poésies des saisons - hiver page 1
poésies des saisons - hiver page 1
poésies sur le thème de l’hiver (page 1)
PAGE 1 - A à G (VOUS Y ÊTES)
1. Corinne Albaut - Le bonhomme de neige
2. Guillaume Apollinaire - Les sapins
3. Paul Arène - Paysage
4. Albert Atzenwiler - Le bonhomme de neige
5. Théodore de Banville - L'hiver
6. Patrick Bousquet - Bonjour monsieur l'hiver
7. Marguerite Brunat-Provins - Sur l'arbre rouge
8. Maurice Carême - La dernière pomme - Il a neigé - Le givre
9. Pernette Chaponnière - La neige / Le sapin de Noël
10. Anne-Marie Chapouton - L'hiver, la neige
11. François Coppée - Il a neigé - La mort des oiseaux
12. Guy-Charles Cros - Matin de décembre / Croquis de janvier
13. Lucie Delarue-Mardrus - L'hiver
14. Louis Delorme - Le flocon
15. Hermin Dubus - La neige papillonne
16. Micheline Dupray - Les oiseaux de l'hiver
17. Jason Émond - Le bonhomme de neige
18. Jean de La Fontaine - La cigale et la fourmi
19. Pierre Gamarra - Où est donc passé le feu ?
20. Théophile Gautier - Décembre - Fantaisies d'hiver
La dernière feuille - La bonne soirée
21. Fernand Gregh - Un soir
22. Eugène Guillevic - L'ennemi - Arbre l'hiver
PAGE 2 - H à O (CLIC pour accéder à cette page)
23. Franz Hellens - Manège d'hiver
24. Victor Hugo - La bise (deux textes)
25. Illberg - Toc ! Toc ! ouvrez-moi !
26. Francis Jammes - Il va neiger
27. Jules Laforgue - Couchant d'hiver - Pâle soleil d'hiver
28. Annaïk Le Léard - Quand la neige tombe
29. André Mary - Rondeau de la neige
30. Guy de Maupassant - Nuit de neige
31. Fernand Mazade - Attente
32. Pierre Menanteau - Le vieux rosier
33. Catulle Mendès - paysage de neige
34. Louis Mercier - Psaume à la neige
35. Jacqueline Mériot - Neige
36. Jean-Luc Moreau - Chanson d'hiver
37. Madeleine Morize - Chanson d'hiver
38. Vincent Muselli - Décembre
39. Alfred de Musset - Le premier frisson d'hiver
40. Émile Nelligan - Soir d'hiver
41. Gérard de Nerval - Les papillons
42. Anna de Noailles (Comtesse) - L'hiver
43. Jean Orizet - L'or sous le givre - Haute ponctuation du silence
44. Charles d'Orléans - Hiver, vous n'êtes qu'un vilain
Yver, vous n'estes qu'un villain
PAGE 3 - P à Z (CLIC pour accéder à cette page)
45. Louisa Paulin - Chant de neige
46. Alexandre Pouchkine - Soir d''hiver
47. Gisèle Prassinos - Neige
48. Jacques Prévert - Chanson pour les enfants l'hiver
Noël des ramasseurs de neige
49. Raymond Radiguet - Vitres
50. Pierre Reverdy - Souffle - Calme intérieur - Son de cloche
La neige tombe - Temps couvert
51. Jean Richepin - La neige tombe - Première gelée
La neige est belle La neige est triste - La petite qui tousse
52. Arthur Rimbaud - Les corbeaux
53. Paul-Alexis Robic - Les douze lutins
54. Georges Rodenbach - Ô neige, toi la douce endormeuse des bruits
55. Jean Rousselot - La neige
56. Jules Supervielle - Le pommier
57. Frédéric-Jacques Temple - La blanche migration
58. André Theuriet - La ferme (Les 4 premières strophes sur l'hiver)
59. Georg Trakl - En hiver
60. Émile Verhaeren - La neige - Neige
61. Paul Verlaine - Dans l'interminable ennui de la plaine
62. Jules Verne - Quand par le dur hiver
63. Théophile de Viau - Ode contre l'hiver
64. Gabriel Vicaire - Matin de neige
65. Alfred de Vigny - La neige
66. Paul Vincensini - La boule de neige - Moi l'hiver je pense - Hiver
67. Francis Yard - La neige au village
1. Corinne Albaut écrit, publie, interprète des comptines pour les petits (Collection "Petits bonheurs" chez Actes Sud junior).
