches langoureuses


Les sapins beaux musiciens

Chantent des noëls anciens

Au vent des soirs d'automne

Ou bien graves magiciens

Incantent le ciel quand il tonne


Des rangées de blancs chérubins

Remplacent l'hiver les sapins

Et balancent leurs ailes

L'été ce sont de grands rabbins

Ou bien de vieilles demoiselles


Sapins médecins divagants

Ils vont offrant leurs bons onguents

Quand la montagne accouche

De temps en temps sous l'ouragan

Un vieux sapin geint et se couche.


Guillaume Apollinaire ("Alcools" - poèmes, 1898-1913, Mercure de France, 1913 et éditions Gallimard Poésie, 1971)

3. Paul Arène, ou Paul-Auguste Arène, (1843-1896) est un poète de langue provençale et française, contemporain et proche d'Alphonse Daudet (il aurait participé à l'écriture des Lettres de mon moulin ) et de François Coppée (poète présent sur le blog dans cette même catégorie : L'hiver). Il préside le Félibrige de Paris en 1879 (mouvement littéraire créé par Frédéric Mistral en 1854 pour favoriser et organiser la sauvegarde et la promotion de la langue d’oc).


Si le poème qui suit célèbre la fin de l'automne et l'hiver à Chaville, en région parisienne, c'est la Provence de Sisteron qu'il décrit préférentiellement dans ses nouvelles, poèmes et romans.


Paysage


L'automne à Chaville est superbe ;

Le bois par place est resté vert ;

Ailleurs, tournant au vent d'hiver

Les feuilles s'abattent sur l'herbe ;

Mais les grands chênes fiers encor,

Gardent leur parure tenace,

Et, sentant que le froid menace

S'habillent de cinabre et d'or,

Qu'importe si le ciel est sombre,

Quand on a la claire forêt !

Son feuillage ardent qui paraît

Plus radieux au sein de l'ombre

Nous garde en ses rameaux vermeils,

Dans ses feuilles d'or pur baignées

Et de longs rayons imprégnées,

Le souvenir des vieux hivers.


Paul Arène

4. Albert Atzenwiler
Poète suisse, et directeur de l'enseignement à Genève, auteur de manuels scolaires ( Leçons et exercices de grammaire française, école primaire), et de contes pour enfants, Albert Atzenwiler (1898-1941) nous présente cet intrépide bonhomme de neige :


Le bonhomme de neige


Un jour, un bonhomme de neige

Eut envie de voyager.


Il prit sa belle écharpe beige

Et son bâton de noisetier.


A peine arrivé en Afrique,

Il se sentit très fatigué.


Il fut piqué par un moustique

À l'ombre d'un grand cocotier.


Il fut pris d'une forte fièvre

Et soudain se mit à trembler,


Comme tremblent lapins et lièvres

Quand la chasse va commencer.


Il transpirait à grosses gouttes,

Il fondait de la tête aux pieds ...


Albert Atzenwiler


Les petits flocons


Cette nuit

Sans bruit

Les petits flocons

Se sont enfuis

Comme des oisillons

Hors de leur nid ...


Cette nuit

Sans bruit

Les petits flocons

Ont butiné

Comme des papillons

Dans le verger.


Cette nuit

Sans bruit

Les petits flocons

Se sont ouverts

Comme de fins bourgeons,

Fleurs de l’hiver.


Albert Atzenwiler

5. Théodore de Banville (1823-1891) est un poète parnassien. Pourtant, le romantisme et le lyrisme, malgré lui peut-être, habillent ce paysage de neige :


L'hiver


Au bois de Boulogne, l'hiver,

La terre a son manteau de neige.

Mille Iris, qui tendent leur piège,

Y passent comme un vif éclair.


Toutes, sous le ciel gris et clair,

Nous chantent le même solfège ;

Au bois de Boulogne, l'hiver,

La terre a son manteau de neige.


