PAUL VINCENSINI, archiviste du vent

dessin de Chantal Rouquette emprunté à http://verlaine06.perso.infonie.fr


Paul Vincensini, qui se disait archiviste du vent, est né en 1930. Il a disparu en 1985, mais vous le trouverez encore à cette adresse

"Quand je dis " archiviste du vent", je parle non de titre honirifique mais de fonction.
Il me faut préciser cependant qu'étant déjà - et de longue date - affecté à la Poussière, les multiples tâches que cela implique font que je ne suis mis à la disposition du vent qu'à titre de vacataire [...].  Je m'y suis formé à l'École des Mouches. [...] "

Paul Vincensini

Ses recueils sont pour la plupart aujourd'hui épuisés. On trouve malgré tout une grande partie de ses textes dans l'ouvrage qui reprend le titre de l'un de ses recueils : "Archiviste du vent", au cherche midi éditeur (première parution en 1986).

L'humour de Paul Vincensini est souvent noir, voire désespéré, et grinçant, mais toujours très imagé. Les quelques textes choisis ici nous semblent parmi les plus adaptés au thème et aux élèves. "Archiviste du vent" est à se procurer (autour de 10 € en librairie), pour dénicher d'autres textes selon vos projets et mesurer l’étendue et la diversité de son œuvre.


L'ouvrage dont la couverture est reproduite ci-dessus est paru en 2007. Vincensini en aurait aimé les illustration de Galeron.

 

Les textes de cette colonne sont déjà placés
sur la page du Printemps des Poètes 2008
sur le thème de l’humour
avec des pistes de création poétique
>> LES AUTRES AUTEURS SONT ICI <<

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Moi j'ai toujours peur du vent

Me voici
Mes poches
Bourrées de cailloux
Pour rester avec vous
Ne pas m'envoler dans les arbres

Paul Vincensini (recueil "Toujours et jamais" - édition Culture et pédagogie - 1982)

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Le petit grillon

Le petit grillon qui garde la montagne
A bien du mérite croyez-moi
Quand de partout
Coucous et hiboux font ou
Coucou coucou
ou ouh ouh ouh ouh
A d'autres coucous
ou d'autres hiboux
qui font à tout coup
ou coucou coucou
ou ouh ouh ouh ouh
Toute toute toute la nuit
Le petit grillon vaillant
a bien du mérite
Et qu'est-ce qui le retient
Dites-le moi
Messieurs
De se croiser les bras
et de dormir longtemps
Sa tête
Entre ses deux yeux.

Paul Vincensini (recueil "Qu'est-ce qu'il n'y a ? " - éditions Saint-Germain-des-Prés - 1975)

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Le parapluie

Un paparapluie
Prit le train pour Paris
En compagnie d'une mamanrapluie.

Il pleuvait beaucoup ce soir-là
Mais dans le train
Il n'y avait personne

Elle pleura un peu
Puis ils se plurent beaucoup

Au retour tout le ciel était bleu

Paul Vincensini (recueil "Toujours et jamais" - édition Culture et pédagogie - 1982)

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Le poème qui suit, le plus connu de l'auteur, avait été initialement publié en 1975 dans le recueil "Qu'est-ce qu'il n'y a ? ". Il est rangé pour "Archiviste du vent" (1986) avec les textes d'un recueil postérieur auquel Paul Vincensini avait donné ce même titre : "Toujours et Jamais" (1982). Simple, non ?

Toujours et Jamais

Toujours et Jamais étaient toujours ensemble
Ne se quittaient jamais
On les rencontrait dans toutes les foires
On les voyait le soir traverser le village
Sur un tandem
Toujours guidait
Jamais pédalait
C'est du moins ce qu'on supposait...
Ils avaient tous les deux une jolie casquette
L'une était noire à carreaux blancs
L'autre blanche à carreaux noirs
A cela on aurait pu les reconnaître
Mais ils passaient toujours le soir
Et avec la vitesse...
Certains d'ailleurs les soupçonnaient
Non sans raison peut-être
D'échanger certains soirs leur casquette
Une autre particularité
Aurait dû les distinguer
L'un disait toujours bonjour
L'autre toujours bonsoir
Mais on ne sut jamais
Si c'était Toujours qui disait bonjour
Ou Jamais qui disait bonsoir
Car entre eux ils s'appelaient toujours
Monsieur Albert Monsieur Octave.