Ses "Comptines pour le temps de Noël", dont est extrait le texte ci-dessous, sont publiées chez Actes Sud junior, illustrées par Michel Boucher. Un beau cadeau pour le temps de Noël (10 € en librairie).
Le bonhomme de neige
Au nord de la Norvège
Vit un bonhomme de neige.
Il n'a pas peur de fondre,
Là-bas, la neige tombe
Pendant de très longs mois,
Il y fait toujours froid.
Et le bonhomme de neige,
Bien assis sur son siège,
Regarde les flocons
Voler en tourbillons.
Sais-tu ce que j'en pense ?
Il a bien de la chance
Pour un bonhomme de neige
D'habiter la Norvège.
Corinne Albaut ("Comptines pour le temps de Noël")
2. Les sapins
Les sapins en bonnets pointus
De longues robes revêtus
Comme des astrologues
Saluent leurs frères abattus
Les bateaux qui sur le Rhin voguent
Dans les sept arts endoctrinés
Par les vieux sapins leurs aînés
Qui sont de grands poètes
Ils se savent prédestinés
À briller plus que des planètes
À briller doucement changés
En étoiles et enneigés
Aux Noëls bienheureuses
Fêtes des sapins ensongés
Aux longues branches langoureuses
Les sapins beaux musiciens
Chantent des noëls anciens
Au vent des soirs d'automne
Ou bien graves magiciens
Incantent le ciel quand il tonne
Des rangées de blancs chérubins
Remplacent l'hiver les sapins
Et balancent leurs ailes
L'été ce sont de grands rabbins
Ou bien de vieilles demoiselles
Sapins médecins divagants
Ils vont offrant leurs bons onguents
Quand la montagne accouche
De temps en temps sous l'ouragan
Un vieux sapin geint et se couche.
Guillaume Apollinaire ("Alcools" - poèmes, 1898-1913, Mercure de France, 1913 et éditions Gallimard Poésie, 1971)
3. Paul Arène, ou Paul-Auguste Arène, (1843-1896) est un poète de langue provençale et française, contemporain et proche d'Alphonse Daudet (il aurait participé à l'écriture des Lettres de mon moulin ) et de François Coppée (poète présent sur le blog dans cette même catégorie : L'hiver). Il préside le Félibrige de Paris en 1879 (mouvement littéraire créé par Frédéric Mistral en 1854 pour favoriser et organiser la sauvegarde et la promotion de la langue d’oc).
Si le poème qui suit célèbre la fin de l'automne et l'hiver à Chaville, en région parisienne, c'est la Provence de Sisteron qu'il décrit préférentiellement dans ses nouvelles, poèmes et romans.
Paysage
L'automne à Chaville est superbe ;
Le bois par place est resté vert ;
Ailleurs, tournant au vent d'hiver
Les feuilles s'abattent sur l'herbe ;
Mais les grands chênes fiers encor,
Gardent leur parure tenace,
Et, sentant que le froid menace
S'habillent de cinabre et d'or,
Qu'importe si le ciel est sombre,
Quand on a la claire forêt !
Son feuillage ardent qui paraît
Plus radieux au sein de l'ombre
Nous garde en ses rameaux vermeils,
Dans ses feuilles d'or pur baignées
Et de longs rayons imprégnées,
Le souvenir des vieux hivers.
Paul Arène
4. Albert Atzenwiler
Poète suisse, et directeur de l'enseignement à Genève, auteur de manuels scolaires ( Leçons et exercices de grammaire française, école primaire), et de contes pour enfants, Albert Atzenwiler (1898-1941) nous présente cet intrépide bonhomme de neige :
Le bonhomme de neige
Un jour, un bonhomme de neige
Eut envie de voyager.
Il prit sa belle écharpe beige
Et son bâton de noisetier.