Toutes les blancheurs de la chair

Y passent, radieux cortège ;

Les Antiopes de Corrège*

S'habillent de martre et de vair

Au bois de Boulogne, l'hiver.


* Antiope est le nom d'une amazone dans la mythologie grecque.
* Corrège est un grand peintre italien de la Renaissance.


Théodore de Banville ("Les cariatides")

6. Patrick Bousquet est un auteur contemporain de chansons, de poésies, et de romans pour les enfants et la jeunesse.


Bonjour monsieur l'Hiver


- Hé ! bonjour monsieur l'Hiver !

Ça faisait longtemps...

Bienvenue sur notre terre,

Magicien tout blanc.

- Les montagnes t'espéraient ;

Les sapins pleuraient ;

Les marmottes s'indignaient ;

Reviendra-t-il jamais ?

- Mes patins s'ennuyaient ;

Mes petits skis aussi ;

On était tous inquiets ;

Reviendra-t-il jamais ?

- Hé ! bonjour monsieur l'Hiver !

Ça faisait longtemps ...

Bienvenue sur notre terre,

Magicien tout blanc.


Patrick Bousquet

  1. 7.Ce poème de Marguerite Brunat-Provins (1872-1952), poète* française installée dans le Valais en Suisse, est un adieu rouge sang à la saison d'automne. Il est donc rangé aussi dans la catégorie des poésies d'automne sur le blog.

* lieucommun choisit de garder poète au féminin plutôt que poétesse


L'arbre rouge


Sur l'arbre rouge as-tu-vu

Le corbeau noir ?

L'as-tu entendu ?

En claquant du bec il a dit

Que tout est fini;

Les fossés sont froids,

La terre est mouillée.

Nous n'irons plus rire et nous cacher

Dans la bonne chaleur du blé.

Le corbeau noir a dit cela,

En passant,

Dans l'arbre rouge couleur de sang.


Marguerite Brunat-Provins ("Chansons rustiques" - éditions Sauberlin et Pfeiffer)

8. Maurice Carême annonce l'hiver avec cette "dernière pomme" :

(Merci à la Fondation Maurice Carême)


La dernière pomme


Vais-je tomber, ne pas tomber ?

Se disait la dernière pomme.

J'ai résisté aux vents d'automne,

Aux pluies, aux premières gelées :


- Il ne faut pas que j abandonne

Mon fidèle ami, le verdier.

Vais-je tomber, ne pas tomber ?

Il y va de mon cœur de pomme.


Je suis d'or rouge et de miel jaune

Comme une lune à son lever

Et j'éclaire tout le pommier.

Non, non, verdier, je me cramponne,

J'attendrai l'hiver pour tomber.


Maurice Carême


Il a neigé


Il a neigé dans l'aube rose

Si doucement neigé,

Que le chaton croit rêver.

C'est à peine s'il ose

Marcher.


Il a neigé dans l'aube rose,

Si doucement neigé,

Que les choses

Semblent avoir changé.


Et le chaton noir n'ose

S'aventurer dans le verger,

Se sentant soudain étranger

À cette blancheur où se posent,

Comme pour le narguer,

Des moineaux effrontés.


Maurice Carême


Le givre


Mon Dieu ! Comme ils sont beaux

Les tremblants animaux

Que le givre fait naître

La nuit sur la fenêtre.


Ils broutent les fougères

Dans un bois plein d'étoiles

Et l'on voit la lumière

A travers les corps pâles.


Il y a un chevreuil

Qui me connait déjà ;

Il soulève pour moi

Son front d'entre les feuilles.


Et quand il me regarde

Ses grands yeux sont si doux

Que je sens mon cœur battre

Et trembler mes genoux.


Laissez-moi, ô Décembre !

Le chevreuil merveilleux

Je resterai sans feu

Dans ma petite chambre.


Maurice Carême

  1. 9.Pernette Chaponnière est née en 1915 en Suisse. Elle est auteure de romans, de livres pour enfants et de pièces de théâtre.