Paul Vincensini (recueil "Qu'est-ce qu'il n'y a ? " - éditions Saint-Germain-des-Prés - 1975)


Création poétique : Voir  Monsieur, Monsieur de Jean Tardieu, pour des situations similaires.

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Moi dans l'arbre

T'es fou !
Tire pas !

C'est pas des corbeaux,
C'est mes souliers !

Je dors parfois dans les arbres.

Paul Vincensini (recueil "Le point mort" - éditions Chambelland - 1969)

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Les papillons

Les papillons
sont renseignés
sur toutes les fleurs.

Ils portent leur courrier
sans jamais se tromper.

C'est pas qu'ils y voient clair
Mais ils ont du nez.

Paul Vincensini (recueil "De bleu et d'ombre" - éditions Roche Sauve - 1977)

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Un texte pour la mauvaise saison, où l'humour noir et la familiarité ne parviennent pas à cacher la tendresse de l'auteur :

Moi l'hiver je pense

Moi l'hiver je pense
Aux petits oiseaux
Qui couvent des œufs glacés
Dans les arbres

Moi l'hiver je pense
Aux petits poissons
Qui se gèlent les bonbons
La nuit
Dans les rivières.

Paul Vincensini (recueil "Qu'est-ce qu'il n'y a ? " - éditions Saint-Germain-des-Prés - 1975)

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Qu'est-ce qu'ils bouffent

Les noiseaux mangent des noisettes
Les crapauds des pâquerettes
Les chats des chalumettes
Quand il fait frais
Des chalumeaux
Quand il fait chaud.

Paul Vincensini (publié initialement dans la revue Poésie 1 n° 28-29,  "L'enfant et la poésie" (1973) , dans "Archiviste du vent" et dans le recueil "Je dors parfois dans les arbres" - éditions Motus 2007, posthume)

 

Ces textes de Paul Vincensini sont présents
à la page 3 de l’hiver
>> ICI <<

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La boule de neige
(titre proposé, le texte original n'en ayant pas)

Il prend une boule de neige

La serre très fort sur son cœur

Et fond tout entier avec elle

Ne laissant ici-bas

Qu'une paire de bretelles

Dans une flaque d'eau.

Paul Vincensini ("Le point mort" - éd Guy Chambelland)

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Et celui-ci, pour le plaisir des mots et des images :

Hiver


Le vent d'hiver dérange tout

Les Poisseaux

Les Oisons

La rivière dans les arbres

Le froid fait peur à tout le monde

Mais au cœur de la pierre

Il fait chaud

Et on entend une musique.

Paul Vincensini (texte emprunté à l'anthologie "Le Coffre à poèmes - pour les enfants de 5 à 12 ans" - Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1984)

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Ce texte-ci se retrouve avec d’autres auteurs à la page en construction
Printemps des Poètes 2012 : ENFANCES
et à la page
POÉSIES par thème : RENTRÉE, ÉCOLE :

Un enfant veut répondre


Un enfant veut répondre

Il a levé le doigt

Dans une vieille école

Qui n'existe plus.

La neige a fondu sous les bancs

Il fait chaud comme à l'écurie

Et l'instituteur

A souligné tous les verbes à la craie bleue.

L'enfant qui veut répondre

Fait claquer ses doigts

Tachés d'encre violette

Dans la vieille école

Qui n'existe plus.


Paul Vincensini ("Le point mort" - Editions Chambelland - 1969)

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Celui-ci sera présent à la page en construction
Printemps des Poètes 2012 : ENFANCES


L’arbre


Par la violence de son vertige

L'arbre a jailli du sol vaincu

Dans l'air où les oiseaux pleuraient


Une fleur au travail

Une abeille au galop

Un couteau dans son poitrail

Le sang du cheval blanc coule au trot


La chaleur arrondit la montagne

Mais glisse sur le tronc de l'arbre

Les feuilles et les tiges

Comme caillou dans la main


Une rivière suffit au rocher

Pour qu'il devienne enfant


La nuit le vent peuple l'arbre

De vieilles femmes aux dessous blancs

Mais à l'aurore ce sont déjà des fleurs

Qui se travaillent en fruits


Tout oiseau qui a touché à l'arbre

Doit mourir de son chant

Ses poussières et son chant.


Paul Vincensini (recueil "Des paniers pour les sourds" - éditions Chambelland - 1969)

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