A peine arrivé en Afrique,
Il se sentit très fatigué.
Il fut piqué par un moustique
À l'ombre d'un grand cocotier.
Il fut pris d'une forte fièvre
Et soudain se mit à trembler,
Comme tremblent lapins et lièvres
Quand la chasse va commencer.
Il transpirait à grosses gouttes,
Il fondait de la tête aux pieds ...
Albert Atzenwiler
Les petits flocons
Cette nuit
Sans bruit
Les petits flocons
Se sont enfuis
Comme des oisillons
Hors de leur nid ...
Cette nuit
Sans bruit
Les petits flocons
Ont butiné
Comme des papillons
Dans le verger.
Cette nuit
Sans bruit
Les petits flocons
Se sont ouverts
Comme de fins bourgeons,
Fleurs de l’hiver.
Albert Atzenwiler
5. Théodore de Banville (1823-1891) est un poète parnassien. Pourtant, le romantisme et le lyrisme, malgré lui peut-être, habillent ce paysage de neige :
L'hiver
Au bois de Boulogne, l'hiver,
La terre a son manteau de neige.
Mille Iris, qui tendent leur piège,
Y passent comme un vif éclair.
Toutes, sous le ciel gris et clair,
Nous chantent le même solfège ;
Au bois de Boulogne, l'hiver,
La terre a son manteau de neige.
Toutes les blancheurs de la chair
Y passent, radieux cortège ;
Les Antiopes de Corrège*
S'habillent de martre et de vair
Au bois de Boulogne, l'hiver.
* Antiope est le nom d'une amazone dans la mythologie grecque.
* Corrège est un grand peintre italien de la Renaissance.
Théodore de Banville ("Les cariatides")
6. Patrick Bousquet est un auteur contemporain de chansons, de poésies, et de romans pour les enfants et la jeunesse.
Bonjour monsieur l'Hiver
- Hé ! bonjour monsieur l'Hiver !
Ça faisait longtemps...
Bienvenue sur notre terre,
Magicien tout blanc.
- Les montagnes t'espéraient ;
Les sapins pleuraient ;
Les marmottes s'indignaient ;
Reviendra-t-il jamais ?
- Mes patins s'ennuyaient ;
Mes petits skis aussi ;
On était tous inquiets ;
Reviendra-t-il jamais ?
- Hé ! bonjour monsieur l'Hiver !
Ça faisait longtemps ...
Bienvenue sur notre terre,
Magicien tout blanc.
Patrick Bousquet
7.Ce poème de Marguerite Brunat-Provins (1872-1952), poète* française installée dans le Valais en Suisse, est un adieu rouge sang à la saison d'automne. Il est donc rangé aussi dans la catégorie des poésies d'automne sur le blog.
* lieucommun choisit de garder poète au féminin plutôt que poétesse
L'arbre rouge
Sur l'arbre rouge as-tu-vu
Le corbeau noir ?
L'as-tu entendu ?
En claquant du bec il a dit
Que tout est fini;
Les fossés sont froids,
La terre est mouillée.
Nous n'irons plus rire et nous cacher
Dans la bonne chaleur du blé.
Le corbeau noir a dit cela,
En passant,
Dans l'arbre rouge couleur de sang.
Marguerite Brunat-Provins ("Chansons rustiques" - éditions Sauberlin et Pfeiffer)
8. Maurice Carême annonce l'hiver avec cette "dernière pomme" :
(Merci à la Fondation Maurice Carême)
La dernière pomme
Vais-je tomber, ne pas tomber ?
Se disait la dernière pomme.
J'ai résisté aux vents d'automne,
Aux pluies, aux premières gelées :
- Il ne faut pas que j abandonne
Mon fidèle ami, le verdier.
Vais-je tomber, ne pas tomber ?
Il y va de mon cœur de pomme.
Je suis d'or rouge et de miel jaune
Comme une lune à son lever
Et j'éclaire tout le pommier.
Non, non, verdier, je me cramponne,
J'attendrai l'hiver pour tomber.