La neige


Regardez la neige qui danse

Derrière le carreau fermé.

Qui là-haut peut bien s'amuser

A déchirer le ciel immense

En petits morceaux de papier ?


Pernette Chaponnière ("L'Écharpe d'Iris" - éditions Hachette, 1990)


Le sapin de noël (ou le petit sapin sous la neige)


Le petit sapin sous la neige

Rêvait aux beaux étés fleuris.

Bel été quand te reverrai-je ?

Soupirait-il sous le ciel gris.


Dis moi quand reviendra l’été !

Demandait-il au vent qui vente

Mais le vent sans jamais parler

S’enfuyait avec la tourmente.


Vint à passer sur le chemin

Un gaillard à grandes moustaches

Hop là ! en deux coups de sa hache,

A coupé le petit sapin.


Il ne reverra plus l’été ,

Le petit sapin des montagnes,

Il ne verra plus la gentiane,

L’anémone et le foin coupé.


Mais on l’a paré de bougies,

Saupoudré de neiges d’argent.

Des clochettes de féerie

Pendent à ses beaux rameaux blancs.


Le petit sapin de noël

Ne regrette plus sa clairière

Car il rêve qu’il est au ciel

Tout vêtu d’or et de lumière.


Pernette Chaponnière ("Vingt Noëls pour les enfants" - Éditions de la Baconnière, 1985)

10. Anne-Marie Chapouton (1939-2000) est l'auteure d'albums, de comptines et de poèmes pour les enfants, qu'elle a souvent illustrés elle-même.
On trouvera bien d'autres textes de cet auteur sur le blog.


L’hiver, la neige

Voilà
Les arbres
Avec
Du sucre
Sur le nez

La route
Toute
Poudrée
Le ciel
Enfariné

La neige
A tout changé.


Anne-Marie Chapouton

11. François Coppée (1842-1908) a peint ce tableau de neige en couleurs.


Il a neigé


Il a neigé la veille et, tout le jour, il gèle.

Le toit, les ornements de fer et la margelle

Du puits, le haut des murs, les balcons, le vieux banc

Sont comme ouatés, et, dans le jardin, tout est blanc.

Le grésil a figé la nature, et les branches

Sur un doux ciel perlé dressent leurs gerbes blanches.

Mais regardez. Voici le coucher de soleil.

À l'occident plus clair court un sillon vermeil,

Sa soudaine lueur féérique nous arrose,

Et les arbres d'hiver semblent de corail rose.


François Coppée ("Promenades et Intérieurs")


et ce poème triste en gris et noir :


La mort des oiseaux


Le soir, au coin du feu, j’ai pensé bien des fois

A la mort d’un oiseau, quelque part, dans les bois.

Pendant les tristes jours de l’hiver monotone,

Les pauvres nids déserts, les nids qu’on abandonne,

Se balancent au vent sur le ciel gris de fer.

Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l’hiver !

Pourtant, lorsque viendra le temps des violettes,

Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes

Dans le gazon d’avril où nous irons courir.

Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir ?


François Coppée

12. Guy-Charles Cros (1879-1956) est le fils de Charles Cros, inventeur du phonographe et du hareng-saur (voir les catégories d'humour sur le site).

Héritier de la poésie fantaisiste de son père, il est l'auteur des recueils Les Fêtes quotidiennes (1912), Avec des mots (1927), Mon Soleil nouveau (1944).
C'est volontairement qu'il a laissé la grande ombre paternelle éclipser son œuvre poétique.


D’ailleurs, voici deux poèmes, qu'on attribue parfois par erreur à son père, Charles Cros, une occasion de lui rendre justice littéraire en précisant «Guy» :


Matin de décembre


On s'éveille

du coton dans les oreilles

une petite angoisse douce

autour du cœur, comme mousse

c'est la neige,

l'hiver blanc

sur ses semelles de liège

qui nous a surpris, dormant.