Maurice Carême
Il a neigé
Il a neigé dans l'aube rose
Si doucement neigé,
Que le chaton croit rêver.
C'est à peine s'il ose
Marcher.
Il a neigé dans l'aube rose,
Si doucement neigé,
Que les choses
Semblent avoir changé.
Et le chaton noir n'ose
S'aventurer dans le verger,
Se sentant soudain étranger
À cette blancheur où se posent,
Comme pour le narguer,
Des moineaux effrontés.
Maurice Carême
Le givre
Mon Dieu ! Comme ils sont beaux
Les tremblants animaux
Que le givre fait naître
La nuit sur la fenêtre.
Ils broutent les fougères
Dans un bois plein d'étoiles
Et l'on voit la lumière
A travers les corps pâles.
Il y a un chevreuil
Qui me connait déjà ;
Il soulève pour moi
Son front d'entre les feuilles.
Et quand il me regarde
Ses grands yeux sont si doux
Que je sens mon cœur battre
Et trembler mes genoux.
Laissez-moi, ô Décembre !
Le chevreuil merveilleux
Je resterai sans feu
Dans ma petite chambre.
Maurice Carême
9.Pernette Chaponnière est née en 1915 en Suisse. Elle est auteure de romans, de livres pour enfants et de pièces de théâtre.
La neige
Regardez la neige qui danse
Derrière le carreau fermé.
Qui là-haut peut bien s'amuser
A déchirer le ciel immense
En petits morceaux de papier ?
Pernette Chaponnière ("L'Écharpe d'Iris" - éditions Hachette, 1990)
Le sapin de noël (ou le petit sapin sous la neige)
Le petit sapin sous la neige
Rêvait aux beaux étés fleuris.
Bel été quand te reverrai-je ?
Soupirait-il sous le ciel gris.
Dis moi quand reviendra l’été !
Demandait-il au vent qui vente
Mais le vent sans jamais parler
S’enfuyait avec la tourmente.
Vint à passer sur le chemin
Un gaillard à grandes moustaches
Hop là ! en deux coups de sa hache,
A coupé le petit sapin.
Il ne reverra plus l’été ,
Le petit sapin des montagnes,
Il ne verra plus la gentiane,
L’anémone et le foin coupé.
Mais on l’a paré de bougies,
Saupoudré de neiges d’argent.
Des clochettes de féerie
Pendent à ses beaux rameaux blancs.
Le petit sapin de noël
Ne regrette plus sa clairière
Car il rêve qu’il est au ciel
Tout vêtu d’or et de lumière.
Pernette Chaponnière ("Vingt Noëls pour les enfants" - Éditions de la Baconnière, 1985)
10. Anne-Marie Chapouton (1939-2000) est l'auteure d'albums, de comptines et de poèmes pour les enfants, qu'elle a souvent illustrés elle-même.
On trouvera bien d'autres textes de cet auteur sur le blog.
L’hiver, la neige
Voilà
Les arbres
Avec
Du sucre
Sur le nez
La route
Toute
Poudrée
Le ciel
Enfariné
La neige
A tout changé.
Anne-Marie Chapouton
11. François Coppée (1842-1908) a peint ce tableau de neige en couleurs.
Il a neigé
Il a neigé la veille et, tout le jour, il gèle.
Le toit, les ornements de fer et la margelle
Du puits, le haut des murs, les balcons, le vieux banc
Sont comme ouatés, et, dans le jardin, tout est blanc.
Le grésil a figé la nature, et les branches
Sur un doux ciel perlé dressent leurs gerbes blanches.
Mais regardez. Voici le coucher de soleil.
À l'occident plus clair court un sillon vermeil,
Sa soudaine lueur féérique nous arrose,
Et les arbres d'hiver semblent de corail rose.
François Coppée ("Promenades et Intérieurs")
et ce poème triste en gris et noir :
La mort des oiseaux
Le soir, au coin du feu, j’ai pensé bien des fois
A la mort d’un oiseau, quelque part, dans les bois.
Pendant les tristes jours de l’hiver monotone,
Les pauvres nids déserts, les nids qu’on abandonne,
Se balancent au vent sur le ciel gris de fer.
Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l’hiver !
Pourtant, lorsque viendra le temps des violettes,
Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes
Dans le gazon d’avril où nous irons courir.
Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir ?
François Coppée
12. Guy-Charles Cros (1879-1956) est le fils de Charles Cros, inventeur du phonographe et du hareng-saur (voir les catégories d'humour sur le site).
Héritier de la poésie fantaisiste de son père, il est l'auteur des recueils Les Fêtes quotidiennes (1912), Avec des mots (1927), Mon Soleil nouveau (1944).
C'est volontairement qu'il a laissé la grande ombre paternelle éclipser son œuvre poétique.
D’ailleurs, voici deux poèmes, qu'on attribue parfois par erreur à son père, Charles Cros, une occasion de lui rendre justice littéraire en précisant «Guy» :
Matin de décembre
On s'éveille
du coton dans les oreilles
une petite angoisse douce
autour du cœur, comme mousse
c'est la neige,
l'hiver blanc
sur ses semelles de liège
qui nous a surpris, dormant.
Guy-Charles Cros ("Avec des mots" - éditions L'artisan du Livre, 1927)
et ce texte sombre :
Croquis de janvier
Tout est dur, clair, sans voix, et mort ;
l'hiver est fermé comme un livre.
On dirait que la vie a tort
de vouloir encor vivre.
Le fleuve est pris ; le ciel si bas
pèse sur les étendues blanches...
Un oiseau pourtant chantera
en avril, dans les branches.
Guy-Charles Cros ("Avec des mots" - éditions L'artisan du Livre, 1927)
13. Lucie Delarue-Mardrus (1874-1945) est l'auteur de nombreux poèmes, romans, contes et nouvelles ...
Elle a été également dessinatrice, sculptrice et historienne.
L'hiver
L'hiver, s'il tombe de la neige,
Le chien blanc a l'air beige.
Les arbres seront bientôt touffus
Comme dans l'été qui n'est plus.
Les oiseaux marquent les allées
Avec leurs pattes étoilées.
Aussitôt qu'il fait assez jour,
Dans le jardin bien vite on court.
Notre maman nous emmitoufle,
Même au soleil, la bise souffle.
Pour faire un grand bonhomme blanc,
Tout le monde prend son élan.
Après ça, bataille de neige!
On s'agite, on crie, on s'assiège.
Et puis on rentre, le nez bleu,
Pour se sécher autour du feu
Lucie Delarue-Mardrus ("Poèmes mignons pour les enfants" - Gedalge, 1929)
14. Louis Delorme est un peintre et poète contemporain, auteur de nombreux recueils de poésie qu'il a lui-même illustrées. Il écrit également des romans et des pièces de théâtre.
Le flocon
Venant de Norvège
Un flocon de neige
Qui volait au vent
S’en allait rêvant.
Voyant un fille
D’allure gentille
Par le Nord giflée
Bien emmitouflée
D’un bonnet de laine
Il se dit : "Ma veine !
De la bonne aubaine
Si je profitais pour me camoufler
Et me réchauffer.
J’attendrai demain
Pour continuer tout ce long chemin."
Il n’eut pas de peine
A mettre le nez
Dessous le bonnet
Mais sa longue route
Soudain s’arrêta :
Un frêle goutte
Fut le résultat.
Ceux qui se figurent
Pouvoir ignorer
Tout de leur nature
N’ont plus qu’à pleurer.
Louis Delorme
15. Hermin Dubus est un auteur de poésies, de saynètes et de chansons pour les enfants (L'école en fête - 1927 ; Les Chansons du Dr Tant-Mieux - 1932 ; Des Féeries et des Saynètes - 1933), et de manuels scolaires (image).
Le mignon poème ci-dessous est tiré du manuel scolaire des années 30 «Le Livre de la Joie, Premier livre de lecture courante, Cours préparatoire, Classes enfantines» >>
Le flocon
La neige papillonne
La blanche neige papillonne
Et fleurit les branches de houx.
Elle se joue et tourbillonne
En nous frôlant tout doux, tout doux.
La blanche neige papillonne
Et, voletant sur les toits roux,
Vient mettre une coiffe mignonne
Aux vieilles maisons de chez nous.