Guy-Charles Cros ("Avec des mots" - éditions L'artisan du Livre, 1927)


et ce texte sombre :


Croquis de janvier


Tout est dur, clair, sans voix, et mort ;

l'hiver est fermé comme un livre.

On dirait que la vie a tort

de vouloir encor vivre.


Le fleuve est pris ; le ciel si bas

pèse sur les étendues blanches...

Un oiseau pourtant chantera

en avril, dans les branches.


Guy-Charles Cros ("Avec des mots" - éditions L'artisan du Livre, 1927)

13. Lucie Delarue-Mardrus (1874-1945) est l'auteur de nombreux poèmes, romans, contes et nouvelles ...

Elle a été également dessinatrice, sculptrice et historienne.


L'hiver


L'hiver, s'il tombe de la neige,

Le chien blanc a l'air beige.


Les arbres seront bientôt touffus

Comme dans l'été qui n'est plus.


Les oiseaux marquent les allées

Avec leurs pattes étoilées.


Aussitôt qu'il fait assez jour,

Dans le jardin bien vite on court.


Notre maman nous emmitoufle,

Même au soleil, la bise souffle.


Pour faire un grand bonhomme blanc,

Tout le monde prend son élan.


Après ça, bataille de neige!

On s'agite, on crie, on s'assiège.


Et puis on rentre, le nez bleu,

Pour se sécher autour du feu


Lucie Delarue-Mardrus ("Poèmes mignons pour les enfants" - Gedalge, 1929)

14. Louis Delorme est un peintre et poète contemporain, auteur de nombreux recueils de poésie qu'il a lui-même illustrées. Il écrit également des romans et des pièces de théâtre.


Le flocon


Venant de Norvège

Un flocon de neige

Qui volait au vent

S’en allait rêvant.

Voyant un fille

D’allure gentille

Par le Nord giflée

Bien emmitouflée

D’un bonnet de laine

Il se dit : "Ma veine !

De la bonne aubaine

Si je profitais pour me camoufler

Et me réchauffer.

J’attendrai demain

Pour continuer tout ce long chemin."

Il n’eut pas de peine

A mettre le nez

Dessous le bonnet

Mais sa longue route

Soudain s’arrêta :

Un frêle goutte

Fut le résultat.

Ceux qui se figurent

Pouvoir ignorer

Tout de leur nature

N’ont plus qu’à pleurer.


Louis Delorme

15. Hermin Dubus est un auteur de poésies, de saynètes et de chansons pour les enfants (L'école en fête - 1927 ; Les Chansons du Dr Tant-Mieux - 1932 ; Des Féeries et des Saynètes - 1933), et de manuels scolaires (image).

Le mignon poème ci-dessous est tiré du manuel scolaire des années 30 «Le Livre de la Joie, Premier livre de lecture courante, Cours préparatoire, Classes enfantines» >>


Le flocon


La neige papillonne

La blanche neige papillonne
Et fleurit les branches de houx.
Elle se joue et tourbillonne
En nous frôlant tout doux, tout doux.

La blanche neige papillonne
Et, voletant sur les toits roux,
Vient mettre une coiffe mignonne
Aux vieilles maisons de chez nous.

Hermin Dubus ("Le Livre de la Joie"
Bibliothèque d'éducation, 1931)

16. Micheline Dupray est une poétesse et biographe d'aujourd'hui.


Les oiseaux de l'hiver (extrait)


Mais d'où viennent ces oiseaux

Que j'entends chanter l'hiver ?

Où se cachent leurs fuseaux

De plume sur fil de chair ?


Il neigeait encor hier

Sur l'arbre et le caniveau,

Et les miettes de pain clair,

Pour des petits yeux d'oiseaux,

Se perdaient dans la lumière

Des flocons à mes carreaux.


Ô mes oiseaux de l'hiver,

Par le froid levés si tôt,

Ô mes oiseaux sans manières,

Faits pour chanter comme l'eau

Dès qu'elle a roulé rivière.

(...)