Hermin Dubus ("Le Livre de la Joie"
Bibliothèque d'éducation, 1931)
16. Micheline Dupray est une poétesse et biographe d'aujourd'hui.
Les oiseaux de l'hiver (extrait)
Mais d'où viennent ces oiseaux
Que j'entends chanter l'hiver ?
Où se cachent leurs fuseaux
De plume sur fil de chair ?
Il neigeait encor hier
Sur l'arbre et le caniveau,
Et les miettes de pain clair,
Pour des petits yeux d'oiseaux,
Se perdaient dans la lumière
Des flocons à mes carreaux.
Ô mes oiseaux de l'hiver,
Par le froid levés si tôt,
Ô mes oiseaux sans manières,
Faits pour chanter comme l'eau
Dès qu'elle a roulé rivière.
(...)
Micheline Dupray
17. Jason Émond ne donne pour le moment aucun élément de biographie.
Cette petite poésie simple et légère est donc publiée sous réserves bien qu’on la trouve sur de nombreux sites de poésies pour l’école ...
Le bonhomme de neige
Savez-vous qui est né
Ce matin dans le pré ?
Un gros bonhomme tout blanc!
Il est très souriant
Avec son ventre rond
Ses yeux noirs de charbon
Son balai menaçant
Et son chapeau melon.
Le soleil a brillé,
À midi dans le pré,
Je n'ai rien retrouvé ...
Le bonhomme a filé !
Jason Émond
18. Jean de La Fontaine possède sur le blog lieucommun.canalblog.com et bientôt sur ce site planetelieucommun.fr, une catégorie à lui où on trouvera sa biographie et une sélection de fables.
La Cigale et la Fourmi
La Cigale, ayant chanté
Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
"Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'août*, foi d'animal,
Intérêt et principal. "
La Fourmi n'est pas prêteuse :
C'est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
- Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
- Vous chantiez ? j'en suis fort aise.
Eh bien! dansez maintenant.
l'août : orthographe originale : "l'Oût"
Jean de La Fontaine ("Fables" - Livre I)
19. Pierre Gamarra (1919-2009) était romancier, auteur de théâtre et poète, (nombre de ses romans et de ses recueils sont destinés aux enfants).
Il a dirigé la revue littéraire "Europe", créée par Romain Rolland puis par Louis Aragon en 1946, après la guerre.
Deux romans choisis : Le maître d'école et La victoire de l'ourse (publié en 2006)
Où donc est passé le feu ?
Où donc est passé le feu ?
Je n'ai pas de cheminée !
Quand l' hiver au gros nez bleu
Vient à la fin de l'année,
Quand décembre blanc et noir
vient siffler devant ma porte
et quand la tempête emporte
les arbres au fond du soir,
je m'en vais à ma croisée,
je suis triste un petit peu,
je n'ai pas de cheminée.
Où donc est passé le feu ?
Pierre Gamarra ("La tarte aux pommes", 1977 - L'école des loisirs).
20. Théophile Gautier (1811-1872) est un écrivain et un poète, également critique d'art reconnu.
Plus peut-être que ses poèmes, on connaît ses romans classiques pour la jeunesse, régulièrement réédités et parfois adaptés au cinéma : Le Capitaine Fracasse, Le Roman de la momie.
Décembre
(titre proposé, ce passage est extrait du long poème "Intérieurs")
Un brouillard épais noie
L'horizon où tournoie
Un nuage blafard,
Et le soleil s'efface,
Pâle comme la face
D'une vieille sans fard.
La haute cheminée,
Sombre et chaperonnée
D'un tourbillon fumeux,
Comme un mât de navire,
De sa pointe déchire
Le bord du ciel brumeux.
Sur un ton monotone
La bise hurle et tonne
Dans le corridor noir :
C'est l'hiver, c'est décembre,
Il faut garder la chambre
Du matin jusqu'au soir.
Les fleurs de la gelée
Sur la vitre étoilée
Courent en rameaux blancs,
Et mon chat qui grelotte,
Se ramasse en pelote
Près des tisons croulants.
Théophile Gautier (recueil "Intérieurs" dans "Premières Poésies, Albertus, La Comédie de la Mort, Les Intérieurs et les paysages" , 1845)
Fantaisies d’hiver
(extrait : strophes I et II sur les 5 strophes de ce poème)
I
Le nez rouge, la face blême,
Sur un pupitre de glaçons,
L’hiver exécute son thème
Dans le quatuor des saisons.
Il chante d’une voix peu sûre
Des airs vieillots et chevrotants ;
Son pied glacé bat la mesure
Et la semelle en même temps ;
Et comme Haendel, dont la perruque
Perdait sa farine en tremblant,
Il fait envoler de sa nuque
La neige qui la poudre à blanc.
II
Dans le bassin des Tuileries,
Le cygne s’est pris en nageant,
Et les arbres, comme aux féeries,
Sont en filigrane d’argent.
Les vases ont des fleurs de givre,
Sous la charmille aux blancs réseaux ;
Et sur la neige on voit se suivre
Les pas étoilés des oiseaux.
(...)
Théophile Gautier ("Émaux et camées")
Cette dernière feuille pour l'hiver :
La dernière feuille
Dans la forêt chauve et rouillée
Il ne reste plus au rameau
Qu'une pauvre feuille oubliée,
Rien qu'une feuille et qu'un oiseau.
Il ne reste plus en mon âme
Qu'un seul amour pour y chanter,
Mais le vent d'automne, qui brame
Ne permet pas de l'écouter ;
L'oiseau s'en va, la feuille tombe,
L'amour s'éteint, car c'est l'hiver.
Petit oiseau, viens sur ma tombe
Chanter, quand l'arbre sera vert !
Théophile Gautier ("Poésies")
La bonne soirée
Quel temps de chien ! - il pleut, il neige ;
Les cochers, transis sur leur siège,
Ont le nez bleu.
Par ce vilain soir de décembre,
Qu'il ferait bon garder la chambre,
Devant son feu !
...
On n'entend rien dans le silence
Que le pendule qui balance
Son disque d'or,
Et que le vent qui pleure et rôde,
Parcourant, pour entrer en fraude,
Le corridor.
Théophile Gautier ("Émaux et camées", 1852)
21. Fernand Gregh (1873-1960) est journaliste et poète. C'est le fils du compositeur Louis Gregh (1843-1915).
Il entre en 1953 à l'Académie Française.
Un soir
Nous sommes là, ce soir, paisibles sous la lampe.
Mon père lit, sa main pâle contre sa tempe ;
Mon frère est accoudé, les yeux ailleurs, auprès
De ma mère qui brode avec des doigts distraits
Où luit le reflet lent du foyer sur ses bagues ;
Parfois le chien, perdu dans ses beaux songes vagues,
Etire de paresse et d'aise son flanc creux ;
Et je rêve, parmi le grand silence, heureux.
Nous sommes là, ce soir d' hiver, humble famille,
Écoutant à l'horloge indécise qui brille
Dans l'ombre, palpiter les instants fugitifs,
Groupés devant le feu, comme des primitifs.
Fernand Gregh ("Les clartés humaines" - 1904)
22. Eugène Guillevic ou plutôt Guillevic tout court comme il voulait qu’on le nomme, a une catégorie à lui sur le site et le blog, dans le cadre du Printemps des Poètes 2008.
L'ennemi (titre proposé)
Il y aura toujours dans l'automne
Une pomme sur le point de tomber.
Il y aura toujours dans l'hiver
Une fontaine sur le point de geler.
L'ennemi,
Nous le connaissons.
Eugène Guillevic ("Gagner" - collection Poésie des éditions Gallimard, 1981)
Arbre l'hiver
L'arbre, ici, maintenant, debout,
Rien que du bois,
Comme un oiseau figé debout
La tête en bas.
L'arbre vécu
Comme du bois
Et comme oiseau
Ne bougeant pas.
Eugène Guillevic ("Sphère" - éditions Gallimard, 1963)
Quelques pas dans la neige d’hiver- Vexin français en janvier 2009 (photo lieucommun)