Micheline Dupray

17. Jason Émond ne donne pour le moment aucun élément de biographie.
Cette petite poésie simple et légère est donc publiée sous réserves bien qu’on la trouve sur de nombreux sites de poésies pour l’école ...


Le bonhomme de neige


Savez-vous qui est né

Ce matin dans le pré ?

Un gros bonhomme tout blanc!

Il est très souriant

Avec son ventre rond

Ses yeux noirs de charbon

Son balai menaçant

Et son chapeau melon.


Le soleil a brillé,

À midi dans le pré,

Je n'ai rien retrouvé ...

Le bonhomme a filé !


Jason Émond

18. Jean de La Fontaine possède sur le blog lieucommun.canalblog.com et bientôt sur ce site planetelieucommun.fr, une catégorie à lui où on trouvera sa biographie et une sélection de fables.


La Cigale et la Fourmi


La Cigale, ayant chanté

Tout l'été,

Se trouva fort dépourvue

Quand la bise fut venue :

Pas un seul petit morceau

De mouche ou de vermisseau.

Elle alla crier famine

Chez la Fourmi sa voisine,

La priant de lui prêter

Quelque grain pour subsister

Jusqu'à la saison nouvelle.

"Je vous paierai, lui dit-elle,

Avant l'août*, foi d'animal,

Intérêt et principal. "

La Fourmi n'est pas prêteuse :

C'est là son moindre défaut.

Que faisiez-vous au temps chaud ?

Dit-elle à cette emprunteuse.

- Nuit et jour à tout venant

Je chantais, ne vous déplaise.

- Vous chantiez ? j'en suis fort aise.

Eh bien! dansez maintenant.


l'août : orthographe originale : "l'Oût"


Jean de La Fontaine ("Fables" - Livre I)

19. Pierre Gamarra (1919-2009) était romancier, auteur de théâtre et poète, (nombre de ses romans et de ses recueils sont destinés aux enfants).
Il a dirigé la revue littéraire "Europe", créée par Romain Rolland puis par Louis Aragon en 1946, après la guerre.
Deux romans choisis : Le maître d'école et La victoire de l'ourse (publié en 2006)


Où donc est passé le feu ?


Où donc est passé le feu ?

Je n'ai pas de cheminée !

Quand l' hiver au gros nez bleu

Vient à la fin de l'année,


Quand décembre blanc et noir

vient siffler devant ma porte

et quand la tempête emporte

les arbres au fond du soir,


je m'en vais à ma croisée,

je suis triste un petit peu,

je n'ai pas de cheminée.

Où donc est passé le feu ?


Pierre Gamarra ("La tarte aux pommes", 1977 - L'école des loisirs).

20. Théophile Gautier (1811-1872) est un écrivain et un poète, également critique d'art reconnu.

Plus peut-être que ses poèmes, on connaît ses romans classiques pour la jeunesse, régulièrement réédités et parfois adaptés au cinéma : Le Capitaine Fracasse, Le Roman de la momie.


Décembre
(titre proposé, ce passage est extrait du long poème "Intérieurs")


Un brouillard épais noie

L'horizon où tournoie

Un nuage blafard,

Et le soleil s'efface,

Pâle comme la face

D'une vieille sans fard.

La haute cheminée,

Sombre et chaperonnée

D'un tourbillon fumeux,

Comme un mât de navire,

De sa pointe déchire

Le bord du ciel brumeux.

Sur un ton monotone

La bise hurle et tonne

Dans le corridor noir :

C'est l'hiver, c'est décembre,

Il faut garder la chambre

Du matin jusqu'au soir.

Les fleurs de la gelée

Sur la vitre étoilée

Courent en rameaux blancs,

Et mon chat qui grelotte,

Se ramasse en pelote

Près des tisons croulants.


Théophile Gautier (recueil "Intérieurs" dans "Premières Poésies, Albertus, La Comédie de la Mort, Les Intérieurs et les paysages" , 1845)



Fantaisies d’hiver
(extrait : strophes I et II sur les 5 strophes de ce poème)


I


Le nez rouge, la face blême,

Sur un pupitre de glaçons,

L’hiver exécute son thème

Dans le quatuor des saisons.


Il chante d’une voix peu sûre

Des airs vieillots et chevrotants ;

Son pied glacé bat la mesure

Et la semelle en même temps ;


Et comme Haendel, dont la perruque

Perdait sa farine en tremblant,

Il fait envoler de sa nuque

La neige qui la poudre à blanc.


II


Dans le bassin des Tuileries,

Le cygne s’est pris en nageant,

Et les arbres, comme aux féeries,

Sont en filigrane d’argent.


Les vases ont des fleurs de givre,

Sous la charmille aux blancs réseaux ;

Et sur la neige on voit se suivre

Les pas étoilés des oiseaux.


(...)


Théophile Gautier ("Émaux et camées")



Cette dernière feuille pour l'hiver :


La dernière feuille


Dans la forêt chauve et rouillée

Il ne reste plus au rameau

Qu'une pauvre feuille oubliée,

Rien qu'une feuille et qu'un oiseau.


Il ne reste plus en mon âme

Qu'un seul amour pour y chanter,

Mais le vent d'automne, qui brame

Ne permet pas de l'écouter ;


L'oiseau s'en va, la feuille tombe,

L'amour s'éteint, car c'est l'hiver.

Petit oiseau, viens sur ma tombe

Chanter, quand l'arbre sera vert !


Théophile Gautier ("Poésies")



La bonne soirée


Quel temps de chien ! - il pleut, il neige ;

Les cochers, transis sur leur siège,

Ont le nez bleu.

Par ce vilain soir de décembre,

Qu'il ferait bon garder la chambre,

Devant son feu !

...


On n'entend rien dans le silence

Que le pendule qui balance

Son disque d'or,

Et que le vent qui pleure et rôde,

Parcourant, pour entrer en fraude,

Le corridor.


Théophile Gautier ("Émaux et camées", 1852)

21. Fernand Gregh (1873-1960) est journaliste et poète. C'est le fils du compositeur Louis Gregh (1843-1915).

Il entre en 1953 à l'Académie Française.


Un soir


Nous sommes là, ce soir, paisibles sous la lampe.

Mon père lit, sa main pâle contre sa tempe ;

Mon frère est accoudé, les yeux ailleurs, auprès

De ma mère qui brode avec des doigts distraits

Où luit le reflet lent du foyer sur ses bagues ;

Parfois le chien, perdu dans ses beaux songes vagues,

Etire de paresse et d'aise son flanc creux ;

Et je rêve, parmi le grand silence, heureux.

Nous sommes là, ce soir d' hiver, humble famille,

Écoutant à l'horloge indécise qui brille

Dans l'ombre, palpiter les instants fugitifs,

Groupés devant le feu, comme des primitifs.


Fernand Gregh ("Les clartés humaines" - 1904)

22. Eugène Guillevic ou plutôt Guillevic tout court comme il voulait qu’on le nomme, a une catégorie à lui sur le site et le blog, dans le cadre du Printemps des Poètes 2008.


L'ennemi (titre proposé)


Il y aura toujours dans l'automne  

Une pomme sur le point de tomber.


Il y aura toujours dans l'hiver 

Une fontaine sur le point de geler.


L'ennemi, 

Nous le connaissons.


Eugène Guillevic ("Gagner" - collection Poésie des éditions Gallimard, 1981)


Arbre l'hiver


L'arbre, ici, maintenant, debout,

Rien que du bois,

Comme un oiseau figé debout

La tête en bas.


L'arbre vécu

Comme du bois

Et comme oiseau

Ne bougeant pas.


Eugène Guillevic ("Sphère" - éditions Gallimard, 1963)

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Quelques pas dans la neige d’hiver- Vexin français en janvier 2009 (photo lieucommun)